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4. Yellowstone

J'entends nos pas lentement se synchroniser, marcher à l'unisson, puis se décaler peu à peu, au fur et à mesure que nous marchons sur le sentier sablonneux d'Old Faithful Trail. Je finis tes phrases, tu devines mes pensées, mais qui de nous deux a une foulée plus longue ?

Il me revient ce que tu m'as dit sur le Montana. Ce serait le seul état où il est légal de commettre un meurtre. Pas exactement légal, mais en tout cas possible. Tu l'as lu sur internet, je ne sais même pas si c'est vrai. Pour juger quelqu'un pour meurtre, il faut réunir un jury populaire. Il y a bien un tribunal à Mammoth Hot Springs, mais il n'y a pas assez de résidents permanents dans le comté. Un meurtrier serait donc impuni, faute de procès. Tu me l'as dit comme une anecdote, nous en avons plaisanté avec des amis. Cela me revient aujourd'hui. Je joue avec cette idée.

Même si cette histoire de tribunal n'est pas vraie, il est très facile de faire disparaître un corps à Yellowstone. Les bassins disséminés un peu partout contiennent une eau si brûlante et parfois si acide qu'elle dissout la chair et nettoie les os en un rien de temps.

Mais pourquoi est-ce que je pense à ça ? Le crédit de la maison. Nous sommes assurés, évidemment, et si tu venais à disparaître, l'assurance couvrirait l'intégralité de l'emprunt. J'aurais le bénéfice exclusif de la maison. Une sacrée somme, on tue pour moins que ça. Et nous ne sommes pas non plus un couple modèle. Tu vas trop souvent à ces dîners entre collègues dont tu reviens portant une odeur d'alcool et de cigarette qui masque mal des relents de sueur et de sexe, et que tu me crois trop stupide pour déceler. Bien sûr, j'ai moi aussi mes à-côtés. Pour égayer mon quotidien, j'ai su faire des rencontres discrètes qui me permettent d'oublier quelques heures la mascarade de notre mariage. Je m'entoure de suffisamment de précautions pour savoir que tu l'ignores. Mais je serais capable de tuer pour avoir enfin la liberté à laquelle j'aspire.

Comment te tuer ? Étrangler une personne demande une grande force physique, et un temps considérable. Tout simplement impossible. Je revois le couteau ue nous avions mis dans la valise. Un Opinel que nous avions acheté sur la Côte d'Azur pour 10€, plus long que la paume de la main, bien aiguisé. Il suffit d'un coup d'estoc dans le dos, au niveau du rein droit, entre l'os de la hanche et la cage thoracique, la lame vers le haut, pour mettre hors d'état de nuire. Répéter ensuite frénétiquement, ne pas oublier de frapper à la gorge pour noyer les cris, et le tour est joué. Reste le problème du sang. L'eau des gourdes pour le visage et les mains. J'aurais dû suivre ton exemple et prendre quelques vêtements de rechange. De toute façon, ce couteau nous a certainement été confisqué à la douane, puisque quand tu as ouvert la valise il n'y était plus.

Tout ça est complètement idiot. Et puis, comme tu l'as dit, et à ma grande surprise, on n'est jamais tout seul à Yellowstone. Il est pourtant très tôt, mais effectivement un vieux couple de hippies monte avec nous le sentier qui mène à Observation Point. Nous continuons vers Solitary Geyser qui porte mal son nom, car là encore une famille est assise, puis arrive un groupe de chinois. Nous rejoignons la foule vers Beehive et Lion Geyser. Tu te retournes plusieurs fois pour me sourire, le soleil donne un éclat nouveau à tes yeux. Plus loin, les touristes se pressent devant Morning Glory Pool, chacun attendant son tour pour faire un selfie. Nous faisons la queue.

Nous continuons en direction d'Artemisia Pool. Le sentier est plus raide, il est bientôt midi. Le brouhaha diminue, laisse place aux chants d'oiseaux. En arrivant vers Gem Pool, je m'enchante de la pureté de ce bleu, plus profond que le ciel. J'ai envie de faire pipi. Tu en reviens, justement, tu m'indiques les arbres au-dessus du chemin. C'est vrai qu'ils cachent bien la vue, même si de toute façon le sentier est désert. Je pisse une écume blanche entre les racines d'un arbre. C'est alors que je remarque à quelques mètres de moi un large trou au fond duquel bouillonne paresseusement une eau fumante. Un bassin non répertorié.

Je te crie ma trouvaille, sans quitter des yeux les petites bulles qui viennent crever la surface, la fumée chaude et sèche m'enveloppant par bouffées. Un corps jeté ici ne serait pas retrouvé avant des semaines.

Je n'ai pas le temps de me retourner avant que le premier coup de couteau ne m'atteigne. Je ne sens pas les derniers des vingt-sept autres coups que tu m'assènes. Le dos. Les côtes. Le cou. L'épaule. La joue. Le ventre. La cuisse. Mon sang chaud bouillonne dans ma gorge, ma bouche, mon nez. Mon corps désarticulé roule au bas du trou qui crache et fume et m'engloutit.

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