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Chapitre 15: Qui convoite Gaïa Lorendil

Léah fronça les sourcils, sur le point de faire une remarque acerbe, mais son attention fut attirée par un objet métallique dans la main de Charlie. L'émetteur grésillait faiblement, et l'expression concentrée de la policière ne fit qu'attiser la curiosité de la rose. Esquissant un sourire narquois, Léah s'approcha doucement et effleura l'émetteur du bout des doigts.

Charlie eut un brusque mouvement de recul, resserrant son emprise sur l'appareil, et lança à Léah un regard assassin.

- T'appelles ton mec ? demanda Léah avec un ton moqueur, ses yeux gris pétillant d'une malice agaçante.

- Tais-toi, je te dis ! siffla Charlie, irritée. Elle porta l'émetteur à sa bouche, son ton changeant instantanément pour devenir poli et professionnel. Oui, excusez-moi, monsieur Moronov. Je comprends que ces informations soient alarmantes, mais je suis actuellement coincée dans la Basse-Ville et...

À côté d'elle, Léah s'amusait à faire des bruits grotesques, mimant une fellation exagérément bruyante tout en fixant Charlie avec un sourire provocateur. La policière se tendit, son poing serré tremblant d'envie de lui en coller une. Mais les menottes qui liaient leurs poignets l'empêchèrent d'agir.

Quand elle raccrocha, elle rangea brusquement l'émetteur dans son sac et lança d'une voix furieuse :

-Espèce de petite frappe, j'étais en appel avec un conseiller !

-"Oui, monseigneur, je vais accomplir tout de suite la tâche que vous me demandassiez", imita Léah avec un faux accent aristocratique, bombant le torse de manière théâtrale pour souligner son sarcasme.

Charlie sentit le rouge lui monter aux joues, d'embarras plus que de colère.

-Tu fais pitié, cracha-t-elle. J'imagine que tu n'as pas besoin de savoir ce qu'il m'a dit, vu que tu étais trop occupée à te ridiculiser. De toute façon, les gens comme toi ne comprennent ri-

- Sale facho, répliqua Léah en crachant par terre.

- Ça concerne ta petite amie, lâcha Charlie, sa voix plus calme mais volontairement tranchante. Mais vas-y, continue à vociférer, vu que ça ne t'intéresse pas.

Léah se raidit, ses yeux se plissant en un mélange de surprise et de méfiance.

-Jade ? Ce n'est pas ma petite am... Dis toujours.

Charlie inspira profondément avant de répondre, rassemblant ses pensées pour ne pas céder à l'agacement :

Des détecteurs de mouvements se sont activés dans une zone abandonnée de la Basse-Ville. Cette zone a été condamnée depuis des explosions radioactives dans la maison. Personne n'est censé s'y rendre. D'après les vidéos de surveillance, une "femme rousse et une femme brune" auraient été vues à proximité.

Léah se redressa brusquement, sa posture raide trahissant une urgence qu'elle ne chercha pas à cacher.

-Je sais où c'est, déclara-t-elle. C'est la vieille maison des Solnar.

Charlie écarquilla les yeux, son esprit trébuchant sur ce nom qu'elle commençait à connaitre.

- Pardon ?

Léah roula des yeux, agacée.

- Tu veux que je répète ? Une vieille maison en ruine, complètement dévastée. Depuis "l'accident" il y a quinze ans, personne n'est censé y mettre les pieds. Enfin, t'étais sûrement pas née à cette époque-là.

J'ai vingt-quatre ans, va te faire boucher les ovaires, marmonna Charlie, vexée

- Madâââme d'en Haut devient vulgaire ! s'exclama Léah, un sourire cruel étirant ses lèvres. T'as pas réservé cet honneur à ton client... oups, pardon, ton conseiller.

- Raconte-moi ce qu'il s'est passé il y a quinze ans. Qui sont les Solnar ? demanda Charlie en ignorant délibérément la pique.

Léah hésita un instant, son regard gris se durcissant. Puis, d'un ton plus distant, presque détaché, elle répondit :

-Boh, une famille normale du Bas. Des parents qui bossaient, un gosse. Et puis un jour, des forces de l'ordre ont débarqué chez eux, suspectant un trafic d'armes. Ils ont saisi les parents... et le gosse a fait sauter la maison avec un engin nucléaire artisanal. Tous ceux qui n'ont pas crevé sur le coup sont devenus fous.

Charlie sentit un frisson glacé lui parcourir l'échine.

C'est horrible, murmura-t-elle, ses traits marqués par une véritable horreur. L'enfant a fait exploser sa propre maison ? Avec ses parents dedans ?

-J'sais pas bien les détails, répondit Léah, son ton brusquement plus neutre. Elle détourna les yeux, fixant un point lointain. C'est un peu une légende, en vrai. J'raconte des bobards parfois.

Charlie resta silencieuse, digérant l'information. Elle s'imagina les débris de cette maison, les vies brisées, les secrets enfouis dans les gravats. Et surtout, elle pensait à Jade, qui se trouvait peut-être là-bas, au cœur de ce passé hanté.

Soudain, Léah rompit le silence avec un ton faussement léger :

- D'ailleurs, l'histoire du grand Tobby, c'était juste pour te faire peur. Il n'arrache pas des orteils pour les mettre dans une jarre.

Charlie releva les yeux, feignant une assurance qu'elle ne ressentait pas vraiment.

- Je m'en doutais, mentit-elle en bombant le torse, espérant regagner un peu de dignité.

Léah éclata d'un rire moqueur, mais cette fois, il y avait une lueur plus douce dans ses yeux. Une lueur qui disait qu'elle était plus amusée que méchante, et elle ne résista pas lorsque Charlie l'entraina avec elle en dehors du bar où elles s'étaient réfugiées.

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Clariss était une femme élégante d'une quarantaine d'année. Ses cheveux étaient noirs de jais, lisses, elle les avait relevés en un chignon haut et sévère. Ses yeux étaient bridés, laissant paraitre deux yeux vifs et intelligents, comme des billes ébènes. Elle était d'une beauté glaciale, mais contrairement à Isolys, elle n'imposait pas un respect autoritaire. Le sourire sur son visage et le regard qu'elle adressa à Gaïa la fit approcher.

- Bonjour ! Vous voulez un petit four ? 

- Non merci, j'ai assez mangé, mais ils sont délicieux, déclara la médecin d'une voix pulpeuse. Est-ce vous qui les faites ?

- Oh, non, rit Gaïa, gênée. Ce sont mes cuisiniers... Je ne sais pas faire à manger.

- Bien sûr, s'écria la médecin en s'inclinant bas, vous êtes de famille aristocratique ! Excusez ma déconvenue, madame Lorendil.

- Ce n'est rien, oh, relevez-vous. Nous avons été élevées en égales sur la belle terre d'Eternalis, ne vous prosternez pas devant moi, ça me gêne !

- Votre beauté m'honore, dit la médecin en déposant ses lèvres délicates sur la main de la femme mariée, qui sentit ses joues rougir.

Le regard perçant de professeure Clariss revint vers elle, et elle sentit une vive chaleur la traverser. Se sentant perdre ses moyens devant une femme qui semblait si intéressée par tout ce qu'elle disait, elle demanda:

- Êtes vous d'ici ? Vous avec un accent.

- Non, en effet. Je voyage beaucoup de royaumes en royaumes mais je travaille à l'institut d'Eternalis, au service des conseillers. 

- Oh, c'est formidable ! dit Gaïa, alors que de la joie se peignait sur son visage délicat. Vous devez avoir une vie passionnante. Quel est votre profession ?

- Je suis chercheuse en médecine, mais j'enseigne aussi. Dans les grandes lignes, je suis docteure, expliqua la femme asiatique. Luthien Lorendil doit être aise d'avoir à ses côtés une aussi grande dame...

Un léger toussotement fit tourner la tête de la professeure Clariss. Gaïa se rendit compte alors que la médecin avait gardé sa main dans les siennes, lorsqu'elle lui avait fait un baise-main. Elle ne s'en aperçut que lorsque la femme la lâcha presque brusquement, se retournant. 

La grande silhouette droite d'Isolys se dressait, glaciale. Son regard dépeignit la scène avec du mépris, ses yeux terribles fixant la médecin.

- Bonjour Clariss, comment allez vous ?

- B-bien, et vous ? J'ai appris la nouvelle à propos d'Ambre Solnar ! On m'a raconté que vous lui avez administré son médicament en mon absence...

Isolys battit des paupières, comme perturbée ou... Gaïa plissa les yeux, n'arrivant pas à analyser les différentes couches d'émotions sur ce visage de marbre. Peut-être que l'émotion qui se traduisait là était du défi.

- La conseillère Ambre Solnar était devenue incontrôlable... Elle m'a menacé avec un arme. Nous en parlerons plus tard, je n'ai aucune envie de parler boulot ce soir.

Boulot ? Gaïa eut l'air confuse, et contrairement à la conseillère aux cheveux blonds, toutes les émotions se lisaient sur son visage. Elle réfléchit quelques secondes, le temps pour Isolys de congédier professeure Clariss d'un coup de menton, l'air haineux.

Puis, lorsque celle-ci fut partie, se tenant à une distance respectueuse, la blonde se tourna vers Gaïa et dit sèchement:

- Enchantée. Je m'appelle Isolys, je suis conseillère de la reine Eterna.

- E-enchantée, Gaïa, femme de Luthien Lorendil, murmura la brune, peu rassurée en serrant sa main. Je vous ai vue accompagnée ce soir... Le monde ne cesse de murmurer à propos de vous.

- Vous l'écoutez parler ? dit Isolys, rebondissant sur sa dernière phrase, répondant presque trop rapidement.

- Je ne sais pas, souffla Gaïa en sentant le regard bleuté la tourmenter, même quand elle ne la regardait pas. 

- Vous "savez" bien des choses, non ? demanda gentiment Isolys, rabattant la capuche noire sur ses cheveux qui s'en échappaient. 

- Je sais que ... vous êtes une tentatrice et que je ne devrais pas vous parler. Enfin, c'est ce que dis Luthien, récita sagement Gaïa, intriguée par cette présence flottante.

- Et vous écoutez aveuglément tout ce que vous dit votre mari ?

- O-oui ? Enfin, non ! Mais...

- Qui manipule qui, alors ?

- Je ne devrais pas vous parler.

Gaïa vit passer dans le regard fugace d'Isolys une lueur de colère froide, si froide qu'elle sentit sa gorge se nouer et le regret la prendre immédiatement. La blonde qui s'était approchée recula, comme dégoutée.

- Je vais me retirer.

- Non ! Attendez !

- Mon compagnon m'attend.

Quel compagnon ? Le coeur de Gaïa rata un battement.

Elle fit un signe de tête à une silhouette rousse derrière Gaïa qui s'avança dans le but de rejoindre son bras. Isolys tendit son bras blanc, mais ce fut la femme du conseiller qui tenta de s'en emparer avec douceur pour la retenir.

Seulement, quelque chose agrippa le bas de sa robe dorée. Gaïa eut un cri de surprise, sentant qu'on mordait sa jambe. Un énorme chien noir semblait avoir trouvé son mollet alléchant. Elle fit quelques pas en arrière, bousculant des invités, alors qu'un homme accourait vers elle.

- Au pied ! Excusez-moi...

Gaïa vacilla, son cœur battant à tout rompre, avant de se stabiliser en posant instinctivement ses mains sur sa poitrine. Elle était soutenue par le cousin d'Alexeï Moronov, un homme grand et solidement bâti, qui lui lança un regard inquiet. Ses yeux cherchèrent la silhouette d'Isolys dans la foule. Mais elle était partie. Comme une ombre, elle s'était évanouie sans laisser de trace. Gaïa se mordit la lèvre, une frustration sourde montant en elle, et murmura dans un souffle :

- Flûte...

Un bruissement de tissus et une présence imposante captèrent son attention. Luthien Lorendil, le conseiller aux traits sévères et au regard glacial, se planta devant elle.

- Tout va bien ? Qu'est-ce qui lui est arrivé ? demanda-t-il, son ton trahissant une autorité naturelle.

Avant qu'elle ne puisse répondre, un homme s'agenouilla devant elle, tenant délicatement son mollet. Il examinait une légère éraflure avec un air à la fois concerné et embarrassé.

- Rien, répondit Gaïa rapidement, tentant de minimiser l'incident.

Luthien la fusilla du regard, son expression passant de l'inquiétude à une colère contenue. Il se pencha légèrement vers elle et murmura d'une voix basse et cinglante :

- Idiote. Ne me fais pas honte devant tout le monde.

Puis, sans attendre de réponse, il se redressa et s'éloigna, son manteau richement brodé flottant derrière lui. La petite assemblée qui s'était formée autour de Gaïa, attirée par l'agitation, se dispersa aussitôt, suivant Luthien comme un essaim d'insectes tournoyant autour d'un pot de miel.

Gaïa, encore troublée par la sévérité de Luthien, baissa les yeux et inspira profondément. Mais une voix grave et mélodieuse à ses côtés la fit sursauter.

- Excusez cet incident, madame.

Elle leva les yeux pour découvrir Alexeï Moronov, le conseiller de renom, tendant une main vers elle. Sa stature imposante et son visage encadré d'une barbe soigneusement taillée lui donnaient un air à la fois intimidant et rassurant.

- Non, c'est moi... Je ne faisais pas attention, reprit Gaïa, secouant la tête pour dissiper la tension. J'ai dû marcher sur sa patte par inadvertance. Je suis un peu distraite, vous savez.

Elle accompagna ses mots d'un léger rire nerveux, espérant alléger l'atmosphère. Moronov la regarda attentivement, ses sourcils broussailleux se fronçant légèrement, comme s'il cherchait à déchiffrer un mystère.

Il inclina la tête, ses yeux sombres restant fixés sur elle. Il semblait peser chaque mot qu'elle venait de prononcer, comme s'il cherchait à démêler la vérité d'une quelconque dissimulation. Après un moment de silence, il hocha lentement la tête, un sourire discret adoucissant ses traits.

Vous n'avez pas à vous excuser. L'accident est déjà oublié.

Gaïa sourit légèrement, mais ne répondit rien. Elle baissa les yeux, jouant avec une mèche de ses cheveux pour masquer son trouble.

- Alors, puis-je m'assurrrer que vous allez bien ? poursuivit Moronov, son ton mêlant curiosité et politesse. Vous êtes entre de bonnes mains maintenant.

Gaïa releva les yeux, croisant à nouveau son regard. Une chaleur douce émanait de ses paroles, une sincérité qui lui fit oublier, ne serait-ce qu'un instant, les doutes et la confusion qui tourbillonnaient dans son esprit.

- Oui, merci, monsieur Moronov.

Un silence confortable s'installa entre eux, interrompu seulement par les murmures et rires lointains des invités qui reprenaient leurs discussions. Puis, Alexeï esquissa un geste d'invitation.

- Je vous en prie, mademoiselle. Si vous avez besoin d'un peu de calme, je peux vous escorter au dehors. Il me semble que cette soirée a déjà été suffisamment agitée pour vous.

Gaïa hésita une seconde, mais finit par acquiescer, glissant sa main sur son bras musclé. Tandis qu'ils s'éloignaient de la foule, elle ne pouvait s'empêcher de repenser à Isolys, son esprit tiraillé entre l'envie d'en savoir plus et l'effroi que cette femme lui procurait.

꧁꧂

Jade acheva sa lecture, sa voix mourant dans un silence pesant. Le papier tremblait légèrement entre ses doigts, encore imprégné de l'urgence et de la sincérité du message. Son regard chercha celui d'Ambre, scrutant son visage à la recherche d'une réaction, d'un tressaillement, d'une faille. Mais la femme en face d'elle restait figée, impassible. Ses yeux rouges semblaient vides, fixés sur un point invisible, au-delà de la pièce où elles se trouvaient.

Le silence s'étira, plus lourd encore que l'air saturé de poussière qui s'amoncelait dans la pièce.

L'ombre d'un sourire effleura les lèvres d'Ambre, mais il n'atteignit pas ses yeux. D'un geste lent, elle tira distraitement la sucette qu'elle avait ramassé, comme si le simple fait de garder quelque chose entre ses doigts pouvait l'ancrer dans le présent.

Puis, enfin, elle parla, à mi-voix, comme si elle s'adressait à elle-même.

-... Alexeï.

Jade perçut l'infime tremblement dans son timbre. Ce n'était pas de la colère. Ce n'était pas du mépris. C'était autre chose. Une émotion plus insidieuse, plus délicate. Une émotion qu'Ambre ne voulait pas nommer. La rousse sentit son cœur s'accélérer. Elle la tenait.

- Il vous cherche, dit-elle doucement. Il veut vous aider.

Ambre cligna des yeux, comme si elle revenait brutalement à la réalité. Elle reporta son attention sur Jade, et son regard se durcit.

- M'aider ?

Elle eut un petit ricanement, sec, forcé.

- Je n'ai besoin que de l'aide d'Isolys. Et visiblement, elle veut me faire tuer.

- Qu'est-ce qu'ils vous ont fait ?

Un silence. Infime, mais chargé de tension. Ambre ne répondit pas, mais ses doigts se crispèrent imperceptiblement autour du manche de son taser.

- Cet homme veut vous aider. Vous allez répondre à sa missive, n'est-ce pas ? Vous ne pouvez pas rester comme ça !

Une lueur fugace passa dans les yeux d'Ambre. Un éclat de quelque chose. De la surprise ? De la douleur ? Puis, aussi vite qu'elle était apparue, la lueur s'éteignit. Ambre se redressa, retrouvant ce masque qu'elle portait si bien : cette ironie cinglante, cette arrogance désinvolte.

- Me venir en aide ?

Elle ricana, mais cette fois, son rire sonnait creux, presque incertain, comme une question que son corps posé, brisé.

- Il est inconsidéré.

Elle secoua la tête et fit mine de se détourner, mais Jade ne la lâchait pas du regard.

- Vous n'avez pas l'habitude, souffla-t-elle.

Ambre s'arrêta net de respirer.

- Vous n'avez pas l'habitude qu'on tienne à vous.

Elle tourna lentement la tête vers elle, son sourire s'effaçant graduellement.

- Tais toi, petite sotte.

Jade sentit un frisson lui remonter l'échine, mais elle ne détourna pas le regard.

- Vous avez peur d'y croire. Moi aussi je suis passé par là avant de connaitre Léah. Vous avez peur de croire que quelqu'un puisse sincèrement vouloir vous aider sans rien demander en retour, hein ? 

Les pupilles d'Ambre se dilatèrent légèrement. Son corps se tendit, comme un animal acculé.

Pendant une fraction de seconde, elle n'était plus l'ancienne conseillère, la criminelle en fuite, la femme imprévisible pendue aux lèvres d'Isolys. Elle semblait plus humaine, mais aussi pleine de doutes, et sa bouche se tordit affreusement de douleur.

Jade vit la faille s'ouvrir, alors, elle appuya encore.

- Il vous voit encore comme une personne humaine. Avec ses failles. Il ne vous considère pas comme un monstre pour ce que vous avez pu faire. 

Ambre serra les dents.

- Arrête.

- Peut-être qu'il a raison. Vous pouvez effacer tout ce que vous avez fait, il faut juste l'écouter. Pourquoi vous ne l'écoutez pas ?

- Tais-toi.

- Si vous répondez à sa lettre, il pourra sauver votre vie !

- TAIS-TOI !

Le cri fusa, rauque, déchirant, et avant que Jade ne puisse réagir, Ambre bougea en un éclair. Un arc électrique zébra l'espace entre elles. La douleur explosa dans le corps de la rousse. Un choc fulgurant, brûlant, paralysant.

Jade s'effondra sur le sol dans un spasme violent. Sa respiration se bloqua, ses muscles se contractèrent sous l'effet de la décharge. Ambre resta immobile, son taser encore tendu devant elle. Sa main tremblait.

Elle inspira, expira lentement, puis abaissa son bras en souriant, ne perdant une seconde du spectacle devant elle.

Jade haletait sur le sol, son corps encore agité de légers soubresauts. Mais malgré la douleur, elle leva les yeux vers Ambre. Elle ne lui lança pas un regard de défi, ou de haine, comme Ambre aurait pu s'attendre. Elle avait peur, certes, mais c'était des émotions plus complexes qui émanaient de cette jeune femme vulnérable.

Ambre Solnar ne sut pas comment réagir et détourna brusquement le regard, comme brûlée par ce qu'elle y avait vu. Le rire se coinça dans ses poumons, amer, un souffle rauque s'échappa de sa gorge. Elle rangea son taser avec gêne, se détourna et alla s'adosser à la fenêtre.

Son dos resta raide, crispé. Sa main, pourtant, trembla imperceptiblement lorsqu'elle remit la sucette entre ses lèvres. Elle la suçota un instant, comme si ce simple geste pouvait effacer ce qui venait de se passer.

- Tu vas lui écrire, toi, à Moronov, puisque tu y tiens tant.

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