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Chapitre 13

Difficile de se concentrer sur le set à présent, malgré l'énergie que déploie le DJ et la transe mouvante et fluide des clubbers autour de moi.

Les paroles de Simon tournent dans ma tête et j'ai du mal à garder l'esprit clair. Je n'ai pas l'hypocrisie de me demander si je suis spéciale, on l'est tous chacun à notre façon. Mais je me demande ce que lui peut me trouver de spécial.

La danse m'éloigne un peu des garçons et je trébuche sur un type de vingt-cinq, vingt-sept ans, mèche tombante d'intello et chemise blanche très ouverte. Il me rattrape par le bras et me sourit de manière engageante quand je lui fais un petit signe pour m'excuser.

Je sais que je suis le genre de fille qui plait aux hommes un peu plus âgés. Il m'est arrivé plusieurs fois d'éconduire des mecs de vingt-cinq ans, alors que les garçons de mon âge me traitent comme une bonne copine. C'est parce que tu es plus mature que ces bouffons, dit ma copine Ayako, mais Ayako dirait n'importe quoi pour me remonter le moral. Est-ce que connaitre un deuil écrasant, à un âge où les plus gros chagrins sont normalement des bobos ou des cauchemars, m'a fait grandir plus vite ? Est-ce que grandir sans mère m'a fait devenir femme ? Les filles veulent de l'attention, les femmes veulent du respect, prétend Ayako, qui a des théories pour tout. Pourtant, moi, je voudrais bien l'un et l'autre.

Je souris poliment et je me retourne vers la scène. Tout le monde fait face au DJ, qui a des allures de grand prêtre en train d'adorer le dieu Musique.

A deux rangs devant, je vois Si-Lo glisser quelque chose à l'oreille de Noah et l'autre se marrer. Je regarde dans la même direction qu'eux : deux bimbos dansent sur un podium improvisé, vêtues d'une sorte de filet de pêche à grosses mailles qui ne cache pas grand-chose. Certainement des mannequins si j'en juge par leur corpulence.

A un moment, je ne sais pas du tout si c'est prémédité, un homme en redingote blanche fend la foule en portant un violoncelle au-dessus de sa tête. Il a l'air un peu perdu, noyé dans la masse compacte des danseurs. Il grimpe difficilement sur le bar sans tenir compte des protestations du serveur, et s'assoit carrément sur un fut à bière. Et là, il commence à jouer, je ne sais pas quoi, je n'entends rien.

Il se passe alors quelque chose d'étonnant. Le fameux N'to adoucit son mix jusqu'à une unique ligne de basse un peu sourde, pendant que la modulation du violoncelle résonne plus clairement. Je n'identifie pas du tout ce qu'il joue, je crois que c'est du Bach. Tout le monde se tourne en direction du bar. Le DJ juxtapose quelques boucles électro, plutôt bonnes, et les deux mélodies semblent se poursuivre et jouer à cache-cache dans les recoins de la cave.

C'est magique et franchement n'importe quoi. Mais le public semble trouver ça tout à fait normal. Qu'on lâche les tigres et les cracheurs de feu, plus rien ne peut me surprendre !

Mon voisin se rapproche et danse en balançant les bras sur le rythme hypnotique. Il m'encercle sans me toucher. Je ne sais pas si c'est une invitation, mais il empiète clairement sur mon espace vital.

A un moment, il se penche vers moi et me murmure quelque chose à l'oreille, que je ne comprends pas.

- Hein ? Je dis un peu bêtement.

Il met sa main en cornet et répète plus distinctement.

- Tu prends quelque chose ?

Je lui montre mon verre avec un petit sourire distant.

- C'est bon !

Il secoue la tête et me fait signe que je n'ai pas compris. Il exhibe alors un petit pochon de plastique noir où je distingue nettement une sorte de poudre blanche. Il continue à me parler mais je n'entends que quelques mots.

- Tu... veux... parachute...

Je secoue la tête avec plus d'énergie.

- Merci, non !

Il se penche à mon oreille, la main un peu baladeuse.

- C'est cool...

Oui, très intéressant merci, mais tu deviens franchement collant là... Je m'apprête à répliquer à ma façon quand Si-Lo s'interpose à mes côtés, et repousse mon soupirant d'un coup sec.

- C'est bon, on t'a dit !

L'autre est déséquilibré et fait un moulinet du bras : le petit sachet vole en répandant un joli nuage blanc.

Pour le coup, le type a l'air carrément énervé et je m'aperçois qu'il a quelques potes autour de lui qui ne semblent pas apprécier non plus le gaspillage des ressources.

Simon me tire par la main et se place devant moi avec autorité, pendant que Noah se campe à ses côtés en affichant son physique dissuasif.

Je ne sais pas si l'atmosphère est électrique, mais ça dégénère très vite. Un gros lourd énervé balance son poing dans le visage de Simon, l'envoyant valser de quelques pas. Noah s'interpose et le plie d'un direct à l'estomac. Les autres ripostent à leur tour. Si-Lo se relève et se jette sur nos assaillants la tête la première, en fonçant comme un bélier. En quelques minutes, c'est le chaos total.

Généralement les bagarres de saloon, c'est dans les westerns à la télé. Les français s'insultent avec enthousiasme mais ils en viennent rarement aux mains. Mais là, je ne sais pas si c'est la drogue, les beats ou l'air chargé de cette cave hermétique, mais la situation devient vite incontrôlable.

Le DJ a relancé son set à pleine puissance et semble se nourrir du chaos. La plupart des danseurs continuent à s'agiter frénétiquement sans se soucier de l'altercation. La transe gagne les esprits. Les deux filles sur leur podium gesticulent avec des airs de prêtresse folles ; on dirait qu'elles vont sacrifier un nouveau-né. Et la cave tout entière prend des allures de Titanic courant vers la fin du monde.

J'essaie de temporiser mais personne ne veut m'entendre. Noah tape comme un sourd sur tout ce qui passe à sa portée. Et Simon n'est pas en reste, avec un sourire jubilatoire.

Heureusement, trois videurs baraqués fondent dans le tas et distribuent quelques baffes qui contribuent à calmer les esprits.

Finalement, l'échauffourée s'arrête aussi vite qu'elle a commencé. Les belligérants se dispersent au milieu des danseurs, il ne reste que nous. Les vigiles nous regardent avec sévérité. Noah a les phalanges rougies d'avoir cogné sans discernement. Et Simon a le regard déchainé de celui qui ne s'était pas autant amusé depuis sa dernière baston à l'école primaire. Il faut croire aussi que nos têtes de lycéens ne plaident pas en notre faveur. Ils nous remontent manu militari, l'un attrapant Si-Lo au collet, l'autre Noah par le bras, et moi qui suis d'un air désolé.

C'est tout juste s'ils ne nous jettent pas sur le trottoir, comme des pestiférés.

Mon gipsy nous aperçoit du coin de l'œil et me crie de loin.

- T'as une ligne de chance bien accrochée ma jolie, mais faut pas en abuser !

On cligne des yeux, un peu hébétés par le soleil de midi. J'ai l'impression qu'on vient de passer deux jours entiers dans cette cave. J'examine rapidement les garçons, pour faire l'inventaire des dégâts. Rien de bien grave à part le tee-shirt de Noah déchiré à la manche et la pommette de Simon un peu tuméfiée.

On reprend notre souffle et on se regarde en riant.

- N'empêche... quel lieu hallucinant ! je m'exclame.

- Quelle baston ! s'écrie Si-Lo avec une joie enfantine.

- Mais qu'est ce qui s'est passé exactement ? demande Noah qui s'est battu sans rien comprendre.

Sa question redouble nos rires et on lui raconte l'embrouille. J'en profite pour les remercier, même si j'ajoute que j'aurais pu gérer seule et que ça aurait fait moins de dégâts.

- On est les chevaliers, non ? proteste Simon.

- Rassure-moi Jacquouille, t'es bien au courant qu'on est au vingt-et-unième siècle ? je réplique en souriant.

Noah nous interrompt par un grognement.

- Putain, j'ai faim !

C'est vrai que normalement, après une bonne bagarre, c'est tournée générale de sangliers.

- On va s'occuper de ça, promet Si-Lo en se dirigeant vers une entrée de métro. Noah lui emboite le pas en toute confiance.

Je les regarde s'éloigner : ils discutent avec animation et miment les moments chauds de la mêlée, comme deux anciens combattants.

Je n'oublie rien de ce que m'a dit Simon mais, pour le moment, je ne désire qu'une chose, c'est les garder tous les deux à mes côtés. Ils m'apparaissent comme les faces d'une même médaille et c'est peut-être ce qui les lie, chacun recherchant en l'autre un peu de ce qu'il n'est pas. Je me dis que j'ai envie de les connaitre mieux. Et tant pis si ça s'appelle l'amitié !

- Attendez-moi les gars !

J'inspire profondément et je lève la tête sur les façades de pierre qui ont vu passer tant de vies. J'entends au loin un clocher qui sonne. Paris, sous le soleil, adoucit les plaies et fait battre les cœurs.

Tant pis si ça s'appelle l'amitié ?

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