Nous sommes déjà à la fin de ces quatre jours de fête. Heureusement, je n'en pouvais plus. Je n'ai pas dormi une seule fois, à part la première nuit. Je suis fatiguée mais je ne suis pas prête à arrêter la fête, je suis bien tout de même.

J'ai énormément dansé, surtout avec Liam. D'ailleurs, nous sommes officiellement ensemble et tout le monde s'est réjoui pour nous. Liya et Arthur étaient les plus contents et je sais qu'à partir de maintenant, nous quatre sommes unis.

Je suis actuellement avec Liam dans les jardins de l'école. Ceux-ci sont merveilleux. Il y a plusieurs petites allées bordées de roses, de jonquilles, d'hortensias, mais aussi de coquelicots. Tout ce mélange de couleurs, de parfums, de formes, laisse sans voix. Des buissons remplis de baies bordent ces chemins.

Je suis contre le muret qui se trouve tout au fond du jardin. J'y suis adossée et Liam est en face de moi et me tient à la taille. Je l'observe sans rien dire.

« Il est vraiment beau... ». Á cette pensée, un sourire s'étire sur mes lèvres. Liam le remarque et me demande :

- Pourquoi ce petit sourire ma princesse ?

- Haha, je me disais que tu étais vraiment beau...

Il ne me laisse pas le temps de finir ma phrase qu'il plaque ses lèvres sur les miennes. Après ce petit bisou doux et plein d'amour, je l'interroge :

- Pourquoi m'as-tu fait venir ici ? C'est quoi cette chose super importante que tu voulais me dire, chaton ?

J'ai l'air naturel mais au fond de moi j'ai peur de ce qu'il va me dire... J'appréhende beaucoup !

- Je n'aime pas ce surnom..., dit-il en faisant une moue trop mignonne.

- Moi j'aime, alors on s'en fout, haha ! Bon c'est quoi ce fameux truc ?

Il relâche ma taille et passe ses longs doigts fins dans ses cheveux châtains foncés comme s'il était nerveux.

- Bon, j'ai pas envie d'y aller par quatre chemins non plus mais je veux d'abord que tu me promettes un truc.

- Pas de souci ! Tu sais bien que je ne peux rien te refuser... chaton, je rajoute.

Il me sourit et moi aussi. Je suis anxieuse mais je sais qu'il l'est beaucoup plus.

- Je ne veux pas que tu t'enfuis après cette nouvelle, en disant que je te l'ai caché et tout... Parce que je te le dis là...

- Ne t'inquiète pas je ne partirai pas chaton !

- Bon, merci. Bon voilà, je...nous...enfin moi et Liya...

Je le regarde, attendant la suite, même si je me doute de ce qu'il va me dire.

- ... nous sommes frères et sœurs, finit-il en baissant la tête.

Je souris à cette nouvelle. Je ne peux pas être énervée contre lui puisque je lui cache toutes mes origines moi même. Je relève sa tête grâce à ma main droite et le regarde dans les yeux.

- Chaton ? Je trouve que c'est une merveilleuse nouvelle ! Je suis contente que tu me l'aies dit de ta propre volonté.

- Ouais... enfin c'est Liya qui m'a dit de te le dire !

Je ne réponds rien mais je me pose des questions. Dont une qui revient souvent : comment ont-ils fait pour atterrir tous les deux ici alors que les frères et sœurs sont interdits ? C'était Dame Luciana qui l'avait mentionné quelques jours après mon arrivée.

Mais je vois qu'il est très embêté et je ne veux pas le mettre mal à l'aise plus longtemps même s'il sait que jamais je ne le jugerai.

En même temps, avec tout ce que je lui cache...

Tu devrais te décider à lui dire quand même... Tu sais que ça s'apprendra un jour Diana ! Merci conscience mais je ne suis pas prête.

Je me tourne et m'accoude au muret où nous sommes toujours. Il me prend par la taille et vient se coller derrière moi. Ce rapprochement me fait du bien et me fait oublier tous ces mensonges. Je pose ma tête sur l'épaule de Liam et commence à fermer les yeux...

- Ces quatre jours de fête t'ont achevée, princesse..., murmure-t-il.

- Oui... je crois que je vais aller dormir.

Je rouvre les yeux et nous nous dirigeons, main dans la main, vers le dortoir des filles. Il doit être aux alentours de deux heures du matin mais plus de deux tiers des personnes présentes à la fête sont encore dans la salle ou dehors. Nous montons les innombrables escaliers et nous nous disons « Bonne nuit ». Après quelques baisers, je finis la montée des marches et allume la lumière du couloir.

Je commence à traverser le long couloir quand je vois quelqu'un devant ma porte. Plus je me rapproche et plus je reconnais cette petite tête à la chevelure rouge.

- Ma Rouge ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ?

- Je hais ce surnom ! Tu le sais !

- Pas besoin d'en faire tout un plat, ma... belle ! je dis en lui faisant un clin d'œil et en baillant par dessus le marché.

J'arrive enfin à son niveau et lui fais une bise. Je ne l'ai quasiment pas vu de la journée. J'ouvre ma porte à l'aide de ma clef et la fais entrer. Nous nous asseyons sur mon lit et nous rigolons de tout et de rien.

Mais son visage redevint sérieux.

- Liam est venu te parler ? me demande-t-elle.

- Ouais... Merci de m'avoir fait confiance et de me l'avoir dit. Mais... comment avez-vous fait pour intégrer cette école alors que c'est strictement interdit d'avoir un frère et une sœur ?

- Nous ne nous sommes pas inscrits le même mois. Et puis, nos parents sont divorcés depuis des années et chacun est allé inscrire l'autre. Sinon ils n'ont pas fait attention à la date de naissance.

- Vous... vous êtes nés le même jour ? Ça veut dire que vous êtes des...

- Jumeaux ? Oui...

Je suis complètement abasourdie par cette nouvelle. Mais pourquoi ? C'est complètement logique en fait.

- Mais vous ne vous ressemblez pas...

- En fait si... Et c'était ça le problème en fait. Ma mère m'a teint les cheveux en rouge et elle l'a fait aussi sur elle pour pouvoir dire que c'était génétique. Et c'est passé comme une lettre à la poste.

- Mais...

- J'ai exactement la même couleur de cheveux que Liam et, étrangement quand ils sont naturels je lui ressemble comme deux gouttes d'eau. Même si nous n'avons pas les mêmes yeux.

Sur ce, Liya récite une formule magique. Ses cheveux passent du rouge vif au châtain et je trouve que les deux lui vont très bien d'ailleurs.

Mais c'est exactement ce qu'elle a dit quelques secondes plus tôt ! Avec cette couleur de cheveux elle ressemble à Liam.

- Ouah ! Tu es juste magnifique Liya !

- Merci..., me remercie-t-elle en remettant sa couleur de cheveux initiale.

Elle me regarde avec un grand sourire. Je vois qu'elle est contente que je connaisse la vérité. Ses yeux plongent dans les miens et elle me questionne :

- Allez, maintenant, c'est à moi de te poser des questions. Je ne sais pas grand chose sur toi.

- Vas y, je t'écoute, je l'encourage.

- Comment ça se passe avec ta famille sur Terre ?

« Est-ce que je dois lui dire qui est ma véritable famille ? Non. Mais elle, elle a tout avoué. Oui, mais je ne peux pas le lui dire... ». C'est du charabia dans ma tête.

- Oh tu sais, comme avec toutes les adolescentes de notre âge, disputes à gogo même si on s'aime...

- Dis, tu n'aurais pas une photo de ta famille ?

- Si, attends.

Je prends la chaîne de ma grand-mère que je porte autour du cou depuis deux ans. Dans mon pendentif, il y a une photo de la famille, mais j'étais petite. Mes parents, eux, n'ont pas changé. Je ne parle et ne montre quasiment jamais cette médaille car elle est bien trop précieuse pour moi.

Depuis quelques temps, j'avais arrêté de la mettre. « Sûrement l'adolescence dans toute sa splendeur », je me dis.

Et puis je me suis remise à la mettre tous les jours. J'avais et j'ai besoin du soutien de ma famille tout le temps.

Je lui tends le bijou et elle regarde la photo attentivement. Elle effleure de ses doigts fins et fraîchement vernis le contour du pendentif.

- Vous êtes une belle famille..., murmure-t-elle.

Je préfère ne rien répondre et garder ce silence.

- Il y a quelque chose qui ne va pas Diana...

Je commence à être très mal à l'aise mais j'essaie de ne rien faire paraître. Je replie mes jambes et je pose la tête sur mes genoux.

- Qu'est-ce qu'il y a ? je réussis à dire.

- Ton père a les yeux bleus et les cheveux blonds foncé. Ta mère a les yeux verts et les cheveux bruns.

J'attends sa question en tremblant. Je me retiens de pleurer même si je suppose que mes yeux doivent briller comme des diamants. Elle me regarde et demande en toute naïveté :

- Comment ça se fait que tu n'aies aucune ressemblance avec tes parents ...?