Chapitre 18
Minho avait donc accompagné Chan lors de la rencontre suivante, il allait enfin rencontrer deux des trois Nords-Coréens qui occupaient les pensées de son soldat. De plus, il pouvait servir d'excuse pour s'éclipser au brun qui commençait sérieusement à être à court.
Il avait encore neigé durant la nuit, rendant leur progression plus laborieuse, mais ils réussirent à atteindre le lieu de rendez-vous. Changbin et Jeongin les attendaient déjà, adossés contre des arbres du bosquet. Ils avaient tous deux relevé les yeux, mais froncèrent immédiatement les sourcils en voyant le colonel qui ne leur était pas inconnu.
Changbin serra les dents. Qu'est-ce qu'il foutait là ? Chan les avait trahis ? Allait-il mourir aujourd'hui ? Les questions fusaient dans tous les sens dans sa tête au fur et à mesure que chacun de ses muscles se tendait. Mais avant qu'il n'ait pu dire un mot, le colonel Lee sortit deux passeports de sa poche et les tendit au noiraud après un bref salut de la tête.
- Je crois que vous allez en avoir besoin... Colonel Lee Minho, je suis là pour vous aider.
Le soldat nord-coréen, crédule, lança un bref regard à Chan qui lui confirma d'un hochement de tête et un petit sourire.
- Soldat Seo Changbin et soldat Yang Jeongin. Merci pour votre aide...
Jeongin et Changbin s'étaient légèrement inclinés, plutôt soulagés d'avoir un haut gradé de leur côté à présent, ils se permettaient d'avoir un peu plus d'espoir pour quitter cet enfer. Chan, lui, s'abstint de leur dire que Minho était au courant car il n'avait pas fait assez attention, il ne voulait pas leur rajouter une pression supplémentaire et maintenant que les passeports étaient là, ils pouvaient compléter plus en détail leur plan.
Les deux Sud-Coréens avaient expliqué en détail comment utiliser les faux papiers et quels détails étaient importants à retenir pour être sûr qu'ils ne fassent pas une bourde au dernier moment. Après avoir quitté la Chine, les trois garçons seraient en sûreté, mais il ne valait mieux pas prendre de risque.
L'aide de Minho fut précieuse, et il était convenu que ce soit lui qui garderait les passeports jusqu'au dernier moment pour que personne ne les découvre d'ici là. Ils avaient enfin l'impression de voir le bout de toute cette boucherie. Même si le départ des trois Nord-Coréens ne signerait en aucun cas la fin de cette guerre inutile, c'était une touche positive qui réchauffait un peu leur cœur.
Changbin avait mis Jisung au courant et celui-ci s'était proposé d'aider à son échelle, n'étant pas enrôlé dans l'armée et son père travaillant au ministère de la sécurité d'État de la Corée du Nord, il pourrait s'avérer plutôt utile. L'idée de dénoncer les atrocités commises par ces hommes était en plus assez alléchante et Jisung n'hésiterait pas à faire couler son géniteur.
Mais il fallait aussi convenir d'une date de départ, pour qu'ils puissent fuir le plus discrètement possible. Le trente et un décembre semblait être le meilleur moment. Les soldats seraient sûrement en train de décompresser pour le jour de l'an et ils pourraient profiter de cette effervescence.
Tout le long de leur entretien Chan et Changbin ne cessaient de se jeter des coups d'œil. Ils ne s'étaient pas retrouvés seuls depuis quelque temps et ils avaient besoin de parler. Parler de ce qui commençait à s'imposer dans leurs deux cœurs, à grignoter une partie de leurs têtes malgré eux. Le lieutenant avait peur de comprendre de quoi il s'agissait, peur de ce qui pourrait arriver s'il se lançait, peur de ce qu'il pourrait regretter s'il ne le faisait pas. Mais il y a bien longtemps que Chan a arrêté d'être au service de sa tête pour laisser son cœur s'exprimer plus librement.
Il avait fini par s'allumer une cigarette, cela faisant quelques jours qu'il n'y avait pas touché et il en avait bien besoin à cet instant. Son colonel en avait profité pour lui en prendre une et Changbin avait grimacé en se rappelant de son expérience avec la nicotine. Ce n'est qu'une fois leurs cigarettes terminées que leur rendez-vous prit fin, mais Chan retient Changbin et laissa les autres s'éloigner, disant à Minho qu'il le rejoindrait plus tard.
Les deux hommes se retrouvèrent donc enfin tous les deux, dans un lourd silence. L'un comme l'autre savait exactement de quoi ils devaient parler, mais aucun n'arrivait à le formuler correctement. C'est après quelques secondes à se regarder dans le blanc des yeux que Changbin posa sa main contre la joue froide de Chan, glissant son pouce sur la cicatrice boursouflée qui décorait sa pommette.
Le brunet le laissa faire, appuyant même son visage contre sa main en quête de plus de chaleur. Il agrippa ensuite le haut de son treillis pour rapprocher Changbin de lui, le collant presque à son torse.
- La belle au bois dormant veut toujours le baiser de son prince charmant ?
- S'il peut la réveiller de son cauchemar, elle accepte sans hésiter...
Il n'en fallut pas plus pour que Chan se penche vers Changbin pour lier leurs lèvres dans un baiser plus doux que le précédent. Leurs lèvres étaient froides et abîmées, mais c'était le cadet de leurs soucis. L'autre main de Changbin rejoint la deuxième joue du plus vieux afin d'approfondir un peu plus leur échange, ne voulant pas que ça s'arrête si vite.
Chan avait passé ses bras autour de ses hanches pour le serrer contre lui, maintenant qu'il le tenait, il ne comptait pas le lâcher. Ils finirent par se lâcher malgré eux, mais ne se lâchèrent pas pour autant. Changbin avait du mal à croire ce qu'il venait de se passer, c'était la première fois qu'il embrassait vraiment quelqu'un et il avait adoré. Il avait étonnamment chaud alors qu'ils étaient en plein mois de décembre et il n'avait qu'une envie, recommencer.
Et c'est ce qu'il fit. L'hésitation avait plié bagages pour laisser place à cette petite étincelle de passion, dans l'espoir qu'elle grandisse un jour pour laisser place à un brasier étouffant mais tellement beau.
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