Chapitre 24 : Âmes soeurs.
Le silence s'installa dans le petit bureau aux murs immaculés. Le médecin déglutit péniblement, se rendant compte de la situation.
- « Hmmm... D'accord... Je vois... »
Raquel ne l'entendit pas, trop perdue dans ses pensées à réfléchir à tout ce qu'elle n'avait pas vu.
- « Raquel ? Raquel ? » l'appela doucement Sergio.
Son regard perdu et vide se leva jusqu'au sien.
- « Pourquoi je n'ai rien vu...? » lui demanda-t-elle d'un ton désespéré.
Il ne répondit pas. Sergio se contenta de caresser sa main de son pouce, sachant très bien qu'aucun mot ne pourrait l'aider ou lui répondre.
- « Est-il possible d'utiliser ce dossier médical pour des poursuites judiciaires ? » demanda Sergio.
- « Hmm et bien en théorie oui mais celui-ci est assez incomplet, les blessures pourraient être causées par des coups ou par des chocs causés par un accident... » expliqua le médecin.
- « Il a raison... Ils diront que ce n'est que spéculation... Et pour y croire il faudrait déjà qu'ils me croient moi... » dit Raquel bouleversée.
- « Je suis vraiment désolé de ne pas pouvoir vous aider autrement... » s'excusa le médecin.
- « Vous avez déjà fait votre maximum... Merci... » dit Raquel.
Sergio et elle se levèrent puis quittèrent le bureau. Le silence les accompagna jusqu'à la sortie de l'établissement hospitalier. Les couloirs pourtant bondés et fourmillant d'activité leur semblaient silencieux et vides tant ils étaient emprisonnés dans leur réflexion et leur désarroi. Laisser Paula seule déchirait Raquel de l'intérieur et Sergio en avait bien conscience. Il passa un bras autour de la taille de sa compagne et l'attira un peu plus contre lui. La tête de cette dernière s'apposa sur son épaule. Raquel se sentait lasse, lasse de devoir se battre sans cesse contre les ombres de cet homme, lasse de devoir sans cesse plier devant l'avis des gens, de ceux qui étaient incapables d'ouvrir les yeux sur cette réalité car ils ne voulaient pas la voir. En même temps, c'était tellement plus simple de nier l'évidence, de faire semblant que « non tout va bien il ne se passe rien elle ment ». Une réponse si rapide pour éviter les labeurs de la justice et ses difficultés parfois insurmontables. Aucun n'avait le courage de ne serait-ce que d'envisager cette possibilité. Celle qu'Alberto ne serait pas la victime mais bien l'agresseur. C'était si facile et si simple de fermer les yeux que personne ne voulait les ouvrir, mettre leur vision des choses et leur petite vie tranquille en péril pour ça leur semblait déraisonné. Raquel soupira. Même après l'avoir sorti de leurs vies, les ravages de son ex-mari était toujours là et elle en découvrait encore. Combien en avait-il sont elle ne connaissait pas l'existence ? Quand ils sortirent de l'hôpital, les cloches d'une lointaine église sonnèrent 19h00. Ils marchèrent en silence dans les rues de Madrid. Au loin, le soleil déclinait lentement vers l'horizon, parant les nuages de septembre de couleurs chatoyantes qui se reflétaient dans les yeux de Raquel. Sergio se perdit un instant dans leur contemplation. Leurs pas les menèrent devant un restaurant qu'ils connaissaient bien. Le Hanoï. La lumière chaleureuse du restaurant les enveloppa. Leurs regards se croisèrent. Une idée leur vint.
- « Ce n'est pas prudent... » dit Raquel.
- « Je sais. » répondit Sergio, un brin malicieux.
Raquel sourit. Sergio lui prit la main et poussa la porte.
- « Tu veux te faire attraper ou quoi ?! Il y a des caméras ici ! » murmura-t-elle discrètement en essayant de le retenir
Il se tourna vers elle.
- « Peut-être mais je veux te voir sourire Raquel. »
Une lueur de tristesse traversa le regard de cette dernière.
- « Comment suis-je censée sourire alors que ma fille a subi des atrocités et qu'elle est actuellement seule dans une chambre d'hôpital ? » dit-elle tristement, se détestant de ne pas être là pour elle.
- « Raquel... » l'appela Sergio d'une voix douce.
Elle releva la tête pour croiser son regard. Il replaça une mèche de ses cheveux derrière son oreille.
- « C'est pour ça que je lui ai laissé mon téléphone en partant. » dit-il.
- « Hein ?! » s'exclama-t-elle.
- « Elle ne l'a sûrement pas remarqué mais il vibrera si nous l'appelons. »
Les yeux de Raquel s'embuèrent. Elle se blottit dans ses bras, laissant s'écouler quelques larmes salées. Un sourire d'amour et de désolation se peignit sur les lèvres de Sergio.
- « Bonsoir. Vous souhaitez une table ? » demanda un homme derrière Sergio.
Sergio se retourna. L'homme sembla réfléchir un instant. Il comprit.
- « Oh. »
Il aperçut Raquel blottie dans ses bras. Il sourit.
- « Venez. J'ai une table au fond pour vous. » dit-il simplement en les invitant à le suivre du doigt.
Sergio le suivit, main dans la main avec Raquel qui avait essuyé ses pleurs. L'homme leur désigna une table de la main.
- « Merci Pablo. » le remercia sincèrement Sergio.
- « Prends juste soin d'elle. » répondit ce dernier avec un sourire sincère en lui donnant une tape dans le dos.
Il s'éloigna.
- « Il t'a reconnu n'est-ce pas. » dit Raquel, le faisant se retourner vers elle.
Sergio hocha la tête. Ils s'assirent à la table.
- « Je t'avais dit que ce n'était pas prudent... On devrait partir... » dit Raquel avec inquiétude en balayant la salle du regard.
- « Il ne dira rien. » lui assura Sergio avec un sourire rassurant.
- « Comment peux-tu en être sûr ? »
- « Il t'a donné ma lettre. Pablo se souvient de tout, il savait qu'elle était de moi mais il n'a pas appelé la police pour la leur confier alors que c'était une preuve majeure. Il te l'a donné. » lui expliqua-t-il.
- « Tu ne pouvais pas être sûr de sa réaction ! C'était un gros risque ! Que se serait-il passé s'il avait appelé la police ?! » s'insurgea Raquel.
- « J'aurai détruit le téléphone. Raquel si un jour on venait à m'arrêter ou que je suis obligé de m'enfuir, je t'enverrai un message te demandant de tout supprimer. Il ne restera aucune preuve de notre échange, on ne pourra plus rien reconstituer. Je détruirai mon téléphone et te ferai parvenir un indice pour me retrouver. Je ne te laisserai plus je te le promets. »
Raquel sourit tendrement en posant sa main sur la sienne.
- « Je suivrai tes indications à la lettre c'est promis. Prieto sait déjà que tu es en Espagne... » dit Raquel avec une pointe d'inquiétude.
- « Je sais mais il ignore où je suis. »
- « Oui mais il finira par le savoir... »
- « Alors nous nous évaderons tous les quatre Raquel. » la rassura-t-il.
- « Tous les quatre ? »
- « Oui. Toi, ta mère, ta fille et moi. Je ne laisserai personne derrière moi cette fois-ci. Il n'y a ni braqueurs à cacher, ni argent à transporter pour m'en empêcher. Il n'y a que toi et ta famille Raquel. Rien ni personne d'autre. Juste toi, Mariví et Paula. »
- « Merci... » murmura Raquel.
Il caressa sa joue avec tendresse. Leurs lèvres s'épousèrent dans un accord parfait. Ils restèrent là ensuite, à seulement se regarder silencieusement, un amour profond au fond des yeux qui illuminait la pièce entière. Pablo s'approcha d'eux. Non il ne dirait rien. Il n'y avait qu'à voir comment ils se regardaient pour comprendre la force de leur amour. Un amour inébranlable, puissant, magique, qui malgré la distance, les mensonges et les lois perdurait entre eux, chaque jour plus fort, chaque jour plus solide que le précédent. Rien ni personne pas même les dieux ou le temps ne pourraient séparer leurs deux âmes soeurs. Ils étaient ensemble pour l'éternité. Et même si un jour l'un des deux venaient à disparaître, il ne partirait pas sans l'autre. Il resterait autour de l'unique amour de sa vie, l'enveloppant de son âme protectrice pour être à jamais avec l'autre. Et quand enfin l'autre partirait lui aussi, il l'attendrait, lui tendant une main pour qu'ils partent ensemble, liés comme les deux amants qu'ils étaient. Si même la mort ne pouvait les séparer, ce n'était pas une poignée de mortels stupides qui le pourraient qu'en bien même ils posséderaient une dite autorité. Leur autorité n'était rien, juste un grain de poussière face à la grandeur de leur amour pur, simple mais complexe à la fois car oui, rien n'avait jamais été simple entre eux et jamais ça ne le serait mais à deux, ils surmonteraient tout. Main dans la main face aux épreuves de la vie, si l'un trébuchait ou tombait, l'autre le relevait. S'ils tombaient tous les deux, ils se relevaient ensemble pour faire face avec une détermination et une force à toutes épreuves. C'était si beau, si pur, si simple que personne ne pouvait le comprendre, pas même eux. Ils étaient les deux parties d'une même âme.
« Tout le monde a une seule et unique âme soeur. Et quand on a de la chance, on la rencontre. Et quand c'est fait, quand on est frappé au coeur, il n'y a plus personne qui compte. » disait Michael Connelly.
C'était si vrai. Plus personne n'existait à cet instant précis. Dans ce restaurant bondé qui pourtant grouillait de la présence d'autrui. Dans ce brouhaha incessant, rien, absolument rien ne pouvait passer les barrières inébranlables de leur bulle de sérénité et d'amour qui les entourait. Pablo sourit. Il avait été témoin de leur rencontre, de ce service qu'il lui avait rendu, de ce quiproquo qui l'avait conduit, lui, à se retrouver la tête plaquée contre le bar par elle, de leur premier dîner interrompu par son ancien collègue qui la dévorait des yeux les rares fois où elle acceptait un café avec lui, de leur premier rendez-vous, et même de ce jour fatidique où elle avait tout découvert. Et aujourd'hui, il était spectateur du plus bel amour qu'il n'est jamais vu, de leurs retrouvailles tant espérer. Pablo avait vu si souvent Raquel s'effondrer quand elle venait là, quand elle pensait que personne ne la voyait qu'il avait bien souvent craint pour sa vie, il avait détesté cet homme de faire souffrir cette femme qui avait déjà tant de blessures. Mais il avait fini par comprendre pourquoi. Puis il avait fini par remarquer que bien souvent, quelqu'un la suivait. Au début il s'en était inquiété mais Pablo avait vite fait le lien avec cet homme méthodique. Il la faisait suivre pour la protéger. Alors il n'a rien dit. Il a juste observé. Oui il savait que cette lettre rouge au nom de celle qu'il considérait maintenant comme une amie était de cet homme. De celui qui l'avait tant fait souffrir. Il avait hésité un bref instant à la lui donner. Il ne l'aurait jamais confié à la police, leur attitude envers lui quand ils étaient venus chercher les vidéos de ses caméras de surveillance lui avait suffi à les détester. Pablo avait coupé les caméras et effacé toutes les images de ce soir les montrant entrain entrer dans son restaurant, enlacés l'un contre l'autre avec amour. Il avait supprimé les images où Raquel recevait la lettre car oui il avait fini par la lui donner. Il savait que rien ni personne ne pouvait guérir son coeur brisé et son esprit torturé sauf lui. Et en les voyant ensemble, Pablo sut qu'il avait raison.
« Quand deux âmes s'appellent, l'Univers entend leur murmure et conspire à les rapprocher. » Daniel Nielsen.
« Les âmes soeurs se reconnaissent par leurs vibrations et non par leurs apparences. »
« Et ces deux âmes, soeurs tragiques, s'envolèrent ensemble. L'ombre de l'une mêlée à la lumière de l'autre. » Victor Hugo.
« Un regard et tout change. Un regard et rien n'est plus pareil... Une rencontre. Des atomes qui s'accrochent et laissent des traces indélébiles. Une vie qui sort de son orbite. » Angélique Barbérat (L'instant précis où les destins s'entremêlent.)
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¡Hola mis ángeles!
Comment allez-vous ?
J'espère que vous allez bien en tout cas moi c'est le cas.
J'espère que ce chapitre vous a plu !
Qu'en avez vous pensé ?
Je n'ai pas pu m'empêcher de parler des âmes sœurs et de caler quelques citations j'espère que ça ne vous dérange pas et que ça vous a plu tout de même 🤞❤️
Je vous ai mis la chanson All of me de John Legend en haut sur l'entête du chapitre alors pour les non-bilingues ou juste pour le plaisir je vous mets la traduction ici ! Je trouve cette chanson magnifique et elle va bien avec le couple Serquel ❤️
[Il devrait y avoir un GIF ou une vidéo ici. Procédez à une mise à jour de l'application maintenant pour le voir.]
Y'a pas quelqu'un qui veut faire un édit sur cette chanson d'ailleurs ? 😂❤️
Prenez soin de vous !
Je vous aime ❤️❤️❤️
¡Besos a todos! 💜
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