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Chapitre 21

On se lève d'un même mouvement, sans se concerter. On a tous les trois besoin de respirer, et marcher nous fera du bien.

Nous sortons du square par le Canal Saint-Martin. Le célèbre canal parisien, traversé de passerelles et de quelques écluses inattendues en pleine ville, court jusqu'à l'Arsenal, LE port de plaisance de Paris, un grand mot pour un bassin étroit où barbotent quelques péniches.

Le long des quais de Valmy et Jemappes qui déroulent sous nos pas, le canal est bordé de cafés et de boutiques branchées. Il est à peine quinze heures mais les terrasses et les berges pavées commencent à se remplir de jeunes adultes, une bière à la main, qui discutent avec animation. Je les regarde avec curiosité : je ne doute pas qu'ils aient tous une occupation professionnelle très sérieuse mais, manifestement, cela leur laisse pas mal de temps libre.

Si-Lo doit se faire la même réflexion car il laisse échapper sur un ton ironique.

- Je sais pas ce qu'ils font comme métier... mais je veux faire le même !

- Parles-en avec la conseillère d'orientation au lycée, elle se plaint toujours qu'on n'a pas d'idées...

On arpente les quais dans un sens, puis on traverse et on remonte dans l'autre. On se parle peu. La confession de Noah nous a renvoyé à nos propres existences. Moi-même, je me sens vidée.

J'observe mes compagnons à la dérobée. Noah est perdu dans ses pensées, mais les traits de son visage me semblent plus apaisés. J'espère qu'il est en train de s'inventer un nouvel avenir, même si je doute que ça puisse être aussi simple. Simon, une fois n'est pas coutume, reste également silencieux. Il doit se demander comment être plus présent pour son pote. A moins qu'il ne cherche un stratagème pour recoller les morceaux avec moi. Ha, ha, je suis sûre qu'il pense à tout ça à la fois, et à mille autres choses.

C'était parfaitement emballé, ce baiser. Et chaud bouillant. Je n'en attendais pas moins de Simon-Love. Mais j'ai bien fait d'y mettre un frein. Je me sentirais moins honnête à écouter Noah si j'avais eu le sentiment de le trahir avec son meilleur ami. Je regarde mes deux cavaliers. Je surprends ici et là les petits regards et les sourires engageants qu'on leur adresse, filles et quelques garçons mélangés, mais je n'éprouve aucune jalousie. Il suffit que je me répète que je ne suis pas là par hasard, et cela me donne une grande sérénité.

Pourtant, plus j'y réfléchis, plus je m'accroche à la conclusion que cette journée risque, hélas, d'être unique. D'abord parce que je n'ai pas envie d'être la femme qui s'immiscera entre eux, en n'en choisissant qu'un seul. Ensuite parce qu'en explorant leur personnalité, si différente mais toute aussi chaotique, j'entrevois combien il faudrait être sacrément forte pour construire avec eux une relation qui dure... Ou sacrément optimiste. Un flirt sans lendemain me laisserait un terrible sentiment d'échec, surtout si je devais en sacrifier un. Alors je pressens que notre séparation, ce soir, sera amère. On s'embrassera sur la joue sur le quai de la gare, puis chacun retrouvera sa vie. Ce sera triste et ce sera définitif. Je continuerai à les éviter en classe, par fierté et pour ne ressasser aucun regret. Et eux se tourneront vers d'autres aventures. Ils ne sont pas du genre à rester plantés devant une porte fermée, et laisser le cœur s'ébattre où bon lui semble reste le meilleur moyen de surmonter une déception amoureuse.

Je dois profiter de cette journée singulière parce qu'elle n'aura pas de lendemain qui enchante.


Mon regard est attiré par une enseigne sur un bâtiment blanc presque banal : l'Hôtel du Nord, comme dans le vieux film de Marcel Carné. Je ne suis pas très cinéphile, mais ça, je connais. Je plante mes gars et grimpe quatre à quatre la passerelle métallique qui lui fait face. Ils me suivent un peu interloqués.

Et là, comme des centaines de touristes avant moi sans doute, je clame la tirade d'Arletty.

- Atmosphère, atmosphère... Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ?

Je ne connais personne qui ait vu le film mais cette réplique et l'inimitable voix de fausset d'Arletty sont restées. Toute la gouaille et l'insolence d'une vraie titi parisienne. Celle qui disait, avec une mauvaise foi inimitable, quand on lui reprochait ses fréquentations allemandes à la sortie de la guerre : "Mon cœur est français, mais mon cul est international !"

Simon-Loup et Noah applaudissent de bon cœur ma prestation. Ils enchaineraient bien mais ils ne savent pas trop ce qui vient après. Alors Simon tente un : "T'as de beaux yeux, tu sais !" approximatif.

J'imite un bruit de buzzer.

- Faux, c'est pas du tout dans le même film !

- Ouais ben je fais ce que je peux... Tu aurais préféré : "Luke, je suis ton père ?"

Je ne peux m'empêcher de rire devant tant de mauvaise foi.

- Ah, tu viens de ruiner mes débuts d'actrice...

Simon me répond du tac au tac.

- De toutes façons, tu l'as déjà eu tout à l'heure, ton baiser de cinéma !

Sa révélation me prend à froid et Noah me regarde d'un air ahuri.

- Quoi ? Vous vous êtes embrassés ?

Je vais pour le rassurer, mais Simon-Loup m'interrompt d'un petit air faraud.

- Et oui mon vieux, j'ai ouvert le score à la...

Il se concentre en fronçant les sourcils. Heureusement qu'il est bon en maths, on n'attend pas longtemps.

-... à la 376 ième minute.

Quel couillon, mais quel couillon ! Il pouvait pas se taire ? Juste après la confession difficile de Noah !

- Hé, je proteste, d'abord c'est pas un match de foot, ensuite...

Il m'interrompt à nouveau avec une grimace narquoise.

- Si on était dans un match de foot, en tous cas, j'aurais scoré.

Mon sang ne fait qu'un tour.

- Simon, qu'est-ce que tu ne comprends pas dans : "Des fois il vaut mieux savoir se taire" ?

Je me tourne vers Noah, sur un ton mi-sérieux, mi-blagueur.

- Noah, je vais devoir t'embrasser pour rétablir l'équilibre et parce que cet idiot me tape vraiment sur les nerfs.

Noah me surprend en m'attrapant la taille d'un air déterminé.

- Oui, quand l'équipe adverse mène d'un point, il faut reprendre le but le plus vite possible...

- Non mais tu vas pas t'y mettre toi aussi ? Je ne suis pas un ballon de foot, merde ! Arrêtez avec ça !

Il ne me lâche pas la taille et plonge son regard noir dans le mien.

- Nous on est deux pauvres équipes de troisième division. Toi tu es le ballon, tu es l'arbitre, tu es les cinquante mille spectateurs, tu es l'enjeu, tu es le championnat...

Heu... C'est... Comment dire ? Belle tentative... Je ne sais pas si c'est romantique ou affreusement kitch. Bon, j'aurais quand même tendance à lui conseiller de revoir ses métaphores, mais Noah ne me laisse pas beaucoup de temps pour l'analyse littéraire. Il me montre clairement ce qu'il veut et... je crois que je le veux aussi. D'ailleurs les supportrices dans mon crâne commencent à crier "Allez la France !" en agitant des petits drapeaux.

Simon nous regarde les bras croisés, avec un sourire de défi. Il ne veut pas se donner le ridicule de me revendiquer comme sa propriété. Quoiqu'une flamme sournoise dans sa prunelle émeraude m'alerte un peu. Et si il avait trouvé une façon de remettre son pote en selle, tout en relançant une course à laquelle j'avais décidé de renoncer ?

Je n'ai pas le temps d'approfondir car Noah plonge ses lèvres sur les miennes. J'avoue que c'est un fantasme qui date du premier jour où je l'ai croisé, il y a deux ans, quand on s'est retrouvés dans la même classe. Noah a des lèvres tellement dessinées et pulpeuses qu'on a envie de les embrasser au premier regard. Juste pour voir quelle sensation ça éveille. Pour le moment, j'ai la nette impression de m'enfoncer comme dans un coussin moelleux, ce qui me renvoie direct à la gamine de huit ans qui s'entrainait à embrasser son oreiller en fantasmant sur le petit Rémy du centre aéré. Mes premiers émois... Mais, surprise, il n'y a pas que la bouche qui soit moelleuse. Tout le corps de ce garçon vous donne l'impression de vous envelopper et de vous avaler. Je croyais que des muscles aussi découplés seraient durs au premier contact, c'est tout le contraire. Ils me soutiennent, m'accueillent, dessinent des pleins et des déliés, des chemins de traverse qu'on aurait envie d'explorer.

Comme Simon tout à l'heure, la langue vient sans attendre.

Mais là où Simon s'était montré joueur, Noah s'annonce gourmand et passionné. La langue de Simon furetait dans les endroits les plus improbables de mon palais, caressait en déclenchant des frissons dans mes reins, celle de Noah s'impose et me prend littéralement d'assaut. Simon m'amenait dans un duel à fleuret moucheté, avec Noah, la citadelle doit se rendre sans résistance. Simon vous suspendait en équilibre sur un fil, avec Noah, vous êtes calé pour un long voyage. Et cette sensation de puissance contrôlée, pendant qu'il vous avale d'un air gourmand, donne envie de se livrer toute entière. Sans compter que ses lèvres pleines font comme un petit airbag confortable à notre étreinte passionnée.

Le baiser bouillonnant de Noah, sur cette passerelle du Canal Saint-Martin, ouvre en moi des portes secrètes auxquelles je n'avais jamais eu accès. J'entends des grilles et des herses se lever les unes après les autres dans tout mon corps, et je me dis que j'étais folle de vouloir renoncer à tout ça.

Au bout de quelques minutes, quand il est manifeste que l'assaut méthodique provoque en moi plus qu'une onde de plaisir policé, Simon commence à se plaindre.

- Je sais qu'on est en face de l'Hôtel du Nord, mais vous voulez pas que je vous trouve une chambre non plus ?

Il piaffe et finit par s'interposer entre nous, nous séparant carrément avec les bras. Il m'engueulerait presque.

- Hé, normalement c'est là où tu dis : "C'est pas bien, on peut pas faire ça à Simon !"

Noah relève la tête les yeux vagues, encore perdu dans son exploration. Après un petit sourire d'excuse à mon attention, il réplique d'un ton satisfait à l'intention de son pote.

- Un partout.

Je manque de m'étouffer d'indignation. Puis je hausse les épaules, fataliste. Qui a envie de s'énerver dans un moment pareil ? Et puis moi aussi je peux jouer à ce petit jeu-là. Alors je leur rétorque simplement.

- Je vous signale que, pour le moment, c'est moi qui mène au score !

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