Chapitre 5 : Luxure et sentiments.
— Eh bah, quelle activité, Général ! s'extasia un démon inférieur. Je n'ai jamais rien senti de tel !
Pour une fois, le démon laissa passer ce genre de commentaires au sein de sa troupe, préférant porter son attention sur les divers effets que sa partie de masturbation avec Yelena avait provoqué. Les mortels étaient encore plus déchaînés ce soir qu'une nuit de nouvel an après l'autorisation de la vente d'alcool pour les tout jeunes adultes. Jamais la dose de sexe dans un quartier n'avait été aussi forte, et cela... juste parce qu'il s'était laissé aller avec une saloperie d'être céleste.
Vraiment consternant. Le noiraud traversa quelques rues pour regarder les dégâts à sa guise, sans prêter plus attention que ça aux démons qui l'entouraient et qui étaient chargés de lui faire un rapport sur la situation. Les effets de la luxure avaient implosés, rendant les hormones des mortels plus torrides, plus fous et plus aventureux. Le seul point légèrement vexant pour les entités les plus tordues était que toutes les relations sexuelles étaient consenties. Pas de statistiques de viols voltigeant à hauteur d'ange n'étaient recensées. Ce qui, en général, accompagnait un excédant de luxure tel que celui qui était observé ce petit matin. Mais non.
— La bonne nouvelle, c'est qu'on ne risque pas d'attirer l'attention de ces putains d'anges ! ricana un démon.
Azazel cligna des yeux, et se retint de faire la moindre remarque. Certes, l'absence de relations forcées étaient un atout, car les êtres de lumière n'allaient pas se douter que quelque chose d'étrange s'était produit cette nuit. D'un autre côté, le désir fulminant dans cette partie de la ville était causé par un ange, alors il préférait ne pas se positionner sur la question. J'aurais préféré me mettre sur elle.
À cette pensée, bien trop sulfureuse pour être contrôlée, Azazel fronça les sourcils. Il ne ressentait rien pour la pétasse blonde qui était venu lui casser les couilles la nuit dernière. Rien, si ce n'est un profond agacement, et la haine millénaire qui l'accompagnait depuis trop longtemps pour être dissoute. Cette maudite femme aux courbes d'enfer et au regard volcanique violacé n'aurait pas raison de ses fantasmes les plus sombres.
Quoi que... imaginer l'ange dans les positions les plus humiliantes eut soudain raison de sa rancœur. Un désir fulgurant traversa sa colonne vertébrale et alla se nicher dans le creux de ses reins. Perturbé, le démon redressa la tête et se mit à s'intéresser un peu trop près aux dires de ses pairs. La réaction charnelle qu'il venait d'éprouver n'était pas normale, mais pour l'apaiser, il valait mieux l'ignorer. Faire comme si cette salope de blonde bien foutue n'existait pas.
— On va pouvoir rentrer plus tôt, grâce à toi, Az ! ricane Métis, un démon de la paresse.
Azazel tourna la tête vers le groupe de démon qui venait de les rejoindre, pour retourner en enfer. Le noiraud adressa un grognement pour toute réponse à ses camarades, pas bien ravi de les croiser.
— Qu'est-ce que tu fous déjà là ? marmonna-t-il. Tu n'es pas censé t'assurer que les mortels se rendorment après leur réveil ?
— Grâce à toi, je n'ai même pas besoin de faire ça, sourit grandement Métis. Ils se sont tous tellement défoncés au sexe qu'ils ont pris un jour de congé ! Félicitations, mec !
Azazel fronça les sourcils. Une telle effervescence dans le monde des mortels était anormal. Il n'imaginait pas que ses déboires avec un ange – beurk – puisse avoir cet effet. Ou beaucoup de démons, pour éviter le bannissement, aurait franchis l'interdit et précipité ces créatures en enfer, quitte à risquer la malédiction ultime.
— Tu me dois un service, décréta Azazel.
— Regardez qui ne perd jamais de vue ses intérêts, siffla Métis. Quel connard tu fais. Tu peux aller te faire foutre, même si je suis bien heureux de rentrer plus tôt.
Connard ! L'insulte résonna dans son esprit, mais avec une autre voix. Des yeux violets furieux se posèrent sur lui, et une chaleur intense embrasa ses reins. Sans rien répliquer, laissant ses camarades se charger de la conversation, Azazel les suivit jusqu'au portail de l'enfer. D'accord, il y avait décidément quelque chose qui ne collait pas : le démon avait une érection rien qu'en pensait à la haine brûlante de Yelena. La manière qu'elle avait de serrer les poings, de le fusiller du regard, de tendre sa tête légèrement en avant comme si elle avait mordre sa peau pour en retirer la vie... tout était d'une sensualité scandaleuse. Alors qu'elle était un ange. Cette pétasse était un putain d'ange !
— Je vois que tu es en forme, finit par commenter Métis en haussant un sourcil. Même toute la nuit à faire des galipettes, tu trouves encore le moyen de chopper la gaule ? Il va falloir que tu me passes ton secret, mec.
— Fait ton travail.
— Ha ! Bien essayé.
Azazel n'écouta pas le reste des conversations, et préféra traverser le portail en respirant le plus tranquillement possible. Non, le souvenir agaçant d'une petite blonde ne pouvait pas lui faire autant d'effets. Il n'était pas un débutant, merde ! Cette immortelle devait lui avoir fait quelque chose, pour le punir de l'avoir blessé. Rien qu'à cette hypothèse, le démon eut un léger sourire. Qu'il perdit bien vite. Bordel, il faut vraiment que je fasse quelque chose.
Sitôt traversé le portail de pierres dans un mur quelconque d'une ruelle en bordure de la ville, l'homme précipita ses pas dans l'un des bars de la ville souterraine. L'enfer était situé sur le plan inférieur du monde ; il était protégé par des roches magmatiques. Toutes les constructions étaient en fers forgés, qui serpentaient et s'articulaient d'une manière artistiquement dérangeante. Les voûtes souterraines étaient éclairées par les rivières de laves rouges et brûlantes qui claquaient la croûte de la terre. Au centre se trouvait le Pandémonium, l'endroit où se réfugiaient les démons pour commettre les pires péchés – et dormir, occassionnellement. Sept tours pour sept transgressions, chacune spécialisé dans un domaine, avec ses occupants et ses activités. Et au centre, les châtiés. Ceux qu'on exposait comme des exemples pour supprimer l'envie à quiconque de se défaire de l'autorité suprême et tyrannique du maître des lieux.
Autour de ce Pandémonium se trouvait les entrailles de l'enfer. Les démons sinuaient entre les habitations plus modestes et les différents bars et boîtes de nuit qu'ils réussissaient à bâtir entre les failles de magma. Azazel avait l'habitude d'aller dans l'une d'entre elles, l'Apple, pour recueillir des informations, se détendre ou prendre des nouvelles sur le monde des mortels. La plupart des démons y vivaient en intermittences, et servaient de relais entre le Pandémonium et les responsables de la plupart des catastrophes sur le plan terrestre.
Cette nuit, Azazel se mit en quête d'une personnalité particulière, qui le trouva avant lui.
— Tu viens fouiner une nouvelle âme à empaler, Az ?
Le noiraud sourit légèrement et tourna son regard vers le démon de la curiosité. Mate, des cheveux mi-long brun et des yeux profond noir à la pupille mauve, Méragogue était l'une des pires créations de l'enfer. Trop curieux, toujours au courant de tout, muet comme une tombe au moment de partager ce qu'il savait, c'était l'un des infernaux les plus prolifiques pour les arnaques au marché. Il avait fait tomber des villes entières rien que grâce à un mot chuchoté à l'instant de passer un accord, ou des doigts croisés au moment de sceller une alliance. Un vrai connard. Mais un connard qui était utile pour les intérêts des pécheurs.
— J'ai besoin de ta sale banque d'information, crétin.
Méragogue sirota pensivement son verre, puis conduit le démon supérieur jusqu'aux étages de la boîte de nuit, plus calme et surtout à l'abri des oreilles indiscrètes. Une fois confortablement installé sur les canapés violets du salon, l'inquisiteur commença son interrogatoire.
— Pourquoi tu fais la gueule ?
— Je ne fais pas la gueule.
— Tu te fous de moi ? Tu regardes partout comme si tu t'attendais à trouver la peste.
— Il y a trop de choses violettes, ici, grogna Azazel.
— Pardon ?
— Rien.
Le noiraud se laissa enfin tomber dans l'un des canapés en soufflant. Il prit un verre qu'il remplit généreusement, puis le descendit d'une traite. Méragogue observa en silence son camarade, pensif.
— Qu'est-ce que tu regardes ? gronda Azazel.
— Toi. Tu es bizarre.
— Je ne suis pas venu ici pour demander l'aide d'un psy, putain, claqua Azazel en passant sa langue sur ses lèvres.
— Ce n'est pas non plus ton genre de venir demander des services.
— Alors ferme-là et profites-en. Tu voudrais peut-être que j'aille voir ailleurs ?
Méragogue haussa les épaules en terminant son verre, le tendant au noiraud pour se faire resservir.
— Tu ne trouveras pas meilleur fournisseur que moi. Alors ? C'est quoi, ta demande ?
— Il me faut des infos sur un putain d'ange.
Le démon de la curiosité haussa les sourcils, étonné.
— Un ange ?
— Ne me fais pas répéter, c'est assez énervant comme ça.
— C'est bien la première fois que je t'entends parler de ces poulets plumés.
— Une poulette, en l'occurrence.
Un sourire amusé étira les lèvres du brun.
— Tiens donc. Et elle est comment, ta poulette ?
— Agaçante. Braillant pour tout et rien. Sûre de sa supériorité et franchement ridicule.
— Ça, c'est le cas de tout les perchés, rétorqua Méragogue. Autre chose ?
— Elle a les cheveux blonds, des yeux mauves et des ailes blanches piquées d'or. Elle s'appelle Yelena. Une vraie pétasse. Je veux savoir tout ce qu'on peut d'elle.
— Ce n'est pas un ange supérieur ?
— Non, même pas.
— Alors c'est encore plus inhabituel, conclut l'immortel en se redressant. Az, sérieusement. Tu ne viens jamais me demander quoi que ce soit sur les putains de là-haut, et là, soudainement, je dois te trouver des informations sur l'un de leurs sous-fifres ? Tu ne veux pas que je commence par des archanges, plutôt ? C'est plus facile de se renseigner sur eux.
— Je ne veux pas un archange, je veux cette femelle, siffla Azazel. Et si c'est trop difficile pour toi, je vais voir ailleurs.
— Menteur. Tu aurais trop honte qu'on sache que tu cherches des informations sur cette caille. Elle est bonne à regarder, au moins ? se moqua le démon.
L'absence de réponse lui en dit suffisamment. Il en lâcha ses pensées.
— Putain, t'es dans la merde.
— Ouais, je sais, râla le noiraud. Alors trouve— moi vite de quoi cette connasse est faite, que je puisse savoir à quoi je me suis frotté.
Méragogue ne saisit pas l'allusion, mais comprit que quelque chose d'inhabituel se produisait.
— Et tu comptes faire quoi, pour ta queue ? La laisser irradier toute la nuit ?
— La ferme, siffla Azazel en se relevant. Je me casse. Préviens-moi quand tu as du nouveau.
— Je te tiendrais au courant, acquiesça l'autre en le regardant partir. Bonne chance avec Crew !
Azazel grogna en sortant de l'Apple. Crew était le diminutif de Crewanyne, une démone de la luxure avec qui il avait l'habitude de passer des nuits lorsqu'elles étaient trop longues. Elle lui permettait aussi de se décharger lorsque son humeur était trop forte pour travailler. Il allait bien avoir besoin de ses services après cette nuit.
Une fois arrivé dans sa suite, située dans les étages de la tour principale du Pandémonium, Azazel ne fut pas surpris d'entendre quelqu'un toquer à la porte. Il avait à peine retiré son haut que la démone s'introduisit dans sa chambre, un sourire en coin sur ses lèvres pleines. La peau blanche, de longs cheveux bouclés auburn, des yeux orange... le physique typique d'une démone de la luxure. Un corps aux courbes voluptueuses qui faisaient renâcler tous les mortels qui croisaient sa route.
— Bonne nuit ? dit-elle en guise de salutation.
— Longue.
Pour beaucoup de raisons. La démone rit, mais le son de sa voix n'eut aucun effet sur Azazel. Avec le temps, l'homme avait pris l'habitude de l'aura et l'odeur corporelle de la femme, aussi n'avait elle pas le même effet sur lui que sur ses proies. Mais, pour la première fois, il ne sentit pas l'excitation du désir monter en lui. Tout restait assez plat, malgré son envie évidente de passer à l'action.
— Tu ne préviens même plus quand tu passes, lui reprocha Azazel.
— Tu veux qu'on se fasse chier avec des préliminaires ? s'étonna la rousse. On a une réunion dans quelques heures, je me dois d'être prête à temps.
— Tu le seras.
Elle haussa un sourcil et fit la moue, pas convaincue.
— Eh bien, il serait temps de t'y mettre, mon gars.
— Comment...
Le démon baissa les yeux sans terminer sa question. La connasse. Son membre n'était plus du tout parcouru par la colonne de luxure qu'il ressentait encore quelques minutes plus tôt. La coupable ? Elle était toute trouvée : la putain d'ange de pureté. Azazel l'accusait presque avec de véritables raisons : les anges de pureté prônaient une relation sincère, consentante et remplie de fusion. Ce qui incluait une autre notion tout aussi barbante : la fidélité. Je ne vais quand même pas devenir abstinent à cause d'elle ? Il ne l'espérait clairement pas. Cela dit, la blonde avait déjà démontré la manière qu'elle avait de dédaigner ses habitudes : avec le putain de consentement.
— Il semblerait que tu aies une panne, s'amusa Crew.
— Ta gueule.
La rousse s'approcha de lui, intensifia son humeur – au plus grand agacement d'Azazel – mais le résultat ne changeait pas. Curieuse, elle pencha la tête et observa le membre définitivement fermé à ses avances.
— C'est la première fois que je te vois dans cet état. Je pensais vraiment que ça ne pouvait pas t'arriver, pas à toi.
— La ferme. Va te préparer pour la réunion, tu vas être en retard.
— Il semblerait que ce soit mon seul choix, oui, rigola la rousse. Si tu parviens à te reposer d'ici là... fais-moi signe. Tu sais où se trouve ma chambre !
Frustré, Azazel jeta une dague dans la direction de la femme lorsqu'elle disparut dans un gloussement trop heureux. Elle était amusée de le voir dans une telle situation, lui qui n'avait jamais faillis à son devoir depuis sa chute. Il fallait évidemment que ça tombe après qu'il eut fait l'erreur de se frotter au paradis ! Il savait pourtant ce que ça faisait de côtoyer des êtres purs : on en récoltait la poisse.
Pour le coup, il ne pouvait pas moins bien tomber. Même après plusieurs heures à essayer de faire autre chose, puis de revenir à ses activités, le démon en revenait au même constat. Il était incapable de bander... sauf en pensant à cette pétasse d'ange.
— Putain de merde !
De rage, il balança son poing dans le mur. Un trou perça le béton qui recouvrait l'intérieur de la chambre, craquant le papier peint rouge. Les dents serrées, Azazel envoya un message clair à Méragogue sur l'urgence de son enquête. Il allait tout savoir sur cette immortelle, et le plus vite possible !
De : Azazel.
À : Méragogue.
« Dépêche-toi de me déplumer cette caille, ou je vais m'assurer que tu ailles caqueter sur la place publique comme exemple. »
NDA : Bonjour chers infernaux ! J'espère que vous allez bien. Votre rentrée s'est-elle bien passée ?
Ce chapitre vous a-t-il plu ? N'hésitez pas à commenter et à voter si c'est le cas ! Je serais ravie d'échanger avec vous (même quelques temps après les posts des chapitres). N'hésitez pas à me faire signe !
- White.
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