Chapitre 7: Derrière les barreaux
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Isolys découvre avec horreur des preuves des mauvais traitements subis par Gaïa Lorendil. Bouillonnante de rage, elle se rend immédiatement dans la salle du conseil, où elle récupère des substances mystérieuses avant de rejoindre le laboratoire.
Pendant ce temps, Charlie, jeune policière, est troublée par l'arrestation d'Ambre Solnar, réputée pour sa gentillesse. Attachée à un siège, la conseillère semble avoir sombré dans une folie incontrôlable. Lorsque Isolys arrive et demande à être seule avec elle, Charlie est intriguée par les rumeurs sur leur relation secrète et décide d'espionner leur échange.
De l'autre côté de la ville, Léah et Rory échappent de justesse à une patrouille. Mais à leur retour aux tentes, ils découvrent que Maddie a été enlevée par les forces de l'ordre sous un nouveau décret obligeant les jeunes à travailler dès 12 ans.
Dans le laboratoire, Isolys confronte Ambre, mêlant tendresse et vengeance. Malgré les supplications de son amante, elle lui injecte plusieurs substances, ravivant une haine ancienne : Ambre a tué son père. La scène est insoutenable, et Charlie, cachée derrière la porte, est témoin de l'horreur. Dévoilée, elle est forcée d'entrer. Isolys, implacable, lui ordonne d'arranger Ambre pour qu'elle soit présentable, tout en préparant un breuvage suspect destiné à la reine. Avant de partir, elle récompense Charlie d'une promotion... sans que la jeune policière ne réalise encore à quel prix elle l'a obtenue.
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Vingt pompes.
Léah sentait le sang monter à sa tête, affluer à sa poitrine et à ses paumes posées sur le sol sale.
Trente pompes.
Son souffle se fragmentait, ses muscles tremblaient sous l'effort et ses jambes se raidissaient.
Cinquante pompes.
Elle voulait s'écrouler, mais elle ne devait pas. Une goutte de sueur dévala son front pour toucher le sol. Elle se posa sur le sol, hors d'haleine, et reprit son souffle en enfonçant ses ongles dans sa paume.
Elle contint un moment sa rage, et finit par se relever pour se jeter bec et ongles sur le sac de sable suspendu, qu'elle boxa un moment. Elle mit toute sa force dans ses poings qui finirent abîmés par tant d'ardeur. Un grognement s'échappa de ses lèvres, et elle finit par insulter le sac comme si c'était son père.
Maddie avait été envoyée travailler. Elle ne pouvait s'empêcher de regretter de ne pas avoir tué ce conseiller pédant qui était venu les voir. C'était à cause de lui qu'elle avait été sauvagement enlevée.
- Elle n'a même pas eu ses premières règles, gronda-t-elle au punching-ball comme s'il allait lui répondre. Et elle est envoyée à la mine ?!
Pire encore, elle aurait pu être envoyée en Haut. Devenir servante au nom d'une famille d'aristocrates de la Haute-Ville. Rien que l'idée rendait Léah nauséeuse. Elle continua de frapper le sac jusqu'à ce que celui-ci devienne humide du sang de ses phalanges.
- Tu devrais arrêter, Léah. Tu t'abîmes les mains.
C'était la voix calme du père de Rory et de Jade. Elle était grave, mais belle. Dans une autre vie, plus calme et tranquille, Sebastien aurait pu être chanteur. A la place, il était infirmier et soignait les plus jeunes qui n'arrivaient pas à respirer dans les mines.
Sa voix lui rappelait celle de sa fille, et elle posa sa main à plat contre le sac pour le stabiliser. Jade aurait détesté voir ses mains en sang. De plus, l'air au dehors était si acre qu'il n'aiderait pas à la cicatrisation.
Elle releva ses yeux gris vers lui et essuya son front avec une serviette.
- Nolan a finit le prototype. La bombe va est prête à être posée.
- ... On va leur exploser la gueule à ces putains de riches.
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- Quels sont les nouveaux décrets que vous souhaitez proposer ? interrogea la reine avec un air indulgent.
Elle se pencha légèrement vers la conseillère Sylvia, dont le regard averti transperça les lunettes rouges attachées à son cou par un fin fil doré. Sylvia, à l'apparence bien plus âgée que la reine, avait cependant une vivacité d'esprit qui la rajeunissait de plusieurs décennies lorsqu'elle répondait.
- C'est la deuxième fois que je réponds à votre question, reine Eterna. Voulez-vous que je vous l'écrive ? lança-t-elle d'un ton vaguement acide.
La reine soupira, levant une main ornée de bagues pour glisser ses doigts dans ses cheveux blancs, maintenus en place par des barrettes de jade.
- Excusez-moi, Sylvia, murmura-t-elle. Mais j'ai d'affreuses douleurs au ventre qui m'empêchent de réfléchir convenablement.
- Prrrrenez patience, conseillère. Sa douleur semble prendre le dessus sur sa raison, murmura Alexeï Moronov d'un ton bas, sa voix roulant comme un grondement de tonnerre.
Sylvia tourna la tête vers lui avec un pincement de lèvres, clairement agacée, mais continua tout de même à rappeler les dernières lois votées. Pendant ce temps, Luthien Lorendil observait en silence. Son regard s'attarda sur Alexeï, cet homme massif, presque disproportionné dans le décor raffiné. Installé sur un canapé aux dimensions ridicules pour sa stature imposante, Alexeï semblait être un géant étriqué dans une maison de poupées.
Luthien finit par rompre le silence entre eux.
- Concernant la limite d'âge à 12 ans pour le travail des enfants, j'avoue avoir été déçu de votre attitude, conseiller Moronov.
Alexeï haussa un sourcil broussailleux, l'air vaguement intrigué. Il inspira profondément avant de répondre :
- Et comment m'avez-vous trouvé ?
- Désinvolte, répondit Luthien sans ciller. Vous n'avez pas semblé prendre au sérieux ce que cela signifiait vraiment un tel décret. Vous avez des enfants ?
- Pas encorrrre, répondit Alexeï avec un léger roulement dans la voix.
La conversation fut interrompue par l'entrée d'un serviteur. Il portait une crête verte fluo sur la tête, ses côtés du crâne soigneusement rasés. Son sourcil fendu et son air nonchalant ajoutaient une touche inattendue à son apparence. Tenant un plateau chargé de trois gourdes blanches, il s'avança lentement.
La reine sembla reconnaître immédiatement le contenu des gourdes et son visage s'éclaira. Elle tendit une main ornée de bijoux pour attraper l'une des bouteilles, servant ensuite avec application des verres pour les conseillers.
Sylvia recula légèrement son siège, lançant d'un ton sec :
- Qu'est-ce donc ?
- Un alcool que je fais venir de loin. C'est délicieux, vous devriez goûter, répondit la reine avec un sourire tranquille.
- Je ne suis pas à la tête de ce pays pour me saouler, merci, répondit Sylvia en serrant les bras contre sa poitrine. Elle jeta un coup d'œil à Alexeï, qui repoussait aussi son verre avec une grimace. Vous ne buvez pas ?
- C'est de la bile de serrrrpent, déclara Alexeï, son ton grave. Je reconnais à la couleur. J'ai horreur de ça
La reine haussa les épaules, ne sachant pas s'il parlait de l'alcool ou des serpents, et se tourna vers Luthien, levant son verre.
- Alors, trinquons, conseiller Lorendil.
Luthien examina son verre avec méfiance. Le liquide ambré lui évoquait du sang dilué. Après un moment d'hésitation, il haussa les épaules et leva son verre à son tour.
Il ne se rendit compte à quel point la boisson était délicieuse que lorsqu'il en eut avalé trois verre. Le gout était divin, et le rire lui vint soudain naturellement. Il se sentait plus détendu, et la fin du repas se passa dans le calme et l'amitié.
Lorsqu'il ressortit, Gaïa l'attendait dans sa voiture. Elle parlait avec le chauffeur, un sourire radieux illuminant son visage, et Luthien lui décocha un regard mauvais. Parmi toutes les aristocrates qu'il aurait pu marier, il avait choisi la plus ingénue. Quelle stupide idée.
De plus, son chauffeur n'était pas un garçon laid : ses traits anguleux, ses yeux sombres et son allure élégante étaient loin de passer inaperçus. Les yeux de Gaïa pétillaient tandis qu'elle échangeait avec lui, son rire cristallin résonnant faiblement dans l'air frais du soir. Étrangement, cela lui fit un petit coup au cœur, un pincement qu'il préféra ignorer.
- Tout s'est bien passé, Luthien ? demanda Gaïa en sortant de la voiture avec grâce, ses chaussures de satin effleurant à peine le sol. Elle ouvrit la porte arrière pour le laisser s'installer à l'avant, à côté de l'homme qui les conduisait.
- Oui.
Gaïa n'attendit pas davantage. Elle s'installa confortablement, regardant distraitement la façade imposante de la demeure royale. Tandis que la voiture démarrait en douceur, elle ferma la fenêtre, frissonnant légèrement. Elle tira son manteau de fourrure de renard sur ses épaules, se drapant dans son luxe comme un rempart contre le froid.
Le silence s'étira entre eux, pesant mais familier, jusqu'à ce que Luthien le brise abruptement, sa voix basse chargée d'une amertume contenue :
- Tu t'es bien amusée, au bordel, hein ?
Gaïa tourna la tête vers lui, les sourcils légèrement froncés.
- Pardon ? répondit-elle, incrédule.
- Dépravée, marmonna-t-il, son regard fixé sur la route devant eux.
Gaïa resta figée un instant avant de répondre, cherchant à maintenir un ton neutre malgré le rouge qui montait doucement à ses joues :
- Je... ne vois pas du tout de quoi tu parles, mentit-elle, resserrant la fourrure contre elle comme si cela pouvait la protéger de ses mots.
- La petite rousse, à côté de la rose. Celle à qui j'ai parlé. Il m'a suffi de lui donner une de mes boucles d'oreille pour qu'elle me dise où tu étais passée avant qu'on se retrouve sous les tentes.
Un silence gênant s'installa, pendant lequel Luthien se retourna lentement vers elle, ses yeux sombres brillant d'une colère froide. Gaïa soutint son regard avec défi, mordillant l'intérieur de sa joue pour ne pas flancher.
- Luthien, je ne pense pas que ma famille ait imaginé une fidélité parfaite entre toi et moi en organisant ce mariage arrangé, finit-elle par lâcher, sa voix calme mais tranchante.
- Écoute...
- Non, toi écoute, l'interrompit-elle. Je pense même que tu devrais être reconnaissant. Grâce à ma dot, à mon argent, tu as ce poste aujourd'hui. Sans moi, tu serais encore coincé dans l'ombre de ta famille ruinée.
- Gaïa, répliqua-t-il, ignorant son commentaire, étais-tu au bordel de la Basse-Ville aujourd'hui, oui ou non ?
Elle haussa un sourcil, croisant les bras sous sa poitrine.
- Et si c'était le cas, ça ferait quoi ? dit-elle enfin. Personne ne m'a touchée. Je suis toujours "vierge comme l'huile d'olive", ajouta-t-elle avec une pointe d'ironie dans la voix, bien que son regard se baissa, trahissant un soupçon de malaise.
- Tu y étais, donc, asséna Luthien, sa voix s'élevant légèrement.
- J'y étais, admit-elle sans détour, relevant la tête avec aplomb. Et j'ai fait la connaissance de gens... gentils. Contrairement à toi.
Luthien laissa échapper un rire amer, se tournant vers la route pour masquer son agacement.
- Rappelle-moi de négocier un mariage arrangé avec une femme moins chipie la prochaine fois, grogna-t-il.
Gaïa esquissa un sourire, ses lèvres rouges s'étirant en une expression malicieuse.
- Parce que tu comptes te débarrasser de moi après un an de mariage ? Barbe Bleue, répliqua-t-elle avec un éclat dans les yeux.
Luthien ne put s'empêcher de sourire en retour, bien qu'il luttât pour le cacher.
- Ça me fait bizarre de me dire que tu es jaloux, le taquina-t-elle.
- Je ne suis pas jaloux, protesta-t-il aussitôt, ses sourcils se fronçant.
- Alors pourquoi cette réaction ? Ça te fait quoi de savoir que j'étais au bordel ? demanda-t-elle, penchant la tête sur le côté. Je suis une femme libre, Luthien. Je vais où je veux.
- Pas dans... ce contexte tendu, marmonna-t-il en serrant la mâchoire.
Gaïa haussa les épaules, affichant une nonchalance étudiée.
- Je sais ce que j'ai à faire. Mais rassure-toi. Je n'ai pas envie d'y retourner. C'est trop... impressionnant.
Luthien tourna la tête vers elle, son regard s'adoucissant légèrement. Un sourire énigmatique effleura ses lèvres, mais il resta silencieux, laissant le ronronnement du moteur combler l'espace entre eux.
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Des jours passèrent sans qu'Isolys ne sorte de chez elle. En apparence, elle était en deuil. La nouvelle selon laquelle Ambre Solnar était en prison n'avait pas laissé la Haute Ville indifférente. Dans unes de journaux, dans les conversations de salons, on ne parlait que de ça. Alors, Isolys avait été rapidement identifiée dans l'affaire, comme l'amante maudite d'une conseillère qui aurait perdu la tête.
Pourtant, Isolys passait des journées plutôt calmes dans sa grande maison. Bien sûr qu'elle s'était parfois laissé étreindre par la tristesse. Ambre lui manquait, sa jeunesse, son innocence, sa malice. Le deuil d'une relation dysfonctionnelle n'était pas facile, il fallait l'admettre. Isolys était humaine, après tout.
Les images d'Ambre attachée sur la chaise la tourmentaient. Elle se revoyait en savant fou, l'aiguille à la main. Et si les doses qu'elle lui avait administré étaient trop fortes ? Si Ambre avait raison en disant qu'elle avait atteint un point de non retour ? L'horreur étreignait la blonde lorsqu'elle y pensait.
Mais elle devait prendre du temps pour elle. Comprendre et accepter que son ventre était un terreau infertile. Elle passa de nombreuses heures sous la douche à déprimer, toucher sa peau, réfléchir à ce qu'elle pourrait faire désormais.
Elle ne savait pas qu'en même temps, dans la Basse-Ville, Léah et son groupe mettaient en place minutieusement une bombe à leur intention.
En même temps que cela, Charlie passa plusieurs fois à la prison d'Eternalis. Depuis qu'elle avait été gradée, elle n'était pas obligée d'obéir directement à des ordres, et se permettait parfois quelques petites excursions.
Le sort d'Ambre Solnar l'avait touché. Ces yeux rouges, perdus, malades, lui étaient désormais familiers. L'ancienne conseillère était considéré par tous comme instable, mais elle voulait savoir ce qu'il en était vraiment.
Elle prit la relève des gardes qui la malmenaient parfois dans sa cellule. Charlie sentit la colère monter dans ses veines lorsqu'elle comprit qu'ils n'avaient pas été tendres avec elle. Ambre était assise en boule dans un coin de sa cellule.
La brune aux éclats argentés resta un moment devant la cellule. Elle l'observait, mais Ambre Solnar ne bougeait pas d'un pouce. On aurait pu croire qu'elle était morte, mais au bout de son pied nu posé sur le sol, ses orteils s'agitaient, frappant parfois le sol.
- Bonjour, mademoiselle Solnar. Je m'appelle Charlie, j'ai été chargée de vous amener ici. Je voulais savoir si vous alliez bien...
Mais elle n'eut aucune réponse. Plissant les yeux, elle s'aperçut que les veines des bras de la femme étaient étrangement vertes, d'un vert presque fluo. Cela inquiéta Charlie immédiatement, qui se rappela les paroles de la scientifique, lors de sa cure forcée. "Si tu en mets trop, on ne pourra plus revenir en arrière !"
Elle ouvrit la porte de la cage, qu'elle laissa entrouverte en s'aventurant prudemment dans la cellule. Elle garda à la main, allumé, un taser en prévention, mais elle doutait que la silhouette épuisée puisse lui faire du mal.
- Est-ce que tout va bien ? répéta-t-elle, ne pouvant voir le visage d'Ambre.
Elle s'approcha jusqu'à ce que le bout de ses bottes touchent pratiquement les pieds nus de la prisonnière. Le visage de l'ex-conseillère se releva alors lentement, elle passa une main couverte de sang séché sur ses cheveux pour les mettre en ordre.
Charlie déglutit. La torture. Elle ne savait même pas que ce genre de pratiques étaient encore mises en œuvre sur des détenus.
Les yeux rouges d'Ambre brillaient dans le noir d'une lueur dangereuse, et elle avait un drôle de sourire sur son visage étrangement pâle. Aussi, elle était couverte de sang, ce que Charlie supposait être des traces de son martyre.
- Hey sweetie.
Les yeux de la brune s'écarquillèrent lorsqu'elle sentit les pieds d'Ambre s'enrouler autour de ses jambes pour la faucher brusquement. Elle tomba sans un bruit, trop surprise pour faire quoi que ce soit. Sa tête heurta le sol et elle grogna de douleur.
Ambre se releva lestement et marcha sur son corps. Charlie se retourna, se levant sur ses genoux pour fendre l'air avec son taser. L'ancienne conseillère sauta par dessus le coup, et donna un coup de pied vertical dans le menton de Charlie, qui sentit sa nuque craquer violemment.
La douleur fut si intense qu'elle ne comprit ce qui lui arrivait que lorsqu'elle sentit qu'on la désarmait. Ambre, armée du taser qu'elle fit jouer entre ses deux mains, sortit de la prison encore entrouverte, et referma la porte sur Charlie.
- NON ! cria Charlie qui se jeta sur les barreaux.
Ceux-ci étaient électrifiés, et une onde de choc parcourut son corps. Perclue de douleur, elle cria encore une fois, sa voix se répercutant sur les murs en pierre de la prison d'Eternalis:
- AMBRE SOLNAR S'EST ECHAPPÉE !
Il ne fallut pas plus de dix minutes pour qu'un espèce de géant se présente aux barreaux, accourant. Il avait une barbe broussailleuse, des tatouages sur les joues, et un regard perçant. Bien vite, le conseiller Moronov comprit en voyant l'insigne et le manteau rouge de Charlie qu'elle n'était pas sensée être à l'intérieur de la cellule seule.
Il la fit sortir, et lui donna un mouchoir avec lequel elle put essuyer le sang qui coulait de son nez. Après lui avoir donné des explications paniquées, Alexeï Moronov regarda autour d'eux. Quelques gardes, et une femme blonde habillée en noir étaient accourus, alertés par ses cris.
- Donnez une couverrrrture à la petite, je me charge de prévenir les forrrces de l'ordre.
- Laissez-moi faire.
La voix posée d'Isolys empreint la pièce d'un respect et d'un sérieux encore jamais vu. Alors que le conseiller Moronov partait en courant, suivi par des gardes, la conseillère drapa Charlie d'une couverture et la fit asseoir sur un banc.
- Madame... Je suis vraiment désolée.
- Raconte moi ce qu'il s'est passé, dit calmement la blonde, dont les yeux se faisaient orageux.
- Je suis rentrée à l'intérieur... Je voulais m'assurer que tout allait bien. Elle en a profité pour me mettre à terre et s'échapper ! Je ne pensais pas qu'elle serait aussi vive.
- Ambre vient de la Basse-ville. C'est par cette ascendance qu'elle tient son agilité, expliqua Isolys en soupirant.
- Je sais qu'à cause de moi, vous n'allez plus vous sentir en sécurité désormais...
- Ce n'est rien.
- Non ! Vous m'avez gradée lors de l'arrestation d'Ambre, et elle s'est échappée par ma faute, expliqua Charlie d'une voix honteuse. Retirez moi cette fonction, je suis une agent défectueuse.
Isolys était habillée d'une robe noire moulante, fendue aux cuisses. Pourtant, elle s'agenouilla devant Charlie qui semblait sur le point de pleurer, et la força à la regarder. Malgré l'évident malaise que cela procura à la policière (les yeux de la conseillère étaient impressionnants), elle se concentra sur les mots qu'elle prononça avec douceur:
- Ce n'était pas de ta faute. Ambre est imprévisible, et tu as été victime de ses actes. C'est ma faute, je ne t'ai pas assez mise en garde concernant son comportement. Je ne veux pas te retirer ton grade car il me semble que tu as un grand cœur et beaucoup de courage. Ce sont des qualités que je trouve admirables pour un officier, tu le mérites pleinement.
- Mais c'est ma bêtise qui lui a permit de s'enfuir.
- Ne te lamente pas sur toi-même. Cherche plutôt à réparer tes erreurs.
- Dans ce cas... murmura Charlie, ses yeux verts s'emplissant de détermination. Conseillère Isolys, laissez-moi m'occuper de la retrouver.
Il y eut un petit éclair de satisfaction dans les yeux de la blonde, qui porta sa main froide à la joue bouillante de la jeune femme. Elle la caressa maternellement, avant de considérer sa question.
- Je me crois capable de faire ça. Et c'est par ma faute qu'elle s'est enfuie. Je m'assurerais de la retrouver vivante et de la traduire en justice.
Mon dieu, cette femme magnifique est vraiment en train de me toucher la joue ? Concentre toi sur ce que tu dis, Charlie. La brune rougit.
- C'est noble de ta part, finit par acquiescer Isolys. Mais Ambre n'hésiterait pas à te tuer.
- Je la retrouverais coute que coute. J'en fais une affaire personnelle.
Isolys la regarda longuement, pinçant ses lèvres, et hocha finalement la tête en se relevant. "Bien."
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