
Chapitre IV : Entre ces murs.
Gaho commençait à descendre les escaliers, prenant soin de faire attention que les enfants qui le suivaient, ne tombaient pas dans ses escaliers rudes et mal finis. On aurait réellement dit que cet endroit avait été construit à la va-vite, sans prendre soin de terminer les finitions qui s'étaient dégradées au fil des années utilisé. Une fois en bas, une nouvelle porte, dans un bois solide. Néanmoins, les trois personnes étaient capables de voir de la lumière émerger du seuil de porte. Il semblait bien que quelqu'un était présent en ces lieux.
Et alors que jusqu'ici, le sol et les murs étaient grisés d'imperfections, lorsque la porte s'ouvrit, une lumière éblouissante venait contraster avec le reste. Un couloir se présentait de nouveau, mais cette fois-ci surmontée d'une vitre sur le mur de droite, ouverte à la salle principale :
《 - LA PATINOIRE ! crièrent les deux enfants en courant vers l'entrée appropriée. 》
Gaho fut subjugué par la beauté des lieux. Bien sûr, la maison était luxueuse, montrait une grande richesse et un gout pour les détails. Mais personne ne pouvait prévoir une si belle suite à un couloir aussi sombre au départ.
Les yeux de l'adulte parcouraient les murs, qui étaient dépoussiérés - pas une once de poussière dans chaque recoin des pièces - et qui étaient couverts de publicité, de morceaux de journaux, de grands titres, de photos, de trophées.
Woojin était omniprésent le long de ce couloir, se présentant comme un enfant doué pour ce sport, d'où son métier de patineur professionnel. En y pensant, rares étaient les photos que Woojin possédait de lui, petit. Il en avait vu quelques-unes, mais pas autant.
Il avait commencé très jeune les compétitions, il semblait impénétrable sur les photos, imperturbable, indescriptibles. Certaines d'entre elles étaient en famille, Chan et Namjoon était présent, mais ils étaient très jeunes.
Gaho pouvait s'arrêter durant des heures encore devant les photos de son fiancé, juste pour essayer de comprendre son passé, pour essayer de comprendre comment il en était arrivé là aujourd'hui. Mais les discussions passionnées à l'intérieur de la patinoire l'attirait. Alors, il sortit son téléphone et prit en photo la majorité du mur - le plus complet et le plus intéressant.
Suite à cette action, il pouvait entrer dans la patinoire, une salle assez grande, pas aussi grande que les patinoires de compétition, bien entendu, mais tout de même assez grande. Des estrades à doubles niveaux avaient été installés, et au fond de l'allée, son fiancé et les deux enfants content de voir une patinoire entièrement pour eux. Gaho s'approcha alors pour prendre part à leur conversation :
《 - Moi, je chausse du 43 ! affirma Hyunjin en regardant la glace avec des étoiles dans les yeux, et je veux faire du patinage sur glace aussi ! 》
Woojin ria suite à cette phrase si pure. Et cet air détendu qu'avait pris l'atmosphère fit sourire Gaho qui venait de rejoindre le petit groupe. C'était si différent de ce qu'il se passait en haut. C'était de vrais sourires, de vrais rires et tout semblait passionné.
《 - Tu as de la chance que je chaussais aussi du 43 lorsque j'étais petit, répondit le jeune patineur en fouillant dans les étagères dans lesquelles son nom avait été gravé de lettres dorées.》
Hyunjin se tourna vers l'adulte de manière ébahit et plein d'espoir.
《 - Tonton Woojin, tu veux dire que tu veux bien m'apprendre à faire du patinage sur glace ?!
- Bien sûr, pourquoi je refuserais cela au fils de mon entraineur ?
- OUI OUI ! MERCI MERCI ! J'AI TOUJOURS VOULU EN FAIRE DEPUIS QUE J'AI ACCOMPAGNÉ MON PAPA A UN DE SES ENTRAINEMENT ! Attends – c'était toi quand j'y étais allé ?
- Haha, je ne pense pas, mes entrainements sont privés et je n'ai jamais eu de spectateurs en dehors des compétitions.
- Dis-moi papa, tu penses que l'on peut monter sur la glace maintenant ? demanda à son tour Seungmin. 》
Woojin checka avant tout la glace, si elle était praticable. Cette dernière avait étonnement entretenue durant toutes ses années, pire encore, comme si elle avait été préparée, à ce jour, à être montée, et pratiquée. Néanmoins, certains points de la patinoire reflétaient encore le passé, et même s'ils souhaitent être effacés, elles demeuraient présentes en cette pièce.
Et alors que Woojin aidaient les deux plus jeune à chausser ses anciens patins qui étaient encore en très bon état pour ce qu'ils avaient vécu, Gaho s'approcha de la grande étagère ou était disposé les affaires de son fiancé depuis son enfance : les patins de toutes tailles plus ou moins utilisés, des gants, des tenues de compétitions pendus près de l'armoire, certaines pliées tout en haut de l'étagère et tout un tas d'objets mélangés.
Des rires à l'arrière rendaient les recherches presque mignonnes.
Certains étaient du matériel de sport, de musculations, de petits altères, des élastiques. Mais il y avait également des poids que l'on enfilait au poignet, aux chevilles ou à la taille lorsque l'on pratiquait. Et lorsque Gaho voulu prendre dans ses mains, le fond de l'étagère attisa son attention. Non pas d'objets cachés, mais le mur en lui-même. Bien qu'il soit couvert et donc quasiment imperceptible à l'œil nu, le mur était tâché à partir de la 3ᵉ étagère.
《 - Woa, c'est serré les patins comparés à mes chaussures,
- Tu n'en as jamais fait ?
- Jamais. 》
Gaho s'abaissa afin de suivre les traces, quelque chose n'allait pas dans toute cette histoire. Chaque façade était belle, somptueuse et princière. Mais comme chaque chose souvent envieuse parce que qualifiée de trop belle, elle cache en son sein quelque chose de beaucoup plus gros, de plus important et de plus sombre, qui est loin d'être beau. Mais elle est cachée et imperceptible si on ne cherche pas.
《 - Woojin. 》
Toutes activités cessèrent. Personne n'avait entendu les pas résonner, la porte s'ouvrir, le regard sombre du nouvel arrivé. Gaho s'était retourné et relevé, Seungmin avait tourné la tête tandis que Hyunjin hoqueta de surprise avant de regarder en direction de l'entrée. Seul Woojin s'était arrêté de lasser les patins du plus jeune, sans adresser de regard.
《 - Oh Daddy, regarde tonton Woojin va m'apprendre le patinage sur glace ! 》
La voix de Hyunjin avait juste résonné au travers de la pièce, sans fond et sans réponse concrète.
Pourtant, il reçut une frappe puissante sur la joue, laissant une profonde marque sur sa joue d'enfant d'autant plus blanche que la température ambiante était assez basse. Juste le bruit de la gifle avait eu pour effet de faire peur à Seungmin qui courut se réfugier aux bras de son père près des étagères et loin de cet homme. Woojin quant à lui, avait immédiatement relevé la tête, surpris par la violence dont avait recours son frère à l'égard de son fils.
《 - Hyunjin, qu'avais-je dit, en sortant, de, cette voiture. 》
Un nouveau silence s'était emparé de la salle, juste les sanglots du jeune garçon qui perçait le silence.
《 - O-on ne touche à, On ne touche à rien, on- on ne parle- pas, o-on ne fait au-aucuns b-bruits et o-on rép-pond, on répond en souriant.
- Et qu'as-tu fais ? 》
Hyunjin ne répondit pas toute suite, comme s'il réfléchissait à sa réponse, ressassant ce qu'il s'était passé, cherchant ou il avait failli.
《 - J-J'ai touché à p-plusieurs choses, et o-on a pas arrêt-té de f-faire du b-bruit et p-parler av-vec Jisung.
- Monte voir ton père. 》
Chan délassa instantanément les patins aux pieds de son fils, avant qu'ils ne partent en courant, rejoignant la pièce du haut. Lorsqu'il était sûr et certain que son fils était désormais monté à l'étage, il se tourna vers son frère, toujours aussi froid et intransigeant du regard tandis que le patineur ramassa ses affaires.
Il n'y avait pas besoin de mots, juste un regard en disait long. Woojin savait pertinemment que la ficelle qui s'était effilochée au fil des années n'allait pas tarder à se rompre. Peut-être dans les quelques minutes qui ne viennent peut-être pas. Certainement que l'un deux, certainement, lui allait retenir les deux bouts pour éviter de la casser définitivement. Ou sûrement qu'elle n'existait même plus.
Woojin rangeait alors tout dans l'étagère, en glissant ses quelques mots à son fiancé, qui restait figé par ce qu'il venait de voir.
《 - Daeho, monte avec Minnie, j'arrive. 》
Tout le monde savait pertinemment que rester ici en temps de crise pouvait être terrible, probablement fatal. Il ne se fit pas prier pour écouter les dires du patineur, après tout et une nouvelle fois : s'il disait cela, ce n'était pas pour rien.
Ils montèrent également, laissant les deux frères. Une nouvelle fois, ils étaient en face à face. Une nouvelle fois, ils étaient là, l'un en face de l'autre, dans une ambiance qui montait, qui se chargeait de plus en plus, et qui à tout moment pouvait imploser, révélant ainsi une guerre pas si bien cachée.
Pas aujourd'hui, tu n'es plus cette personne, ne te laisse pas tenter et ne l'écoute pas, se disait Woojin en inspirant profondément, alors qu'il se confrontait directement au regard de sa moitié.
《 - Ne salit pas l'esprit de mon fils avec tes activités.
- Je ne fais que lui faire découvrir un sport. Et c'est lui qui est venu de lui-même ici.
- Il n'y était pas autorisé.
- Alors, je n'en savais rien.
- Ce n'est pas ce que je te reproche. Je ne veux pas que tu touches à un cheveu de mes enfants.
- Moi au moins, je ne leur ferais pas de mal. 》
Cette seule phrase fit créer l'action. Chan avait démarré au quart de tour, s'élançant d'un seul coup sur son frère, le mettant à terre. Il était sur le point de le frapper à coup de poing, mais fut très vite stoppé par la puissance de la poigne de Woojin, qui stoppa son coup net, même à terre.
《 - Tu ne fais pas le poids Chris. Arrête d'essayer en vain.
- Tu n'es pas capable de te défendre, je t'en suis infiniment supérieur.
- La violence ne résout en rien une histoire ou des querelles passées.
- Dis celui qui manifestait son mécontentement en m'arrachant le poignet.
- Les temps ont changé. Je ne suis plus cette personne, et toi comme moi, tu sais très bien qu-
- Tu parles beaucoup sans savoir le faire. Laisse-les professionnels t'apprendre que tu auras beau défendre le présent, ton passé, et même notre passé coule dans tes veines autant que dans les miennes. 》
Chan marqua un silence, en s'approchant lentement de l'oreille de son frère, prenant parfaitement le temps d'articuler chaque mot, d'en détaché tout le mépris et la terrible réalité pour en faire ressortir l'essor d'un temps infini.
《 - Tu n'es pas censé parler, ni rétorquer, ni même faire de bruit, juste écouter. Chacune de tes pensées sont inutiles et infestent, tout ce qu'on te demande, c'est d'agir en réponse. Parce que je suis le garde-fou, et tu es la bête f- 》
Un coup partit, projetant Chan en avant. Sa tête frappa violemment le sol froid et son dos heurtant avec force cette même surface. Woojin se tourna presque instamment, vers son frère, qui esquissa un sourire satisfait alors que la douleur pénétrait doucement chaque parcelle de sa peau. Que cela faisait longtemps qu'il n'avait pas ressenti cela. Cette sensation que tous ses os se décomposaient dans son corps dû à la force d'un coup, qu'ils s'émiettaient au fur et à mesure que la douleur progressait.
Cette sensation de haine réciproque, mais qui est nécessaire pour l'un, comme pour l'autre. Cette manière de se regarder, de sentir les émotions de chacun se répondre, de dire "je suis comme toi", sans une once d'hésitation, sans une once de jugement, ils étaient pleinement eux-mêmes.
Comme on les avait élevés, comme on leur avait appris.
Woojin attrapa le poignet de Chan, qui était en train de se relever péniblement : parce que quand bien même, il clamait être surpuissant, qu'il avait pris de la masse, des muscles, de la force, Woojin avait doublé sa puissance d'antan sans même le savoir. Et quand bien même Chan possédait toutes les clefs pour le manipuler, son corps lui n'était pas aussi infaillible que son mental.
Alors lorsque Woojin fit une forte pression sur son poignet, commençant à vouloir le tourner, de sorte à lui casser, non l'arracher et le déchiqueter comme il avait déjà pu le faire à l'époque, Chan tenta de donner des coups, tant bien que mal. Mais il était plus fort, et comme dans un autre état : il n'avait cependant entièrement sombré, il avait encore une toute petite part de conscience qui restait, malgré toute la fureur qu'il y mettait, au loin même le plus petit des signes était accessible pour remonter à la surface et reprendre entièrement un esprit lucide.
Il eut suffi que de claquement de mains. Quatre. Et comme si le jeu était terminé, Woojin lâcha complètement le poignet de son frère, qui avait l'impression que l'emprise était toujours présente à cause de la douleur qui se baladait toujours aux alentours de son articulation.
《 - Bien, vous avez pu vous défouler un bon coup, je suis content qu'il n'y pas eut de blessure de trop grande ampleur cette fois-ci. Maintenant si vous le permettez. 》
Les deux frères tournèrent la tête en même temps, pour y voir Namjoon, pénétrer la pièce d'un air plus que sérieux. Il était arrivé in extremis, et sans surprise en pleine bataille.
Il s'agenouilla près de Chan, et prit son poignet afin de le bander d'une bande fraiche et tenante. Il prit ensuite la liberté de laisser ses mains se glisser sous le T-shirt de son cadet, sous la surprise de ce dernier.
《 - Mais qu'est-ce que tu fous, lâche-moi, je ne t'ai jamais rien demandé !
- Reste tranquille. Je suis médecin de profession. Et je regardais juste que tu n'avais pas un os qui s'était brisé ou déplacé avec vos bêtises. 》
Et à peine avait-il posé les yeux sur Woojin que l'homme aux yeux noirs s'étaient levés et avait accouru vers la sortie, sans dire un mot de plus, ne laissant pas le temps au plus âgé de rajouter quoique ce soit d'autre. Il ne voulait plus écouter, il ne voulait plus entendre un seul mot humain.
Chan pouffa légèrement de rire, avant d'ajouter à son grand frère :
《 - Je pensais que tu gérais un orphelinat. 》
Namjoon n'avait pas réellement le cœur à rire, bien que ça avait toujours été ainsi, au sein de leur famille, au sein de cette maison.
Chaque mur possédait un souvenir, un moment. Et ce moment n'était qu'un moment de plus dans la longue guerre familiale.
《 - Je ne ris pas Chris, je t'avais dit qu'il te défoncerait. Et tu le savais.
- Nam', ne fais pas le supérieur ou la police.
- Je ne- 》
Chan souria, en ce levant, prêt à partir à son tour. Il fit quelques pas, mais se retourna une dernière fois vers son frère ainé.
《 - Entre nous, j'ai toujours su que toi aussi, tu m'évitais parce que tu avais une peur bleue de me parler. 》
Namjoon regardait son frère s'éloigner d'une manière plus que surprise face à ce qu'il venait d'entendre. Les murs cachaient bien plus que des secrets et des pensées.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro