Chapitre 43
Un mois s'est écoulé, et où la guerre s'est terminée par la victoire d'Avillon et de son alliance. L'Empereur a été retrouvé mort dans son palais, et nous avons reçu le message que la monarque et ses chevaliers allaient revenir aujourd'hui.
Quand l'annonce est tombée, les habitants sont dans tous leurs états, occupant chaque centimètre du port, et même aux points surélevés pour voir quand est-ce que le navire allait sortir de l'horizon. En vérité, je suis surtout impatiente de revoir mes camarades de groupe.
Après une heure d'attente, aux cloches de 13h, le bâteau s'était révélé et accoste sur le port. Des soldats se sont rapidement déployés pour maintenir les civils à bonne distance, à l'exception de moi-même et de Mei, vu notre statut particulier.
La planche est abaissée, et la monarque descend la première, sous les acclamations du peuple. Avec Mei, on court pour la rejoindre, et la léporidée n'attend pas un instant pour la prendre dans ses bras.
Derrière Adelyne, les chevaliers d'Avillon se révèlent un par un, le sourire aux lèvres. Fram, Johan, Mikhail, Charlotte, Astrid et Schneider saluent les habitants qui les acclament comme des héros. Je vais les rejoindre pour les saluer à mon tour.
Enfin, Aurore se révèle avec les deux garçons. Je me dépêche de courir vers elle pour la prendre dans mes bras. Les applaudissements des habitants se font un peu plus forts, et je donne mon attention à Aurore, soulagée de la revoir.
-Je suis tellement heureuse de vous revoir.
L'elfe m'adresse un sourire chaleureux.
-Nous l'avons finalement fait. L'Empire est tombé.
Cependant, son sourire s'efface pour laisser apparaître une autre expression sur son visage que je n'arrive pas à décrire. Son regard se fait un peu plus triste.
-Mona... Il faudra que l'on parle tous les quatre.
Je me contente d'hocher la tête, préférant ne pas en demander davantage. Là, le plus important, c'est de fêter leur retour ici. Une bonne partie de l'après-midi est utilisée pur que l'émotion passe et que les sauveurs puissent reprendre leur train de vie quotidien, et que la monarque retourne à ses devoirs.
Notre équipe a été convoquée en salle d'audience, juste avant le dîner. C'est là que l'on arrive, avec un Ganymède qui reste encore sur sa faim après la guerre. La monarque est avec Rouin, son administrateur, et les deux nous voient arrivés. L'homme se retire pour nous laisser entre nous.
-J'ai reçu un message du souverain de Crieji. Etant donné que la guerre est finie, vous n'êtes désormais plus sous mon autorité, et vous devez retourner chez vous.
Honnêtement, j'avais complètement oublié ce détail, et cela me donne une sensation bizarre. Eluard se contente d'hocher la tête, les bras croisés, et Ganymède reste indifférent. Aurore fait un pas en avant.
-Savez-vous quand est-ce qu'il va venir ?
-Il va arriver dans une semaine, et vous rentrerez avec lui.
Ganymède s'étire les bras sans grande indiscrétion.
-Hé ben, c'est bien dommage. Je me plaisais bien, ici.
-De même. renchérit Eluard.
-{...}
-Vous pouvez profiter de ces derniers jours au sein d'Avillon pour en avoir un agréable souvenir.
J'ai envie de demander à la monarque si c'est possible de rester ici, mais j'ai peur de sa réaction. Finalement, aucun mot ne s'échappe de ma bouche, et on commence le dîner. Le soir, je suis parti dans ma chambre, l'esprit tranquille que mes amis sont revenus, mais aussi perplexe par rapport au fait que je devrais retourner chez moi.
Ma conversation avec Evan me revient en tête, car cela risque d'être le dernier choix que je ferai de toute ma vie à Avillon. En soit, rien ne m'empêche de revenir plus tard à Avillon pour prendre des vacances.
En vérité, la vraie question c'est plutôt où est-ce que je pourrai mieux supporter mon passé. Dans une nation que j'ai appris à connaître pendant une guerre, et où je vais la découvrir dans un monde sans conflit ? Ou bien retourner là où j'ai toujours vécu, et où mon enfance a été brisée pour mieux supporter et tourner la page ?
-...
Je lance un regard à mon épée logée dans mon fourreau que j'ai posé à côté de la table de chevet.
-{Est-ce que je dois la garder ?}
***
"Souverain de Crieji."
"J'ai reçu votre missive concernant le rapatriement de l'équipe M.E.G.A au sein de Crieji, ainsi que le jour de votre passage. Je ne sais pas comment vous exprimer ma gratitude d'avoir accepté de me les confier pour m'aider dans cette guerre épouvantable qui marquera à jamais tous ceux qui y ont participé."
"J'espère que les jours de Crieji se porteront mieux dans les prochaines années."
"Avec mes plus sincères remerciements. Adelyne, Monarque d'Avillon."
Je marque la lettre du sceau d'Avillon et la dépose sur le côté de mon bureau. A travers la fenêtre, la nuit était complète et la pleine lune s'est levée.
-Tu nous a observé, j'imagine... Je suis désolé que tu ne puisses pas être réellement présent avec nous, aujourd'hui.
Je redonne mon attention à la paperasse qu'il me reste à contrôler, et une feuille en particulier attire mon attention : celle de l'orphelinat, situé au sud d'Avillon. Je la récupère pour la lire en détail.
"Pendant une semaine, une femme avec une épée qui affirmait ne pas faire partie des chevaliers d'Avillon est venue nous voir. Elle ne montrait aucun signe de mauvaises intentions, car son regard était empli de compassion pour les enfants sans parents qui y vivaient."
"Elle n'a pas demandé de compensation, à l'exception du bonheur des enfants. Ces derniers semblaient beaucoup l'apprécier, qui plus est. Elle donnait souvent des spectacles avec sa magie, en plus de son épée qui semblait avoir deux éléments."
"Elle n'a pas voulu donner son prénom, afin que ces actions restent sous anonymat, mais elle a promis qu'elle passerait dès qu'elle le pouvait."
"Guillaume, directeur de l'orphelinat."
Cette lettre me procure un bref sourire, puis je la dépose au milieu de mon bureau afin de me rappeler de m'en occuper. Un bâillement me ramène à la réalité et sur le fait que je suis un humain avant d'être une monarque.
Je sors de mon bureau en fermant la porte à clé, puis part dans ma chambre.
***
Dès demain, le roi de Crieji va arriver, et il me reste un dernier détail à corriger. A l'aube, je suis retourné au cimetière, à croire que cela devient une habitude. J'arrive devant la tombe d'Evan et m'agenouille.
-Oui, c'est encore moi. Le roi de Crieji va venir à Avillon pour nous récupérer, demain.
Je pose un genou au sol,
-J'ai eu beau réfléchir, je ne sais toujours pas quel choix est le mieux pour moi. Si je décide de rentrer à Crieji, il faudra que je me trouve une nouvelle épée, car je t'ai un peu emprunté la tienne, pendant ces quelques années. Même si je m'y suis faite, ce serait mieux pour moi que j'en ai une avec mon propre élément.
Je lance un regard à ma droite, et la monarque marche vers moi. J'ai une curieuse impression de déjà-vu, mais cela ne me déplait pas.
-Bonjour Altesse, si je peux encore vous appeler comme cela.
La monarque me sourit en retour.
-Bonjour, Mona. Tu peux parler librement avec moi, depuis le temps que l'on est ensemble.
Je redonne mon attention à la tombe.
-Altesse. J'ai une demande à vous faire.
-Laquelle ?
Je réfléchis encore quelques instants, puis me met à parler.
-Si je repars à Crieji... Pourrez-vous conserver l'épée de Evan ? Après tout, je lui ai emprunté sans savoir. Le mieux serait de la déposer à côté de sa tombe, où de l'enterrer avec lui...
-Si c'est la décision de son amante, alors je la respecterai.
Cette phrase me fait un peu rougir, puis je me relève.
-C'est un peu gênant.
Je redonne mon attention à la monarque, qui a une main vers son menton.
-Par ailleurs... Veux-tu que je passe une commande pour que tu aies une épée à ton élément ?
Cette demande est un peu inattendue, et en vérité, cela ne me dérangerait pas.
-Ouais bien sûr. Si c'est possible que je la prenne avant mon départ.
La réaction d'Adelyne devient bizarre, comme une tristesse.
-Très bien.
-Tout va bien ? lui rétorquais-je vu sa réaction.
-Ce n'est pas important.
Finalement, on quitte toutes les deux le cimetière en parlant de tout et de rien. Je passe le reste de la journée avec Adelyne et l'équipe de M.E.G.A, car après une telle aventure, on s'est pas mal rapproché.
La journée passe beaucoup trop vite. Il est 11h, et je suis au port en compagnie de mes camarades, de la monarque et des chevaliers d'Avillon. Un navire arrive à quai, portant le drapeau de Crieji.
-{...}
L'ancre est jetée, le drapeau frappe rapidement la pierre formant le ponton, mais sans provoquer de fissures. La planche est descendue, et les premiers soldats de Crieji descendent, dont leur style est différent de celui d'Avillon.
Un homme de la quarantaine, dans une tenue assez royale mélangeant le bleu et le vert, ainsi qu'une cape jaune qui flotte dans son dos. Dès qu'il pose le pas sur le ponton, la monarque d'Avillon s'avance vers lui. Les deux souverains se regardent quelques secondes avant de se serrer la main.
-Monarque d'Avillon, cela fait longtemps.
-En effet, Roi de Crieji.
Après une rapide discussion, le Roi de Crieji donne son attention à notre groupe, et sans rien dire, on arrive à comprendre. Les deux souverains s'éloignent pour être à cinq mètres, pour que les soldats puissent guetter. Eluard s'avance le premier, suivi par Ganymède qui a ses mains derrière sa tête, l'air décontracté. Aurore suit le pas, et je commence à marcher juste après, la tête abaissée.
-{"Suis ton cœur"...}
Entre les deux souverains, je coupe mes pas. Aurore se retourne pour m'observer, et je peux sentir le poids du regard des deux souverains.
-Mona ? de la voix de l'elfe.
Je relève la tête à l'attention du roi de Crieji et des membres de mon groupe. Retourner à Crieji, c'est revenir chez moi, là où j'ai vécu mon enfance avec Evan mais qui me fait encore mal au cœur. Etre avec M.E.G.A, retrouver ceux que j'ai connus et continuer ma vie en essayant de tourner la page.
Je tourne ensuite la tête vers la monarque d'Avillon et ses chevaliers. Vivre au lieu de naissance de mon amant, avec une monarque que j'ai appris à apprécier ainsi que ces chevaliers où j'ai vécu une bonne partie de la guerre. Rester ici, c'est tourner le dos à M.E.G.A et à mon lieu d'enfance, pour découvrir de nouveaux horizons.
-Un souci, Mona ? demande le roi derrière moi.
-...
Je serre mon poing et baisse mon regard pour observer mon épée, repensant aux mots d'Evan au cimetière. Pendant une dizaine de secondes, je reste immobile, à faire le tri dans ma tête, pour qu'enfin, j'arrive à prendre ma décision.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro