Chapitre 10
Chan et Minho avaient donc bien discuté la veille de la situation de Changbin et le brun avait osé exposer son avis sur tout ce qui se passait, réussissant ainsi à jouer en la faveur de Changbin. C'est donc sur les pas de son supérieur qu'il se dirigeait vers la galerie qui renfermait le soldat nord-coréen.
Il devait être midi passé, un soleil froid traînait ses rayons sur le camp et aucun assaut n'était à prévoir, pour le moment. Cela faisait une semaine que Changbin était retenu prisonnier par ses adversaires et qu'il commençait à s'ennuyer comme un rat mort à croupir dans ce trou terreux.
Son teint était devenu plus pâle depuis la dernière fois que l'astre solaire avait embrasé son visage et il se sentait un peu plus amorphe qu'au début et un peu plus irritable, la moindre fourmis n'était plus observée pendant de longues minutes, mais bien dégagée à coup de pichenette.
Alors, quand il vit le colonel et le lieutenant débarquer face à lui, il ne put s'empêcher d'aborder une mine renfermée mais resta tout de même attentif. C'était bien la première fois depuis le début de séjour qu'il avait la visite d'un membre aussi important du régiment sud-coréen.
- Seo Changbin. J'espère que votre chambre vous plaît et que vous appréciez la vue.
Chan se tendit en entendant la remarque de son supérieur, il jouait avec les nerfs du noiraud et il craignait que celui-ci n'explose, réduisant toutes ses chances de sorties à néant. Mais malgré une légère crispation de sa mâchoire, il ne tenta pas le diable et préféra même ne rien rétorquer.
- Bien. Après un entretien avec le Lieutenant Bang ici présent pour discuter de ton cas, nous souhaitons te poser quelques questions.
Changbin laissa échapper un soupir, sachant très bien que cet interrogatoire avait été délibérément retardé pour le rendre plus à cran et ainsi plus bavard.
- Qu'est-ce que vous voulez savoir ? Je ne suis qu'un simple soldat ayant intégré le régiment il y a peu. Aucun supérieur ne connaît ne serait-ce que mon nom de famille, je n'ai pas d'amis, c'est chacun pour soi. On a sûrement même pas remarqué ma disparition alors une demande rançon est inutile, je vaux même pas mille quatre cents wons, je ne fais que vider vos réserves en nourriture.
- Alors pourquoi rôder autour de notre camp ?
- Je vous l'ai dit, c'était pour un camarade.
- Pourtant tu viens de dire que tu n'avais pas d'ami et que c'était chacun pour soi.
Changbin se mordit la lèvre face à cette constatation, il ne voulait pas montrer de faiblesse devant le colonel et sans le vouloir, son ami, Jeongin, en devenait une. Il se devait de trouver une parade pour ne pas se faire avoir par ce serpent qu'était Lee Minho, du moins, de son point de vue.
- Si je n'avais vraiment personne sur qui m'appuyer, je pense que j'aurais quitté ce monde depuis bien longtemps.
- Je vois.
Entendre les paroles de Changbin fit frissonner Chan. Il se rendait compte que la vie du noiraud ne tenait qu'à un fil et que si celui-ci était rompu, il n'hésiterait pas à mettre fin à son existence sur Terre. Inconsciemment, Chan espérait devenir l'un de ces fils qui le maintenait à la surface de cette tempête. Que perché sur son petit bateau d'espoir, il lui évitait de sombrer dans les abysses. La vie est loin d'être un long fleuve tranquille.
Minho avait soupiré, coupant court aux pensées de Chan et se tourna vers lui avant de lui donner un jeu de clés. Il entama un demi-tour avant de s'arrêter.
- Tu sais ce qu'il te reste à faire Chan.
Le colonel finit par quitter totalement la galerie sous le regard curieux de Changbin et celui légèrement surpris de Chan. La décision de Minho n'était pas si étonnante que ça même si en tant normal, ce n'était pas vraiment acceptable. Mais les règles existent pour être contournées n'est-ce pas ? Quand plus rien n'a de sens, on finit par faire ce qui nous semble le plus juste.
Chan tira un sac qui était planqué derrière des caisses depuis le début et le posa juste devant le grillage avant de choisir la bonne clé et de l'insérer dans le cadenas. Il tira un peu sur la grille qui finit par s'ouvrir et s'écarta de l'entré en faisant signe à Changbin de sortir. Le noiraud hésita un peu avant de quitter la cellule, se mettant juste à côté du brun, ne sachant pas trop à quoi s'attendre.
- Dans ce sac il y a toutes tes affaires, je te le donnerais seulement quand on sera à la frontière. En attendant je vais devoir te bander les yeux le temps de quitter le camp pour éviter que tu repère le chemin. Même si entre nous, je pense que je peux te faire confiance...
Changbin avait légèrement souri, il comprenait que pour éviter d'éveiller les soupçons, ils se devaient de respecter un minimum le protocole. Alors, il laissa Chan lui bander les yeux et le guider à travers le camp et les chuchotements des autres soldats.
Ses pieds rencontraient des racines par moment, le faisant trébucher sans aucune grâce. Mais la main ferme de Chan le rattrapait toujours, lui évitant une chute ridicule dans la terre humide. Même s'il ne pouvait pas le voir, il sentait les rayons du soleil lui caresser agréablement la peau pour la première fois depuis des jours. Même le picotement de la bise hivernale lui paraissait moins dérangeant qu'auparavant.
Leurs pas faisaient craquer les feuilles mortes et les branches, c'était le seul bruit qui résonnait autour d'eux, n'ayant pas forcément de sujet de discussion sur le moment. Changbin essayait de ne pas s'étaler au sol et Chan de le guider au mieux malgré les nids de poules camouflées un peu partout.
Ils finirent par arriver à leur lieu de rendez-vous habituel et Chan retira enfin le bandeau des yeux du noiraud qui fut dans un premier temps ébloui par la lumière du jour. Il était encore assez tôt et un léger brouillard rodait dans les environs, rendant le lieu plus morbide qu'il ne l'était déjà.
Le lieutenant sud-coréen laissa tomber le gros sac qu'il portait au sol et laissa le soldat se revêtir de ses équipements, toujours sans un mot. Chacun avait la tête ailleurs, leurs pensées vacantes, l'esprit libéré dans différents recoins de leur tête. Dans ces conditions, l'esprit était bien la seule chose qu'ils avaient de libre alors dès que l'occasion se présentait, ils n'hésitaient pas à lui ouvrir les portes vers un monde meilleur, un monde idyllique qui n'était possible que dans les rêves d'enfants.
Changbin avait finalement réussi à tout remettre à sa place, notamment le couteau de sa botte. Mais juste avant de prendre la route jusqu'à son propre camp, il glissa un petit papier froissé dans la main de Chan et finit par partir comme un voleur, avec un simple sourire en guise d'au revoir.
Chan l'avait regardé filer entre les arbres avant de déplier le papier et de sourire doucement.
Lieutenant, vous êtes sur la bonne voie pour découvrir ce qui se cache dans la tête de votre soldat...
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro