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Chapitre 4

J'ai dit oui. Je n'en reviens toujours pas.

On a fait un grand détour pour pas ne passer devant le lycée et on a rejoint la gare avec des ruses de sioux. Comme j'étais un peu inquiète à l'idée de croiser mon père sur le chemin du boulot ou un de nos profs se rendant au bahut, les garçons s'amusent à se conduire comme des éclaireurs sur le sentier de la guerre.

La simple vision de Simon-Loup, planqué dans une encoignure d'immeuble, nous faisant des signes absolument indécryptables avec les mains pour nous prévenir qu'il s'avance en reconnaissance, suffit déjà à rendre cette journée mémorable.

- Go, go, go !

Il nous fait signe de le rejoindre. Décidément, il est déchainé et c'est tout juste s'il ne se jette pas à plat ventre en passant devant le McDonald, pendant que Noah et moi on le suit à bonne distance, en retenant nos rires.

Bref, on se retrouve à la gare sans encombre et sans croiser quiconque aurait pu compromettre notre petite aventure. On valide nos pass avec des rires nerveux et, dès que le train arrive, on se rue dans la première voiture comme des gamins qui sauraient pertinemment qu'ils font une grosse bêtise.

Le train démarre aussitôt : la bêtise est faite, trop tard pour les regrets ! Dans trente minutes notre petite ville placide et sage sera loin dans le passé... et on verra la Tour Eiffel.

Nous nous sommes assis sur des places en carré. Les deux garçons en face de moi, nos sacs de cours sur le siège à côté. Aucun de nous n'éprouve le besoin de parler. On affiche tous les trois le même petit sourire incertain, pas très fiers de notre fugue mais assez excités quand même. Un peu comme si on mesurait cette incartade à l'aune de notre liberté.

Je profite du trajet pour observer mes compagnons d'expédition. Noah regarde par la fenêtre, perdu dans de sombres rêveries. Simon somnole, sa grande carcasse de travers, la tête carrément appuyée sur l'épaule de son pote. Il doit sentir mon regard car il ouvre les yeux à demi, me sourit, puis referme les paupières en se carrant confortablement contre son voisin.

Si-Lo-centre-du-monde... Grand, lumineux, sexy, des yeux d'un vert surnaturel qu'on croirait peints à la bombe fluo. Il étale son corps nerveux et délié de joueur de basket dans une pose de statue grecque, d'autant plus sensuelle qu'elle n'est pas étudiée. Avec cette tranquille certitude que tout le monde le suivra toujours dans la vie, peut-être pas jusqu'au bout du monde mais assez loin quand même.

A ses côtés, Noah, le nez contre la fenêtre, regarde les rails qui défilent comme si c'était le plus passionnant spectacle auquel il ait jamais assisté. Noah... égaré comme toujours dans des pensées qui n'appartiennent qu'à lui. Plus ramassé, plus sombre. Carrossé comme un Hummer qui aurait croisé une Ferrari, un visage hautain de seigneur andalou et des lèvres pleines parfaitement dessinées. Noah qui sourit à tout le monde mais ne laisse entrer personne. C'est pas Twilight qu'on aurait dû l'appeler, c'est Soirée Privée.

En comparaison de mes deux top-modèles, je me fais un peu l'effet d'un chat de gouttière égaré dans une flaque d'eau.

Bon, je ne me plains pas non plus. Je me situe peut-être dans le clan des anonymes mais j'y suis bien. Et on peut dire que je profite à fond de mes années lycée. Je n'ai pas de souci insurmontable dans la vie, même si ma mère me manque terriblement. J'ai une famille aimante et raisonnablement embarrassante, et un gang de potes fidèles avec qui c'est facile de bosser et encore plus facile de faire la fête.

Bien-sûr, je voudrais être une fille plus cool, plus libre. Apprendre à lâcher prise au lieu de me soucier toujours des problèmes des autres. De leur regard, aussi. Si-Lo et Noah, avec quelques autres garçons et filles, ils forment une bande qui représente le sommet du cool dans notre petit lycée, et leur plus gros effort consiste à se laisser porter par leurs vies harmonieuses sous le regard admiratif de ceux qui aspirent à leur ressembler. J'aimerais assez vivre dans leurs baskets un jour ou deux, juste pour voir ce que ça fait. La certitude de se savoir aimé doit donner une force incroyable.

Moi je me trouve toujours trop... ou pas assez. Je voudrais ressembler à ces filles qui ont une grâce incroyable quoiqu'elles fassent. Comme ma copine Ayako, qui donne le sentiment de se déplacer en permanence sur une sorte de nuage ouaté. Elle pourrait vous éternuer à la figure que ce serait juste poétique et joli. Quand elle porte un jogging et un débardeur, ça devient tout de suite sport-chic. Alors que sur moi c'est un jogging et un débardeur, mais vraiment.

Je croise instinctivement les jambes, en essayant de prendre une pose plus sophistiquée. Un peu alanguie contre la paroi du train, le coude sur le petit rebord contre la vitre, la main posée négligemment sous le menton. Mais une voix intérieure que je connais bien me rappelle aussitôt à l'ordre : « Ressaisis-toi ma pauvre fille, on dirait que tu joues un rôle ! ». En plus la grille d'aération de l'air conditionné me laboure le bras et dessine de larges traits rouges.

Je soupire en reprenant une posture plus naturelle. Tant pis pour la fille cool et sophistiquée, je vais la mettre sur ma To-Do List où j'ai tellement de cases à cocher ! Heureusement, j'ai appris à laisser s'envoler les pensées négatives en les regardant passer devant moi comme les volatiles d'Angry Birds. Et puis, s'il me faut vraiment une pensée positive, là, maintenant, elle est assise en face de moi, non ?

Je les ai pas forcés, je les ai pas braqués les deux chérubins. Ils sont là parce qu'ils le veulent bien. Et parce que je le vaux bien ! Je rejette une mèche rebelle d'un petit mouvement de tête, en espérant que mes cheveux vont se replacer naturellement dans un mouvement soyeux. Ma petite voix intérieure se moque un peu, mais sans parvenir à effacer le sourire qui se dessine sur mes lèvres en observant les deux acolytes avec lesquels je me suis embarquée dans cet improbable voyage.

Je manque même d'éclater de rire tandis qu'une irrésistible petite bulle de bonheur vient pétiller doucement dans mon cerveau. Je ne sais pas ce que nous réserve cette journée, ni si elle sera à la hauteur de nos attentes de bandits évadés mais, waouh, je ne donnerais ma place pour rien au monde.

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