Chapitre 7
Nous avons repris les Bois de Nibelon suite à la retraite complète des forces de Rhodon et de l'Empire qui sont parti vers la frontière occidentale de Rhodon. Le corps du duc a été emmené par les soldats d'Avillon, mais il ne fait aucun doute que des chevaliers de Rhodon ont vu Loader mort. Par contre, le fait que j'ai tué moi-même le duc sera compliqué pour Adelyne quand elle ira s'entretenir avec le Roi de Rhodon, vu ce que Rouin m'a dit sur lui...
Je n'ai pas dit un seul mot depuis qu'on est revenu, et j'ai ignoré les appels des autres chevaliers, pour ne pas me faire sermonner par leurs commentaires. Je grimpe les escaliers menant à l'entrée de la citadelle, comme les autres chevaliers de Adelyne, la tête abaissée.
-Mona.
J'arrête mes pas et tourne la tête vers la personne qui m'a appelé, et sans surprise c'est la monarque.
-Mh ?
-Il y a un endroit où j'aimerais t'emmener. Peux-tu me suivre ?
On revient à peine d'une mission et d'avoir libéré les Bois à proximité de leur frontière nord, et elle veut m'emmener quelque part ? Sérieusement ? J'en ai suffisamment bavé et je n'ai pas envie de savoir où elle compte m'emmener.
-Vous pensez que c'est le bon moment ? Je dois me préparer au cas où l'un des membres de mon groupe serait à Rhodon en ce moment.
A ma réponse, Adelyne baisse la tête sur le côté, ses deux bras l'un par-dessus l'autre devant elle.
-Je vois la cage en toi, la source de toute ta haine... Là où je compte t'emmener, tu pourras déverser ta colère sur moi, pour que tu n'aies plus de poids sur les épaules.
Le ton compatissant qu'a employé Adelyne me fait serrer les poings de colère, jusqu'à quand elle va se montrer comme une personne me connaissant ?
-Pourquoi voulez-vous que je sois en colère après vous ?
D'un air menaçant, je marche vers la monarque, pour ne laisser que deux pas entre nous.
-Je vais vous dire une bonne chose. Si je suis venue, ce n'est pas pour respecter l'accord d'alliance entre nos deux nations, mais pour me venger de celui qui a détruit ma vie.
-Si tu restes dans cette voie, tu perdras tout ce qui compte pour toi.
Je pouffe sans discrétion en tournant la tête, et reprend ma marche vers la citadelle.
-J'ai déjà tout perdu.
-Alors pourquoi ne pas me suivre là où je veux t'emmener ?
De nouveau, j'arrête de marcher. En vérité, je n'ai aucune raison de refuser, mais pas non plus de raisons d'accepter. Tant que je suis à Avillon, Adelyne est en quelque sorte ma cheffe, ainsi que celle qui a un plein contrôle sur M.E.G.A. Je soupire sans discrétion et me retourne une nouvelle fois vers Son Altesse.
-Très bien.
***
Je suis escorté par Astrid, Lucilicca et Taneli, un jeune elfe qui est capitaine des forces elfiques et le bras-droit de Lucilicca. On arrive à un avant-poste très bien protégé, et sous les commandes d'un groupe de tireurs d'élites reconnues dans la nation : Les Cyclopes.
On entre dans l'avant-poste, où la lieutenante colonel et cheffe de ce groupe est en train de nettoyer son arme : Olivia Pavlichenko, une jeune elfe aux cheveux noirs très longs qui descend jusqu'au milieu de son dos. Un teint de peau blanc avec des yeux d'un bleu marin.
Au niveau de la tenue, un manteau d'un gris assez clair avec des bordures bleues au col relevé à partir de ses épaules. En dessous se cache un haut sans manche noir qui finit en petite jupe.
Sur ses cuisses est posé un fusil de précision, dont la lunette aborde des motifs arcaniques et des signes magiques. En nous voyant arriver, Olivia se lève et fait un salut militaire.
-Enchanté, Seconde Archimage.
-Du calme, Colonel Olivia. Ma visite n'est que brève.
Luci' tend sa main dans ma direction pour me présenter.
-Voici Aurore, des Héros de l'Aube de Crieji. On l'a secourue dans les montagnes de Celtain.
Olivia reste en position de salut militaire face à moi.
-Enchanté Aurore.
-Enchanté également. en souriant.
Lucilicca et Astrid expliquent à Olivia ce qui s'est passé avec mon groupe et pourquoi je dois me rendre à Avillon. Une fois les explications faites, Lucilicca continue.
-Tant que la situation à Lumisade ne sera pas calmée, Astrid et Aurore ne pourront pas repartir à Avillon. Aurore, veux-tu bien intégrer temporairement les forces de défense de la capitale ?
-Bien sûr. Cependant, j'aimerai ajouter quelque chose.
-Je t'écoute.
Je m'apprêtais à faire une demande, mais je me rends compte qu'une démonstration serait mieux pour que l'archimage et Olivia puissent comprendre.
-On peut se rendre à l'extérieur ? J'aimerai éviter des dommages au sein de l'avant-poste.
-Bien sûr. Luci' lance un regard à Taneli, déclarant : Taneli, je veux que tu restes à l'avant-poste pour faire un constat des lieux.
On sort à 4 de l'avant-poste pour arriver à un terrain sécurisé il y a peu par le groupe d'Olivia. La zone est assez dégagée et on peut facilement voir au loin si des ennemis arrivent. Avec ma main gauche, je prends plusieurs flèches et les plantes dans la neige, avant de me mettre complètement droite et de fermer les yeux.
-Magie sylvestre...
Une aura d'un vert émeraude émane de mes bras, alors que ma main droite saisit mon arc qui se retrouve imprégné de cette même magie. Des tatouages commencent à apparaître sur mon bras gauche, avec des signes magiques, et mes yeux qui brillent de la même façon.
Avec une grande vitesse, je récupère une des flèches qui se retrouve envahie par cette aura. A peine encochée sur l'arc, je la décoche en ligne droite. La magie fait briller la flèche qui prend l'apparence d'un animal sous forme d'esprit : un loup.
Mais cela ne s'arrête pas là, j'enchaîne avec les autres flèches, appelant plusieurs animaux qui ont les capacités physiques pour se défendre. Tigres, loups, ours, aigles, panthères, tous ces prédateurs répondent à l'appel. En prime, des griffons, des cerbères et des loups-garous se joignent à la troupe. Cela dit, je conclus tout cela en sacrifiant tous mes animaux pour récupérer leur énergie, et tirer une ultime flèche qui appelle un dragon de plusieurs mètres de haut.
Avec ma magie, je rappelle le dragon pour faire revenir toutes les autres espèces sur le terrain en face, avec le même nombre.
Leur nombre total qui se présente devant nous est de 30 . L'une des invocations, un griffon, se rapproche de moi et me fait une petite caresse avec sa tête avant de se mettre à côté de moi.
-Voici tous les animaux esprits que je peux appeler, et je peux en invoquer autant que je veux tant que j'arrive à maintenir mon aura.
-Et tu peux donner des ordres à tous ces animaux, comme quand je t'ai trouvé ? demande Astrid
-Oui, à condition que je garde ma magie sylvestre activée. Si je la coupe, mes invocations deviendront folles et attaqueront à vue tant que je n'appellerai pas ma magie à nouveau. Et encore, si je mets trop de temps, ils peuvent refuser de m'obéir, et il faudra les éliminer nous-même.
Lucilicca qui est restée silencieuse pour me laisser expliquer, à une petite idée, mais doit confirmer quelque chose.
-Je veux te proposer un poste temporaire en tant que capitaine de défense. Mais pour cela, j'aimerais te voir à l'œuvre contre les progénitures.
C'est à mon tour de me mettre à réfléchir, même si cela est un peu inutile. Je suis bloquée à Lumisade, et je n'ai toujours pas vu ma famille, vu l'agitation actuelle en dehors de la capitale.
-Mon souci avec votre offre, Seconde Archimage, c'est que j'ai seulement l'habitude de commander mes invocations. Les rares moments où je dirige des personnes qui ne sont pas mes animaux, c'est avec mon groupe, mais c'est rare. Si je dois commander les forces de Lumisade, j'en serai incapable.
Lucilicca affiche un fin sourire en écoutant cela, mais en aucun cas moqueur ou provoquant.
-Ne t'en fais pas, tes invocations seront tes soldats. Tu le seras le temps que la loi martiale à Lumisade sera présente, et tu pourras retrouver ton ancienne vie à la fin.
-...
Le griffon se met à crier pour avoir l'attention des elfes, car des progénitures sortent de la terre, et d'autres arrivent au loin via une vive crête.
-Je règle cet imprévu et je suis à vous. je me mets à marcher vers mes invocations, mes tatouages à mon bras gauche s'illuminent. Ils ne feront plus de mal à qui que ce soit.
Les autres elfes reculent pour ne pas interférer dans mon examen improvisé. Les invocations poussent leurs cris respectifs, alors que les progénitures chargent sans grande intelligence. Je tends mon bras droit, et commence à parler en langue sylvestre, celle de ma magie raciale.
-Esprits qui défendez la terre des elfes de la calamité, rugissez et combattez de toutes vos forces la menace qui pèse sur les civils !
Je sais que les autres elfes n'ont pas compris les mots que j'ai employés, mais en tout cas, mes esprits ont parfaitement entendu, et se mettent à faire une offensive totale contre les progénitures.
***
Marchant furieusement dans une grande-rue de la ville fréquentée par les habitants, j'ignore complètement le regard des autres pour marcher tout droit, espérant trouver un endroit pour apaiser ma colère.
L'endroit où Adelyne m'a emmené n'a fait que m'énerver davantage, surtout à ressasser tous mes souvenirs qui me font souffrir. Sérieusement, pour qui cette monarque se prend à s'abaisser au niveau de son entourage ?
J'arrive à un parc où j'atteins un endroit pas trop fréquenté avec des bancs pour s'asseoir. Je me pose sur l'un d'eux et plaque une de mes mains devant mes yeux pour ne plus rien regarder.
-{Mais quelle...}
Avec mon autre main, je caresse le cristal de mon collier, effleurant la partie supérieure par-dessus l'anneau de métal qui permet de l'accrocher. Avec deux doigts, je l'ouvre sur le côté pour révéler l'ouverture, avec une petite bille qui renferme de la fumée magique changeant de couleur toutes les 3 secondes.
-{...}
Je regarde un bref instant cette bille, espérant ne jamais avoir à m'en servir. Je referme le cristal et ferme de nouveau les yeux pour me remettre à réfléchir.
Il n'y a que Avillon qui peut me loger le temps de cette guerre, et impossible de quitter Itren tant que les navires impériaux et ce serpent géant seront présents. Lumisade est non loin d'Avillon, mais la monarque préfère se concentrer sur Rhodon qui est encore plus près et ils sont déjà en conflit avec eux à cause de l'Empire.
Qui plus est, je me souviens clairement qu'une fois, Aurore avait avoué avoir de la famille à Lumisade... Ma seule envie en ce moment est de me rendre immédiatement chez les elfes, avec ou sans l'accord de Adelyne. Mais si pendant que je m'en vais, Rhodon conquis Avillon ? Que feront les Héros de l'Aube, dans ce cas ? Et si Aurore était en réalité morte quand elle est tombée à la mer ?
Après plusieurs minutes, je comprends que je ne peux pas faire ce que je veux sans avoir la conscience tranquille, et je ne suis déjà pas suffisamment stable. Libérer Rhodon reste la mission principale, mais Adelyne a demandé aux chevaliers de se reposer une semaine, et moi également.
Sauf qu'attendre ne fait que réduire le moment où je serai proche de savoir si Aurore et Eluard sont toujours vivants, quelque part en Itren. Je serre une dernière fois mon cristal, puis prends finalement ma décision.
-{Aurore, si t'es à Lumisade, attends-moi encore un peu...}
Lentement, je me lève du banc et lance un regard en direction de l'entrée par laquelle je suis arrivée. Ma mission est claire désormais : je dois libérer Rhodon au plus vite.
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