Chapitre 8
Cela faisait déjà quatre jours que Changbin était retenu par le camp du sud. Il ne voyait que rarement Chan à cause de ses occupations et parce que celui-ci voulait éviter tout soupçon sur eux, valait mieux éviter de s'attirer plus d'ennuis. Il était tard le soir, le noiraud venait de finir son dîner et attendait que le sommeil vienne.
Plus les jours passaient, plus les heures lui paraissaient longues. Il se demandait bien quand est-ce qu'il aurait l'occasion de revoir la lumière du jour et de sentir le vent frais sur sa peau. Il n'était déjà pas vraiment libre dans son pays natal, mais se sentir cloîtré comme un animal ne lui plaisait vraiment pas.
De plus, il n'avait aucun moyen de contacter Jeongin pour lui assurer que tout allait bien, qu'il était encore en vie. Chanceux comme il était, on devait déjà le considérer comme mort. Mais il ne voulait pas laisser son ami seul, lui qui n'avait jamais demandé à s'engager dans l'armée et qui ne ferait pas de mal à une mouche, du moins, la plupart du temps.
Jeongin devait bien être l'une des seules personnes en qui il pouvait avoir un semblant de confiance avec Jisung, son meilleur ami. Jisung avait eu la chance d'éviter l'armée, mais il devrait tôt ou tard faire son service militaire.
Changbin tenait beaucoup à ces deux garçons, c'est pour cela qu'il ne pouvait pas se permettre de rester loin d'eux trop longtemps. Il avait promis à la mère de Jeongin de prendre soin de lui et il comptait bien tenir sa promesse, même signifiait se prendre une balle pour lui et renoncer à son rêve le plus fou.
Jisung était le seul à être au courant de ce fameux rêve, il n'avait pas encore osé en parler avec son camarade de guerre. Après tout, il suffisait d'un seul faux pas ou un mot de trop et il se retrouvait fusillé dans un champ avec d'autres innocents qui ne voulaient que vivre.
Si ce rêve lui avait semblé inaccessible tout le long de son adolescence, le chemin qui menait à lui semblait désormais un peu mieux défini depuis qu'il avait rencontré Chan. Il ne voulait pas dire qu'il utilisait le jeune homme pour parvenir à ses fins, à vrai dire, cela ne lui avait même pas traversé l'esprit lors de leurs premières rencontres.
Mais en apprenant un peu plus à le connaître, il avait découvert un être foncièrement gentil qui ne portait pas beaucoup de jugement aux autres et surtout, qui était d'accord avec lui. Lui aussi pensait que tout ça n'avait aucun sens et comprenait la situation de Changbin sans pour autant le prendre en pitié.
Le noiraud n'avait pas encore osé parlé de son rêve au Sud-Coréen, mais plus il passait de temps avec lui, plus l'envie le rongeait. De plus, la seule chose qu'il pouvait faire en ce moment, c'était rêvé. Cloîtré dans cette galerie humide et froide, il ne pouvait que laisser son esprit vagabonder au-delà de ces parois terreuses.
Rêver était bien la seule chose que ne pouvait pas interdire la Corée du Nord, mais cela restait malgré tout très mal vu. Osez parler de vos rêves et le monde vous crachera dessus, vivez les et on vous regardera comme la pire chose au monde. La jalousie rend l'esprit faible, mais le corps fort. Et ça, Changbin l'avait compris bien assez tôt.
Mais là, il n'était pas chez lui, il n'y avait personne pour le juger, il pouvait rêver tranquillement sans trop de craintes. Et il tomba dans les limbes du sommeil sans s'en rendre compte, sa tête remplie de pagaille.
***
C'est sous le son des touches de claviers frappées que le noiraud se réveilla et quitta les bras de Morphée. Il se redressa en se frottant les yeux, un peu déboussolé et l'esprit un peu en vrac. Un frisson le prit des pieds à la tête, le froid ayant profité de son inactivité pour l'assaillir. Il mit un certain temps avant de se rendre compte de la présence d'une autre personne avec lui.
Il chassa les dernières traces de sommeil et fut surpris de voir Chan assis de l'autre côté de la grille, concentré sur l'écran de son ordinateur. Le brun n'avait toujours pas remarqué le réveil de Changbin et continuait d'écrire ses foutus rapports pour éviter de prendre trop de retard.
Le soldat s'amusa à regarder Chan travailler jusqu'à ce que celui-ci le remarque. Il n'empêchait que Changbin se demandait ce que faisait le brun ici, lui qui voulait éviter les embrouilles. Mais ce n'était pas pour lui déplaire, il ne dirait pas non à un peu de compagnie.
Chan tapa son point final et s'étira en levant les yeux de son ordinateur, remarquant ainsi le soldat éveillé.
- La Belle au bois dormant a fini de roupiller ?
- Malheureusement elle n'a pas été réveillée par un baiser.
- Ça m'étonnerait qu'on laisse ta copine venir ici.
- Qui a parlé d'une copine ?
- Tu pensais à quelqu'un en particulier peut-être ?
- Ouais... Le rat d'à côté... L'amour de ma vie cette bestiole.
Chan tira une drôle de tête avant de se mettre à rire et de mettre son ordinateur de côté. Changbin ne tarda pas à le suivre, fière de sa bêtise et surtout car le rire du plus vieux était contagieux. Une bonne partie de ses pensées sombres l'avait quitté et il se sentait chaque jour plus à l'aise avec le brun.
- Tu me brises le cœur... Moi qui espérais avoir conquis ton cœur...
- Voyons Christopher, je ne suis pas un homme facile.
- Jamais je ne me permettrais de penser cela de toi mon cher !
Chan avait pris un air dramatique, frôlant le théâtre, faisant rire une fois de plus Changbin qui était surpris de la facilité qu'il avait de plaisanter avec lui. Mais la triste réalité finit par le rattraper et sa mine s'assombrit légèrement.
Le brun remarqua bien ce changement d'attitude et arrêta à faire le pitre, un peu inquiet.
- Quelque chose ne va pas ?
- Hein ? Oh non c'est rien.
- Tu peux me le dire si tu veux...
Changbin semblait hésiter, se mordillant la lèvre.
- Je ne te jugerai pas.
- Je veux pas rester ici, je veux partir Chan
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