Chapitre 2 : Envahissement intime.
« T'es vraiment un enculé. »
« Pourquoi tu continues de me parler ? T'as rien d'autre à foutre dans ta tour des dix mille en manque ? »
« Vas-y, continue de fantasmer sur ce corps que tu n'auras jamais. Tu en cauchemardes, j'espère ? »
« Ouuuh, encore une érection que tu ne sais pas satisfaire. Tu veux que je t'aide avec des émojis doigts d'honneur ? »
« Pour te planter, le plus efficace, c'est quoi ? Que je te mette une dague entre les pectoraux ou que je fasse remonter ta balle le long de ton rectum ? »
Azazel relisait les messages qu'il avait échangés avec Yelena, un sourire en coin aux lèvres. L'ange était drôlement douée dans le jeu de la provocation et de la séduction. Elle savait parfaitement comment flirter sur le tempo de la provocation, et il était certain qu'elle adorait ça autant que lui. Leurs conversations étaient épicées, remplies d'une colère familière, et teintée par l'interdit du désir. C'était encore plus excitant que de regarder les strip-teaseuses faire un show juste pour lui dans la salle privée de l'Apple.
— Azazel, tu mates ton meilleur porno ou tu consultes ton compte en banque ?
Le démon releva les yeux de son écran et remarqua enfin que tous les regards étaient braqués sur lui. Ils étaient en pleine réunion pour un projet de parasites. Asmodée n'appréciait pas particulièrement que l'un des intervenants préfère regarder un stupide appareil plutôt que d'écouter sa glorieuse voix.
— Si on t'emmerde, tu peux aller faire un tour sur l'échafaud, râla ce dernier. Histoire de te remettre les idées en place.
— Essaye plutôt de faire court et intéressant, ça m'évitera peut-être de devoir me distraire, rétorqua Azazel.
Le noiraud croisa les bras alors que les pupilles incendiaires du démon de la Luxure se braquaient sur lui. Un instant passa durant lequel personne n'osa respirer, puis Asmodée soupira et reprit sa présentation. Tout le monde n'avait pas laissé tomber aussi facilement que lui la raison du comportement étrange de l'homme.
— Tu as trouvé une nouvelle partenaire ? risqua Métis en haussant les sourcils.
Azazel le fusilla du regard, et se retient bien de lui faire remarquer que ce n'était pas ses affaires. Il serait bien capable d'insister encore plus si c'était le cas, pire, de fouiller et demander à ses espions de trouver ladite partenaire. Aucun de ces scénarios n'était acceptable, aussi l'immortel garda le silence. Asmodée, trouvant là une occasion parfaite de le mettre dans une position inconfortable, n'eut soudainement aucun mal à laisser tomber ses papiers.
— Tiens donc, un nouveau sextoy ! Pourquoi, les précédentes avaient la chatte trop lâche ?
— La dernière que je t'ai envoyé n'avait pas réussis à te séduire, en tout cas, ricana Métis. Alors qu'elle était sacrément bien gaulée.
Azazel roula les yeux et garda ses bras croisés, sans pour autant répondre aux commentaires graveleux de ses congénères. Crewanyne, de l'autre côté de la table, ne cachait pas sa moue déçue, mais ne fit pas de commentaire. Elle avait serré les mains devant elle. Sa fierté avait été probablement blessée d'apprendre qu'elle était remplacée, et que l'envie de l'humilier en dénonçant son impuissance devait démanger son orgueil. Elle resta silencieuse, ce qui était tout à son honneur.
— Tu attises notre curiosité, grinça Métis devant le silence du noiraud. Alors ? T'as enfin trouvé qui supporte tes humeurs ou tu as développé une attirance particulière pour les appareils électroniques ?
— Un nouveau péché interdit, sourit grandement Asmodée à cette idée. Être attiré par les ordinateurs et les IA. C'est tellement dans l'air du temps humain... la réunion va en rester là. Vous n'êtes pas capable de vous concentrer sur autre chose que la bite d'Azazel, de toute façon. Et moi, j'ai un projet à mettre en forme. Dégagez !
Tous sortirent sans se faire prier. Le démon supérieur de la Luxure était très agaçant lorsqu'il devait travailler sur une nouvelle idée de fantasme interdit à soumettre aux hommes. Il ne valait mieux pas être dans ses pattes, au risque de se faire envoyer dans les cratères de lave environnant le Pandémonium. Azazel dû supporter pendant quelques désagréables instants ses collègues, qui le harcelaient pour connaître sa nouvelle esclave. Il n'était pas aisé de garder sa patience dans ses moments pareils, mais le noiraud avait des siècles de pratique. Il fut soulagé de constater que tous avaient d'autres choses à faire, et ne pouvaient pas le suivre jusqu'à son appartement pour continuer leur interrogatoire.
De retour dans son salon, le démon se laissa tomber sur son canapé en grognant. Sa télévision montrait quelque chose de stupide – probablement une production humaine – et il ne s'y intéressa pas le moins du monde. Au contraire, il préféra replonger son nez dans son téléphone, comme un adolescent mortel en manque de pixels.
— Quelle petite peste, sourit-il, amusé.
Yelena était une sacrée coquine, s'il en croyait ce qu'il avait trouvé dans son téléphone. Bien sûr, Azazel n'avait pas envoyé ce message à l'ange juste pour avoir le plaisir de lui parler. Leurs conversations imprévisibles étaient devenues sa meilleure distraction, mais ce n'était pas ce qui était prévu au départ. Le démon avait deux raisons, aussi mauvaises l'une que l'autre, pour fouiller dans la vie privée de son ennemie favorite. Il voulait avoir un accès privilégié à toutes les actions militaires angéliques dont Yelena avait connaissance, et surtout, pouvoir fouiner dans sa galerie et dans ses conversations la moindre information susceptible de calmer ou entretenir sa jalousie.
Les résultats de son espionnage clandestin s'étaient révélés bien plus croustillant que ce qu'il avait espéré. La blonde avait parfaitement conscience de la beauté de son corps. Pire encore pour un ange : elle la vénérait. Cette pétasse avait pétaures de lingeries dans sa penderie et avait un rituel très satisfaisant à découvrir : elle se prenait en photo lors de ses essayages, qu'elle envoyait quelques fois à une de ses amies – Mérielle – pour avoir son avis sur son prochain achat. Bien sûr, Azazel maudissait en grinçant des dents les deux femmes chaque fois qu'une photo était envoyée sur la conversation privée, mais pour son plus grand plaisir, Yelena ne partageait pas toutes ses découvertes.
La nouvelle manière pour Azazel de se satisfaire sexuellement était toute trouvée : il regardait les diverses photos de l'ange et laissait l'imagination du désir faire le reste. Yelena ne se contentait pas de prendre des photos d'elle en lingerie : il avait trouvé certains clichés d'elle sur son lit, se trouvant suffisamment attirante pour mémoriser l'instant, ou encore des vidéos d'elle en train de faire certains mouvements martiaux ou d'exercice de souplesse. Les soupirs qu'elle lâchait dans ces enregistrements étaient les plus recherchés par le démon.
Cette intrusion malsaine dans l'intimité de la blonde avait au moins un avantage pour le noiraud : elles parvenaient à calmer les pulsions brusques de désir qu'il ressentait pour elle. Passer des minutes à savourer le visage angélique et sauvage de sa proie parvenait à apaiser son membre, et ses séances de masturbation n'en étaient que plus belles. Les autres avantages à passer son temps à prendre sa vie en photo lui en avait beaucoup appris sur les habitudes de la femme – et ça nourrissait une grande partie de sa possessivité inexplicable à son égard. Il avait trouvé des tonnes de clichés de boisson étrange, par exemple. Une gourmandise dont la blonde raffolait. Mérielle utilisait souvent dans leurs conversations les mots « Bubble Tea » pour forcer sa camarade à sortir et à profiter d'autre chose que de l'entraînement. Elle aimait aussi aller à la piscine – et Azazel adorait sa plastique en maillot de bain.
Se rendant soudainement compte qu'il s'était arrêté sur une photo banale de la blonde, qui souriait tendrement à la caméra, le démon se rembrunit et éteignit son téléphone. Il resta pendant de longues minutes devant l'émission télévisée humaine, sans pouvoir penser un mot. Une conversation qu'il avait eut avec Méragogue se rappela à son mauvais souvenir, comme explication à son comportement étrange.
— La marque que tu as n'est pas une bénédiction, Az.
Azazel, qui sirotait son verre à l'Apple, releva un regard noir vers le brun.
— Tu viens de dire quoi, là ?
— Tu réussis peut-être à la cacher, mais à moi, tu ne me la feras pas. Tu détestais plus que n'importe qui les drapés de la Rome polythéiste. N'essaye pas de me faire avaler que tu es nostalgique.
— Peut-être que je ne me contenterais pas de te le faire avaler, grogna Azazel.
— L'ange est probablement ta mate, mec.
Le noiraud s'était figé. Pendant une seconde, le temps semblait s'être arrêté. Puis, des vagues noires de ténèbres surgirent des ombres et entourèrent le démon, faisant briller ses yeux verts comme la pire des malédictions. Il braqua son regard sur son ami, tous les muscles de son corps prêts à le défigurer.
— Qu'est-ce que tu insinues ? avait sifflé sa voix d'outre-tombe.
— Il n'y a pas trente mille solutions, Azazel. Une ange que tu connais depuis des millénaires se rapproche soudainement de toi, tu me demandes de faire des recherches pour connaître jusqu'à la couleur de ses culottes, et là, tu passes ton temps à fouiller dans son téléphone. Sans compter la marque qu'elle t'a apposé. Elle ne te fait même pas mal. Comment tu expliques ça ?
Azazel avait serré fortement le poing. Une partie de lui haïssait le fait que Méragogue le connaisse suffisamment pour ne pas avoir peur de sa colère.
— J'explique ça parce que c'est une salope qui croit qu'elle peut me buter, alors qu'elle n'est qu'une petite minette sans aucune force.
— Tu l'as vaincue parce que tu avais un flingue. Pas parce qu'elle était plus faible.
— Va te faire foutre.
Méragogue avait soupiré profondément et laissé passer quelques minutes, le temps que la tension retombe, pour poursuivre.
— Az. Rends-toi à l'évidence. Cette caille est tombée dans le creux de ta main, et tu n'arrives pas à la lâcher.
— Il est très rare qu'un ange et un démon soient liés de la sorte, avait commenté le noiraud, plus apaisé.
— Rare ne veut pas dire impossible. Ce qui est plus surprenant, c'est que ce soit tombé sur ta gueule. Remarque, tu n'as pas eu dans les pattes une petite sainte sans rien à se reprocher. De ce que j'ai vu, elle a l'acidité dans les veines.
Azazel avait souri à cette constatation et c'était retenu de dire qu'il avait raison. Pour une ange, Yelena était particulièrement vénéneuse. Oh bien sûr, tous les êtres célestes se prétendaient bienveillants et sans reproche, tout en étant des hypocrites de première qualité. Yelena, elle, ne cherchait pas à cacher son animosité et son instinct primitif.
— Je ne pense pas qu'elle soit ma mate pour autant, avait repris Azazel. La marque qu'elle m'a apposé est probablement temporaire. Une fois qu'elle aura disparu, plus rien ne nous attachera l'un à l'autre. Mon humeur redeviendra stable.
— D'accord, mais si elle ne disparaît pas, cette putain de marque ? Réfléchis à ça, Az. Et essaye de savoir pourquoi elle te l'a faite. Si elle voulait vraiment te tuer, du peu que j'ai appris d'elle, ce n'est pas avec ça qu'elle aurait commencé.
Azazel était resté silencieux, mais avait longuement médité les paroles de son ami. Elles tournaient encore dans son esprit. Le général infernal essayait de garder du recul sur la situation. « Mate » était un terme emprunté au langage des mortels. Il était plus confortable pour les anges et les démons de désigner les liens qui les unissaient de la sorte, plutôt que « âme-sœurs ». La signification trop profonde et totalitaire dans ces termes ne correspondait pas tout à fait. « Mate » était plus adapté, car les anges et les démons ne se liaient pas avec leurs âmes, mais par une reconnaissance d'âme complémentaire à la leur. La complémentarité atteignait un point tel qu'aucun autre partenaire ne serait effleuré le degré de compatibilité entre les deux êtres.
Le phénomène était moins rare qu'on le pensait. Cela dit, peu dédiaient leur existence à trouver une telle personne. Les êtres immortels étaient éternels parce qu'ils se suffisaient à eux-mêmes. Reconnaître qu'on avait besoin de quelqu'un d'autre pour rendre sa vie plus confortable blessait leur orgueil. On ne reconnaissait véritablement l'existence de cette personne que lorsqu'elle nous tombait dessus.
Mais, là, dans cette situation, la mate d'Azazel serait une ange ? C'était plus rare. Bien plus rare. La répulsion entre les deux espèces ne permettait pas une quelconque union, d'ordinaire. Et le noiraud savait qu'il haïssait Yelena au plus profond de lui, à cause de son appartenance au plan supérieur. Ils étaient liés par l'opposition. Et faits pour être ensembles.
— Elle va me faire chier jusqu'au bout, celle-là, conclut le noiraud en se passant la main sur son visage.
L'immortel avait bien du mal à savoir quoi faire de sa jolie petite gueule.
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Bizur mes Cookies ! ^^ Voici le deuxième chapitre de la partie 2 ! Comme vous venez de le constater, cette histoire parle d'âme soeur... -^- et mes personnages ne semblent pas super fan de cette idée-
A la semaine prochaine pour la suite !
Auvouar !
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