Nour en multimédia

Le soleil ,au zénith, occasionnait une chaleur intense. Des effluves de parfums mêlés à la sueur se propageaient. Une tension régnait dans les lieux. Des cris résonnaient , des perles salées coulaient , des sauts s'exécutaient en hauteur comme en longueur .Nous ne étions tous là , rassemblés analysant avec beaucoup de concentration cette chose.

J'éprouvais un sentiment d'excitation mais à la fois de stress. J'aimais cette sensation. Une fois, le passage légèrement dégagé, je pus enfin m'approcher de cette chose. Cette liste sur laquelle étaient inscrits les noms des personnes admises concernant l'examen du baccalauréat. Les mains tremblantes et moites, j'attrapais fermement la robe longue dont j'étais vêtue . Je posai enfin mon regard sur cette feuille. Après quelques secondes, je vis mon nom en tête de liste. Je l'avais réussi ! Et pas n'importe comment ! Je l'avais réussi haut la main. Un sourire se dessina sur mes lèvres. Je ne sautais pas, je ne criais pas , je me réjouissais en silence avant de me retourner vers Khadijah. De son large sourire , je compris qu'elle aussi l'avait empoché. Elle me prit dans ses bras.

Khadidiatou Aw était mon amie, la plus sincère, la plus loyale. Elle n'en avait cure de ma réputation d'enfant maudite. Dès le collège, elle n'hésita pas à me côtoyer. À l'époque, elle m'avait reconnue, « la fille maudite dans son coin sombre ». J'étais toujours dans ma solitude, sous le regard des autres, elle décida de s'approcher de moi. Elle n' avait même pas prit la peine de me saluer qu'elle  entamait déja une discussion animée qui n'eut pour source qu'un seul mot :

- Beignet ? " en me tendant un beignet de taille considérable "

Surprise mais agréablement j'en pris une bouchée avant de lui rendre son met. Il s'en suivit des présentations. Prit naissance une grande amitié.

Et la petite fille au teint clair et au regard profond s'était transformée en cette belle jeune femme à la chevelure soigneuse, au sourire charmeur et au grand coeur. Khadijah représentait ma sœur  . Khadijah savait comment me faire rire, elle me connaissait jusqu'aux bouts des doigts. Certes, elle vit le jour deux années avant moi, cela lui importait peu.

Khadijah : il nous est impensable de ne pas fêter cette victoire. Allons au restaurant ce soir.

- Pourquoi pas une soirée pyjama tout simplement ? Je ne voudrais faire dépenser ma mère.

Khadijah : tu t'entends ? Nour tu viens d'obtenir ton examen, bonus tu es première avec une excellente moyenne . Et que veux tu ? que nous nous mettions en pyjama, que nous regardions un film à l'eau de rose pour ensuite nous faufiler dans de beaux draps et sombrer dans les bras de Morphée ? Peut-être pour toi mais ce n'est pas mon cas. S'il te tient tu n'auras qu'à te présenter en belle tenue sans commander quoi que ce soit mais il en est hors de question que tu restes chez toi ce soir.

- Peut être je pourrai lui demander une petite somme.

Khadijah : soula nekhe sakh lekk neen ( si tu veux tu mangeras des œufs) mais je t'en supplie apprends à profiter de la vie.

Je lui dis au revoir sans plus tarder. J'accourais le long des ruelles de Dakar, le sourire encore scotché aux lèvres . Je pris le fameux « car rapide » afin de rentrer. Une rue, deux rues, trois et quelques autres me voilà enfin à Gibraltar. Ces ruelles polluées et animées m'étaient familières. Je payai la somme due à l'apprenti avant de descendre. En face de la maison qui a abrité tant de souvenirs, aux murs délavés , à l'allure modeste, je tirai enfin le portail et me voilà accueillie par le parfum de l'encens .

Après avoir toqué, j'intégrais la chambre de ma mère .

- Yaye Amna !!! Amna !!! ( maman je l'ai obtenu, je l'ai obtenu !)

Maman: alhamdoulilahi rabbil alamin ( Dieu merci) «  dit elle en se levant de son tapis de prière »

Elle me serra pendant un long moment dans ses bras avant de s'éloigner . De ses yeux embués, je lisais l'émotion. Elle m'invita à m'asseoir sur la chaise faisant face à son lit et prit enfin parole.

Maman : sama khol sedd na, je remercie le bon Dieu d'avoir accepté nos prières . Nour Sadiya tu as toujours fait ma fierté et la nouvelle que tu m'annonces aujourd'hui ne fait qu'augmenter l'admiration que j'ai à ton égard. Je remercie le bon Dieu de m'avoir fait don d'une fille comme toi. Legui degloumeu boubakh,tu as eu ton bac ? C'est excellent mais ce n'est que le début d'un long parcours. L'humilité Nour ! L'humilité est l'une des clés du succès. Reste fidèle à tes principes n'oublie jamais que tu viens d'une noble lignée. Ne perds pas cette pureté qui vit en toi.  Demeure la jeune femme pleine de dévotion , de bravoure , d'ambition et de générosité que je connais. Que les somptueuses portes du bonheur et de la réussite te soient un jour ouvertes. Amin ! Amin !
Aujourd'hui tu m'as prouvé une fois de plus que Maa Saly n'avait pas tord. Tu brilleras ! J'ai reçu un coup de fil m'informant de ton gain de bourse. Tu iras ainsi étudier dans une grande université in shaa Allah.

Sur ces mots, Ta' Nafi intégra la pièce. Son regard dédaigneux qui était devenu une chose habituelle se posa sur nous.

Ta' Nafi : loumay degg ni ? Djanguiji ? Bitim rew ? Xaana dou yow mi Aichatou Agn yako nara fey ! Koula mey alal djodjou ? Douniou lekk ba sour, naane ba begn ndokh.
Té amo lenen loy khalat loudoul yobou saa li (me pointant du doigt) Faranss ?
Xam ngua lima beugg ? Ngua yem té djemeu topato sa jaboot, Nour mi sakh daff niou wara diapalé , amna ben kharit bou sokhla midaan. Nour mi sawar na, meun na togg, meun na menas. Bouko defe nakar bolen niou tekk mo fi nara waniekou niou meuna noyi touti sakh ! (Qu'est ce que j'entends ? étudier à l'étranger ? J'espère ce n'est pas toi Aichatou Agn qui compte payer ? Où prendras tu cet argent ? Nous ne mangeons pas à notre faim, nous ne buvons pas à notre soif et tu ne penses à rien d'autre que d'amener cette chose en France ?
Sais tu ce que je veux ? Que tu te calmes et que tu essayes d'entretenir ton foyer . Voire Nour doit nous fournir son aide, j'ai une amie en quête de domestique. Nour est travailleuse, elle sait cuisiner et faire le ménage . Ainsi toute la douleur que vous nous avez infligée diminuera et nous pourrons un peu respirer.)

Maman : Nafissatou so lekkoulwone beu sour do Tolou ni. Koula guiss djokh la garab nguir sa graisse bi wagnékou. Ya ngui dijeu ni garde du corps de la République. Ya baak gnaak te gnaak nieuwegoul. Dama xawa soone té wakh dji jarouko, sarakhma té ngua abalniou. (Nafissatou si tu ne mangeais pas à ta faim tu n'aurais pas cette taille. Quiconque tombe sur toi te propose un médicament pour brûler tes graisses. Tu es aussi large qu'un garde du corps de la République. Tu te plains du manque alors qu'il n'est pas encore là. Je suis un peu épuisée et une discussion n'est pas nécessaire. Sors de cette chambre s'il te plaît )

Ta' Nafi : wakh bi diekhagoul, yow guissago daara wayé khameulni douma togg si thiono di len di setaane. (La discussion ne s'achève pas ici, tu n'as encore rien vu mais sache que je ne resterai pas de marbre dans cette souffrance )

Sur ces derniers mots, le corbeau prit son envol. Ma mère secoua légèrement la tête avant de reprendre notre discussion.

Maman : ne t'inquiètes pas, par la grâce de Dieu tu poursuivras tes études à l'extérieur dans une très bonne université .

-in shaa Allah, maa' puis je aller au restaurant avec Khadijah pour fêter notre réussite ?

Maman : djaroul sakh tago wanté boul goudé ( pas besoin de me demander l'autorisation par contre ne tarde pas trop )

Elle sortit de son sac quelques billets et me les tendit.

- C'est beaucoup trop maa', neen rek la fassyene lekk ( je ne compte manger que des ufs )

Maman : soko deffe khamelni bokkou meu darak yow, seu yeuffou serr yi nak ? Sereer nga rek, demal reeri beu sour té ngua niowat ( si tu le fais saches que je n'ai aucun lien avec toi, quelles sont ces manières ? Tu es vraiment une serère ! Va dîner jusqu'à ton rassasiement et rentre )

Un rire m'échappa. Je la pris dans mes bras une dernière fois avant d'aller me changer. J'enfilai une jolie combinaison verte kaki mettant en valeur ma mélanine. Je me découvrai une nouvelle fois à travers le miroir , les belles courbes dont la nature m'avait fait dont étaient mises en valeur dans celle-ci sans pour autant être vulgaire .
Je plaque ensuite mes cheveux crépus en chignon bas. Je ne fis pas grand-chose pour le maquillage. Une fois la sacoche et les talons portés je quittai enfin la demeure.

Au restaurant avec Khadija

Elle était là,assise, belle comme à sa grande habitude. Le rire éclatant, la joie contagieuse. Nous discutions de tout et de rien jusqu'à ce qu'un couple assis au loin attira notre attention.

Khadijah: Pff je ne supporte ces vieux pervers faisant la cours à ces demoiselles qui ont l'âge de leurs filles. Voire parfois, ils sont déjà mariés. Et puis que lui trouve t'il , en dehors de sa taille de guêpe, de son teint clair parsemé de tâches noires et de son tissage .synthétique. Niak classe

- Khadijah surveille ton langage et adoptes en un plus respectueux et correct. Je pense que l'amour n'a pas d'âge et libre à eux de flirter avec qui ils veulent.

Le monsieur en question tirait la chaise à la jeune fille pour qu'elle s'assied. Et lorsqu'il se mit de profil, le visage de Khadijah se décomposa

Khadijah : Nour guisso li ma guiss deh ( tu n'as pas vu ce que je viens de voir )

- Ba diam ? Loukhew ? ( que se passe t'il ? )

Khadijah : ki dou tonton Ousseynou ? ( n'est ce pas tonton Ousseynou )

Ce vieil homme en question n'était autre que mon géniteur .

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By Suzyass 🌙