Chapitre 2 : Soif de sang.
Azazel tourna son regard vers le démon inférieur qui venait de l'apostropher. Les putains du ciel venaient de dérouler sur le champ de bataille, et il observait avec attention leurs ailes aveuglantes se frayer un chemin dans les couloirs rocheux.
— Un ange est prêt à être piégé, Général !
Le démon retint un sourire et se releva de son siège. Il était à la lisière des affres infernales, mais pour piéger l'un de ces sous-fifres, il pouvait bien faire un effort. Les démons sous son commandement s'écartèrent en s'inclinant sur son passage. Dominant ses troupes de son mètre quatre-vingt-dix, Azazel méritait largement sa place de Général Infernal. Ses longs cheveux noirs fins traînaient dans son dos, ses cornes hautes et légèrement recourbées augmentaient sa stature, et ses yeux vert d'eau glacé statufiait quiconque les croisait.
— Où est-il ? gronda sa voix rauque.
— Elle est à l'ouest, Général ! Elle se fait entourer par les parasites !
Ha ! Un « elle », en plus. Impatient de voir le carnage qui allait se produire, Azazel pressa le pas jusqu'à l'endroit indiqué, en se fichant bien d'être repéré ou non. Les vagues successives de parasites qui volaient autour de lui tiendraient occupés ses ennemis. Suffisamment en tout cas pour qu'il ne craigne pas leurs ripostes de sitôt.
Les grognements sourds, les cris aigus et les déchirements de chaires parvinrent bientôt à ses oreilles. Une douce mélodie à laquelle se mêlait un souffle inconnu, un frottement de l'air contre des ailes pures qui le débectaient. Azazel resta prudemment entre les roches, alors que son regard découvrait le spectacle qui se jouait devant lui.
Une putain d'ange de pureté. Un bordel de corps parfaitement musclé, une peau fraîche et lisse, des cheveux qui fouettaient l'air au rythme des mouvements acérées. Le démon regarda un instant l'ange se débattre sans flancher. Elle n'avait pas peur, non. Son visage de poupée avait un masque de sauvagerie qui saisit le déchu sur le vif. Ses jambes galbées donnaient des coups qui faisaient reculer même les parasites les plus robustes. Sa lance coupait, tranchait, empalait les assaillants sans aucune hésitation, comme s'ils étaient faits de papier. Pour avoir participé personnellement sur la substance de ces choses, Azazel savait que leur épiderme était d'une dureté avoisinant le cuir. Malgré sa stature de ballerine, la petite peste parvenait à user de la force. Une force qui lui était donné par son pouvoir angélique, et qui aidait ses actions à être dénuées d'autre chose que de ses intentions. En l'occurrence, sa volonté de détruire n'était pas infestée par la compassion.
Le démon ne fit pas un bruit et la regarda décimer ses troupes en serrant les poings. Ses yeux se plissèrent de colère. Comme toujours, les anges étaient magnifiques, parce qu'ils obéissaient sagement aux règles. Les rancœurs des millénaires qui s'étaient écoulés ne s'apaisaient pas dans le cœur de l'immortel, tout comme les anges ne pardonnaient pas ceux qui avaient osé se rebeller. Azazel attendit patiemment que sa proie se fatigue, ce qui ne tarda pas à arriver. Malgré tout l'entraînement et toute la plastique de son putain de physique, la femme finit par haleter plus fort et riposter moins vite.
Décidant de s'occuper personnellement de son cas, l'homme donna l'ordre silencieux de laisser l'endroit tranquille. À force de projeter tout autour d'elle, l'être céleste avait fini par créer une sorte de cratère autour d'elle. Pas suffisamment grand pour qu'on le remarque de loin, mais au moins pour créer un espace dans lequel se défendre. Probablement avait-elle fait craquer la roche en s'abattant comme une barbare au milieu des parasites.
Azazel en était là dans ses réflexions lorsque la blonde empala triomphalement sur sa lance un dernier adversaire, le levant en l'air et le regardant avec la haine de l'orage. Le sang purulent et noir de la créature éclaboussa sa joue et goutta sur sa poitrine. Elle le dédaigna d'un geste dédaigneux, et le corps s'abattit sur un rocher à un mètre à peine. Moqueur, Azazel applaudit lentement l'exploit. Aussitôt, la guerrière se tourna vers lui, lance devant, prête à en découdre.
— Félicitations, dit le démon avec un sourire suffisant. Tu pourrais tourner dans le prochain film d'action humain.
L'ange plissa les yeux et empoigna sa lance plus fermement. Elle reconnaissait probablement son visage, puisqu'il était le général qui conduisait toutes les batailles infernales. Et, si jamais elle avait encore un doute, le pouvoir particulier d'Azazel eut tôt fait de lui rappeler l'essence de sa nature : des vagues de sombres se déployèrent dans son dos, à la place de ses ailes. Un goût particulier fumait l'essence de sa noirceur : la luxure caressait doucement l'air, tentatrice et rampante, gagnant peu à peu le corps de la jeune femme et lui rappelant qui elle avait en face d'elle.
— Tu es celui qui commande cette attaque ?
Azazel lâcha un rire moqueur. Le souffle de son pouvoir glissa un frisson dans le dos de Yelena.
— Je ne parle pas aux femmes de tactique, pétasse. J'attendrais de rencontrer ton commandant pour me livrer à un combat épique.
Ladite femme releva d'autant plus sa lance, et se mit en garde. Manifestement, elle souhaitait revêtir le casque dudit commandement.
— Ta sale gueule damnée n'en vaut pas la peine. Retourne dans ta tombe ou c'est moi qui t'y renvoie.
Le démon la fusilla du regard. Les deux créatures commencèrent à se tourner autour en se jaugeant l'une et l'autre. Leurs pouvoirs se mêlaient d'une désagréable manière.
— Avec quoi ? siffla-t-il. Ton arme à l'ancienne ? Tu as jeté un coup d'œil aux dernières inventions humaines, depuis deux miles ans ? Tu sais te servir de ton cure-dent, au moins ?
— Ta vision te fait plus défaut que ton esprit corrompu si tu me poses sérieusement cette question.
— Je te laissais une chance de reconsidérer ta bêtise, sourit sombrement le démon. Avant que tu ne fasses preuve de... de quoi, déjà ? Ah oui ! De démesure. Tu n'aimerais pas que ton cul se retrouve sur mes cuisses en enfer, non ?
— C'est ton discours qui est démesuré. Tes péchés empestent l'air et me dégoûtent !
— Tu as raison. Ta dévotion n'en mérite pas tant.
Yelena sauta sur Azazel pour lui porter le premier coup tandis que celui-ci matérialisait une dague d'une main pour la contrer, se servant d'une autre pour l'atteindre à la poitrine. Les yeux dans les yeux, se vouant une haine farouche, les deux entités commencèrent à échanger les passes, métal contre métal, insultes pour insultes. La haine originelle qui liait leurs camps respectifs nourrissait leurs ardeurs, remodelait leurs forces, entretenait leur fougue. Yelena répondait tout aussi virulemment qu'Azazel attaquait.
— Tu n'es qu'une putain d'erreur de la création ! vociféra la blonde. La déchéance était encore trop clémente pour toi, il aurait fallu que tu sois radié !
— Regardez qui ouvre sa grande gueule, maintenant que les masques sont tombés ! ricane le noiraud. Les anges ne se font pas tirer les plumes, quand ils disent un gros mot ? Tu veux que je me charge de te couper les ailes ?!
— Ta jalousie imprègne ton être, siffle Yelena. Si tu avais été plus droit, tu aurais pu garder les tiennes, et tes plumes ne seraient pas en train de pourrir dans les entrailles de la terre !
— Arrête de l'ouvrir sur tes grands principes, je sens que tu es aussi pourrie que moi ! Tu crois que tu peux résister à de sombres désirs parce que tu as des plumes blanches comme une vierge ?!
— La pureté de mon âme mérite d'être sauvée ! Je n'ai pas été abandonnée pour ma faiblesse d'esprit, moi !
Azazel répondit pas un hurlement de rage et le combat reprit de plus belle. D'une danse mortelle et effrénée, les immortels continuèrent de s'amocher. Aucun des combats alentours n'avait d'importance, désormais. C'était l'ange contre le démon, le Bien contre le Mal, l'obéissance contre la rébellion. Les créatures sombres des enfers passaient à côté d'eux sans leur prêter attention, les anges de la garnison échangeaient les ordres et les positions pour ralentir les parasites dans leur course. Le supérieur de Yelena la cherchait, furieux de ne pas la trouver avec de ses camarades.
— Où est Yelena ?!
— Là-bas, Monsieur !
Le regard de Mériah se porta dans l'arène que créaient les coups des deux opposants.
— Rah putain, fais chier !
Il s'envola immédiatement au secours de son soldat, qui par sa bêtise était restée seule en territoire démoniaque. Le portail était trop loin pour que Yelena sache quelle était la situation, mais son but n'était plus de défendre les mortels : c'était de détruire l'immortel.
— Je vais te renvoyer d'où tu viens, et en pièces ! ragea-t-elle.
— Avec ta pauvre arme à l'ancienne, ça m'étonnerait que tu arrives à faire quoi que ce soit, nargua Azazel.
Il lui donna un coup de pied dans le ventre qui lui coupa le souffle, puis un autre dans l'épaule qui la déstabilisa suffisamment pour la faire reculer. Loin d'avoir dit son dernier mot, et malgré les mouches qui dansaient devant ses yeux, l'ange réempoigna sa lance pour une nouvelle offensive. Azazel transforma sa dague en arme à feu, et tira. Yelena écarquilla les yeux et son souffle se coinça dans sa gorge. Ses yeux s'écarquillèrent alors que l'autre lui fit un clin d'œil.
— Voilà un petit goût de l'évolution, ma belle.
La blonde se laissa tomber à terre. Un élancement sourd irradiait sous sa peau, dans sa chair, pour la première fois. Elle n'avait jamais expérimenté une blessure de ce genre auparavant. Du sang coula de sa plaie et forma rapidement une flaque rouge sur son trapèze gauche. La balle s'était longée dans son tronc brachio-céphalique veineux, et la perte de sang lui faisait tourner la tête. Le pouvoir d'Azazel profita de cette faiblesse pour s'immiscer dans son corps. Le désir était tout aussi ravageur que la balle, et créait des sensations si fortes qu'elles en devenaient inconfortables. Elle s'écrasa au sol, les ailes convulsant. Un hoquet de douleur sortit de sa gorge. Fasciné et affamé de ce spectacle pathétique, Azazel la regardait se vider de son sang. Ses yeux avides avalaient l'agonie de son ennemie sans flancher, profitant de cet état de faiblesse pour se repaître de la corruption qu'il faisait naître en elle. Même sa pureté ne pouvait résister à l'envie du péché.
— Yelena !
Le démon releva la tête et vit le commandant angélique se précipiter sur eux. Quel dramatisme. Il lâcha un petit rire avant de disparaître, entouré par ses ombres, laissant seule et à la merci des parasites la femme à terre. Elle tentait tant bien que mal de compresser la plaie, mais sans aucune idée de la manière dont elle avait été blessée, elle ne pouvait pas faire grand-chose. Les créatures infernales se précipitaient sur elle et commençaient déjà à ronger le bout de ses ailes.
Mériah jeta une gerbe d'énergie pure juste à côté de son visage, aveuglant la blonde et faisant fuir dans d'atroces cris les créatures des enfers. Il prit la jeune femme dans ses bras et s'envola d'un coup de pied ferme dans le ciel, rappelant les autres anges à sa suite. Une poignée de parasites venaient de débarquer sur le plan terrestre, les derniers sur le champ de bataille furent décimés d'une vive lumière blanche. Des bombes angéliques, compris difficilement Yelena. Elle aurait dû écouter les recommandations de son supérieur avant de se précipiter tête baissée dans la mêlée. Il était trop tard pour avoir des regrets, et de toute manière, la douleur eu raison de sa clarté d'esprit. Sentant la mort approcher, elle ferma les yeux alors que l'air glacé du plan supérieur balayait froidement sa figure.
NDA : Voici le deuxième chapitre ! Qu'en pensez-vous :3 ? Comme vous l'avez constaté, cette histoire est à double point de vue.
N'hésitez pas à commenter et voter si le chapitre vous a plu !
- White.
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