Chapitre 23
Je lance un regard déterminé en direction de Aurore qui se fait plaquer au sol, agrippée à la gorge par ce type en armure. Mes éclairs se dévoilent, enroulant mes bras et mes jambes en plus de faire relever mes cheveux.
Cette situation me rappelle Rhodon, quand j'ai tué ce soldat qui s'en prenait à ce Jac... Mes souvenirs me rappellent les mouvements que j'ai fait, et je peux les reproduire dans cette situation. Je rassemble ma force dans mon pied gauche et ferme ma main droite, ne quittant pas du regard l'homme.
Une seconde après, je prends une impulsion en lâchant une onde électrique de mon point d'appui pour aller droit vers Aurore et l'homme en armure. J'arrive rapidement vers eux, et l'étranger relève la tête vers moi.
Il n'a pas le temps de réagir, mon poing droit frappe de plein fouet son casque. Mes éclairs se propagent au lieu de collision, libérant une onde électrique qui repousse violemment l'étranger, suivi d'un bruit semblable à un éclair.
Immédiatement après, je plante mes pieds dans le sable pour arrêter mon élan, tandis que l'homme roule plus loin dans le sable, se noyant dans la vapeur violette étrange. Je profite d'un bref instant pour reprendre mon souffle et me rendre compte de la situation.
J'ai pu supporter mon traumatisme, malgré les images douloureuses qui me reviennent parfois et me font serrer les dents. J'ai passé trop de temps enfermé dans le passé, à souffrir de ce que j'ai perdu il y a 3 ans.
-Mona ? venant de Aurore.
Je baisse la tête pour apercevoir mon amie couchée sur le sol, avec un visage choquée m'étant adressé. Je comprends sa réaction, car il y a moins de deux minutes, j'étais noyé dans mes larmes.
Sans dessiner de sourire, je lui tends ma main pour l'aider à se relever, et elle accepte. Une fois debout, on se regarde sans se dire un mot, donnant un côté assez gênant dans cette situation compliquée.
-Tu vas bien ? me demande Aurore.
Je baisse la tête sur le côté, refusant de la regarder dans les yeux.
-Je suis encore dans le doute...
Un bruit attire mon attention, ainsi qu'à mon amie : le type en armure, sortant de la brume, sur un cheval fantomatique qui aborde un côté démoniaque. Entre sa crinière de feu, ses sabots qui déposent des flammes et sa peau sombre couplée à ses yeux rouges, tout respire le mal dans cet animal.
Cependant, depuis les bords de l'armure de l'homme, davantage de brume en émane. Une partie de la fumée se redresse pour prendre une apparence. Une longue robe d'un gris fantomate, des manches impressionnantes couvrant des bras pour ne laisser apparent que deux mains qui tiennent une grande faux de ténèbres. La tête encapuchonnée ne laisse visible qu'un crâne avec des lumières violettes pour représenter les yeux. C'était une représentation de ce que les humains appellent "La Mort", et elle était vraiment terrifiante.
-Aurore, rejoins les autres chevaliers. Je vais m'occuper de lui.
Sans directement la regarder, j'ai vu dans le recoin de ma vision périphérique que son visage était tourné vers moi. J'avance de deux pas en libérant mes éclairs autour de mon corps.
-Tu en es certaine ?
-Oui.
Alors que je continue de marcher à un rythme lent, mon ouïe arrive à percevoir les pas de Aurore derrière moi qui deviennent de plus en plus difficile à entendre, preuve qu'elle s'éloigne. Je ferme ma main droite, ne quittant pas des yeux l'homme.
–{Pardonne-moi...}
La seconde qui suit, mes éclairs s'étalent sur le sol, dessinant une surface d'un jaune électrifié où des arc électriques s'échappent. Devant moi, une bordure en demi-cercle se dessine alors que la surface se propage derrière moi comme une longue aura.
Au niveau de mon dos, deux anneaux jaunes, l'un plus petit et plus près de moi que le second. Mes cheveux se redressent pour prendre une teinte d'un jaune étincelant, alors que mes bras se retrouvent entourés par des cercles.
Je tire mon épée qui se retrouve immédiatement envahie par mon pouvoir, avec une aura qui l'agrandit magiquement. Je fais un bref mouvement de lame, et la surface sous mes pieds ainsi que mes cercles rugissent en envoyant des éclairs dans toutes les directions.
En face, le cavalier pousse un hurlement à travers son casque, agitant la brume derrière lui alors que l'esprit fantôme lève sa faux. Après un mouvement avec la cordelette, son cheval galope dans ma direction, la brume s'échappant sous chacun de ses coups de sabots et le spectre au-dessus qui le suit.
Je prends une impulsion avec mon pied droit, libérant une vague d'éclairs derrière moi alors que je me mets à courir vers le cavalier. Les cercles autour de moi me suivent, et mon champ électrique s'agrandit au fil de mes pas pour conserver une même distance.
-{Déchaîne-toi !}
La faucheuse lève son arme, la lame reflétant les derniers rayons du soleil couchant, offrant un spectacle magnifique et terrifiant. L'arme de cet esprit s'abaisse, accumulant de l'énergie à chaque centimètre qu'elle parcourt jusqu'à ce qu'elle touche le sol.
La pointe de l'arme se plante dans le sable tout en continuant d'avancer pour garder une distance face au cavalier. Une énergie des ténèbres surgit du sol comme une marée, dont la taille est aussi grande que la surface électrique sous mes pieds.
Tout en courant, ma surface magique se charge en un instant pour me faire décoller dans un torrent d'éclair droit. Je suis propulsé vers le spectre et je dégaine ma lame pour effectuer un simple coup qui envoie une grande partie de ma magie droit vers lui.
L'impact est si fort que la tête de l'esprit se fait désintégrer, tandis que mon propre corps perfore le buste voilé de cette créature, le détruisant dans une source d'énergie. Je me retrouve dans les airs, à une hauteur beaucoup plus haute que les deux falaises, et Frédérick sous moi.
Ce dernier n'arrête même pas son cheval, car la brume se modifie en un chemin brumeux sur lequel sa monture peut galoper et me charger. J'apprécie vraiment sa témérité, et je vais lui faire honneur.
Mes deux anneaux électriques dans le dos se mettent à pivoter, mais pas dans le même sens de rotation. Le plus grand rassemble ma magie dans sa surface intérieure, avant de le guider vers le second cercle plus petit et plus proche de moi, alors que mes cheveux s'illuminent un peu plus. Frédérick tient sa hache avec ferveur, et il ne me quitte pas du regard.
J'incline mon corps vers l'avant pour être tête la première vers le cavalier, le petit cercle se collant à mes pieds pour que je prenne appui. Une seule seconde après, c'est un éclair surpuissant qui est tiré par ce même anneau, m'emmenant avec lui tandis que je pointe ma lame vers l'avant.
D'un battement de paupière, la distance entre nous deux devient inexistante, et je me retrouve à sa gauche, ma lame pointée vers l'avant. Ma lame perfore son armure en plein torse, ressortant par l'autre côté. Son cheval disparaît immédiatement après ainsi que la vapeur alors que je l'entraîne vers le sol.
En deux secondes, nous percutons violemment le sol. C'est d'abord le poids de son armure qui offre le premier son assourdissant, avant que ce soit le sable lui-même qui se fasse soulever, créant un cratère où nous sommes le centre. La dernière étape est l'éclair qui nous a amené ici, lâchant un son à l'impact beaucoup trop fort et si puissant que les deux falaises sur les côtés sont réduites à néant.
***
Juste avant l'impact, Aurore avait appelé son dragon avec sa magie pour nous protéger en plantant son aile en face de nous. Au moment où l'éclair tombe au sol, un grand flash lumineux suivi d'un souffle terriblement puissant s'est produit, et la palmure transparente du dragon nous permet d'y être protégé.
De multiples éclairs s'échappent du point d'impact, détruisant les deux falaises en morceaux dans un boucan sonore presque insupportable dans ce flash lumineux.
-Elle a pété les plombs, celle-là ! s'exclame Charlotte.
-Sa force magique est écrasante ! avoue Mei.
Mes chevaliers étaient rassemblés sous la protection du dragon, et nous n'avons pas loupé un seul instant de ce déchaînement de puissance dont Mona nous a fait part. Qui plus est, dans cet endroit qui est très dur pour elle.
-{Elle a pu surmonter son traumatisme ?}
Après plusieurs secondes, le souffle et la lumière s'atténuent, et on peut de nouveau observer à travers l'aile du dragon ce qui s'est produit. Les deux falaises sur les côtés n'existent plus, laissant place à des rochers plus ou moins gros étalés sur le sable, et un grand cratère devant nous qui laisse couler un peu de sable.
Aurore rappelle son dragon avant de couper sa magie, et on se met à marcher rapidement vers le cratère. Au niveau du bord, il reste encore des traces de fumée par endroits, et Mona au sol, agenouillée et tenant son épée qui est encore plantée dans le torse de Frédérick. Je remarque que les lignes violettes du casque du cavalier sont éteintes, ainsi que les autres lumières.
-{Mh ?}
Aurore se dépêche de descendre dans le cratère pour rejoindre son amie, alors que Mona se relève en retirant son épée, ses cheveux reprenant leur teinte d'origine.Les deux filles se croisent le regard, et l'elfe la prend dans ses bras.
***
Je garde les bras baissés pendant que Aurore m'enroule de ses bras. J'ai dû beaucoup l'inquiéter, quand je lui ai dit de reculer pour que je me déchaîne à ce point. Elle relève la tête pour me regarder, bien que je n'ai que peu de blessures.
-Tout va bien ?
-Oui, ne t'en fais pas.
Avec ma main gauche, je retire un de ses bras et retourne vers le corps de ce chevalier couché dans le cratère, plaquant mon pied contre son torse.
-J'ai visé ton torse, mais j'ai évité les organes vitaux, alors réponds-moi.
J'entends des pas se rapprocher de moi, et en tournant la tête, c'est Astrid qui arrive en fermant les yeux, prenant un air de marbre.
-Il était mort dès que tu as perforé son armure.
-Comment cela ?
Elle va vers la tête de Frédérick pour mettre un bref coup de pied.
-Ce Frédérick n'est pas vraiment un être humain comme les autres. Il s'agit d'un homoncule, une forme de vie créée à partir des cellules d'un autre humain.
-Un homoncule ?
-Ouaip. Frédérick est le tout premier homoncule qui a été créé par l'Empire, et il était si instable et dangereux qu'il a hérité de cette armure qui fait partie intégrante de lui. En abîmant son armure, cela revient à le blesser directement, et il est impossible de lui retirer les pièces de sa protection sans lui ôter la vie. Les lumières éteintes confirment qu'il est mort.
Je lance un regard glaçant vers Astrid et relève mon épée pour la menacer. Elle recule de deux pas en levant les bras. Dans le coin de ma vue, je peux voir Adelyne qui s'approche.
-Mona, baisse ton arme. ordonne la monarque.
-Comment sais-tu tout cela, au juste ? envers Astrid.
La concernée esquisse un large sourire, comme si la situation était amusante pour elle.
-J'étais autrefois du côté de l'Empire, mais je leur ai tourné le dos quand l'Alliance d'Avillon a attaqué il y a 1 an.
Sa révélation me donne une soudaine envie de lui trancher la tête, mais le fait qu'elle me révèle cela avec le sourire et qu'elle ait aidé Aurore et les elfes de Lumisade confirme un peu ses propos. Adelyne se rapproche pour se mettre à côté de Astrid.
-Je peux témoigner. Elle faisait partie du premier bataillon sous les ordres de Frédérick, mais elle n'était pas vouée à l'Empire, elle cherchait juste à se battre et à s'amuser.
-{Cela me rappelle quelqu'un...}
Astrid sourit une nouvelle fois, et en penchant la tête sur le côté.
-Du coup, en rejoignant Avillon j'allais faire face à ces têtes brûlées de fanatiques voués à l'Empereur !
J'abaisse mon épée et la range dans mon fourreau, bien que je garde une vive méfiance envers cette elfe aux habits étranges. Cependant, quelques secondes après, je sens que ma tête me fait mal, qu'elle s'alourdit, et que mes jambes ont du mal à me maintenir debout.
Je me tiens la tête en respirant fortement, mais un vertige me perturbe la vue en plus de commencer à voir des étoiles. Rapidement, c'est ma jambe droite qui me lâche.
***
Je rattrape immédiatement mon amie en me baissant pour placer mes bras dans son dos.
-Mona !
Je m'abaisse pour étaler ses jambes sur le sol tout en continuant de la porter avec mon bras droit derrière son dos. Je pose le dos de mon autre main sur son front, et je peux sentir une chaleur assez forte. Mei se rapproche rapidement et commence à l'analyser avec sa magie, alors que Adelyne se rapproche.
-Quel est son état ? demande la monarque.
-Elle s'est évanouie. Sa magie a été emmenée a des limites que son corps n'a pas pu tenir, elle a besoin de repos.
-Rentrons au refuge de la communauté tribale. Aurore, tu peux utiliser un de tes animaux pour la porter ?
Je hoche la tête à l'attention de la monarque. Charlotte arrive pour tenir Mona à ma place et commencer à la soigner, tandis que je déploie ma magie et saisit mon arc pour tirer une flèche appelant un griffon.
Avec Charlotte, on arrive à allonger Mona sur le dos de mon invocation, tandis que Adelyne envoie Mikhail en éclaireur plus loin pour voir s'il reste des impériaux. Une fois que nous sommes tous prêts, on repart pour le refuge sous le ciel obscur.
***
Nous arrivons à l'entrée du refuge, accueilli par Dhuradan et trois avifaunes, dont un qui se sépare pour guider Aurore et Charlotte vers une tente pour s'occuper de Mona. Les deux autres guident les autres chevaliers vers des lieux pour dormir, et je reste aux côtés de Dhuradan qui plaque ses mains devant lui, comme une prière.
-Je suis heureux que l'âme des terres sauvages vous aient protégés. Pendant un instant, ma communauté a craint le pire pour vous.
-La situation était compliquée mais on a tenu bon.
Dhuradan décolle ses mains pour me refaire face.
-Nous avons vu une lumière au loin suivie d'un bruit d'éclair, on pensait que vous aviez été vaincu.
Je lève un instant ma main vers mon menton pour réfléchir.
-{L'éclair était aussi fort pour qu'ils l'aient entendu ?}
J'abaisse ma main pour redonner mon attention à Dhuradan.
-C'était l'œuvre de Mona, mais elle est tombée d'épuisement après notre affrontement. Frédérick a été vaincu, et j'ai envoyé quelqu'un vérifier s'il reste des traces de l'Empire.
Le visage du chef se figea de surprise, reculant la tête.
-Vous... Vous avez vaincu Frédérick ?!
-Oui.
Dhuradan recule d'un pas, manquant de s'écrouler face à cette vérité.
-J'étais convaincu que vous étiez fort, mais pas au point de vaincre Frédérick avec juste deux personnes blessées.
J'amène une main vers mon menton pour me replonger dans le début de l'affrontement.
-En fait, c'est leur stratégie qui était étrange.
-Comment cela ?
-On a dû s'arrêter à un endroit particulier que Mona ne pouvait pas supporter, et ils sont arrivés pile à ce moment-là pour nous tendre une embuscade. Sans l'idée de Aurore de s'occuper du front avec ses invocations, nous n'aurions pas survécu. C'est comme s'ils avaient prévu à l'avance comment cela allait se passer, mais qu'ils n'avaient pas assez d'informations.
-Je vois. Dhuradan prend un air sérieux et plaque ses deux mains devant lui. Monarque d'Avillon, pouvons-nous reformer notre serment ?
J'esquisse un sourire en retirant ma main de mon menton.
-Avec plaisir. A toi de commencer, grand chef.
Dhuradan prend une inspiration, puis prend un ton sérieux.
-Je fais la promesse solennelle que Varhya et Avillon seront toujours unis par l'amitié et que notre pacte, forgé dans le sang et le fer, ne s'affaiblira jamais, même si je devais mourir et que mon âme devait errer dans les terres sauvages !
Je tends mon bras à l'attention de Dhuradan.
-Je fais la promesse que les dragons qui veillent sur ma nation vous protégeront ainsi que l'esprit des terres sauvages !
Notre serment conclut, on abandonne la courtoisie et les formalités. Un avifaune nous annonce le retour de Mikhail, qui se rapproche vers moi et plaque son poing contre son buste.
-J'ai fini ma vérification, Altesse. Il n'y a plus aucun soldat impérial dans les terres sauvages. Je suis allé vers les bords de mer, et il n'y a pas de navires qui attendent. Il croise ses bras et baisse la tête, fermant même les yeux. Si je devais donner un avis, ils ont dû conserver des forces qu'ils avaient jugé suffisantes et ont tout misés sur cette embuscade.
-Merci de ton travail, Mikhail.
-Il y a autre chose.
Il ouvre les yeux et glisse sa main droite dans son dos, puis la ressort avec les doigts repliés, me tendant sa main avec sa paume pointée vers l'avant. Il déplie ses doigts et révèle des pétales de fleurs d'un vert fluo anormal.
-Je suis repassé sur le lieu de l'affrontement, et j'ai trouvé ces pétales étranges.
-...
Je récupère les pétales pour les observer dans ma propre main, avant de plier mes doigts.
-Merci Mikhail, tu peux aller te reposer.
-Merci Altesse, repose-toi également.
A ces mots, il est guidé par un avifaune vers une tente de libre. Je reste figée quelques instants pour réfléchir.
-{S'il était spectateur de l'affrontement, c'est qu'il a dû recevoir des ordres précis, alors pourquoi ne pas s'être dévoilé pour aider Frédérick ? C'est étrange...}
Un avifaune s'approche de moi pour me guider vers une tente pour passer la nuit, je le suis tout en restant dans mes réflexions.
-{En tout cas, on a vaincu un des quatres généraux. Cela va un peu nous faciliter la suite.}
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