Ma fille - OrelxGringe - OS fanfic
Aurélien et Guillaume se tenaient face à face depuis plusieurs secondes sans prononcer un seul mot. La position des deux était la même à l'exception du plus jeune qui gardait la tête baissée, rouge de honte après ce qu'il venait de lui annoncer.
La tension entre eux était palpable, chargée de souvenirs et de non-dits qui flottaient dans l'air. Leurs regards se croisèrent, chacun portant les stigmates d'une relation passée qui avait sombré dans les méandres de l'oubli. Il y avait quelque chose dans la manière dont leurs mains s'effleuraient involontairement, comme si le souvenir des caresses d'autrefois persistait malgré les années de séparation.
"Orel... par pitié, dis-moi que tu blagues..." commença Guillaume, brisant le silence pesant.
Aurélien baissa le regard, le poids des souvenirs pesant sur ses épaules déjà affaiblies par ce fardeau " ...j'aimerais que ce soit une blague moi aussi..."
Le plus vieux soupira longuement, tremblant légèrement, avant de s'asseoir sur le canapé derrière lui. "Qu'est-ce que t'as fait..."
"N'en rajoute pas, je suis déjà assez énervé comme ça..." répondit Aurélien d'une voix chargée d'émotions contenues.
"Tu l'as vraiment mise enceinte ?" insista Guillaume.
" ...oui."
"Putain..."
"Mais ce n'est pas ça le pire..."
"Quoi ? Qu'est-ce qui peut être pire ?" demanda Guillaume, incrédule.
"Elle m'a avoué qu'elle me laisserait avoir la garde si je lui paye une certaine somme..."
" ...attends ? Tu veux garder l'enfant ?" s'exclama Guillaume, surpris.
"Oui ! C'est mon enfant ! Je sais qu'elle ne va pas avorter et... je t'avouerai que je ne suis pas vraiment chaud pour lui demander de le faire. Je veux qu'elle le couve, mais il est hors de question qu'elle partage la garde avec moi. Tu peux comprendre j'espère ? Tu l'as dit toi-même : c'est une toxicodépendante..."
" Mais tu vas devoir rester avec elle H24 pour t'assurer qu'elle ne prenne rien pendant sa grossesse... t'es prêt à tenir 9 mois à surveiller une groupie droguée ? D'ailleurs, qu'est-ce qui te fait dire qu'elle ne s'est pas déjà enfilé 2 ou 3 verres d'alcool depuis que tu lui as planté tes graines ?" répliqua Guillaume.
"J'ai demandé à mes agents de la surveiller..."
"Génial... vraiment, c'est juste génial..." souffla Guillaume d'un rire sans joie. "Mais pourquoi tu m'en parles ?"
Aurélien baissa le regard, une expression d'incertitude voilant ses traits. "Toi et Léa vous allez devenir parents, non ?"
" ...oui. Pourquoi ?" répondit Guillaume, intrigué.
" ...À quoi tu penses, Orel ?"
" ...Je ne suis pas prêt à être père. Est-ce que vous pourrez m'aider ?"
"Pardon ?!" s'exclama Guillaume, surpris par cette requête inattendue et plutôt culottée.
"Je veux cet enfant. Mais je ne me suis pas préparé à être père... Toi et elle vous aviez prévu de le devenir depuis un moment. Est-ce que vous pourrez m'aider à être un bon père ?"
Guillaume resta un moment silencieux, pesant les mots avec précaution. "Aurélien... cet enfant, c'est ta responsabilité. Pas la mienne. Je me suis préparé à être père mais pour mon enfant, pas celui des autres. Ce gamin aura besoin de toi en grandissant, pas de moi. Après, je t'assure, je pourrais te donner quelques conseils. Mais ça s'arrête là. Je ne serais pas un père de substitution. Ce gosse aura besoin de toi. Surtout de toi quand on sait que tu ne pourras pas compter sur la mère."
Guillaume vit que le plus jeune en face de lui commençait à trembler. En temps normal, il lui aurait dit "T'es plus un ado. Prends tes responsabilités." Mais en le voyant dans cet état, il ne put que le prendre dans ses bras, en tapotant son dos.
"Ça va bien se passer, Aurélien. Je ne te lâcherai pas..."
"Je ne sais pas quoi faire..."
"Tu veux cet enfant, non ?"
"Oui..."
"Alors tiens le coup pour lui. Une fois qu'il sera venu au monde, tu pourras dire en ta défense qu'elle est toxico et tu auras la garde à coup sûr. Avec un peu de chance, tu n'auras pas à lui verser la somme qu'elle t'a demandée."
______________Après le concert_____________
La tension flottait dans l'air alors qu'ils quittaient la scène, les applaudissements du public résonnant encore dans leurs oreilles. Guillaume et Aurélien marchaient côte à côte, mais leurs esprits étaient ailleurs. C'était le dernier concert de la tournée, ils étaient à la fois soulagés et légèrement déçus que ce soit déjà terminé.
Aurélien l'était encore plus que son partenaire car il savait que la fin de cette tournée signifiait également le départ de son acolyte. Il l'avait prévenu à l'avance qu'il comptait quitter cette vie de star pour la dédier entièrement à sa compagne et son futur enfant. Il n'avait pas riposté. Enfin... pas en face de lui. Forcément, il n'était pas cruel au point de lui refuser de vivre une vie normale avec sa famille... mais il se mentirai à lui même si il disait que ça ne l'embêter pas de devoir se séparer de lui. Que ce soit pour le groupe... et entre autres...
Aurélien commença. "On devrait parler."
Guillaume jeta un regard furtif à son ancien partenaire. "Parler de quoi ?"
"Tu sais très bien de quoi."
Un frisson d'agacement parcourut Guillaume. "On a déjà eu cette conversation. Plusieurs fois. On a essayé, ça a mal tourné, on a rompu, je me suis mis en couple avec Léa, tu as baisé une groupie sans capote et la suite tu la connais. Comme j'ai dis, on en a parlé plusieurs fois."
"Mais ça n'a jamais été résolu, n'est-ce pas ?"
"Et alors ? Ça change quoi maintenant ? Je vais être père, Aurélien !"
"Ça change que ça nous affecte, que ça pourrit notre travail. Tu ne peux pas nier que depuis notre rupture, ça n'a plus jamais été pareil sur scène. Tu m'évites comme la peste."
"Parce que c'est plus simple comme ça, Aurélien. Pour toi et pour moi."
"Plus simple ? Ou juste plus lâche ?"
Les mots claquaient entre eux comme des coups de fouet, alimentant la colère qui montait crescendo.
"Ne me parle pas de lâcheté. Tu sais très bien ce qui s'est passé entre nous. Tu étais le premier à partir, à abandonner tout ce qu'on avait."
"Parce que je ne pouvais pas continuer à faire semblant, Guillaume. Faire semblant que tout allait bien quand notre relation se désintégrait chaque jour un peu plus."
"Oh, maintenant c'est ma faute ? Tu n'as jamais voulu entendre ce que j'avais à dire ! Tu as toujours tout retourné contre moi, comme si j'étais le seul responsable de nos problèmes."
"Peut-être que je ne voulais pas entendre parce que je savais que ça me ferait mal. Parce que je t'aimais putain, et ça me déchire de te voir partir."
"Arrête avec ça, Aurélien. C'est fini entre nous... depuis longtemps..."
La lueur de tristesse dans les yeux d'Aurélien se transforma en une flamme de rage. "Alors c'est ça, notre histoire ? Une page tournée, un duo détruit, juste comme ça ?"
"Peut-être que c'est mieux ainsi. Pour nous deux."
"Peut-être que tu as raison. Mais si c'est le cas, je préfère qu'on en finisse une bonne fois pour toutes."
Et sur ces mots, Guillaume fit volte-face et s'éloigna, laissant Aurélien seul avec ses pensées tourmentées.
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* 8 mois plus tard * - 22h
Guillaume et Léa dansaient lentement au milieu du salon. Sa main sur sa taille, l'autre dans la sienne tandis que sa compagne posait la dernière sur son épaule. Il n'aurait jamais cru être si heureux avec quelqu'un. Lui qui n'était auparavant qu'un coureur de jupon qui aurait laissé une nana quelconque suite à un coup d'un soir s'était rangé depuis quelque temps avec cette femme. Elle rayonnait de par sa beauté mais aussi par sa bonté. Elle avait pratiquement tout changé en lui (pour le meilleur).
Au final, la vie privée en dehors des projecteurs n'était pas si mal...
" Vous êtes si belles toutes les deux... "
Léa sourit à ce compliment qui s'adressait à elle et à l'enfant qu'elle portait.
" Je ne m'attendais pas à ce que tu sois si joyeux quand on a appris que ce serait une fille... "
" Si c'est pour avoir une fille aussi exceptionnelle que toi je ne peux être que ravi. "
Elle rougit à cette déclaration.
Ils s'embrassèrent délicatement avant de se souffler un "Je t'aime" sincère.
" Rappelle-moi quel nom tu voulais lui donner, déjà... " - demande Guillaume.
" "Loane"." - répondit-elle - " J'aime beaucoup ce prénom... "
" Mmmmh... "
" Quoi ? ça ne te plait pas ? "
" Non, c'est joli. Mais... je t'avouerai que je préfère "Marla". "
" Oh ! Bon, on va faire comme ça... attends-moi là. "
Confus, Guillaume s'assit sur le canapé. En revenant dans le salon, Léa lui montra une pièce de 1€.
" Pile ou face ? "
Il sourit à pleine dents. Elle était si mignonne. Il l'aimait tant...
" Mmmmh... Face. "
Elle lança la pièce en l'air et...
" ...merde... " - murmura-t-elle.
" Ah ! Gagné ! Ce sera donc Marla ! Notre petite Marla adorée ! "
Léa fit semblant d'être dégoutée en lui affichant une petite moue boudeuse mais, en vrai, c'était aussi un joli prénom. Elle n'allait pas s'en plaindre.
" Ugh... "
" Léa ?! " - il la tint par les épaules, la voyant se recroqueviller sur elle même en tenant son ventre - " Tu vas bien ? "
" Oui, oui... c'est la petite... elle me donne des coups... Je vais m'asseoir, excuse-moi... "
" Attends, je vais t'aider. " - il l'accompagna jusqu'au canapé, la laissant lâché un bon gros soupire.
" Alors ? Pas encore venue au monde et tu donnes déjà du fil à retordre à ta mère, coquine ! " - gloussa-t-il.
Léa sourit brièvement avant de refaire une grimace de douleur.
" T'es sûre que ça va ? "
" ... "
" Léa ? Chérie ? "
" ...Je crois que je viens de perdre les eaux... "
D'abord planté sans rien dire ou réagir, Guillaume jeta un regard rapide sur le matelas du canapé. Il se redressa brusquement en voyant une tâche sombre se former sous sa conjointe.
" Oh mon Dieu... " - il chercha son téléphone dans sa poche de manière stressée, le loupant à plusieurs reprises avant de finalement l'avoir en main. Il composa le numéro, s'exprimant de manière frénétique (un peu comme tout nouveau futur papa) puis tint la main de Léa lui répétant de ne pas s'inquiéter et que les secours étaient en route.
_____Aurélien_____
" J'EN AI RIEN A FAIRE QU'ELLE SOIT DANS UN GHETTO PAUME DE PARIS, VOUS ME LA RETROUVEZ, TOUT DE SUITE ! ELLE PORTE MON ENFANT ! " - avait crié Aurélien avant de raccrocher au visage de la sécurité - " BORDEL DE MERDE ! ELLE NE POUVAIT PAS TENIR QUELQUES JOURS DE PLUS !? JUSTE QUELQUES JOURS ?! C'ETAIT TROP DEMANDER ?! "
Cynthia, la mère de son futur enfant, s'était enfuit de la maison. Les gardes et la sécurité n'avaient rien vu ni entendu... Elle était presque à la fin de son 3ème trimestre de grossesse donc la situation stressa encore plus le rappeur.
______Guillaume______
Lui et Léa étaient enfin arrivés à l'Hospital. Les infirmières et les médecins l'avait pris en charge et demandé au jeune homme d'attendre dans la salle d'à côté.
Sans trop interroger les professionnels, il hocha la tête avant de s'asseoir sur l'une des chaises en plastique. Il tapait du pied droit contre le sol, impatient de rencontrer son enfant. C'était enfin le grand moment... il allait devenir papa... il ne savait pas comment décrire ce sentiment. C'était... trop, mais il aimait ce qu'il ressentait car ce n'était pas désagréable. Juste nouveau.
Il sourit en pensant à la petite chambre que lui et Léa avaient aménagé pour leurs bébé et au combien il avait hâte de la compléter avec sa présence.
Il rêvassait tellement qu'il ne sentit pas le temps passer...
En tournant la tête, il se rendit compte que plusieurs minutes s'étaient écoulé. Combien de temps en moyenne il fallait attendre pour un accouchement ? Il ne s'en souvenait plus. Il avait lu tellement de livre sur la maternité mais n'avait retenu que les passages plus importants.
" Faire roter le bébé avant de le coucher pour éviter vomissements ou étouffements "
" Lui parler régulièrement pour qu'il s'habitue aux mouvements de lèvres et à la langue des parents "
" Faire attention au crâne du nourrisson "
Etc.
C'est a ce moment là où son stresse remontait en flèche. Ferait-il vraiment un bon père ? Saura-t-il faire mieux que le sien ? Aura-t-il droit à un "Je t'aime papa" un jour ? Il l'espérait...
_______Aurélien_______
" Vous l'avez trouvé ?! Où est-elle ?! ...Quoi !? Elle fout quoi, là-bas ! Elle est enceinte ! Bon laissez tomber, je suis presque arrivé ! Ne la perdez pas de vue ! "
Alors qu'Aurélien dérapait comme un malade dans les rues de la métropole, la groupie avait quitté le bar pour aller aux toilettes. Son gros ventre ne lui permettait même plus de porter des talons hauts comme elle avait l'habitude de faire et la fatiguait de plus en plus.
" Putain de salle gosse de merde... Vivement que tu sortes... " - grogna-t-elle.
Elle passa de l'eau sur son visage pour soulager le picotement de ses yeux dû à la fumée des cigarettes et des joints dans la pièce d'à côté. Elle jeta un petit regard furtif à la porte qui menait à nouveau vers le bar en se disant que cette vie de débauche lui manquait... Si seulement elle n'avait pas couché avec cet idiot...
" Ah ! " - elle sentit une douleur dans son bas ventre - " Putain de... " - elle passa sa main entre les jambes, sentant un liquide s'écouler - " ...merde... "
Elle se déplaça difficilement vers la sortie de secours de l'autre côté de la pièce, la menant dans une ruelle sombre et paumée.
" Pourquoi maintenant ?! C'est vraiment pas le moment... "
Elle s'allongea au sol, sentant la force quitter ses jambes, et commença à pousser.
________Guillaume________
Cela faisait déjà 2 heures qu'il attendait. Son talon claquait continuellement au sol et le rythme allait crescendo en même temps que les battements de son cœur.
Lui qui avait posé la tête dans ses mains, sur ses genoux, se redressa en un éclair en attendant la porte grincer. Il se leva, avec une expression enthousiaste sur le visage.
" Alors ? Comment vont-elles ? "
" ... " - le médecin resta silencieux.
" Oh, je suis navré... vous êtes probablement exténué. Je ne devrais pas vous marteler avec mes questions, mais je veux vraiment voir ma fille ! Est-ce que je peux rentrer, s'il vous plait ? "
" ... "
" ...docteur...? "
" ...Vous êtes M. Tranchant ? "
" ...oui. Oui, c'est moi. Je suis le conjoint de Léa... pourquoi ? "
" ...Je... puis-je vous demander de vous asseoir ? "
" ... "
________Aurélien_______
Il sortit de la voiture, ne prenant même pas le temps de refermer la porte et laissa la clé sur le contact. Il s'avança vers l'un de ses gardes du corps et lui demanda, à fleur de peau :
" Où est-elle ?! "
" Elle... on l'a retrouvée dans une pharmacie... "
" Une pharmacie ? Laquelle ? "
L'homme pointa vers ladite.
" Mais... M. Cotentin, je préfère vous prévenir... "
" On parlera plus tard. J'ai deux mots à lui toucher... "
" Monsieur... "
" Plus tard, j'ai dis ! "
Il s'avança d'un pas décidé et énervé vers cette femme, les nerfs en pelote, le cœur prêt à sortir de sa cage thoracique... mais...
Un détail le stoppa dans son élan...
" ... " - il resta figé, la fixant d'un air incompréhensif. Deux de ses hommes la tenait par les bras, pour l'empêcher de partir mais ce n'était pas le fait qu'elle se débatte qui le fit titiller. C'était son ventre... il était plat... et son visage... il était rouge et semblait exténué... comme si elle avait fait un effort incommensurable.
Il sortit de son état de trance pour au final reprendre sa démarche initiale jusqu'à arriver pile face à elle.
Il se retint de la frapper...
" ...Qu'est-ce que tu as fais de mon enfant ? "
Elle ne répondit pas. Elle jeta un regard qui clairement voulait dire "Vas te faire voir".
Sa patience ne tenait qu'à un fil. Il attrapa son visage, la forçant à le regarder.
" OU EST-IL ?! "
" JE N'EN SAIS RIEN ! ET J'EN AI RIEN A FOUTRE ! JE NE L'AI JAMAIS VOULU, CE GOSSE ! JE L'AI ACCOUCHE DANS LA RUE, J'IGNORE OU ! MAIS POURQUOI T'EN AURAIT QUELQUE CHOSE A FAIRE, HEIN ?! TU DEVRAIS ETRE CONTENT ! TU N'AS PLUS DE RAISONS DE ME SURVEILLER ET MOI DE RESTER AVEC TOI ! T'ES LIBRE, NON ?! MÊME LE GOSSE, TU N'AS PLUS A T'EN FAIRE POUR TA CARRIERE OU TA VIE DE STAR ! TU DEVRAIS ME REMERCIER !"
Si les regards pouvaient tuer, Cynthia ne serait plus qu'un tas de cendre. Aurélien était aussi dévasté qu'énervé. Tentant de se contrôler, il saisi son téléphone et appela la police pour tentative de meurtre sur un nouveau né.
Quand il termina l'appel, il fit comprendre à la groupie que non seulement elle avait perdue l'opportunité de prendre son argent mais aussi sa liberté.
" Je vais m'assurer que tu restes derrière les barreaux jusqu'à la fin de tes jours. Je vais ordonner des recherches. Peu importe si on le trouve ou pas, ce que tu as fais est impardonnable. Tu as tenté de tuer un bébé. Mon bébé... C'est fini, Cynthia. Désormais je ne serais plus tolèrent avec toi. Je me contre-fiche de ce qu'il t'arrive à partir d'aujourd'hui. J'espère juste que tu souffriras comme je souffres actuellement. "
_________Guillaume_________
Guillaume reste figé, incapable de réagir immédiatement face à cette nouvelle insoutenable. Son cœur se serre, une douleur intense lui traverse l'âme, comme si le monde entier s'effondrait autour de lui en un instant. Il sent ses genoux fléchir sous le poids de la tragédie qui vient de s'abattre sur sa vie. Ses yeux, emplis d'espoir et d'excitation quelques heures auparavant, sont maintenant embués de larmes, reflétant la souffrance indicible qui l'envahit.
Il fixe le docteur, incapable d'assimiler les mots qui résonnent dans sa tête comme un écho sinistre. Sa compagne, son amour, la mère de son enfant, n'est plus. Et avec elle, leur précieux bébé, qui n'a même pas eu la chance de voir la lumière du jour. Leur bonheur, leur avenir, tout s'est effondré en un instant, laissant place à un vide abyssal, à une absence insurmontable.
Les pensées tourbillonnent dans son esprit, chaotiques et douloureuses. Le poids de la perte est écrasant, étouffant, et il se sent submergé par un océan de chagrin.
Ses mains tremblent alors qu'il se lève, chancelant, comme si chaque pas était un défi insurmontable. Il se dirige vers la salle où il a laissé Léa quelques heures plus tôt, espérant, priant pour que ce ne soit qu'un cauchemar dont il va bientôt se réveiller. Mais la froide réalité le rattrape, impitoyable, lui rappelant que sa vie vient de basculer dans l'abîme de la perte.
Il s'effondre près du lit où repose le corps de sa compagne, saisissant sa main froide dans la sienne, comme s'il pouvait encore sentir son souffle, son amour, sa présence. Il murmure des mots d'amour, des promesses brisées, des regrets éternels, tandis que les larmes coulent sans retenue sur ses joues, emportant avec elles un peu de son âme brisée.
" Je suis désolé monsieur... Croyez-moi, je ne voulais pas être celui qui vous annonce une telle nouvelle... "
" ... "
Le docteur ne savait pas quoi ajouter ou dire pour l'aider. Après tout, que dire ? Que dire à un homme qui perd tout en une seconde ? A un homme qui perd sa compagne et son enfant en même temps ? Que dire ? Que faire ? ...rien...
Guillaume se redressa, toujours les yeux dans le vide.
" Monsieur ? "
" Je vais prendre l'air. " - répondit-il sans bégayer.
" ...très bien. Je vous accompagne ? "
" Non... je connais le chemin. "
Il se déplaça comme un mort-vivant dans le couloir menant à la sortie. En passant la porte coulissante, il vit que le temps était à l'effigie de son état : morose. La pluie battait fort contre le béton et le vent fouettait son visage violement, mélangeant ses larmes à la tempête.
La tête baissée, il déambula aléatoirement, tentant de faire le vide dans sa tête. Mais bien sûr, c'était impossible...
Il ne se rendit même pas compte qu'il s'était déjà bien éloigné de l'hôpital. Ses pensées lui avaient fait perdre la notion du temps.
Tremblant de froid et de tristesse il fit demi-tour se disant qu'il n'avait pas le choix. Il devait y retourner pour les démarches qui suivraient. Certificat de décès, appeler les parents de Léa, faire le deuil... le deuil...
Il s'arrêta de marcher en pensant à ce mot.
Deuil...
Le monde semblait flou autour de lui, comme s'il était plongé dans un cauchemar dont il ne pouvait s'éveiller. Il s'adosse au mur d'un bâtiment lambda et se laisse glisser au sol.
Alors qu'il laissait son regard errer sans but dans la rue déserte, un son vint briser le silence oppressant. Des pleurs, faibles et tremblants, lointains mais distincts. Guillaume tressaillit, son cœur manquant un battement. Était-ce réel ou simplement le fruit de son imagination délirante ?
Il tendit l'oreille, captant les pleurs qui semblaient s'intensifier. Sans réfléchir, il se détacha du mur, suivant le son jusqu'à une ruelle sombre à quelques pas de là. Là, dans l'ombre, il vit une silhouette frêle, un petit corps blotti dans un amas de chiffons sales.
Son souffle se coupa, la réalité de la scène le frappant de plein fouet. Un bébé. Abandonné, vulnérable, seul dans la nuit. Les larmes affluent de nouveau dans ses yeux alors qu'il s'approche lentement, sa main tremblante tendue vers l'enfant.
Les pleurs deviennent plus forts à mesure qu'il se rapproche, chaque sanglot faisant écho à la douleur qui ravage son propre cœur. Il atteint enfin l'enfant, son regard captivé par les traits innocents du petit visage, même dans la pénombre de la ruelle.
"Chut, tout va bien maintenant," murmure-t-il doucement, sa voix brisée par l'émotion. Il glisse ses bras autour du bébé, le soulevant avec précaution contre sa poitrine. L'enfant se calme lentement, ses pleurs se transformant en hoquets étouffés alors qu'il se blottit contre la chaleur réconfortante de Guillaume.
Dans ce moment de tendresse inattendu, Guillaume sent un éclair de connexion, un lien profond qui transcende la douleur et la tragédie. Il serre l'enfant un peu plus fort, une lueur d'espoir naissant dans son cœur brisé. Peut-être, juste peut-être, ce petit être abandonné pourrait être sa bouée de sauvetage dans les ténèbres de sa douleur.
Il ferme les yeux, se perdant dans le rythme apaisant des respirations de l'enfant, un semblant de paix retrouvée dans le chaos de sa vie déchirée.
" C'est fini... c'est fini... Papa est là. "
Le bébé couina contre son torse.
En l'observant mieux, il vit que c'était une fille.
" ...Je veillerai à ce qu'il ne t'arrive rien. Même si je dois y risquer ma vie. Loane... "
*8 ans plus tard*
Huit années s'étaient écoulées depuis cette nuit où Guillaume avait découvert Loane abandonnée dans la ruelle sombre. Pour lui, ces années avaient été remplies de défis et de moments de bonheur, mais toujours marquées par le vide laissé par la disparition de Léa.
Guillaume avait consacré chaque instant à élever Loane avec amour et dévouement, lui offrant une vie modeste mais heureuse. Malgré les difficultés et les sacrifices, il avait trouvé une certaine paix dans le rôle de père célibataire, trouvant du réconfort dans le sourire de sa fille et la chaleur de leur foyer.
Il se leva tôt ce matin-là, prêt à entamer une nouvelle journée avec sa fille bien-aimée. Il se glissa doucement hors du lit et se dirigea vers la chambre de Loane, un sourire taquin étirant ses lèvres.
"Allez, ma princesse, il est temps de se réveiller," chuchota-t-il doucement en ouvrant la porte.
Loane grommela dans son sommeil, se blottissant davantage sous ses couvertures. "Encore cinq minutes, papa," marmonna-t-elle, sa voix étouffée par l'oreiller.
Guillaume s'approcha du lit et s'assit doucement sur le bord. "Oh non, pas cette fois !" dit-il en commençant à chatouiller les côtés de Loane.
Elle poussa un cri de surprise en éclatant de rire, essayant désespérément d'échapper aux mains chatouilleuses de son père. "Arrête, arrête !" s'écria-t-elle entre deux éclats de rire. "Je me lève, je me lève !"
Guillaume rit joyeusement en relâchant sa fille, lui offrant un sourire complice. "C'est ce que je pensais. Allons-y, tu as une grande journée qui t'attend à l'école !"
Loane se frotta les yeux, encore secouée par le rire. "D'accord, d'accord," dit-elle en se levant lentement du lit.
Après avoir aidé Loane à se préparer, Guillaume descendit avec elle à la cuisine pour le petit-déjeuner. L'odeur de café fraîchement préparé remplissait déjà la pièce, ajoutant une touche d'ambiance chaleureuse à la matinée.
Loane s'installa à la table pendant que Guillaume lui servait son bol de céréales préférées. "Tu veux un peu de lait, ma chérie ?" demanda-t-il, versant doucement le liquide blanc dans son bol.
Loane hocha la tête avec enthousiasme. "Oui, s'il te plaît, papa."
Guillaume sourit, appréciant ces moments tranquilles avec sa fille. Il s'assit en face d'elle et commença à prendre son propre petit-déjeuner.
Une fois terminé, Guillaume aida Loane à enfiler son manteau et à préparer son sac d'école. Ils se dirigèrent ensuite vers la porte d'entrée.
"Prête pour une nouvelle journée à l'école ?" demanda Guillaume, ouvrant la porte pour sa fille.
Loane hocha la tête avec enthousiasme. "Oui, papa !"
Guillaume lui offrit un sourire chaleureux.
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Guillaume referma doucement la porte derrière lui après avoir déposé Loane à l'école. Un soupir s'échappa de ses lèvres alors qu'il se dirigeait vers le salon, où la télévision trônait silencieuse, attendant d'être rallumée.
Il s'effondra sur le canapé, laissant échapper un léger soupir de soulagement. La maison semblait étrangement calme en l'absence de sa fille, mais il était habitué à ces moments de solitude depuis qu'il était devenu père célibataire.
Attrapant la télécommande, il alluma la télévision et commença à zapper à travers les chaînes. Rien ne semblait vraiment attirer son attention jusqu'à ce qu'une émission retienne son regard.
Sur l'écran, un visage familier apparut. C'était Aurélien, son ancien meilleur ami. Guillaume se figea, incapable de détacher son regard de l'écran alors que les souvenirs de leur passé tumultueux refaisaient surface.
Il se revoyait, jeune et insouciant, aux côtés d'Aurélien, partageant des rires, des rêves et des ambitions. Mais les années avaient passé, les chemins s'étaient séparés, et leur amitié avait été ébranlée par des conflits et des désaccords.
Pourtant, malgré toutes les épreuves et les distances qui les avaient séparés, Guillaume ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de nostalgie en voyant son ancien ami à l'écran. Il se demandait ce qu'il était devenu, ce qu'il avait accompli, et s'il avait trouvé le bonheur qu'ils avaient tous deux cherché autrefois.
Des émotions contradictoires l'assaillirent alors qu'il regardait Aurélien sur l'écran, se demandant si le temps avait apaisé les blessures du passé ou s'il les avait simplement enfouies sous le poids des années.
Guillaume secoua légèrement la tête, chassant les pensées tourbillonnantes qui l'envahissaient. Il était temps de se concentrer sur le présent, sur sa fille et sur les défis qui les attendaient. L'avenir était incertain, mais il était déterminé à faire de son mieux pour Loane, peu importe ce que réserve le destin.
Il leva son regard vers l'horloge accrochée au mur.
" ...9h12... je dois me préparer... "
Entant que père célibataire, il s'était trouvé un boulot qui lui permettait de travailler à distance. C'était un travail simple mais suffisamment bien rémunéré pour ses dépenses quotidiennes. En y repensant, il se disait qu'il avait plutôt bien réussi sa vie. Un boulot, une fille qui l'aime, un toit... bref. Il sourit fier de lui et en se disant que Léa l'était tout autant en l'observant depuis là-haut.
Il se leva du canapé, et s'installa devant son ordinateur, attendant que la réunion commence.
_______Aurélien_______
Aurélien sortit de l'interview, soulagé qu'on lui lâche la patte. Bien sûr, il était content d'avoir terminé cette séance médiatique, un poids en moins sur ses épaules, mais en même temps, une pointe de nostalgie lui tiraillait le cœur. Ces moments où il se retrouvait sous les projecteurs lui rappelaient une époque où tout semblait plus simple, où lui et Guillaume étaient inséparables, où leur amitié était inébranlable.
De retour dans sa loge, il s'affala sur le canapé, laissant son esprit vagabonder sans but. Son bébé, dont il n'avait jamais eu la chance de tenir dans ses bras, occupait toujours ses pensées depuis toutes ses années.
A chaque fois c'était comme ça : interview, retour dans la loge, penser à son enfant, concert, retour, enfant, tournée, retour, enfant...
Une vague de colère légère traversa son esprit, mais il se retint, sachant que la violence ne résoudrait rien. Il était simplement frustré par l'injustice de la situation, par le fait que son enfant lui avait été enlevé avant même qu'il puisse le voir.
Il posa délicatement la boule à neige qu'il s'apprêtait à éclater au sol, sous le coup de la colère.
Son regard se posa sur cet objet que Guillaume lui avait offert autrefois, un témoignage de leur amitié passée. Ce simple objet déclencha une série de souvenirs, ramenant Aurélien à des moments plus heureux, à des jours où il était entouré de ses amis, de sa famille, où la vie semblait pleine de promesses et d'espoir.
Une idée germa dans son esprit : il était temps de renouer avec son ancien ami, de reparler du passé et de découvrir ce qu'ils étaient devenus. Peut-être que Guillaume avait aussi des regrets, des choses qu'il voulait dire mais n'avait jamais eu l'occasion de le faire.
Se levant brusquement, il attrapa son téléphone et appela son agent.
"Trouve-moi le contact de Guillaume," ordonna-t-il d'une voix déterminée. "Je veux le rencontrer, parler de ce qui s'est passé entre nous et... bref. Retrouve-le s'il te plait."
Son agent acquiesça, habitué à obéir aux ordres de son client, même lorsque ceux-ci semblaient un peu trop personnels. "Je m'en occupe tout de suite," répondit-il avant de se mettre au travail pour retrouver le numéro de Guillaume.
Aurélien savait que la réconciliation ne serait pas facile, mais il était prêt à faire un pas en avant. Après tout, la vie était trop courte pour laisser les regrets et les rancœurs dicter nos actions. Il voulait avancer, tourner la page, et peut-être même retrouver un peu de paix dans cette démarche. Au moins essayer de prendre une décisions qui ne lui ferait pas ressentir des regrets
___2 jours plus tard___
Deux jours plus tard, un bruit de frappe résonna à la porte de Guillaume. Surpris, Guillaume se demanda qui cela pouvait être. Sa fille était à l'école, et il n'attendait la visite de personne. Il se leva du canapé, parcourant mentalement la liste de ses connaissances, mais rien ne lui indiquait qui pouvait se présenter à sa porte à cette heure-ci.
Intrigué, il se dirigea vers la porte d'entrée et jeta un coup d'œil par le judas. À sa grande surprise, il découvrit le visage familier d'Aurélien. Un mélange de confusion et de réticence l'envahit alors qu'il envisageait la possibilité d'ouvrir la porte à son ancien ami.
Après un moment d'hésitation, Guillaume décida finalement de lui ouvrir. La porte s'ouvrit lentement, révélant Aurélien qui se tenait là, les yeux scrutateurs posés sur Guillaume. Une atmosphère étrange planait entre eux, chargée de souvenirs et de non-dits.
Après un moment de silence pesant, Guillaume se décida enfin à briser le calme gênant qui régnait entre eux. Il regarda fixement Aurélien, se demandant ce qui avait poussé son ancien ami à venir le voir après tant d'années de silence.
"Qu'est-ce que tu fais là ?" demanda-t-il finalement, sa voix empreinte d'une légère méfiance.
Aurélien hésita un instant avant de répondre, semblant chercher ses mots. Son regard erra autour de lui, comme s'il était à la recherche d'une réponse appropriée à la question de Guillaume.
"Salut Guillaume..." finit-il par dire, sa voix légèrement rauque et empreinte d'une émotion difficile à déchiffrer, "Je... on peut parler ?"
Guillaume arqua un sourcil, surpris par la réponse vague de son ancien ami. Il se demanda ce qui pouvait bien être si important pour qu'Aurélien vienne le voir de cette manière, surtout après tout ce temps.
"Parler de quoi exactement ?" demanda-t-il, son ton maintenant empreint d'une curiosité mêlée d'appréhension.
Aurélien baissa légèrement les yeux, semblant chercher ses mots avec précaution. "De tout et de rien," répondit-il finalement, sa voix à la fois ferme et incertaine.
Guillaume sentit son cœur se serrer légèrement à cette réponse. Les souvenirs du passé remontèrent à la surface, ravivant des émotions et des sentiments qu'il avait longtemps refoulés. Il déglutit avec difficulté, se demandant où cette conversation allait les mener.
Guillaume l'invita à s'asseoir sur le canapé et lui proposa un café (qu'il accepta volontiers). Il revint dans la pièce avec deux tasses. Il lui tendit la première et fut gratifié par un léger "Merci". Aurélien pris une première gorgée, tentant de réfléchir à ce qu'il pourrait bien lui dire. Il voulait le revoir, mais pourquoi ? Il ne savait même pas. Il n'avait pas préparer de sujets de conversations... il était juste venu...
" Comment tu m'as trouvé ? " - commença le plus vieux.
" ...j'ai... j'ai demandé à mon manager de trouver ton contact mais finalement il a retrouvé ton adresse en premier... "
" Ah... "
" ... " - une autre gorgée.
" Pourquoi t'es là, Aurélien ? "
" ...j'avais envie de te voir... "
" Pourquoi ? "
" ... " - il ne savait pas. Mais il pouvait pas lui répondre ça. Il scrutait la pièce et tomba sur une vieille photo de lui et Léa - " Comment va-t-elle ? "
" Qui ? "
" Léa. " - dit-il en pointant la photo sur la table basse - " Comment va-t-elle ? "
" ... "
" Grin...Guillaume ? "
" ...elle va bien. " - il mentit, ne voulant pas trop parler de ce sujet. Surtout pas avec quelqu'un qui, désormais, était presque inconnu à ses yeux.
" Ok... et du coup... votre bébé... votre enfant... il va bien ? "
" Elle va bien, oui. "
" Ah... c'est une fille...? "
" Oui... Loane, elle s'appelle. "
" C'est joli. "
" Oui... c'est le nom que sa mère voulait pour elle. " - Guillaume se gifla mentalement en se rendant compte de la manière dont il avait formulé cette phrase. Il espérait qu'Aurélien ne s'était pas rendu compte qu'il parlait d'elle au passé.
" Je vois... elle est à l'école ? "
" T'es venu ici pour me poser des questions sur ma vie ? "
" Non... enfin, oui, non... " - il s'arrêta en se disant qu'il était ridicule - " Je... je voulais juste te voir... "
" Juste me voir ? "
Il hocha la tête.
" ...d'accord... et toi du coup ? "
" Mh ? "
" Toi et...l'autre fille. Comment ça s'est passé ? "
" ...bof. "
" Ah... bon après, fallait s'en douter un peu. " - voyant que le plus jeune rougissait de honte, il ne posa pas plus de questions sur ce sujet.
" ...je suis désolé de t'avoir mal parler la dernière fois où on s'est vu. "
" ...mieux vaut tard que jamais, comme on dit... "
" Oui... "
" ...je m'excuse aussi... "
" Merci... "
Cette conversation n'était tellement pas naturelle...
" ...Je... je ne sais pas pourquoi je suis venu ici... " - il se leva - " Désolé de t'avoir déranger... "
Guillaume s'étonna. Quel était la raison de ce changement d'avis si abrupte ?
Le plus jeune se dirigea vers la porte d'entrée mais il se fit attraper le bras.
" Attends... "
" ... "
" ... tu... t'as pas encore fini ta tasse. "
" ... "
Aurélien, perplexe devant la réaction de Guillaume, sentit un mélange de confusion et de soulagement l'envahir alors que son ami l'invitait à se rasseoir. Bien que les premiers instants de leur conversation aient été aussi tendus que les cordes d'un violon prêt à se rompre, ils finirent par retrouver une aisance presque oubliée au fil des mots échangés.
"Tu te rappelles quand on avait passé la nuit à discuter de nos projets d'avenir ?"
Aurélien esquissa un sourire.
" Oui, c'était une sacrée nuit... "
Les souvenirs d'une amitié passée, autrefois forte et complice, semblaient renaître de leurs cendres, comme des flammes timidement ravivées par le souffle du temps. Les sujets de conversation, d'abord hésitants et superficiels, se transformèrent en une danse harmonieuse entre deux âmes en quête de réconciliation.
Les rires, autrefois si familiers, retentirent à nouveau dans le salon, chassant peu à peu les lourdeurs du silence et des années perdues. Les mots s'enchaînaient, libérant les pensées longtemps enfouies sous le poids du passé. Les sourires, timides au début, s'élargirent jusqu'à illuminer les visages autrefois si marqués par la distance.
Dans ce tourbillon d'émotions retrouvées, le temps semblait s'effacer, ne laissant place qu'à l'instant présent, à cette bulle de complicité retrouvée entre deux amis séparés par le destin. Les minutes s'écoulèrent comme des secondes, emportées par le flot des confidences partagées et des rires complices.
Et puis vint le moment où la réalité frappa à nouveau, rappelant à Guillaume l'heure de récupérer sa fille à l'école. Loin de briser cet instant de connexion retrouvée, cette obligation maternelle devint l'occasion parfaite de prolonger cet échange.
" Je dois aller chercher Loane à l'école. Tu veux m'accompagner ? "
Aurélien, touché par cette marque de confiance et désireux de découvrir ce nouvel aspect de la vie de son ami, accepta avec gratitude.
" Vraiment ? Oui, j'aimerais beaucoup la rencontrer. "
____Ecole élémentaire____
Les deux hommes marchèrent silencieusement jusqu'à l'école élémentaire, l'air frais du printemps chatouillant leurs visages. Arrivés devant l'imposante bâtisse, Guillaume marqua une pause, adressant un sourire nerveux à Aurélien.
"Nous y voilà."
Aurélien hocha la tête en silence, l'appréhension se mêlant à sa curiosité grandissante. Ensemble, ils pénétrèrent dans la cour de récréation où les enfants s'amusaient joyeusement. Guillaume se tenait un peu en retrait, scrutant avec attention chaque visage enfantin à la recherche de celui qu'il attendait avec impatience.
Soudain, une petite fille aux boucles brunes éclatantes se détacha du groupe, courant vers Guillaume avec un éclat de joie dans les yeux. Guillaume s'agenouilla pour la recevoir, ses bras tendus dans une étreinte chaleureuse.
"Loane !"
"Papa !"
Aurélien observait la scène avec une certaine émotion contenue. Lorsque Guillaume se redressa, tenant la main de sa fille, il sentit un nœud se former dans son estomac en voyant le visage de la jeune fille. Les traits délicats de Loane lui semblaient étrangement familiers, comme une réminiscence lointaine d'un passé oublié.
"Loane, je te présente Aurélien, un vieil ami à papa."
Loane sourit timidement, jetant un regard curieux à l'homme qui se tenait à côté de son père. Aurélien resta immobile, captivé par la ressemblance frappante entre la petite fille et quelqu'un qu'il avait connu autrefois.
"Enchanté, Loane."
"Bonjour, Aurélien."
Une étrange tension flottait dans l'air alors que les trois se regardaient en silence, chacun absorbé par ses propres pensées. Aurélien sentit une foule d'interrogations lui assaillir l'esprit, mais il préféra les garder pour lui, ne voulant pas troubler l'instant de retrouvailles entre père et fille.
______De retour à la maison______
Une fois rentrés à la maison, Guillaume encouragea Loane à commencer ses devoirs pendant qu'il se dirigeait vers la cuisine pour préparer le dîner. Pendant qu'il coupait les légumes, il se tourna vers Aurélien, qui était resté dans le salon.
"Tu veux rester pour le dîner ce soir ?" demanda-t-il, cherchant à rompre le silence.
Aurélien sembla réfléchir un moment, son regard se perdant dans le vide alors qu'une étrange impression l'envahissait en pensant à Loane. Finalement, il acquiesça d'un léger mouvement de tête.
"Tant que ça ne te dérange pas," répondit-il avec un sourire contraint.
Guillaume secoua la tête. "Non, bien sûr que non. C'est même plutôt rare d'avoir de la compagnie pour dîner ces jours-ci."
Pendant que Guillaume s'occupait de la préparation du dîner, Aurélien, assis dans le salon, sentit une curiosité irrépressible monter en lui. Son regard errait autour de la pièce, s'attardant sur les photos encadrées sur les murs. Parmi elles, une image de Guillaume et une femme souriante, leurs visages illuminés par le bonheur. Aurélien ne put s'empêcher de demander :
"Et Léa, où est-elle ?"
Guillaume s'arrêta un instant dans ses préparatifs, le regard voilé par une nuance de tristesse. Il laissa échapper un soupir, puis se tourna lentement vers Aurélien, comme s'il devait rassembler ses pensées avant de répondre.
"Elle... est partie il y a quelques années," dit-il d'une voix calme mais teintée de mélancolie. "Des complications lors de l'accouchement... Elle n'a pas survécu. Je n'ai pas osé te le dire quand tu es venu."
Aurélien sentit un pincement au cœur en entendant ces mots. Il avait été loin de se douter que Guillaume avait traversé une telle épreuve. Un sentiment de compassion l'envahit alors qu'il regardait son ami, réalisant que derrière le sourire qu'il affichait se cachait une douleur profonde et intime.
"Je suis désolé, Guillaume..." murmura-t-il, ses mots empreints de sincérité - "...Loane a de la chance de t'avoir comme père."
Guillaume lui offrit un léger sourire de remerciement, reconnaissant pour sa compassion silencieuse. "Merci," répondit-il simplement, avant de se replonger dans ses tâches culinaires.
Pendant quelques instants, un silence respectueux enveloppa la pièce, chacun absorbé dans ses pensées. Puis, la conversation reprit son cours, mais l'ombre de la perte semblait planer discrètement au-dessus d'eux, rappelant à Aurélien la fragilité de la vie et la profondeur des liens qui les unissaient.
Pendant le dîner, la conversation s'écoulait de manière fluide entre les trois convives. Guillaume et Aurélien échangeaient des anecdotes, des souvenirs, comme s'ils tentaient de rattraper le temps perdu. Cependant, Aurélien ne pouvait s'empêcher de jeter de discrets regards à Loane, troublé par sa ressemblance frappante avec quelqu'un de son passé.
Une fois le repas terminé, Aurélien se leva pour partir. Il remercia Guillaume pour son hospitalité et s'excusa de devoir partir si tôt.
Alors qu'il se dirigeait vers la porte d'entrée, Aurélien remarqua quelque chose sur sa chaise. Il se pencha pour ramasser un cheveu châtain clair, apparemment tombé de la tête de Loane. Une pensée étrange traversa son esprit alors qu'il glissait discrètement le cheveu dans la poche intérieur de sa veste.
Plus tard, chez lui, Aurélien prit son téléphone et appela son agent.
"Ouais, allô. Oui. Oui, ça s'est bien passé. Dis... tu connais des laboratoires qui font des tests ADN ou des analyses génétiques ? Non... Pour rien de spécial. Juste comme ça."
____Le jour suivant____
Le week-end déployait ses ailes, annonçant un précieux temps à partager entre père et fille. Guillaume avait décidé de débuter cette parenthèse enchantée en emmenant Loane au parc, où les rires des enfants tissaient une mélodie réconfortante. Puis, il avait concocté l'idée d'un délicieux repas en plein air pour prolonger la magie de cette journée. Les éloges réguliers des enseignants sur le comportement exemplaire et la ponctualité de Loane avaient nourri en lui le désir ardent de lui offrir ce moment privilégié. Après tout, elle le méritait amplement.
Tandis que la petite explorait le monde enchanté des jeux, Guillaume s'installa sur un banc de bois rustique, s'abandonnant à l'art de l'observation. Son esprit divagua vers le passé, se remémorant ces soirées où il s'assoupissait devant le téléviseur diffusant des émissions sur les dangers qui guettent les enfants, chaque image lui laissant une trace de terreur dans l'esprit. Parfois, la crainte l'envahissait au point qu'il se levait furtivement pour s'assurer que Loane dormait paisiblement, son souffle régulier emplissant la pièce de quiétude. L'idée qu'un tel cauchemar puisse se matérialiser dans la vie de sa précieuse fille le plongeait dans une mer d'anxiété. Cependant, il chassa rapidement ces sombres pensées de son esprit, s'efforçant de les remplacer par un sourire chaleureux en voyant Loane glisser avec une grâce enfantine le long du toboggan.
Au loin, dissimulé derrière le feuillage d'un arbre, Aurélien observait discrètement la petite famille. Comme Guillaume, il veillait sur Loane, mais quelque chose dans cette situation le troublait profondément... cette troublante ressemblance...
Depuis qu'il avait croisé le regard de la fillette, un tourbillon d'émotions tumultueuses agitait son esprit. Pourtant, il n'avait aucune raison de se sentir aussi anxieux. Pourquoi cette paranoïa le prenait-elle ainsi au dépourvu ? Et pourquoi diable avait-il entrepris de faire réaliser une analyse ADN à partir d'un de ses cheveux ? Qu'est-ce qui lui avait donc traversé l'esprit ?
Il laissa échapper un soupir, tentant en vain de calmer le tumulte de ses pensées, avant de prendre la décision de s'éloigner.
"J'espère sincèrement me tromper..." murmura-t-il, comme une prière dans le vent.
___2 jours plus tard___
La semaine reprenait son cours, avec son cortège de routine quotidienne. Guillaume regagna la maison après avoir récupéré sa fille à l'école, et, pour changer, décida de surprendre leur soirée en commandant une pizza pour le dîner. Un sourire illuminait le visage de la petite lorsqu'elle apprit la nouvelle de leur festin improvisé.
"Cependant, cela ne signifie pas que tu es dispensée de tes devoirs. Si tu en as, tu dois les faire, d'accord ma chérie ?" rappela-t-il doucement.
"Oui, papa !" répondit-elle avec enthousiasme, promettant obéissance.
Guillaume saisit son téléphone pour passer la commande, mais une petite notification lumineuse captura son attention, clignotant en haut de l'écran.
"Est-ce que je peux passer te voir ?"
C'était Aurélien.
Il fut surpris par ce message. Rien d'extraordinaire en apparence, juste une demande de visite, mais il y décela une subtile réserve dans la manière dont il était formulé. Soigneusement rédigé, impeccablement ponctué, sans la moindre faute. Connaissant bien Aurélien, Guillaume savait que cela signifiait qu'il avait quelque chose de sérieux à lui dire.
"Oui, mais est-ce que ça te dérange si ce n'est qu'après le dîner ? C'est une soirée un peu spéciale..." répondit-il prudemment.
Il attendit, anxieux, la réponse.
"Oui. Pas de problèmes. À toute," arriva finalement la réponse.
Ce message était tout aussi étrange que le premier, mais Guillaume chassa rapidement ces pensées de son esprit, se concentrant sur la soirée à venir.
.
Deux heures plus tard, après avoir savouré jusqu'à la dernière bouchée de leur repas, la petite Loane était désormais bien rassasiée, sa peau du ventre tendue par la délicieuse pizza. La fatigue la gagna si vite qu'elle s'endormit sur le canapé, obligeant son père à la transporter doucement jusqu'à son lit.
Guillaume attrapa de nouveau son téléphone.
"Ok, nous avons fini," envoya-t-il.
La réponse ne se fit pas attendre.
"Je suis en bas. Descends, s'il te plaît."
Les réponses d'Aurélien le troublaient de plus en plus. Cependant, il chassa rapidement ces pensées de son esprit. Peut-être avait-il simplement passé une mauvaise journée, ce qui aurait pu influencer son humeur et le pousser à venir le voir. Oui, c'était sûrement ça.
Il descendit les marches de l'immeuble et le vit debout, juste à l'entrée.
"Salut, Aurél," lança-t-il avec un léger sourire.
"Salut..." répondit Aurélien d'une voix presque étouffée.
Un silence pesant s'installa entre eux.
"Tu vas bien ?" tenta Guillaume, cherchant à briser l'atmosphère lourde.
Aurélien esquiva habilement la question. "Il y a un café ouvert jusqu'à minuit au coin de la rue. On... On peut parler là-bas ?" proposa-t-il finalement.
"Si tu veux. Mais pas trop longtemps, je ne peux pas m'éloigner trop de ma fille," répondit Guillaume, un léger serrement de dents trahissant son inquiétude. Il s'apprêtait à insister sur les raisons de sa venue, mais Aurélien le devança.
"Oui, ne t'en fais pas. Ça ne prendra pas longtemps. Juste le temps d'un café," assura-t-il rapidement.
"D'accord. On y va ?" acquiesça Guillaume, se résignant à accompagner son ami.
"Oui..." répondit Aurélien, et ils se dirigèrent ensemble vers le café
- Au café -
Les deux hommes s'étaient installés et avaient commandé chacun un décaféiné. Un silence pesant régnait entre eux depuis qu'ils s'étaient assis. Lorsque Guillaume prit sa première gorgée, il décida finalement de briser le mutisme.
"Aurél ? Depuis que tu m'as envoyé ce message, tu sembles tendu. Qu'est-ce qui se passe ?" entama-t-il avec précaution.
Aurélien ouvrit la bouche, mais referma aussitôt sans dire un mot. Il sortit un paquet de cigarettes de sa poche, en alluma une et fixa le vide, soufflant le premier nuage de fumée gris. Guillaume grimace légèrement, sentant l'odeur du tabac. Depuis la grossesse de Léa, il avait arrêté de fumer, et cette fumée ne lui procurait plus le plaisir qu'il avait pu ressentir autrefois.
"Tu te souviens quand tu m'as interrogé à propos de Cynthia ?" commença Aurélien, entre deux bouffées de cigarette.
"Oui," répondit Guillaume, perplexe.
Aurélien tapait frénétiquement du talon, puis prit une autre bouffée avant de poursuivre.
"Je ne t'ai pas tout dit à son sujet..."
La conversation prenait un tournant de plus en plus étrange. Pourquoi Aurélien voulait-il parler de cela ?
"Aurélien, pourquoi..." tenta Guillaume.
"Comme tu le sais, cela n'aurait jamais dû arriver. Quand toi et moi avons rompu, j'étais au plus bas. Bien sûr, je n'ai pas osé te demander de rester avec moi, je ne voulais en aucun cas te forcer, et toi, tu avais déjà trouvé quelqu'un avec qui entretenir une relation saine. Moi... la seule relation que j'ai développée, c'était avec l'alcool. Une nuit, j'étais ivre et j'ai couché avec cette groupie..." Il marqua une pause. "Mais ça, tu le sais déjà..."
Le visage de Guillaume se figea, marqué par l'étonnement et l'inquiétude croissante face à ces révélations inattendues.
"Quand j'ai appris qu'elle était enceinte, au début j'étais réticent à l'idée d'avoir un enfant. Mais en y réfléchissant, je me suis dit que cela pourrait peut-être m'aider à prendre mes responsabilités et éventuellement devenir une meilleure personne. Mais, comme tu peux t'en douter, ça ne s'est pas du tout passé comme prévu..." souffla Aurélien, sa main tremblante guidant à nouveau sa cigarette vers sa bouche.
"Le jour de l'accouchement... Cynthia est partie. Moi et mes agents avons mis plusieurs heures avant de la retrouver. Et quand ils ont réussi à la localiser... elle..." Une larme silencieuse roula sur sa joue.
"Elle n'avait plus le bébé..."
Guillaume resta bouche bée devant cette révélation déchirante.
"Elle a accouché dans un endroit aléatoire où elle ne voulait pas me dire..."
L'émotion emplissait les paroles d'Aurélien, laissant entrevoir un mélange de tristesse, de colère et de désespoir.
Aurélien respira profondément, comme si chaque mot qu'il prononçait était une douleur qu'il devait expulser.
"Pendant des années, j'ai organisé des recherches et payé des enquêteurs pour trouver la moindre piste sur mon bébé... Mais après deux ans de recherches, ils n'ont rien trouvé et l'affaire a été classée sans suite," confia-t-il d'une voix empreinte de lassitude.
Il acheva sa cigarette et l'écrasa nerveusement dans le cendrier.
Guillaume sentit le besoin de réagir à cette confession accablante.
"Je suis vraiment désolé d'apprendre ça, Aurélien... Vraiment, je ne savais rien," exprima-t-il sincèrement.
"C'est normal, je me suis arrangé pour que l'affaire ne devienne pas publique," répondit Aurélien d'une voix chargée de résignation.
"Est-ce pour cela que tu semblais à fleur de peau dans ton message ? Tu n'en avais jamais parlé et tu avais besoin de vider ton sac," supposa Guillaume, tentant de comprendre.
Aurélien jeta un bref coup d'œil à Guillaume avant de baisser à nouveau la tête.
"En partie, oui..." admit-il.
"Tu te sens mieux maintenant ?" demanda Guillaume avec sollicitude.
Cette fois-ci, Aurélien craqua. Il cacha son visage entre ses mains et murmura d'une voix brisée, "Pardonne-moi... Par pitié, pardonne-moi..."
Guillaume commençait à sérieusement s'inquiéter. Se levant de sa chaise, il s'approcha de son ami et s'accroupit à son niveau. Il prit délicatement les mains d'Aurélien dans les siennes, cherchant à le réconforter.
"Tout va bien, Aurélien. C'est du passé maintenant. Tu sais que je ne te jugerai jamais, peu importe ce que tu me dis ou les erreurs que tu as pu commettre... Tu es mon pote," assura-t-il doucement.
Étrangement, ses paroles ne semblèrent pas apaiser Aurélien. Le plus jeune se rapprocha de son ami qui l'accueillit dans ses bras.
Pourtant, malgré ce contact réconfortant, Aurélien ne semblait pas vraiment plus calme. Il continuait de pleurer et de trembler contre Guillaume, laissant entrevoir la douleur profonde qui habitait son être. Guillaume sentit son cœur se serrer. La perte de son enfant avait dû le marquer à jamais...
Ils se détachèrent l'un de l'autre, et Guillaume reprit la parole :
"Tout va bien se passer... tu verras."
Aurélien secoua la tête.
"Je suis désolé... vraiment désolé..."
"Pourquoi tu t'excuses ? Tu n'as pas de raisons de..." commença Guillaume, mais il fut interrompu par Aurélien.
"Je l'ai retrouvée."
"Quoi ? De quoi parles-tu ?" s'étonna Guillaume.
"Mon enfant... Je l'ai retrouvée..."
"Tu l'as retrouvée ?" répéta Guillaume, incrédule.
Aurélien hocha la tête.
"Mais c'est génial !" s'exclama Guillaume, enthousiaste pour son ami. "Tu vois ! Aucune raison de te faire autant de mal ! Comment va-t-il ? Il est en bonne santé ? Comment l'as-tu retrouvé ?"
Aurélien resta silencieux, l'air préoccupé.
"Aurélien ? Mais... tu devrais être heureux ! Toutes ces années de recherches ont finalement abouti à quelque chose ! Qu'est-ce qui ne va pas ? Il ne va pas bien ? Il est malade ?" insista Guillaume, de plus en plus perplexe face à la réaction étrange de son ami.
Il attendit que Aurélien se rassoit sur sa chaise avant de l'entendre reprendre la parole.
"Guillaume..." murmura-t-il, glissant sa main dans la poche intérieure de son manteau. "...je t'en prie, pardonne-moi..."
Au début confus, Guillaume regarda curieusement ce que Aurélien sortit de sa poche.
Une feuille ?
"C'est quoi ça ?" demanda-t-il.
Aurélien posa l'objet sur la table avant de couvrir son visage de la même main.
Perplexe, Guillaume jeta un œil à la page qui lui était présentée, sans trop comprendre ce qu'elle racontait. Cela ressemblait à des résultats d'analyses de sang. Ou d'analyses tout court...
Intrigué, il saisit la feuille pour l'examiner de plus près.
Guillaume inspecta attentivement la feuille, ses yeux parcourant chaque ligne avec incrédulité. Le silence oppressant du café semblait l'envelopper alors qu'il tentait de comprendre la signification de ce document mystérieux. Les secondes semblaient s'étirer à l'infini, augmentant l'angoisse grandissante qui nouait son estomac. Enfin, alors que ses doigts tremblants atteignaient la fin de la page, la vérité lui sauta aux yeux : un test ADN. Plus précisément, un test positif sur la compatibilité de sa fille... et d'Aurélien. La révélation percuta Guillaume de plein fouet, lui volant presque son souffle. Il ressentit une bouffée de colère et de trahison, mêlée à une profonde tristesse.
Les coins de la feuille s'effondrèrent sous la pression de ses doigts tremblants, tandis que Guillaume prenait conscience de la signification de ce document. Une lourde atmosphère de tension imprégnait l'air, amplifiant le poids de cette découverte bouleversante. Il froissa le papier dans un geste empreint de frustration et de déception, incapable de contenir l'avalanche d'émotions qui l'assaillait.
Aurélien, assis en face de lui, n'avait toujours pas osé prononcer un mot depuis qu'il lui avait donné la feuille. Son regard fuyait celui de Guillaume, chargé de remords et de regret.
Après une attente silencieuse mais malaisante, Guillaume se leva de table, posa brusquement la feuille sur la table et lança un regard glacial à Aurélien. Sans un mot, il laissa tomber un billet de 5 euros pour leurs deux cafés, une expression de mépris sur son visage.
"Ne t'approche plus jamais de moi ou de ma famille," déclara-t-il d'un ton froid avant de quitter le café, laissant Aurélien seul avec ses regrets et sa peine.
__15 jours plus tard__
Les jours s'écoulèrent depuis leur dernière rencontre, mais Guillaume demeurait de plus en plus vigilant, craignant que Aurélien ne refasse surface. Loane, sa fille, n'était au courant de rien. Guillaume redoutait par-dessus tout de la perdre. Elle était tout ce qui lui restait, tout ce qu'il avait.
Comment Aurélien avait-il pu faire ça ? Effectuer des analyses ADN avec celui de sa fille ! Guillaume se sentait trahi, déconcerté. Comment Aurélien avait-il pu franchir une telle ligne ? Une bouffée de confusion l'envahit alors qu'il repensait à toutes les années d'amitié qu'ils avaient partagées (même si ces dernières s'étaient partialement brisées avec leurs embrouilles). Il croyait sincèrement que leur relation avait survécu à toutes les épreuves, mais cette trahison mettait tout en question. Pourquoi a-t-il fallu que ça arrive maintenant ? C'était comme si tout s'effondrait autour de lui, remettant en question non seulement leur amitié, mais aussi sa confiance.
La sonnette retentit brusquement, interrompant le calme de l'après-midi. Guillaume s'approcha de la porte avec une appréhension grandissante, une boule serrant son estomac.
" ...Aurélien. "
Pourquoi revenait-il après tout ce qui s'était passé ? Guillaume serra les poings, son visage se durcissant alors qu'il ouvrait la porte, prêt à affronter son ancien ami.
"Je t'ai dit de ne plus jamais revenir ici," gronda-t-il, sa voix tremblant légèrement de colère contenue.
Aurélien baissa les yeux, une expression de regret sur son visage. "Je sais, Guillaume. Mais s'il te plaît, écoute-moi juste une minute."
Guillaume s'apprêtait à refermer la porte, mais le pied d'Aurélien l'en empêcha, alors qu'il implorait Guillaume de le laisser lui parler.
" Je t'en supplie ! Juste une minute ! "
"Je n'ai rien à te dire, fous-moi la paix ! " répliqua Guillaume, sa voix serrée par la tension.
Malgré son refus catégorique, Aurélien poussa la porte avec assez de force pour faire tomber Guillaume. Une lutte éclata entre les deux hommes, emplie de frustration et de ressentiment.
" Mais t'es malade ?! " - exclama Guillaume.
" Je veux juste comprendre ! " - continua Aurélien qui esquiva un coup au ventre.
Mais Guillaume ne l'entendait pas de cette oreille. Pour lui, là, tout de suite, Aurélien n'était qu'un intru qui n'avait rien à faire ici et qui devait rester loin de lui et de Loane.
Après plusieurs minutes d'insultes et de frappes, les deux hommes se retrouvaient dans une position plus que malheureuse :
Guillaume, face au sol avec Aurélien qui lui faisait une clé de bras dans son dos. Le plus vieux tenta de se défaire de son emprise en s'agitant mais à chaque fois qu'il se débattait ça tirait sur son bras, lui infligeant encore plus de douleur.
N'aillant plus aucune alternative, il balança sa tête en arrière, heurtant le nez d'Aurélien.
Ce dernier lâcha sa prise et Guillaume en profita pour lui remettre des coups au visage, visant surtout sa mâchoire.
Guillaume réussit à calmer la situation en assénant un dernier coup de poing.
Les deux hommes restèrent silencieux, reprenant leur souffle dans un silence lourd de tension, réalisant l'absurdité de leur situation.
Les deux saignaient au moins d'un endroit. Aurélien du nez et de l'arcade sourcilière et Guillaume de la bouche.
Finalement, Guillaume se leva et, dans une tentative désespérée de s'excuser, il passa un torchon imbibé d'alcool contre la blessure d'Aurélien. Celui-ci grimaça de douleur à cause des picotements provoqués par le liquide mais se calma sous les ordres de Guillaume qui n'était pas redescendu en frustration à 100%
"T'as raison... peut-être qu'on devrait discuter," admit Guillaume, son regard fixé sur la blessure d'Aurélien, ses pensées en tumulte. "Mais ça ne veut pas dire que je te pardonne."
Aurélien s'assit sur le canapé, tenant sa tête à cause de la migraine que cette querelle lui avait déclenchée. Guillaume le rejoignit peu après avec deux tasses de thé.
Aurélien accepta le thé d'un simple hochement de tête et murmura un "Merci" avant de détourner le regard. Guillaume s'installa délicatement à côté de lui pour ne pas l'effrayer.
Une tension palpable régnait entre eux, chacun cherchant ses mots pour briser le silence. Finalement, Aurélien posa sa tasse avec un soupir.
"Pourquoi ne m'as-tu pas dit que Léa était partie en même temps que ton bébé ?" demanda-t-il soudainement.
Guillaume frissonna légèrement, surpris par cette question soudaine. "Quoi ?"
"Quand tu m'as dit que Léa était morte en couche... pourquoi ne m'as-tu pas parlé de l'enfant ?"
"...je ne voulais pas en parler. Et mon enfant, c'est Loane. Que le monde le veuille ou non, c'est moi qui me suis occupée d'elle quand je l'ai retrouvée abandonnée dans la rue. Ce titre me revient de droit."
Guillaume sentit la colère monter en lui, mais il se ravisa. Il tenta de retrouver son calme. Il avait toujours en travers de la gorge ce que son ex-meilleur ami avait fait.
"...je voulais en avoir le cœur net," commença Aurélien après un moment de silence. Guillaume comprit immédiatement à quoi il faisait référence. "Crois-moi, au fond de moi, quand j'ai reçu les résultats d'analyses, j'espérais que ce ne soit pas ce que j'imaginais. Même si depuis des années je suis désespéré à l'idée de retrouver mon enfant, j'aurais aimé que la compatibilité de Loane avec moi soit négative... Je ne voulais pas te faire ça..."
"Alors pourquoi tu l'as fait ?" reprit Guillaume, son ton empreint de frustration. "D'ailleurs, comment as-tu fait pour les analyses ?"
"...j'ai récupéré un de ses cheveux sur sa chaise..." avoua Aurélien, sa voix teintée de remords.
"Putain, Aurél... putain..." souffla Guillaume, complètement désemparé. "Comment as-tu pu... ?"
"Je la cherche depuis des années, Guillaume ! Je voulais au moins savoir si mon enfant était vivant ou mort ! Je voulais... savoir. Juste savoir... Maintenant que je sais qu'elle est heureuse et en bonne santé, je me sens apaisé. Mais..."
"Mais ?" - dit Guillaume, prêt à entendre la suite.
"...mais... ça me fait mal de savoir que je ne serai jamais son père. Tu as raison... son père, c'est toi, Guillaume," - cette déclaration surprit le plus vieux au plus haut point.
Lui qui croyait que son ancien meilleur ami comptait lui prendre sa fille, il se sentit soudainement bien stupide.
"Mais je voulais également être transparent avec toi. C'est pour ça que je t'ai donné la fiche d'analyses... Je sais que je n'aurais pas dû procéder de cette manière, mais... je devais le faire pour au moins avoir une réponse. Je voulais au moins être en paix avec ça. Mais bizarrement, maintenant que je sais la vérité, je me sens plus vide qu'avant... "
"Pourquoi tu dis ça ? " questionna Guillaume, cherchant à comprendre l'état d'esprit de son ami.
" ...j'avais accepté de garder l'enfant que portait Cynthia car j'espérais devenir quelqu'un de meilleur en étant père. Mais au final, même ça ça ne m'a pas aidé. Même pendant mes recherches, je n'ai pas arrêté mes mauvaises habitudes... j'ai continué de coucher avec des fans juste pour le plaisir charnel, à boire comme un trou pour trouver le sommeil, fumer pour me calmer... Même si j'étais sûr au fond de moi que mon enfant était toujours vivant quelque part, je n'ai rien fait pour être un père exemplaire si jamais je venais à le retrouver... " confessa-t-il, sa voix empreinte de regrets.
Un silence pesant envahit la pièce pendant quelques secondes avant qu'Aurélien ne reprenne la parole.
" Est-ce que c'est foutu pour moi ? " demanda-t-il, son ton empreint d'inquiétude.
"Qu'est-ce que tu veux dire ? " interrogea Guillaume, perplexe.
" Est-ce c'est trop tard pour moi ? Je veux dire... est-ce que je suis condamné à être la personne que je suis jusqu'à la fin de mes jours ? Est-ce que je n'ai vraiment aucune chance de devenir meilleur... ? " murmura-t-il, semblant chercher des réponses à ses propres questions.
Alors qu'il continuait son monologue auto-dérisoire, Aurélien finit par attraper la main de son acolyte, le regardant droit dans les yeux en l'implorant.
" Ce n'est qu'une impression, hein ? Je... je veux dire... ça ne peut pas être trop tard, si ? Je ne peux pas être sur un point de non-retour et... je... " Il reprit son souffle, visiblement bouleversé. " Je t'en supplie, Guillaume. J'ai besoin de t'entendre dire que ce n'est pas trop tard pour moi. Je veux que tu me dises que je peux encore me rattraper... S'il te plaît... " implora-t-il, les yeux emplis d'une lueur d'espoir fragile.
Mais Guillaume ne lui répondit pas. Aurélien interpréta ce silence comme un refus tacite et s'effondra contre son torse, submergé par les sanglots.
Sentant la détresse de son ami, Guillaume posa doucement sa main derrière sa tête, la caressant avec une grande délicatesse. Autour d'eux, l'atmosphère semblait se détendre, le tic-tac apaisant de l'horloge murale remplissant le silence.
Jetant un coup d'œil à sa montre, le plus vieux prit une profonde inspiration. " Loane finit ses cours dans 2 heures... Tu veux venir ? " proposa-t-il avec hésitation.
Aurélien se redressa, l'expression incertaine. " Quoi ? "
" Je te demande si tu veux venir avec moi... " répéta Guillaume, laissant planer un soupçon d'optimisme dans sa voix.
" ...pourquoi tu me proposes de venir ? Tu ne voulais pas que je reste loin de toi et de ta famille ? " demanda Aurélien, perplexe.
" Oui, c'était le cas. "
" Alors pourquoi tu... ? "
" Quand tu m'as montré cette fiche, j'ai cru que tu comptais me poser un ultimatum et me prendre Loane. La façon dont tu m'as abordé m'a donné l'impression que tu essayais de m'amadouer avec tes larmes pour que je cède plus facilement et te laisse Loane. "
" Quoi ? " s'exclama-t-il, choqué. Guillaume continua.
" Je n'abandonnerai jamais ma fille, Aurélien. Même pas pour toi. Mais... si tu me promets de ne jamais lui parler de ça... je n'aurai aucun problème à te laisser venir nous rendre visite de temps en temps. "
Aurélien se sentit soulagé, mais resta sur ses gardes.
" Je ne veux pas que tu fumes devant elle, que tu ramènes des filles, enfin bref, toutes les conneries que nous avons pu faire à une certaine époque. J'ai tout sacrifié pour ma famille, et je ne perdrai Loane pour rien au monde. Même pas pour toi. Si je sens ne serait-ce que l'odeur de tabac devant ma porte d'entrée, je coupe définitivement les ponts avec toi. Et si après cela tu oses revenir, j'appelle les flics. Non seulement tu pourras dire adieu à moi et Loane, mais également à ta réputation d'artiste. Tu m'as bien compris ? "
Aurélien resta bouche-bée, surpris par la sympathie inattendue de son ancien partenaire de scène. Pendant un moment, il se perdit dans ses pensées, essayant de comprendre ce geste.
Après un silence tendu, Guillaume remarqua que la main d'Aurélien se dirigeait lentement vers son visage. Il se demanda ce que son ami comptait faire, mais avant qu'il ne puisse poser la question, les lèvres d'Aurélien se posèrent délicatement sur les siennes.
"Merci... merci..."
C'était un baiser court mais chargé d'une émotion troublante. Guillaume se sentit submergé par un mélange de confusion et de désir.
"Pourquoi t'as fait ça ?" demanda-t-il, surpris par cette soudaine marque d'affection.
Aurélien le regarda droit dans les yeux. "Ça ne te manque pas ? Ce que nous étions... " répondit-il, cherchant un écho du passé dans les yeux de Guillaume.
Guillaume se montra réticent au début, ne sachant pas comment réagir. Mais alors qu'Aurélien continuait de l'embrasser, il se laissa peu à peu emporter par le souvenir des moments passés ensemble.
"Arrête, Aurél..." commença-t-il, mais ses mots se perdirent dans un soupir lorsque les lèvres d'Aurélien se posèrent sur son cou.
Malgré lui, ses propres mains commencèrent à se promener sur le corps d'Aurélien, ravivant des souvenirs enfouis depuis longtemps.
"Putain de merde..."
"Nous pourrions retrouver ce que nous avons perdu," murmura Aurélien entre deux souffles, ses mains glissant sur le corps de Guillaume avec une familiarité troublante.
Perdu dans un tourbillon d'émotions contradictoires, Guillaume ne savait pas quoi faire. Il n'était plus en couple depuis longtemps, et surtout, il n'avait pas eu de relations amoureuses depuis la mort de Léa. Mais malgré ses réticences, il sentit une envie grandissante, réciproque.
Finalement, il céda, laissant ses inhibitions de côté. Il sentit la main d'Aurélien se poser sur son entre-jambes, confirmant leur désir mutuel.
"Je ne sais pas si c'est une bonne idée, Aurél," murmura-t-il, un frisson parcourant son échine alors qu'ils s'abandonnaient l'un à l'autre.
"Ne réfléchis pas, Guillaume," chuchota Aurélien, ses lèvres trouvant celles de Guillaume dans un baiser passionné.
"Non, attends !"
Aurélien râla intérieurement en entendant son ordre.
"J'ai trop envie de toi..."
"...Moi aussi. Mais pas ici." - il se leva du fauteuil et ajouta - "Dans ma chambre."
*1 heure plus tard*
Les deux hommes étaient allongés sur le lit du plus grand sans rien dire. Contrairement à leurs vieilles d'habitudes datant de l'époque de leurs duo, ils ne s'enlaçaient pas. Ils étaient juste posés en longueur, parallèles, l'un à côté de l'autre sans se toucher après leurs étreinte chaleureuse. Les deux étaient pensifs.
" Qu'est-ce qu'on a fait, putain ? "
" Qu'est-ce que je dis maintenant ? "
" Est-ce qu'il le regrette déjà ? "
" Je ne lui ai pas forcé la main j'espère... "
Guillaume secoua légèrement la tête avant de prendre son portable et regarder l'heure qu'il était.
" C'est l'heure d'aller la chercher. Tu viens toujours ? "
" O..Oui... ? "
" Bah magne-toi. Rhabille-toi. "
Le ton de Guillaume le fit légèrement sursauter mais il s'exécuta.
Le trajet en voiture jusqu'à l'école fût lourdement silencieux. Guillaume ne l'avait pas regardé une seule fois depuis qu'ils avaient quitté la chambre. Même pas quand il était rentré dans la voiture, ni quand il avait activé le contact, ni quand ils étaient arrivés, pas une seule fois...
Embarrassé, Aurélien se retourna du côté de sa fenêtre se disant que son pote avait besoin d'un moment un peu en solitaire et loin de tout contact. Enfin, sauf si c'était celui de sa fille.
Quand il la vit il sourit pour la première fois depuis qu'Aurélien l'avais revu et se pencha pour la prendre dans ses bras.
" Papa ? C'est Aurélien ? "
" Oui, ma chérie, c'est lui. On rentre ? "
" Il vient aussi ? "
" ...oui. Mais il ne restera pas longtemps. "
" Pourquoi ? " - demanda-t-elle.
" Oui, pourquoi ? " - appuya Aurélien, lui jetant un regard confus.
" Il a des choses à faire... n'est-ce pas, Aurélien ? Tu as oublié ? "
Ledit le regarda d'un air incompréhensible avant de comprendre...
" Ah... oui. Oui, c'est vrai. J'ai plein de choses à faire... "
Guillaume hocha la tête avant de reprendre le volant.
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En arrivant, Guillaume manqua de refermer la porte dans le visage d'Aurélien une fois que sa fille avait franchi le seuil.
" Eh ! "
" Excuse-moi... " - dit-il d'un air peu sincère - " Tu as des devoirs, ma chérie ? "
" Non, la maîtresse ne nous a pas donné de devoirs. "
" D'accord. Tu peux regarder la télé pendant que je parle à Aurélien ? "
" Ouiiii ! " - dit-elle toute excitée à l'idée de pouvoir regarder ses dessins animés préférés.
Les deux hommes étaient maintenant seuls et le plus jeune ne perdit pas de temps pour lui poser la question qui le travaillait depuis un moment.
" Bon, ça suffit ! À quoi tu joues, Guillaume ?! "
" Moins fort, je te prie. Loane peut t'entendre. "
Aurélien respira profondément, tentant de reprendre son souffle et son calme.
" Qu'est-ce qui te prends ? Depuis qu'on a... qu'on l'a fait tu agis de manière hostile envers moi. Est-ce que tu regrettes ? "
" Non, je ne regr... "
" Parce que si c'est ça on peut oublié. Ne t'en fais pas, je ne le prends pas mal... "
" Aurél, je te promets que je ne regrette pas ce qu'on a fait. Ce n'est pas ça le problème. "
" Alors c'est quoi ? "
" ...c'est ce que tu fais. "
" Quoi ? Qu'est-ce que tu veux dire ? "
" C'est ta vie de star le problème. C'est ta célébrité. "
" ...pourquoi ça te dérange ? "
" Parce que tu es facile a repérer, Aurélien. Et à chaque fois que tu viens me voir, même si je suis ravi, j'ai toujours le réflexe de regarder autour de moi pour m'assurer qu'on est pas suivi par les paparazzi ou la presse. Et tu sais qu'il y a des chances pour que les gens se rappellent de moi aussi... Je ne veux pas être traqué à nouveau par ces gens et surtout je ne veux pas que ma fille le soit à son tour. Elle ne mérite pas ça... "
Aurélien était à présent soulagé... mais pas entièrement satisfait de cette réponse.
" Est-ce que... tu proposes qu'on se voit plus rarement ? "
" ...je ne sais pas. Je t'aime bien Aurél, hein ? Mais Loane c'est ma priorité et je te l'ai assez répété en ce qui concerne les sacrifices que je suis prêt à faire pour elle. "
" Tu parles comme si tu étais le seul père qu'elle avait... "
" Pour l'instant c'est tout ce qu'elle sait, donc oui, je suis le seul père qu'elle a. Et ça doit rester ainsi aux yeux du monde... "
" Quoi ?! "
" Du calme ! Je ne te demande pas de ne plus voir Loane, je dis juste que... pour l'instant... elle ne doit rien savoir. Ni elle, ni personne. C'est trop tôt... "
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Alors que les semaines passaient, la relation entre Guillaume et Aurélien prenait une tournure plus discrète, mais non moins intense. Évitant soigneusement les endroits où leur présence pourrait éveiller les soupçons des médias, ils se retrouvaient dans des lieux isolés, loin des regards indiscrets.
Un soir, assis sur un banc dans un parc peu fréquenté, Guillaume brisa le silence pesant.
"Tu sais, Aurél, je commence à avoir l'impression de mener une double vie."
Aurélien hocha la tête, comprenant la gravité de la situation.
"Je sais, mais on a pas le choix... "
Pendant ce temps, Aurélien jonglait avec les exigences de sa vie publique et ses sentiments grandissants pour Guillaume et sa tendresse pour la petite. Conscient de l'importance de respecter les limites établies par son ami pour protéger sa famille, il se retrouvait néanmoins en proie à un dilemme intérieur.
Dans l'intimité de leur repaire secret, Aurélien se tourna vers Guillaume avec une expression troublée.
"Je déteste devoir me cacher comme ça... "
Guillaume posa une main réconfortante sur l'épaule d'Aurélien. " Nous trouverons un moyen de surmonter tout ça. Comme on l'a toujours fait. "
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De retour chez lui, Guillaume était plongé dans ses pensées lorsque Loane l'interpella.
"Papa, pourquoi est-ce que tu es toujours avec Aurélien ? "
Guillaume prit une grande inspiration, cherchant les mots justes pour répondre à la question de sa fille.
"Loane, Aurélien est un ami très spécial pour moi. Mais notre relation est un peu compliquée..."
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Entre les pressions médiatiques, les dilemmes familiaux et les sentiments en ébullition, Guillaume et Aurélien devaient naviguer avec précaution dans les eaux tumultueuses de leur relation.
"Tu penses qu'un jour on lui dira ?"
"Quoi ?"
"Loane. Tu crois qu'un jour on lui dira la vérité ? Sur qui je suis et pourquoi je viens autant de fois vous voir... ?"
Guillaume garde le silence un instant, réfléchissant sérieusement à la question.
"J'en sais rien...", finit-il par répondre, son expression trahissant son inquiétude.
"Guillaume... "
"...j'en sais rien...", répète-t-il, comme pour se convaincre lui-même.
"Après, je te rassure, je ne crois pas qu'elle te détestera si elle l'apprend...", essaie de le rassurer Aurélien.
Guillaume soupire. "Elle ne me détestera pas, n'exagère pas... Ma hantise est qu'elle ne me voit plus de la même manière... et puis... dans quelques années ce sera une adolescente. T'imagine ? Une ado qui apprend que son vrai père est une star nationale ? Je suis sûr que malgré elle elle ne pourra pas garder le secret. La France entière finira par apprendre que le rappeur Orelsan est père depuis des années et que c'est son ancien acolyte qui l'a élevé... L'enfer que ça serait, putain... "
Aurélien hoche lentement la tête, comprenant l'ampleur du dilemme de Guillaume.
"...donc... elle ne doit jamais l'apprendre... ", conclut-il finalement.
"Pas pour l'instant."
"Alors quand ?"
"J'en sais rien... Vraiment, Orel, je ne sais pas..."
"Peut-être jamais, oui...", murmure Aurélien, laissant planer une lourdeur dans l'air.
" ...est-ce que... au moins... tu crois qu'on peut dire à Loane qu'on est ensemble ? "
Guillaume fronce légèrement les sourcils, surpris par la proposition, mais il comprend la nécessité de clarifier leur relation.
" ...j'y pensais. Mais je ne sais pas comment je vais aborder ça. Surtout à une enfant... "
En soupirant, Aurélien posa sa tête sur l'épaule du plus grand.
" Ce soir la nuit est belle, tu ne trouves pas ? " - demanda-t-il en glissant doucement sa main sur sa cuisse.
Après ces mots, un flash les fit sursauter, suivit d'un deuxième qui aveugla légèrement Guillaume.
"Qu'est-ce que... EH !", s'exclama-t-il, se retournant pour tenter de localiser l'origine des flashs.
C'était un paparazzi. Leur présence soudaine sembla geler l'atmosphère, tandis que Guillaume, furieux, se mit à le poursuivre.
"REVIENS ICI !", hurla-t-il, sa voix résonnant dans la rue déserte. Aurélien, tentant de calmer son ami, le suivit de près.
Guillaume courut de toutes ses forces, sa colère alimentant sa course, jusqu'à ce qu'il parvienne à atteindre le paparazzi. D'un geste brusque, il se jeta sur lui, le faisant tomber au sol dans un bruit sourd.
"Efface ces photos ! Tout de suite !", ordonna-t-il d'une voix autoritaire et menaçante, ses poings serrés de colère.
"Mec, t'es sérieux ? Du calme ! C'est mon job ! "
" EFFACE CES PUTAINS DE PHOTOS J'AI DIT ! "
Le paparazzi, intimidé par la fermeté de Guillaume, s'exécuta rapidement, supprimant les clichés compromettants. Sans un mot de plus, il se releva et s'éloigna en hâte, sachant qu'il était allé trop loin.
Aurélien tenta de calmer Guillaume, posant une main sur son épaule, mais celui-ci était encore bouillonnant de rage.
"Je veux rentrer voir ma fille", déclara-t-il d'une voix glaciale.
Le rappeur ouvrit la bouche pour au final la refermer aussi vite.
" D'accord... On se revoit quand ? "
" ... " - Il ne répondit pas à sa question. Il balança un "Au revoir" à Aurélien qui semblait maintenant étrangement distant.
Sans un regard en arrière, Guillaume s'éloigna, laissant Aurélien seul dans la rue déserte, se demandant ce qui venait de se passer et ce que cela signifiait pour leur relation déjà compliquée.
En arrivant à la maison, Guillaume se laissa glisser le long de la porte d'entrée, s'asseyant pitoyablement. Le poids de la confrontation avec le paparazzi pesait sur lui, et il avait besoin d'un moment pour reprendre ses esprits. Il resta là quelques minutes, le visage penchée et les pensées tourbillonnant dans sa tête.
Cela ne devait plus jamais se reproduire, se dit-il fermement, à la fois pour son bien et celui de Loane. Il devait trouver un moyen de protéger sa fille de l'attention indésirable qui accompagnait sa notoriété.
"Papa ?" La voix douce de Loane le ramena brusquement à la réalité.
Guillaume se redressa, faisant de son mieux pour masquer son trouble. "Oh ! Bonsoir, Loane. T'as mangé les restes d'hier ?"
Loane le regarda avec curiosité. "Oui... qu'est-ce que tu faisais par terre ?"
Guillaume secoua légèrement la tête, essayant de cacher sa gêne. "Rien, rien, ne t'en fais pas. Papa est juste fatigué."
Il se releva d'un mouvement brusque, redressant sa posture comme s'il voulait chasser toute trace de faiblesse. Mais à l'intérieur, il savait que les événements de cette soirée allaient continuer à le hanter.
Il accompagna sa fille jusqu'à sa chambre, veillant à ce qu'elle s'installe confortablement dans son lit. Il caressa doucement ses cheveux avant de déposer un baiser sur son front.
"T'es sûr que ça va, papa ? T'as l'air pensif..." demanda-t-elle, son regard scrutant le sien avec une acuité déconcertante.
Guillaume sourit, reconnaissant la perspicacité de sa fille, bien qu'il aurait préféré dissimuler ses préoccupations.
La curiosité insatiable de Loane l'obligea à choisir entre lui dire la vérité ou simplement ignorer sa remarque.
"...Loane..." commença-t-il, hésitant. "Tu apprécies la compagnie d'Aurélien, n'est-ce pas ?"
"Oui," répondit-elle avec enthousiasme. "Je l'adore ! Il est trop gentil !"
Il prit une profonde inspiration, se préparant mentalement à la réponse à venir.
"...et si papa et lui étaient ensemble... est-ce que ça te dérangerait ?" poursuivit-il, son cœur battant la chamade.
"Ensemble... comme des amoureux ?" demanda-t-elle, ses yeux pétillants d'innocence.
Guillaume soupira, touché par sa naïveté.
"Oui. Comme des amoureux," confirma-t-il, son regard cherchant celui de sa fille.
"...si vous étiez des amoureux, est-ce qu'il viendrait plus souvent à la maison ?" interrogea-t-elle avec un mélange de curiosité et d'excitation.
"Probablement, oui," répondit-il avec un sourire attendri.
"Ouiiii ! Oui, je veux !" s'exclama-t-elle, ses yeux brillants de joie et d'innocence.
Il n'y avait bien que Loane qui pouvait le faire passer du stress à l'apaisement en une phrase.
Il l'embrassa une dernière fois avant de la laisser dormir et refermer la porte derrière lui.
De retour dans le salon, il écrivit un SMS à son vieil ami.
" Salut Orel. Désolé pour ma réaction de tout à l'heure. Demain Loane part chez ses grand-parents. Tu veux passer me voir ? J'ai une bonne nouvelle pour toi. Je t'a... "
" ...non. " - il effaça cette dernière phrase - " Voilà. " - puis envoya le message avant de s'installer sur son canapé.
-Le lendemain-
Guillaume ouvrit la porte et fut accueilli par un geste affectueux. Aurélien s'était jeté dans ses bras, ravi de le revoir. Le plus grand accepta son câlin en le lui rendant.
"T'es plus épanoui depuis hier ?" demanda Aurélien.
"Oui... beaucoup plus..." répondit Guillaume avec un sourire sincère.
"Bien..." Aurélien le lâcha. "Du coup... on a toute la journée pour nous. Qu'est-ce que tu veux faire ?"
Guillaume lui répondit par un geste plutôt expressif. Il posa sa main sur la taille d'Aurélien, la laissant glisser jusqu'au niveau de sa cuisse.
"Il y a un certain nombre de choses que je voudrais faire..." murmura-t-il avec un sourire suggestif.
Aurélien fut quelque peu surpris. Normalement, c'était lui qui faisait le premier pas.
"Qu'est-ce qui t'arrive, Guillaume ? Pas que ça me déplaise, mais..." commença-t-il, cherchant une explication.
"Loane sait pour notre relation. Et... elle serait ravie de te voir plus souvent à la maison. Oui, je sais, tu as ta carrière et tu as beaucoup de boulot mais..."
"Guillaume ?" interrompit Aurélien.
"Quoi ?" répondit-il, le regardant droit dans les yeux.
"Est-ce que ça veut dire que tu acceptes de me voir comme son père ?" demanda Aurélien, cherchant une confirmation.
Guillaume resta silencieux un instant, puis répondit avec assurance : "Tu es son père..."
Aurélien sourit à pleine dents en entendant ça.
"Comme je te l'ai dis plein de fois, je n'ai aucun soucis à partager le bonheur de ma fille avec toi. Je ne veux juste pas qu'on apprenne qui elle est réellement. Elle ne mérite pas d'être traquée H24 comme j'ai pu l'être à une époque ou comme tu l'es actuellement."
"Je sais... mais si jamais ça arrive ?"
"Je partirai loin d'ici avec elle. Et tant pis pour notre relation."
Aurélien cessa de sourire. Il savait qu'il ne blaguait pas avec ça. Mais il savait aussi qu'il était entièrement sincère et c'était compréhensible.
" Très bien... On fera de notre mieux pour elle. "
" Oui. Comme tous les couples le font pour leurs enfants. "
" ...je t'aime, Guillaume. "
" ...Moi aussi, je t'aime. "
-IMPORTANT-
Alors... je sais je vous avait dit que ce serait un OS... j'ai partiellement menti.
Je compte faire une petite suite (d'un seul chapitre) mais j'aimerai ajouter un peu de drame.
Voici les suites que je vous propose, mes chers lecteurs :
- Une photo de nos deux personnages leak et le monde fini par connaitre leurs relation, tourmentant leurs relations
ou alors...
- Un personnage (lié à un autre dans ce premier chapitre) apparait et menace le couple et, accessoirement, Loane. Les poussant a faire un choix...
Bien sûr, si vous avez des suggestions, n'hésitez pas à m'en proposer en MP. Je mentionnerai votre pseudo si j'accepte votre idée de suite ;-)
En tout cas, j'espère que cette lecture vous a plu.
Je vous dit à la prochaine et merci pour tout.
<3
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