Chapitre 13
***
Les forces impériales sont de moins en moins nombreuses, et nous ne rencontrons plus de soldats de Rhodon depuis que nous avons vaincu la ligne de défense de l'Ordre. Mona est un peu moins déchaînée que prévu, mais l'obliger à écouter mes ordres est toujours quelque chose de difficile.
Je n'arrête pas de penser à ce qu'elle a dit, de sa quête de vengeance envers "celui qui a détruit sa vie". Je sais ce qui la rend si triste, mais quand j'ai appris sa quête de vengeance, j'ignorais les détails.
-{Si jamais la personne qu'elle cherche se montre, je ne pourrai pas retenir Mona... Je dois trouver une solution tant que j'ai encore le temps. Je ne peux pas demander à Mu, vu que Mona n'est pas référencé dans les Chroniques...}
-Chevaliers d'Avillon !
Avec mes chevaliers, on s'arrête. Devant nous, les toutes dernières forces de Rhodon, composés uniquement de chevaliers sous les ordres de l'homme de 2m au milieu d'eux, dans son armure du même style que les autres ducs, mais dont les couleurs sont nuancés d'orange et de jaune. Derrière eux se trouve le château, dont ils forment le dernier rempart.
Le grand homme avance d'un pas, tirant sa longue épée de son fourreau avec sa main droite, et tenant son bouclier orange dans sa main gauche.
-Vous avez passé la ligne de défense de l'Ordre des Épines. Cela signifie que nous n'avons aucune chance, mais je ne vous laisserai pas passer sans me battre.
A mon tour, j'avance d'un pas, tout en veillant à rester derrière mes chevaliers.
-Henry de Bourden. Ton passé de héros militaire fait de toi un adversaire redoutable, mais tu as conscience que nous sommes plus forts que l'Ordre des Épines. Malgré cette différence de force évidente, tu veux quand même nous défier ?
-C'est le serment que j'ai prêté à Gallus, pour limiter les pertes ! Votre attaque a tout ruiné et des victimes en paient désormais le prix fort !
Bourden lève son épée vers le ciel, puis la pointe vers nous.
-Mes soldats, chargez !
Tous les soldats de la dernière ligne de défense se mettent à courir vers nous. Je tends mon bras droit devant moi et j'élève la voix.
-Chevaliers, repoussez l'assaut ennemi ! Mona, occupe-toi de Bourden ! Chevaliers d'Avillon, occupez-vous du flanc droit ! Guerriers de Tangur, attaquez le flanc gauche !
***
-{J'arrive, Aurore, attends un peu...}
Mon corps est prêt à puiser dans toutes ses forces, ma lame est prête à faire couler le sang, et mon esprit me hurle d'en finir une bonne fois pour toute.
Le duc et moi nous faisons complètement face, signant ce duel une bonne fois pour toutes. J'amène des éclairs à ma botte gauche et prend une impulsion pour me retrouver plus rapidement devant le duc, et lui claquer un coup d'épée vertical bas-haut tout en effectuant un saut.
Je passe au-dessus de l'homme, qui se retourne en m'attaquant avec une attaque horizontale, mais je la pare avec ma lame, qui me repousse en arrière et qui lui laisse le temps de se remettre face à moi.
On reprend une charge l'un vers l'autre, et on croise nos épées, libérant un souffle autour de nous qui agite ma robe et mes cheveux. J'amène des éclairs vers ma lame pour qu'ils rejoignent le point de collision de nos lames, afin de libérer une onde de foudre qui nous repousse tous les deux.
-{Il ne révèle pas sa magie...}
Avant que je repose mes pieds au sol, je fais un tour complet sur moi-même en chargeant dans ma main gauche une boule de foudre qui se modifie en shuriken magique. Je termine mon tour sur moi-même en envoyant le projectile vers le duc, et il se le prend de plein fouet, le repoussant de quelques pas.
J'effectue une nouvelle accélération avec mes éclairs, tout en libérant la magie de lumière de ma lame, et fait un nouveau tour sur moi-même afin d'envoyer une lame magique blanche vers le duc. Cependant, je cours derrière elle, alors que le duc se met en position de défense.
Je fais un bond dans les airs au moment où le duc encaisse la lame avec son bouclier, et envoie des éclairs depuis ma lame qu'il parvient à éviter d'un plongeon sur le côté. Je ne perds pas de temps et dans ma descente, je charge une lance de foudre dans ma main gauche et la balance vers mon adversaire qui est en train de se relever.
A mon atterrissage, le duc utilise son bouclier pour encaisser ma lance, mais l'impact est si fort qu'il vole en éclat, laissant le duc uniquement avec son épée. Ce n'est pas ce que j'espérais, mais au moins c'est mieux.
Je m'entoure d'une aura d'éclairs, et en même temps, j'en charge d'autres dans mon poing gauche pour le frapper contre le sol, créant un champ électrique semblable à une toile d'araignée.
Un des fils passe sous le pied du duc, et il prend une décharge électrique qui traverse toute son armure et l'empêche de se déplacer.
-{T'es mort !}
Je range mon épée et croise mes avant-bras devant moi, sans quitter du regard ce duc qui ne sera bientôt plus qu'un tas de cendres. J'effectue un nouveau tour sur moi-même en faisant un bref saut, puis vers la fin, j'écarte mes bras.
Du côté droit de mon aura, 5 flèches de foudres se déploient, en dessinant une courbe symbolisant leur passage depuis mon aura. Une seule seconde après, 5 autres flèches surgissent à gauche de mon aura pour dessiner d'autres courbes, et comme les premières, leur cible est le duc.
Les premières flèches frappent de plein fouet le duc qui ne peut que hurler de douleur, avec de petites explosions électriques à chaque impact. Les 5 autres flèches arrivent juste après, frappant comme une pluie de projectiles.
Pour conclure mon attaque, je recule mon bras droit, ma main ouverte pointée vers le duc, puis le tend d'un coup dans la direction du type. Ce simple mouvement libère un souffle d'éclair depuis mon aura, englobant le duc qui ne peut que subir de plein fouet ce souffle à cause de ma toile qui le retient.
Les cris de douleur de l'homme se mélangent au bruit de mes éclairs, jusqu'à ce que je ferme la paume de ma main, interrompant l'attaque. Bourden pose d'abord ses genoux au sol, son épée glissant de ses doigts inanimés, et baisse la tête.
Autour de moi, les bruits de combats se sont arrêtés, et Avillon est victorieux. Je dégaine une nouvelle fois mon épée et me rapproche de l'homme qui relève péniblement sa tête couverte par son casque. Avec ma main libre, je lui dégage son casque pour voir le visage d'un vieil homme avec de longs cheveux blancs et un début de barbe.
-Bien joué...
Sans dire un mot, je lève mon épée vers sa gorge, ma pointe entrant en contact avec sa peau. Cependant, comme d'habitude, Adelyne se rapproche de moi et du vaincu.
-Attend, Mona.
-{Comme toujours...}
J'abaisse ma lame et m'écarte pour laisser la monarque se mettre face au duc, tout en conservant une distance de sécurité pour ne pas être à portée d'une attaque traître du vieil homme.
-Duc Bourden. Tu es le duc qui est resté le plus en retrait et qui a donc été le plus longtemps en contact avec l'Empire. Est-ce que les forces de Gallus sont encore présentes ?
-Non... Ils sont tous repartis par la mer, vers le nord... À l'exception d'une seule personne.
-Qui ?
-L'un des quatres généraux... Il est au château, surveillant Sa Majesté.
-Bien.
Adelyne donne son attention aux chevaliers, ainsi qu'aux Tengur et au serfs.
-Camarades serfs, guerriers de Tangur, vous avez fait du très bon travail pour en arriver là ! Mes chevaliers et moi-même allons retrouver le Roi, alors attendez ici !
Suite à cela, la monarque lance un regard à Mikhail.
-Mikhail, j'aimerais que tu restes ici avec les serfs et les thérians. Viens nous voir s'il se passe quelque chose.
A cette demande, Mikhail acquiesce en posant son poing contre son buste.
-A tes ordres, Altesse.
Personnellement, je garde un oeil sur le duc qui a de nouveau baissé la tête. Je serre fermement ma lame et me rapproche de lui, et le vieil homme le remarque.
-Achève-moi.
Je me place face à lui et lève mon épée, mais d'une façon à ce que la lame passe par-dessus mon épaule et le pommeau pointé vers la tête de l'homme. Sans une once d'hésitation dans mon mouvement et sans la moindre émotion dans mon regard, je claque un violent coup de pommeau dans la tête du vieil homme, l'assommant sur le coup et son corps tombant comme un sac de pomme de terre.
Je range mon épée suite à cette action, et je remarque Adelyne qui m'observait.
-Tu n'as pas cherché à le tuer ?
A cette question, je soupire sans discrétion.
-Disons que je commence à penser à ce que vous devrez faire face, quand on aura retrouvé le roi de Rhodon...
Ma confidence faite, Adelyne rassemble les chevaliers à l'exception de Mikhail, laissant les soldats d'Avillon avec les serfs, les Tangur et Mikhail. On ouvre la porte du château et on arrive dans une grande salle.
L'endroit en lui-même a été préservé au niveau de l'intégrité physique, et aussi bien entretenu. J'envoie une onde électrique dans le sol, et je ne détecte personne qui se cache. Au fond de la salle se trouve un grand escalier, ce qui me rappelle un peu la citadelle d'Avillon.
-Allons-y, la salle d'audience est tout droit.
Sous les ordres de Adelyne, on s'y rend tout en conservant nos armes en mains. Il n'y a pas le moindre ennemi, et le seul bruit est celui de nos pas alors que nous gravissons les marches.
Finalement, on arrive à la salle d'audience. Une zone dégagée, avec de longs tapis allant du haut des marches par lesquelles nous sommes arrivés jusqu'au trône au fond. Le milieu de la salle est décoré d'une mosaïque circulaire qui sert de croisement avec d'autres tapis menant à des portes sur les côtés. Au niveau du toit, c'est un puits de lumière qui laisse échapper la lumière de dehors.
Sauf que pour Adelyne, je la vois porter son regard vers ailleurs : le trône au fond de la pièce, où siège le Roi de Rhodon, Charles III, dépité et une main sur son visage. Sa tenue est assez royale, une tenue une pièce blanche couverte par une veste noire aux manches aux bouts rouges délimitées par des ornements dorés. Des épaulettes jaunes qui font pendouiller deux petites bandes avec le symbole de Rhodon. Les cheveux de Charles sont d'un vert fluo, tout comme ses yeux qui se marient avec son teint de peau pâle. Une épée de cérémonie est accrochée à gauche de la taille, dont la garde est d'un jaune dorée où est incrustée deux pierres vertes.
-Charles ! s'exclame Adelyne.
A l'écoute de son nom, le roi retire rapidement la main de son visage, avec une expression choquée. On se rapproche de lui, avec la monarque en tête de file.
-Toi... commence Charles.
Une fois proche de lui, on s'arrête tous. Le roi plaque ses deux bras contre les accoudoirs de son trône, avec une expression mécontente sur son visage.
-Je refusais de croire à tous les rapports de l'Empire, sur votre invasion, mais finalement vous êtes arrivés au bout...
Je baisse un bref instant la tête, repensant à toutes mes actions sous le coup de la colère, surtout la mort des deux ducs. Mes yeux observent un bref instant le pétale de fleur bleu qui tombe sur le sol, et qu'est-ce qu'il était beau...
-Je suis désolé d'avoir mis autant de temps. C'est de ma faute et de mon manque d'information que l'Alliance d'Avillon a été repoussée et que Gallus est si proche de dominer Itren. J'ai dû m'accrocher à un dernier espoir avant de venir libérer Rhodon de l'Empire.
-Ce n'est pas encore fini, Adelyne.
Je n'arrive pas trop à savoir quelles expressions ont Adelyne et Charles, en me basant que sur les mots que j'entends, et les autres chevaliers sont silencieux tout le long. Je garde la tête baissée, à observer les pétales de fleurs qui flottent et tombent vers le sol.
Cependant, quelque chose me sort de mes pensées : ses pétales n'étaient clairement pas là quand on est arrivé, et pourtant elles tombent dans les airs comme s'il y avait des arbres aux environs, sauf que ce n'est pas le cas.
En relevant la tête, j'aperçois plusieurs pétales qui restent dans les airs, tournants sur eux-mêmes. Cela rend quelque chose de très beau, mais cela reste étrange.
Un des pétales arrive devant moi, et je place ma main en dessous pour la récupérer et sentir cette légèreté. En l'observant, je ne peux m'empêcher de me dire que ces pétales me sont familiers...
***
-Tu ne dis que ce n'est pas fini, est-ce une allusion à l'un des quatres généraux encore présent ?
Charles ne me répond pas, car c'est un rire glaçant, froid, et profond qui éteint le silence de cette pièce. Je remarque à mon tour ces pétales qui arrivent de nulle part, et qui se déplacent de façon anormale.
-Le voilà... enchaîne Charles.
Une porte à gauche de la salle d'audience s'ouvre lentement, et plusieurs pétales de fleurs s'en libèrent, comme un mur qui éclate en morceaux. Rapidement, c'est le sol en lui-même qui se retrouve tapissé de ces petits bouts de couleurs.
Quelqu'un se dévoile sur le tapis de fleur, un homme habillé d'une façon relativement exotique. Des cheveux noirs en coupe au bol, un teint de peau pâle, des yeux dorés. Sa tenue est une longue chemise blanche avec les manches dorées relevées, où à son épaule gauche tient une cape noire avec des bords dorés tenus par une fleur accrochée.
Son bas est noir avec deux accessoires autour de sa taille, et un fourreau d'épée à gauche de sa ceinture. Le sourire de l'étranger est étonnamment malsain, avec un air de supériorité dans ses yeux.
-Alors voilà la monarque de la nation déchue qui a effectué un bordel à Itren. Tu parais bien plus faible que la façon dont on t'a décrite.
-Tu es l'un des quatres généraux ?
-Hé hé hé...
L'étranger se rapproche de Charles, ses pas soulevant les pétales sur le sol qui finissent par rester dans les airs, se promenant sur des vents invisibles.
-Je pourrai me présenter, mais il y a une personne qui saura mieux me décrire à ma juste valeur...
Un bruit me fait abandonner un instant l'étranger, celui d'une respiration forte et d'un début de sanglot. Je tourne la tête vers la gauche, et Mona a une main au niveau de sa poitrine, respirant bizarrement et son visage prenant une teinte rouge. Je me dépêche de me rapprocher d'elle, exprimant mon inquiétude.
-Mona, qu'est-ce qu'il y a ?!
Sans signes annonciateurs, Mona effectue un bond d'éclair qui repousse les pétales autour d'elle, alors qu'elle se met à crier de rage pour la première fois. Des éclairs partent dans toutes les directions, alors que sa cible n'est autre que Ian, qui se contente d'esquiver en arborant un sourire d'amusement, sans même répondre aux coups.
Les pétales sont soufflés dans toutes les directions, le bruit des éclairs est la seule chose audible, alors que les appels d'airs des attaques de Mona s'enchaînent. D'un coup, l'étranger tend son bras, et Mona se retrouve violemment repoussée en arrière, dans ma direction.
Son épée lui échappe des mains, et elle a des bleus sur les bras.
-La tigresse, même après trois ans, est toujours aussi furieuse. Que c'est bon de voir ce visage énervé.
Je me rapproche de Mona pour l'aider à se calmer, mais elle me repousse d'un mouvement de bras, se relevant de colère et récupérant son épée.
-Reste-là !
Elle se remet à courir vers l'étranger, mais ce dernier place son bras droit devant lui et effectue une révérence.
-Au fait, appelez-moi Ian. Je vous rends Rhodon, car cela ne changera rien à la suite.
Sur ces quelques mots, des pétales se mettent à former un cocon qui enveloppent Ian, avant qu'une onde de choc dégage tous les pétales de fleurs présents, en plus de faire repousser Mona en arrière, la faisant tomber sur le dos. Aussi étrangement qu'ils sont apparus, les pétales ont tous disparu, laissant la pièce telle qu'elle était quand ils sont arrivés.
Charlotte se dépêche d'accourir vers Mona, alors que Charles se rapproche. Je lui fais complètement face, avançant de deux pas.
-Adelyne...
-Charles.
Le roi plaque une main contre son front, comme il a l'habitude à chaque fois qu'on se met à parler.
-J'aimerais tenir une réunion dans quelques minutes, peux-tu rester un peu ?
-Bien sûr.
-Merci.
[Un peu plus tard, dans la salle de réunion]
J'ai demandé à mes chevaliers de rester à l'extérieur du château, le temps de la réunion. J'ai de vagues idées sur comment cela va se passer, même si je trouve le caractère de Charles un peu différent de la normale.
-Que demandes-tu en guise de compensation pour ton soutien ?
-J'aimerai que l'on reforme notre pacte bilatéral de non-agression, comme avant. Avec l'Empire, ce traité a été rompu.
-Tu n'as vraiment pas changé... Très bien. Rien d'autre ?
Je devine que sa question sous-entend l'Alliance d'Avillon, et je ne compte pas tourner autour du pot. Je ferme les yeux et baisse la tête.
-J'aurai aimé te proposer de réintégrer Rhodon dans l'Alliance d'Avillon, mais je dois encore me rendre à Lumisade et à Varhya.
-Tu continues de penser que toi et tes chevaliers êtes le dernier espoir ?
-Non, mais Avillon est la dernière nation d'Itren qui n'est pas tombée par l'Empire, et j'ai le soutien des Héros de l'Aube de Crieji.
En écoutant le nom de Crieji, j'aperçois l'expression faciale de Charles se faisant plus froide.
-En parlant de Crieji, j'ai entendu quelque chose sur la guerrière de foudre...
Je relève la tête, pour l'incliner légèrement sur le côté.
-Mh ?
-J'ai entendu qu'elle avait tué mes ducs Loader et Leblanc. Est-ce que c'est vrai ?
***
"Est-ce que cela ira pour Adelyne ?", Voilà ce que je devrais me poser comme question, tandis que je suis adossé contre l'encadrement de porte, écarté des autres personnes qui attendent à l'extérieur du château.
Mais je ne peux pas m'empêcher de penser à Ian, où le simple fait de me rappeler son visage me fait serrer les mains tellement fort sur mes bras que j'en laisse des marques rouges.
-{Crois-moi, peu importe ce que je devrais faire, je te promets que je vais te tuer...}
Des bruits de pas atteignent mes oreilles, me sortant de mes idées noires. Je relève la tête vers la source du bruit, et c'est Fram, avec un air inquiet. Elle met une main au niveau de sa bouche en baissant la tête.
-Mona, ça va ?
Je ne réponds pas, baissant la tête vers la droite pour ne pas la regarder. Un silence se pose entre nous, mais Fram le brise.
-C'est moi qui ai conseillé Son Altesse de t'emmener derrière la citadelle, pour que vous puissiez parler. Sir Rouin m'a raconté ce qui s'était passé il y a trois ans, quand...
Je dégaine ma lame pour y mettre la pointe sous le menton de Fram, frôlant de peu la peau de sa gorge, l'empêchant de terminer sa phrase. Le regard que je lui dresse n'est pas un regard énervé, mais un regard peu émotif où rien ne s'en dégage.
-Ne dit plus rien. sur un ton froid.
Dans un silence de plusieurs secondes, on reste immobiles, à se regarder avec un air froid, dans une atmosphère pesante où les autres chevaliers nous observent sans avoir le courage de s'approcher.
Finalement, j'abaisse mon épée et la range, puis commence à m'éloigner de Fram sans lui adresser un seul regard d'excuse. La porte du château s'ouvre, attirant l'attention des chevaliers d'Avillon, des serfs, des Tangur et des soldats de Rhodon qui sont restés présents, et Adelyne et Charles se dévoilent. La monarque est la première à prendre la parole.
-Chevaliers d'Avillon, rentrons.
Sur ses ordres, je pars avec elle et les chevaliers, tout comme les soldats d'Avillon que nous retrouvons sur le chemin. Alors que nous marchons, Fram brise le silence.
-Comment s'est passé la réunion ? en s'adressant à Adelyne.
-Charles III était différent de d'habitude, mais il s'est montré reconnaissant de notre aide. Cela dit, il a refusé de refaire rentrer Rhodon dans l'Alliance d'Avillon à cause des conséquences de l'échec du premier assaut.
-Il n'a rien dit pour la mort des ducs ? enchaîne Johan.
Je reste silencieuse, mais cette question me fait culpabiliser un peu plus, me faisant serrer les poings de colère.
-Hé bien, il comptait les faire payer pour avoir tourné le dos à Rhodon, et la mort d'une personne est quelque chose où on ne peut pas donner une valeur fixe. Il m'a un peu remercié à sa façon, mais c'est aussi une des raisons où il a uniquement accepté un accord de non-agression bilatéral.
-Du coup notre prochaine étape est Lumisade ? demande Charlotte.
-En effet, mais il faut d'abord que l'on se repose. On part dans 5 jours.
[De retour à Avillon, le soir, 22h]
***
Finissant un dernier document parmi les nombreuses autres feuilles empilées sur mon bureau, je la pose sur la pile des documents terminés que je devrais remettre à Rouin dès le lendemain.
Je sors de mon bureau pour me diriger vers le couloir menant vers les chambres, mais sur le chemin, je tombe sur Fram qui est perplexe.
-Fram, t'es encore debout ?
Elle sursaute au moment où je l'ai appelé, mais en me voyant, elle se calme et baisse la tête.
-Oh, Altesse... Oui, je n'ai pas encore sommeil.
-Evite de rester éveillée trop longtemps, si tu comptes t'entraîner.
-Je comptais m'entraîner au terrain, mais je n'arrête pas de penser à quelque chose depuis qu'on a vu ce Ian...
Je sais exactement qui est ce type, et de l'impact de ses actions du passé sur maintenant, mais je n'ai pas parlé de ce type à Fram, quand je lui ai raconté le passé de Mona.
-Et quand on est revenu, Mona se dirigeait vers l'arrière de la citadelle...
Cette nouvelle me surprend. Je ne pensais pas que Mona y retournerait aussi vite, car cela doit peser lourd sur son mental.
-{...}
-J'imagine que Ian, c'est... ?
Elle me lance un regard pour m'obliger à deviner la suite de sa question sans qu'elle ait à le dire elle-même, et heureusement je comprends. Je ferme les yeux et baisse la tête sur le côté.
-Oui, c'est lui.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro