Chapitre 26 - Premiers Contacts
« Non on peut pas espèce d'abruti, si tu avais bien fait ton travail tu aurais remarqué qu'elle est enceinte. Est-ce qu'on connaît le père ? »
« Heu... Oui, les chasseurs prétendent que c'est le loup qu'on cherche, Luke Jackson. »
« Dans ce cas dis-leur de stopper leur recherche. Elle nous suffira. Et arrête de la sédater, crétin. »
Mes yeux s'ouvrirent avec difficulté, à cause de croûtes qui s'étaient formées tout autour de mes paupières. J'étais nauséeuse, groggy et je n'avais aucun repère spatio-temporel, le moins qu'on puisse dire c'est que je ne me sentais pas dans mon assiette. Ils avaient dû également s'acharner sur mon ventre puisque j'avais l'impression que mon bas-ventre pesait une petite tonne. Non mais quel intérêt franchement de me frapper alors que je suis sédatée. Non vraiment qu'on ne vienne pas me dire que les chasseurs ne sont pas des sadiques après ou qu'ils « régulent » parce que je n'avais pas besoin d'être battue et séquestrée moi. D'ailleurs ils avaient sûrement dû y aller fort avec les sédatifs parce que ses nausées étaient les pires que je n'ai jamais eues. J'avais aussi la sensation étrange d'avoir dormi trop longtemps malgré tout une immense fatigue me faisait littéralement somnoler sur place. Une vraie narcoleptique comme on en fait plus ! Ces voix qui m'avaient réveillé semblèrent s'éloigner soudain et la conversation n'arriva bientôt plus à mes oreilles. J'en profitais pour baisser un peu la garde et me rendormir juste 2 minutes, pas longtemps... Mais quelqu'un s'approcha de la grande baie vitrée contre laquelle j'étais posée ce qui me fit sursauter étant donné que je me pensais seule.
« Mademoiselle la dévergondée, allez-vous bien ? »
Son timbre de voix était très spécial, ou du moins son ton donnait à son élocution une étrange odeur d'autrefois.
« Je vous demande pardon ? » lui demandais-je en forçant mes yeux à s'ouvrir.
Je frottais énergiquement mes croûtes quand soudain tout me revint en mémoire la soirée chez les Carlotti, comment j'ai repoussé Luke, le retour chez moi et... L'enlèvement. Je me levais soudain d'un bond analysant l'environnement alentour mais je ne reconnais rien et pire encore je me suis rendu compte que j'étais dans une cage transparente. En fait plus qu'une cage c'était une sorte d'aquarium. Je voyais à travers les vitres à l'extérieur de ma prison, des fausses plantes et une petite mare au milieu de la pièce. D'autres cages étaient çà et là mais les vitres étaient sans teint. Le reste de la pièce extérieur était froid et chirurgical je ne saurais vraiment dire si nous étions dans un bâtiment, une maison, une cave, un sous-sol, un abri anti atomique, les locaux de l'armée... Je n'en avais aucune idée. Dans le but d'essayer d'estimer la population carcérale je m'époumonais cherchant le moindre signe d'aide par la même occasion.
« EH OH ? IL Y A QUELQU'UN ? » hurlais-je.
Mais aucun son ne me revient à part la même voix désormais derrière moi.
« Chère mademoiselle aux mœurs légères, sachez qu'on ne peut pas vous entendre, chaque geôle est insonorisée, cependant si toutes sont configurées comme celle-ci nous avons tous un camarade si je puis dire. Vous voyez il y a des pores circulaires pour qu'on puisse garder un contact humain, pour ne pas tourner fou, je suppose. »
J'observais autour de moi dubitative. 2 baies vitrées très épaisses me laissaient entrevoir l'extérieur de la cage, une porte coulissante prenait un pan de mur et l'autre était directement partagé avec mon co détenu avec qui par chance, ou pas, je pouvais avoir un contact. Bon dans ces fameux pores je ne pouvais passer qu'un doigt mais je suppose que ça a été étudié. Donc... Si ça a été étudié c'est... Non... Non, non, non. Ce n'est pas possible ! Serais-je dans la zone top secrète où les bouchers pratiquent leurs expériences ? Je m'assis sur le lit contre la paroi opposée alors que les questions m'assaillaient. Malgré ces manières d'un autre temps l'homme me disait fortement quelque chose. J'avais cette impression désagréable de le connaître sans arriver à me rappeler pourquoi... En même temps tellement de choses se bousculaient dans ma tête que mon camarade était le cadet de mes soucis. Même s'il commençait déjà à m'agacer horriblement.
« Vous voulez bien arrêter de me prendre pour ce que je ne suis pas... ? Où est ce que nous sommes ? » lui demandais-je avec lassitude et une pointe d'inquiétude.
« Vous m'en direz tant... Dans un laboratoire secret qui a pour but l'expérimentation des créatures surnaturelles. » Me répondit-il en s'asseyant près de notre paroi d'un air las.
Ce n'est pas possible... Je ne sortirais jamais d'ici... Pourtant il le faut je ne peux pas me laisser enfermer après tout ce que j'ai vécu ! Et pourquoi moi ? Pourquoi les intéressés-je tant ? Mon regard analysa la pièce autour de moi faisait la taille d'un salon, je dirais à vue de nez 30 ou 40 m². Pas trop grande pour garder en mémoire l'impression d'être en cage et pas trop petite pour éviter de se taper la tête contre les murs. Tout était d'un blanc éclatant, le sol, mes draps. La pièce était meublée très simplement, à l'essentiel disons. Dans ma pièce j'avais un lit, des toilettes, un lavabo visiblement hors service et une table avec une chaise en bois et c'est tout. Aucune faille n'était envisageable. Tout ce qui me paraissait tangible c'est mon codétenu. Il semblait évident que je ne pourrais rien faire sans lui aussi agaçant soit-il. Finalement je me levais de mon lit pour m'assoir à côté de lui, à même le sol.
« Mais je n'ai rien de spécial. » lui avouais-je tout en réfléchissant.
Il soupira avant de m'observer avec regret.
« Au début ils étaient d'accord aussi mais vous avez montré des aptitudes plus particulières lors de vos encéphalogrammes. Rien d'alarmant mais des zones normalement inactives, sont actives chez vous. Ils voulaient vous disséquer pour essayer de comprendre pourquoi vous avez des zones étrangement en état de fonctionnement. Mais ils se sont rendus compte que vous étiez enceinte vraisemblablement d'un loup ce qui a, vous pensez bien, attiré leur curiosité. Donc je suppose, ce n'est là que mon avis, qu'ils vous garderont jusqu'à ce que vous mettiez votre... Enfant au monde. »
Moi ? Enceinte ? Excusez-moi mais je pense que je serais la première au courant si je l'étais je veux dire ce n'est pas de ce genre de choses que l'on peut ignorer ! Je caressais mon ventre instinctivement avant de me poser une énième question des plus inquiétantes.
« Mais c'est impossible ! Depuis combien de temps suis-je ici ? » lui demandais-je incrédule.
« Je ne sais même plus depuis combien de temps je suis ici alors nous voilà bien. Malgré qu'ils essayent de reproduire une météo, avec des saisons, et même un cycle jour, nuit j'ai perdu le fil. Mais il semblerait que votre petit bâtard ait 3 semaines. »
« Je vous demande pardon ? » m'insurgeais-je.
Non mais pour qui il se prend lui ?
« Êtes-vous diminué mentalement ou ne parlé-je pas votre langue ? »
Je restais bouche bée une seconde le regardant attentivement alors que lui patientait sagement en attente de ma réponse. Il était on ne peut plus sérieux.
« Aucun des deux. Mais je ne vous donne pas le droit de traiter mon bébé de cette manière ! »
Soudain son expression changea et je crus même apercevoir de l'empathie.
« Je m'excuse si je vous ai offensé mais vous ne semblez pas porter d'alliance et un enfant en dehors d'un mariage n'est ni plus ni moins qu'un bâtard. »
Il était parfaitement impassible ce qui me déstabilisa d'autant plus. D'abord la locution ensuite les manières... Mais quel âge a-t-il ?
« Serait-ce chevaleresque de ma part de vous demander votre âge... ? »
« Je ne suis pas aussi irascible qu'une dame je répondrais à toutes les questions que vous voudrez ça fait tellement longtemps que je n'ai eu personne avec moi... Alors votre jolie compagnie m'émeut malgré votre badinage hors épousailles qui vous avez raison ne me regarde en rien veuillez m'en excusez. Cependant je suis dans le regret de vous avouer que je ne sais plus... Peut-être 200 ans ou plus... En tout cas vu votre tenue, vos cheveux, votre maquillage et vos mœurs je suppose que je suis très loin de mon époque... »
Son regard se fit soudain triste et j'en profitais pour le détailler. Cet homme effectivement venu d'un autre temps avait des yeux bleus quasiment translucides dans lesquels brillait une lueur de désespoir mêlée à une abnégation la plus totale. Rien de ce que je pouvais dire ou faire ne lui donnerait d'espoir. En 200 ans il avait dû en nourrir de l'espoir mais maintenant ce temps était révolu, il acceptait son destin quel qu'il soit. Son visage lui aussi pâle et diaphane laissait deviner qu'il n'avait effectivement pas vu le soleil depuis des années. Parce que oui j'ai bien vu que c'était un vampire mais les vampires bronzent, leur peau se colore normalement au soleil. La question c'est surtout et pourquoi pas ? Mes yeux continuèrent leur analyse en faisant le tour de son visage anguleux et extrêmement maigre souligné par des cheveux aussi noirs qu'un corbeau. D'ailleurs il n'y avait pas que son visage qui était maigre mais tout son corps était rachitique. Il semblait presque déjà mort sous ses habits de « détenu ». Des tenues nous étaient attribuées des plus simples, une veste zippée, un sweat, un tee-shirt et un jogging avec une paire de baskets pour tout le monde.
« Un nom au moins... ? » lui demandais-je en arrivant difficilement à passer deux doigts à travers un trou pour qu'ils me les serrent mais il me les embrassa ce qui me fit sourire.
« Aleksy Vanderhigh. C'est la seule chose qu'il ne m'ait pas pris. »
Finalement j'arrivais à éprouver de la compassion pour lui. Il était là depuis tellement de temps qu'il se raccrochait à ce qu'il pouvait et son nom, peut-être même son identité en faisait partie.
« Salut Aleksy, moi c'est Lucy Hicks. Et on est en 2018 maintenant les couples ne se marient plus aussi facilement entre autres parce que les gens ne sont plus aussi confiance et que ça coûte beaucoup d'argent de se marier et de divorcer. Car la dote est révolue j'en suis désolée pour vous maintenant les parents des mariés se mettent d'accord avec les mariés eux-mêmes pour la hauteur du financement du mariage. Et les enfants naissent parfois, même souvent hors mariage. » Lui avouais-je brisant probablement toute sa vision du monde.
Son expression fut très perturbée et pensive soudain. Je pouvais clairement voir qu'il était en intense réflexion. Mon cas le perturbait énormément visiblement, ça me faisait sourire qu'il semble prendre mon cas tant à cœur.
« Mais ils sont acceptés facilement par les autres enfants ? Vous n'êtes pas une gueuse ? »
J'éclatais soudain de rire, par nervosité mais aussi à cause du terme qu'il avait employé. C'était très amusant de voir un pareil choc de civilisation.
« Pas du tout, je suis même une espèce très répandue. » Ris-je.
« Vous faites quoi dans la vie jeune femme si vous n'êtes ni mariée ni la gueuse du village ? »
Je tournais la tête dans sa direction en souriant alors que j'arrivais enfin à lui arracher un petit sourire du bout des lèvres.
« Je suis professeur de Théologie, j'apprends à des jeunes l'art des religions et tout ce qui y attrait. Je prends les écrits comme base, j'essaye de leur faire comprendre et le plus souvent je déconstruis la manière dont ils les voient. C'est très enrichissant. J'ai plusieurs classes à l'université de Salem où j'habite d'ailleurs. »
Soudain les informations se recoupèrent dans ma tête à toute vitesse. Comme deux fils qui se relièrent une question me brûla les lèvres.
« Mais... attendez... Si vous ne savez même pas en quelle année nous sommes, ça fait combien de temps que vous êtes enfermé, ici ? »
La peur s'insinua brusquement au plus profond de mon être, je savais que la réponse n'allait pas être belle à entendre et je crois que je n'étais pas prête non plus à l'entendre.
« Je vous l'ai dit, 200 ans peut-être plus. Ce laboratoire était à la base une prison pour les créatures telles que moi et ensuite au début de la médecine il s'est avéré que nous étions les mieux placés pour être testés, j'en ai vu défiler des blouses blanches... »
D'accord. Je vois. Rester positive. Surtout rester PO. SI. TIVE.
« Vous n'avez jamais pensé à vous échapper ? » lui demandais-je pendue à ses lèvres.
Non, je ne pouvais décemment pas me résoudre si aisément à un sort que je ne croyais pas mériter. Je ne mourrais pas ici ! Un petit rire sarcastique se fit entendre avant qu'il ne redevienne sérieux et me dévisage.
« J'ai essayé depuis le premier jour mais ils me nourrissent juste assez pour que je survive. J'arrive à peine à tenir debout sans compter toutes les expériences qu'ils font sur moi, je suis épuisé constamment. Alors je suis là en errance, à côté de ma vie, avec pour seul compagnon de fortune mes souvenirs pour me hanter et à présent vous. Ils ont fait croire à la personne que j'aimais le plus au monde que j'étais mort... Je ne sais même pas ce qu'est devenu mon frère. Remarquer si vous me dites qu'on est en 2018 c'est qu'il est mort. »
Ses yeux se perdirent dans la contemplation de la porte alors qu'elle s'ouvrit brusquement.
« V – 6-2-6 suis nous. » Lui aboyèrent-ils dessus.
Il lâcha un long soupir de lassitude avant de lever les bras en signe de reddition et les hommes en blouse blanche vinrent le chercher. Ces hommes en blouse n'avaient rien de particulier je dois, ils ressemblaient à des brutes certes mais ils semblaient médecin aussi. Comment pouvaient-ils renier ainsi leurs serments ? C'est une aberration. Aleksy ne tenait même pas debout comme il me l'avait dit. Ces bouchers le traînaient par les bras alors que tout son corps essuyait le sol sans qu'aucun des deux ne s'en préoccupe.
Une longue semaine passa toute seule, Aleksy n'était toujours pas rentré et je luttais pour compter les jours. Si les cycles dans cette cage étaient les bons, bien évidemment. Ma semaine avait été la plus dure de toute ma vie, les nausées matinales étaient arrivées, j'étais ballonnée constamment, et je plongeais petit à petit dans une dépression profonde. Même l'idée d'avoir un bébé ne m'aidait pas au contraire, je mettais sa vie en danger alors même qu'il n'était pas encore né... Sans parler de Luke... Chaque fois qu'un souvenir venait m'habiter j'en pleurais à chaudes larmes. Je n'avais plus personne à qui parler sans compter que je m'en faisais pour Aleksy, est-il seulement encore en vie ?
Quand ma porte s'ouvrit j'étais allongée en boule sur mon lit la tête contre la paroi tel un animal se laissant doucement mourir.
« A – 9-0-1 suis nous » entendis-je dans mon dos.
Je ne répondis rien, que répondre ? Va te foutre ? Je n'en ai rien à faire ? Fais ce que tu veux de moi ? J'étais dans un tel état de résignation que je me fichais de tout. Ça m'a pris moins longtemps que je ne pensais pour le résigner mais ici tout est fait pour vous couper le moindre espoir à la racine. Je ne voyais personne, ma porte ne s'ouvrait que très rarement, les vitres étaient blindées et je ne voyais jamais personne dans cette salle donc aucune échappatoire possible. Aujourd'hui était le seul où un peu d'espoir pouvait renaître parce qu'enfin on s'occupait de moi.
« Ne nous oblige pas à venir. »
Aucune réponse. Ils se déplacèrent finalement jusqu'à moi et en me retournant mon regard tomba sur la cage vide à côté de moi, qui abritait désormais un Aleksy allongé par terre un œil et 3 doigts en moins. Soudain c'est comme si mon cerveau venait de se rebrancher. Je n'ai rien compris. Ce n'est pas pour moi qu'il faut que je me batte mais pour lui il ne sait même plus combien de temps il a passé ici et je me lamente au bout d'une semaine ?
« VOUS LUI AVEZ FAIT QUOI ? » leur hurlé-je dessus.
Mon cri eut pour effet de les faire sursauter mais de resserrer leur étreinte sur mes bras. Seulement cette fois-ci c'est eux qui ne me répondirent pas et ils me soulevèrent en prenant fermement sous les bras à travers notre petit village fermier. C'est comme ça que je l'avais appelé à force parce que finalement ça ressemblait à un poulailler. Autant dans la manière de nous traiter que nous faire vivre. Mes pieds ne touchaient plus le sol et j'eus la présence d'esprit de regarder partout autour de moi.
Notre cave donnait sur un ascenseur disponible seulement avec une empreinte enregistrée, nous étions dans un petit immeuble. 5 étages. Nous allions au dernier étage.
« 3e SOUS. SOL. » Annonça une voix robotique.
OK donc cet ascenseur ne desservait quasiment que les étages inférieurs c'est-à-dire que le niveau 1 correspondait à un rez-de-chaussée.
Les portes s'ouvrirent sur un grand couloir blanc immaculé. Ils prirent la première salle à droite qui ressemblait d'intérieur à une salle d'examen classique puis me déposèrent délicatement sur le lit quand la porte se rouvrit sur... Un médecin ? Du moins c'est comme ça qu'il se présenta.
Il leva mon tee-shirt qui m'avait été donné et qui était bien trop petit pour une femme enceinte. Il déposa un liquide sur mon ventre avant de démarrer l'échographie. J'entendis un petit cœur battre très très vite, d'expérience je savais que c'était trop vite et le médecin resta silencieux, faisant plusieurs captures d'écran avant de sortir de la pièce. Mon angoisse était à son paroxysme même si une partie de moi voulait qu'il y ait un problème. Je me sentais coupable de ressentir ce genre de sentiments envers mon bébé mais c'était plus fort que moi. Un peu plus tard un autre médecin entra avec le premier sans se présenter. Il confirma quelque chose avant de lui donner des instructions.
« Donnez-lui à manger par petite quantité toutes les 2 h environ. Elle a un déficit en fer, faites-lui manger de la viande rouge. Échographie obligatoire toutes les deux semaines. »
Le premier médecin lui répondit par l'affirmative avant de se tourner vers moi.
« Félicitations vous attendez deux bébés. Ce sont des jumeaux. Évidemment c'est trop tôt pour savoir le sexe. »
Alors là s'il y avait un Dieu il se foutait royalement de moi.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro