Chapitre 21 - Une Rencontre Infortune
Autant dire qu'après le départ de ce cher inspecteur je n'avais pas vraiment le moral. Alors c'était donc ça, il me poursuivait pour meurtre sur notre bébé. Je rêve, je dois vivre dans un monde parallèle c'est ça. Je ne vois pas d'autres explications. Quand la nuit tomba, je remarquais que Luke tremblait de plus en plus, sa jambe bougeait frénétiquement alors qu'il avait de plus en plus de mal à se concentrer sur sa cuisine tandis que je m'apitoyais sur mon propre sort.
« Luke... Tu n'es pas obligée de faire ça. File te dépenser, courir, gambader, tu vas devenir dingue à rester ici en plus de te transformer dans mon salon. Ce qu'on ne veut pas, n'est-ce pas ? »
Accoudée à mon plan de travail je regardais Luke s'affairer gauchement en cuisine. Il n'arrivait même pas à ce concentré sur moi. Toute son attention était sur le blocage de sa transformation. Je passais ma main sur son bras et une vive décharge se déversa dans mon corps. Je n'arrivais pas à mettre un nom sur ce tourbillon noir et si opaque qui forçait toutes ces barrières psychiques, c'était bestial, primitif. Malgré tout j'y laissais ma main essayant de lui transmettre tous mes sentiments positifs que je n'arrivais pas moi-même à trouver. Mais il me suffit de penser à hier, à ce matin pour me dire qu'avec un peu de chance il pouvait ressentir les émotions que j'avais en moi. Je ne sais pas si ça fonctionna en tout cas sa jambe se calma et il baissa la tête vers moi avant de m'embrasser.
« Tu as seulement à mettre tes lasagnes au four quand tu auras faim. 30 minutes à 180 ° chaleur tournante. OK ? »
Je hochais la tête alors qu'il déposa un nouveau baiser sur mes lèvres.
« Je dois vraiment y aller Lucy, je suis désolé. Tu as ton rendez-vous Skype de prévu dans une demi-heure avec ton avocat, ta nourriture est prête, tu es chez toi à l'abri, ça va aller d'accord ? »
« Qui essayes-tu de persuader ? »
Il sourit avant de m'embrasser une dernière fois et partir en courant. D'une seconde à l'autre j'étais seule dans mon appartement et je n'ai pas voulu l'inquiéter, mais j'avais un mauvais pressentiment. Je me sentais beaucoup de choses, mais à l'abri n'en faisait pas parti. Je soupirais en jetant un coup d'œil au superbe plat qu'il m'avait préparé et franchement ça donnait envie. Alors je le mis dans le four tout de suite en respectant scrupuleusement ses indications.
Une demie heure plus tard j'étais devant mon ordinateur, prêt pour mon entretien virtuel, le plat sorti du four, mais trop chaud pour être mangé en l'état. J'étais en train d'écrire sur un papier des détails de mon histoire à ne pas oublier quand un appel se déclencha sur mon ordinateur. Je l'acceptais tout de suite sachant l'identité de l'appelant.
« Bonjour, Mademoiselle Hicks, Luke m'a chargé de m'occuper de votre affaire. Sachez que je porte une grande estime envers cet homme, je lui dois beaucoup il est donc normal que je m'occupe de ce qui lui tient à cœur surtout si ça demande vient de lui en personne. Je m'appelle Karl Vanderbilt je suis avocat à New York. »
« Et bien Karl c'est un honneur de vous rencontrer sachez que vous tombez à point nommé ce n'est rien de le dire... »
« Je comprends. Avant tout j'aimerais que vous gardiez bien en tête que je suis votre avocat et que je le reste, mais j'ai besoin de savoir quelque chose avant de commencer. On vous accuse du meurtre de votre bébé in utero est-ce que vous l'êtes ? J'ai besoin que vous soyez parfaitement honnête avec moi pour préparer parfaitement votre défense et ne pas me laisser distraire par des failles dans votre dossier ou vos déclarations. »
« Je comprends et je ne suis pas coupable. »
« D'accord, dans ce cas commençons. »
« Vous me croyez si facilement ? Je veux dire, je vous dis la vérité, mais je suis surprise. »
« Je suis un avocat de renom mademoiselle Hicks, chaque mot que vous dites peut vous trahir or quand je vous ai demandé vous êtes resté calme et vous ne m'avez pas répondu que vous étiez innocente ce que 99 % des criminels répondent, mais que vous n'étiez pas coupable. Donc en plus je peux vous dire que vous ressentez une culpabilité vis-à-vis de la mort de votre enfant qui ne serait sûrement pas là si vous étiez saine d'esprit et coupable. Et vous avez rajouté que vous disiez la vérité. Quand vous mentez et qu'on doute de vous, l'être humain a tendance à se défendre en clamant qu'il ne ment pas. »
« Vous êtes doué... C'est impressionnant ! »
J'ai dû finalement passer la soirée à raconter tout ce qui s'était passé à cet avocat, très aimable et compréhensif. Nous avons commencé au début de notre relation jusqu'à la mort de Sheryl, ce qui prit évidemment beaucoup de temps. Karl prenait énormément de notes tout en relevant régulièrement la tête pour me signifier qu'il écoutait toujours. Il maintenait aussi le dialogue régulièrement avec moi pour éviter un maximum le malaise et pour que nous sachions tous les deux à qui nous avions à faire. En plus de connaître par le biais de ses questions des détails que je ne penserais pas forcément à mentionner au premier abord. Luke, lui était parti dans les bois, depuis 5 h maintenant et je m'inquiétais énormément pour lui. Je veux dire bien sûr qu'il sait se défendre tout seul je ne prétends à rien, mais ce pressentiment ne voulait pas partir et je sentais que c'était étroitement lié avec lui.
« D'accord donc ce policier a été intrusif avec vous ? » me demanda Karl.
« Pas du tout je dirais plutôt hautain et méprisant. Il a fait un commentaire sur chaque chose que j'évoquais et il a fini par me dire que l'absence de preuve s'interprétait aussi à mon désavantage. En bref il se demandait si finalement ce n'était pas moi qui avais tué mon bébé. Luke a aussi découvert qu'il avait été payé par mon ex-conjoint pour m'intimider. »
« Je vois, je vais m'en occuper. Sachez que je vais tout faire pour éviter le procès, mais je dois savoir vos attentes. Ce que vous réclamez légitimement de lui. »
« Je veux que notre contrat de mariage soit annulé, car je l'avais signé en vue de notre union sous sa contrainte qui plus est, et je veux qu'il me rembourse la valeur de mes meubles. J'ai encore toutes mes factures à mon nom, je les ai gardés parce qu'un avocat m'avait dit qu'en cas de rupture du contrat j'en aurais besoin. Je ne veux pas de dédommagement pour le déménagement non plus, car l'ancienne école où je travaillais a pris tout en charge. »
« D'accord. C'est parfait, scannez-moi tout ça et je m'occupe du reste. En tout cas soyez rassurée vous êtes ma cliente maintenant et je respecterai votre volonté, vous ne lui ferez face qu'en dernier recours. »
« Vous allez faire comment pour prouver que je n'ai pas tué mon enfant ? » lui demandais-je timidement.
« Quand on cherche, on trouve mademoiselle Hicks et je suis réputé pour être un débusqueur de truffes hors pair si vous voyez ce que je veux dire. Toutes les personnes sur cette Terre ont un dossier médical. J'ai appelé l'hôpital le plus proche de chez vous avant de vous avoir, mais ils semblent avoir perdu votre dossier. Cependant je ne lâche pas si facilement j'ai chargé un as en informatique qui trouve tout ce qu'il cherche de s'occuper de ce dossier malencontreusement égaré. Vu les violences que vous avez subies, l'hôpital les a forcément détaillés quelque part et il trouvera. »
J'observais cet homme d'une quarantaine d'années fouiller dans ses papiers. Tandis qu'il s'affairait à trouver je ne sais quoi, j'en profitais pour le détailler avec soin. Il portait un costume noir qui semblait luisant, une chemise blanche avec des boutons rouges qui s'accordait avec sa cravate de la même couleur. Il était très élégant c'est indéniable, mais le genre businessman overbooké n'est pas trop mon genre en plus d'être bien plus vieux que moi. Un coup d'œil à ses mains me permit de voir qu'il n'avait pas d'alliance alors soit il est assez malin pour ne pas partager sa fortune, soit il n'a personne, soit il n'a pas le temps. En tous les cas, je préférais largement mon plus que sexy loup solitaire la nuit et professeur le jour.
« Vous avez un engagement quelconque avec Luke ? Fiançailles ? Baux communs ? Quelque chose dont il pourrait se servir contre vous ? »
« Rien du tout, nous avons chacun notre appartement, nos affaires, ça fait 3 mois qu'on se fréquente quasiment. »
« Parfait ne changez rien pour le moment. »
C'était le moment de lui dire qu'on veut un bébé non ? Je décidais de ne rien dire après tout rien été encore fait pour le moment et peut être que d'un côté j'avais peur qu'en le disant ça devienne plus concret, je ne sais pas... En tout cas j'ouvris la bouche et rien n'en sortit.
Après que je lui ai scanné le nécessaire, nous nous sommes renvoyé quelques documents avant qu'il n'imprime tout et place ça dans ma serviette estampillée de mon nom, prénom et numéro. Je pus remarquer que mon dossier était déjà épais de quelques centimètres, je ne saurais dire si c'est bon ou mauvais. Nous nous sommes dit au revoir, très tard dans la nuit. Il devait être 4 h du matin j'étais épuisée alors que lui semblait frais comme s'il revenait d'une bonne nuit de sommeil réparateur. Je le remerciais tout de même d'avoir pris tout ce temps pour moi avant de raccrocher et éteindre mon ordinateur.
J'avais les yeux secs et douloureux à force de fixer l'écran, il était grand temps que j'aille me coucher. J'éteignis donc toutes les lumières de mon appartement en vue d'aller au lit et de me reposer les yeux, mais en passant devant la fenêtre, je m'y arrêtais pour regarder dehors. Espérant un signe quelconque de Luke, j'ouvris la fenêtre et y restais un petit moment comme ça, à seulement observer la forêt, la ville, ses alentours me demandant où Luke devait traîner ses grosses pattes. Quand soudain mon œil fût attiré par des cris et les jappements d'un loup. Des personnes lui couraient après en le visant ce qui força l'énorme animal noir à foncer à toute allure sur mon immeuble. Luke. Je courus vers la porte d'entrée sans rien allumée pour ne pas alerter ces assaillants. J'allais descendre pour ouvrir la porte du bas, mais à peine avais-je ouvert la mienne qu'un courant d'air s'engouffra dans mon appartement me signalant que le sas en bas était ouvert. J'entendis rapidement mon loup monter à toute allure les escaliers dérapant à chaque marche quasiment rendant son ascension plus que laborieuse.
Il patina devant ma porte d'entrée avant de s'y engouffrer aussi vite qu'il pût. Je refermais la porte le plus discrètement et délicatement possible derrière lui et le mis dans ma chambre. Il s'assit sur mon lit secoué de violent tremblement partout dans ses pattes et je pris son visage animal en coupe pour qu'il me regarde et se calme un petit peu.
« Écoute-moi minou, il faut que tu te forces à te retransformer. Ils sont stupides d'accord, mais je ne pourrais peut-être pas les empêcher d'entrer, d'accord ? »
Il me caressa la joue avec son museau frais en pignant quand on tambourina à ma porte.
« Madame Hicks ouvrez ! »
J'enfilais ma nuisette en vitesse avec un par-dessus, il ne manquerait plus que je leur offre une occasion de se rincer l'œil en plus. Je me traînais d'un pas faussement lourd jusqu'à la porte pour leur faire croire évidemment que je sortais du lit. Et une fois la main sur la porte je pensais à la touche finale en secouant un peu mes cheveux pour qu'ils paraissent décoiffer ou au moins ébouriffer avant de finalement ouvrir.
« Messieurs, bonsoir ou bonjour je ne sais pas trop. On va commencer par rétablir un point moi c'est MADEMOISELLE Hicks. Madame Hicks c'était ma mère. Que me vaut l'honneur de cette charmante visite ? Vous m'excuserez, mais je ne suis pas aimable avant mon café surtout avec des envahisseurs nocturnes. » Leur dis-je d'une voix faussement endormie, cependant très froide.
Aussi froid que la brise qui me fit frissonner ajoutant un peu plus de piquant et de véracité à mon jeu d'actrice. En plus de ça la lumière du hall, qu'ils avaient allumé, m'aida dans le rôle de ma vie parce que j'étais restée un bout de temps dans le noir donc mes yeux étaient naturellement éblouis par ce halo soudain de lumière. Sans compter que cette impression de sécheresse oculaire me faisait me frotter les yeux alors que je ne devais pas, je le sais. C'est pire après.
« C'est très bien pour vous. Nous vérifions chaque appartement. On peut entrer ? »
« Si vous ne me dites pas pourquoi il est proprement hors de question que vous veniez fouiner chez moi. À moins que vous ailliez un mandat auquel cas ce serait différent. Sinon je ne vous connais pas, vous vous présentez sans autorité chez moi au beau milieu de la nuit vous resterez sur le palier. »
Ils se regardèrent se demandant silencieusement s'ils devaient en parler et le premier que je ne connaissais absolument pas se lança.
« Un loup est entré dans l'immeuble. Nous faisons partie de l'association des chasseurs de Salem. Nous le prenions en chasse quand il nous a échappé et tout semble indiquer qu'il s'est arrêté ici. Sachez, madame, que la détention d'animaux sauvages est proprement interdite dans notre pays. » Me répondit-il en regardant par terre.
Luke avait laissé une quantité de poil faramineuse en glissant tout à l'heure, mais à la bonne heure. Je n'allais pas me laisser amadouer si facilement. Je n'avais pas encore dit mon dernier mot.
« Je vais vraiment m'énerver à force c'est MADEMOISELLE. Et si vous faites référence à ces poils qui jonchent le sol, ce sont ceux du chien de ma cousine, Minou. Vous pouvez demander à Red Dickens le coach de l'université de Salem. Il l'a vu alors que je me promenais un soir avec lui dans les bois. Cependant je lui ai rendu pour Thanksgiving dooonc ceci explique cela. De plus je ne suis pas une fervente supportrice de vos pratiques barbares, peu importe derrière quelles excuses vous cachez ça. La régulation, la protection des habitants, l'amusement, vous n'êtes pour moi qu'une bande de coprolithes à qui on a donné le droit de tuer. Donc si vous permettez maintenant j'ai assez entendu vos sornettes. Vous dégagez de chez moi qui est, à ce que je sache encore une propriété privée et profitez-en pour aller vous faire foutre. »
« Est-ce que nous pouvons entrer dans ce cas pour vérifier qu'il n'y a rien comme vous nous l'affirmez... ? Je me permets d'insister avec gentillesse, car vous n'aimeriez pas qu'on utilise la force avec vous. Un si petit bout de femme se casse vite. » Insista-t-il avec un ton inquiétant.
Les trois autres me regardèrent avec un regard assassin, je n'avais plus la sympathie de personne, mais au moins je leur avais dit ce que je pensais d'eux et je n'en étais pas peu fière. En plus je me sentais aussi sauvage qu'une enfant qui dit ses premiers gros mots avec mes deux insultes. J'ai souvent l'habitude d'insulter, ça se voit !
« Sachez que le shérif en sera informé dès demain. De votre violation de propriété, chasse illégale dans une zone d'habitation et menace sur un agent de la fonction publique. Mais, je vous en prie, entrez. Par contre vous enlevez vos chaussures toutes terreuses sur le palier ou vous revenez demain pour faire le ménage. » Leur lançais-je bien plus agressive et la mâchoire serrée.
Un sourire se dessina sur chacun de leur visage arborant des têtes de vainqueurs alors que ce qu'ils ne savaient pas c'est que c'est moi qui avais gagné cette bataille. Peut-être qu'ils allaient rentrés chez moi, mais dès le lever du jour je foncerais au commissariat voir le Shérif. Dans un premier temps pour l'informer des évènements survenus cette nuit et ensuite afin déposer une plainte contre eux pour les motifs exacts que je leur ai annoncés et je les mettrais hors-jeu pour un petit moment j'espère. De plus j'étais gagnante sur un autre tableau. Le temps. Chaque seconde de perdu pour eux était une seconde de gagner pour Luke et j'avais tout fait pour lui en donner le maximum. Parce que si Luke a réussi à se transformer bien sûr qu'ils se douteront toujours de quelque chose, mais ils ne peuvent pas tuer un être humain, pour la loi allez savoir la logique, ce serait des tueurs. Mais en loup ce ne sont que de gentils régulateurs avec une arme. Qui tire sur vous quand vous vous promenez dans la forêt, quand vous êtes en vélo. Oui je m'informe un peu des actualités outre Atlantique et des dérives que ça engendre. Et leur chef de l'état qui veut tout simplement interdire les balades en forêt le week-end. Des grands hommes assurément pleins de bon sens.
Malgré tout chacun de ces hommes s'exécuta sans ciller. Ils me devancèrent même pour entrer me bousculant au passage.
« Connards. » Murmuré-je.
Le dernier se retourna plantant son regard dans le mien. Nous étions tête contre tête, il essayait de m'intimider en imitant le gorille, mais il n'arrivait qu'à me faire profondément pitié.
« Redis ça. »
« J'ai la tête dans le coltar. » lui répondis-je en augmentant volontairement le ton de ma voix, un grand sourire aux lèvres.
Il souffla en rejoignant ces copains, mais ne fit aucun autre commentaire. Quelle belle brochette de tocards tient. Malgré leur comportement plus qu'intrusif, je les suivais à la trace pour toujours leur faire perdre plus de temps avant de passer à la pièce fatidique. Du coup ils ont fait le tour de chez moi, je leur ai ouvert chaque placard théâtralement les prenant ouvertement pour des dragons de 6 semaines jusqu'à ce que malheureusement j'ai épuisé tout le stock de portes sauf la dernière... Ils se regardèrent et en hochant la tête ils poussèrent la porte de ma chambre en allumant rapidement. Des prières tournaient dans ma tête avec un dicton idiot. Ça passe ou ça casse.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro