Chapitre 16 - Un Pied dans la Chasse
Nous avions quasiment fini notre repas cependant toujours en intense discussion à propos de l'affaire Tituba.
« Est-ce que tu t'en rends compte avec un peu de chance il y a un, ou une descendante en ce moment qui vit quelque part sur cette planète ! » me dit-il avec la plus grande véhémence.
« D'ailleurs en parlant d'ancêtre le proviseur m'a... Chaudement conseiller d'aller me renseigner auprès des archives de Salem. Mais... »
Son regard devint soudain plus sérieux et il mit dans sa bouche sa dernière cuillère de mousse au chocolat.
« Tu as peur des réponses que tu pourrais y trouver...? »
Je passais nerveusement la main dans mes cheveux, le regard fuyant alors que Luke chercha au contraire le contact visuel.
« Ça se pourrait bien... Je veux dire j'ai... J'ai des prédispositions depuis que je suis petite ce n'est peut-être rien, peut être fortuit, mais le proviseur m'a dit que Salem m'accueillait comme une vieille amie et c'est sûrement ridicule, mais... Je ressens ce lien depuis que je suis là. Je sens que je suis exactement là où je devrais être alors que je ne suis jamais venue ici, c'est dingue non ? »
Luke me sourit avant de passer une main dans mes cheveux.
« Lucy, j'en ai vu des trucs dingues dans ma vie et il m'en faudrait plus ! Quand tu te sentiras prête, on pourra y aller ensemble si tu veux. Et je peux te l'assurer cette ville a une âme et si tu es la bienvenue c'est que tu as ta petite histoire avec Salem. Moi cette ville m'en a fait voir de toutes les couleurs depuis que je suis là. En fait je n'ai commencé à souffler que quand tu es arrivée. »
Nous nous sommes souri comme deux imbéciles heureux avant de reporter notre attention sur nos cours. Je proposais mon aide à Luke qui avait besoin une montagne de cours à rattraper. Il ne refusait jamais mon aide et avait toujours cette lueur dans le regard quand je donnais à son point de vue un autre angle, ce qui ne manquait jamais de faire tousser mon cœur. Mais nous avons été obligés de nous séparer pour donner nos cours respectifs.
Ce n'est qu'après nos classes que nous nous sommes retrouvés dehors, il faisait presque nuit, Luke m'attendait contre une colonnade le nez dans un bouquin. Je le surpris et posant mes deux mains sur ses larges épaules, mais il ne réagit même pas un petit sourire en coin aux lèvres.
« Je pensais naïvement pouvoir vous faire peur ! »
Un rire s'échappa de ses lèvres alors qu'il m'attira contre lui.
« Lucy, ma chère petite Lucy vos talons claquent à partir du moment où vous sortez de votre salle de classe et l'école entière profite avec plaisir du son de votre déhanché sublime. Ensuite s'il vous plaît il faut faire quelque chose je ne peux pas continuer à embrasser une collègue, que j'apprécie beaucoup soit dit en passant, dans ses conditions. Il faut vraiment se tutoyer, on se le dit tout le temps, mais les vieilles habitudes reviennent au galop ! »
« Bon d'accord Luke ! Marché conclu, je m'engage à TE tutoyer. »
Je lui tendis ma main un sourire malicieux sur les lèvres alors qu'il serra ma main avec poigne.
« Nous avons un accord dans ce cas Lucy. »
Je ris en lui faisant remarquer son ton de mafieux alors il fit exprès de se plaquer les cheveux en arrière et de parler comme un italien avec une bronchite. Luke et moi allions rentrer, nous marchions sans but, en tout cas nous quittions l'université c'est ce qui est sûr, mais je ne m'y résolut pas. Alors quand nos chemins allaient se séparer pour rentrer chacun chez nous je tapais mon épaule contre la sienne.
« Ça te dit de passer la soirée chez moi ? Prendre un verre de vin... Je pourrais peut-être t'aider pour rattraper ton retard parce que tu as beaucoup de travail c'est le moins qu'on puisse dire ! » lui dis-je un peu gênée.
Il me regarda d'un air désolé en me prenant par la taille.
« J'aurais beaucoup aimé, mais... »
Son regard se perdit sur cette magnifique pleine lune qui pointait le bout de son nez.
« À moins qu'une balade dans les bois avec un loup t'intéresse » ajouta-t-il sur le ton de la rigolade.
Ce qui ne s'attendait pas c'est que je prenne sa requête au sérieux alors que je fonçais sur l'occasion. C'est vrai après tout quel meilleur moyen de le connaître, de me familiariser avec ses habitudes et son mode de vie que de le voir dans son costume de Hyde ?
« Vendu ! Laisse-moi juste passer chez moi pour me changer. »
« Sérieusement ? »
« Bien sûr ! À moins que passer une partie de ta nuit à m'écouter parler sans pouvoir répondre te dérange, ce que je pourrais évidemment comprendre... » lui dis-je en levant les mains devant moi.
« D'accord, je pense que ça devrait se faire... Mais promets-moi que si je te fais signe de partir tu m'obéiras, je t'en ai parlé ce midi, le territoire est sujet à discorde sans parler des "chasseurs" et autres partisans du meurtre qui traînent. » M'affirma-t-il inquiet.
La promesse ne fut évidemment pas difficile à prononcer. Maintenant je me considérais comme une femme de parole, mais surtout une personne qui fait et agit selon son propre jugement. Je ne prends pas toujours les bonnes décisions, mais je sais que c'est moi qui les ai prises et je n'ai aucun regret autant dire que ce n'est pas une promesse qui ma modifier ma manière de régir ma vie. Luke m'avait laissé me changer et 1 h après j'avais déposé mes affaires de travail chez moi et m'étais changé également pour une tenue plus confortable, un pull ample à crochet, un jean, et une paire de bottines à gros talons. Nous devions nous retrouver directement à l'orée de la forêt où nous nous étions quittés la dernière fois alors après avoir cherché aidés de ma mémoire pour seul GPS, j'ai cru me perdre. Jusqu'à ce que je croise un regard jaune qui m'attendait, assis, dans la forêt. Je ralentis le pas une seconde pour l'observer attentivement essayant de mémoriser chaque détail et à présent j'en étais sûr, c'était bien le loup de l'autre fois sans aucun doute. Ce pelage noir, ces yeux... Mes pensées continuèrent leur navigation lente et tranquille jusqu'à me rappeler d'une partie de notre conversation de ce midi, en particulier quand il m'a avoué avoir beaucoup de mal à retenir sa transformation en hiver quand la nuit arrive vite. Je ne m'attendais pas à ce que ce soit, enfin de mon point de vue en tout cas, si empressé. Je veux dire d'une heure à l'autre il peut être métamorphosé sans réussir à le contrôler ça peut être complexe à gérer et à vivre... Je veux bien le croire !
Je marchais tranquillement jusqu'à arriver à sa hauteur. Il sembla inquiet au début, me montrant une posture basse, les oreilles baissées et le regard las, mais je pris son gros museau dans mes mains avant de lui déposer un baiser sur sa truffe humide. Mon baiser lui déclencha immédiatement un éternuement adorable avant qu'il ne se gratte le museau avec une de ses pattes. Il était tellement mignon que j'avais envie de lui prendre sa grosse tête et l'écraser entre mes mains ! Enfin quand j'ai eu fini de l'embêter nous avons marché pendant un peu plus d'une heure, ça me faisait du bien de l'avoir près de moi, pour de bon cette fois. En plus ce midi il s'était vraiment livré à moi, avait été très patient en répondant à toutes mes questions. Même si je dois l'avouer ses bouquins étaient déjà très complet, mais cet échange et le fait qu'on ne se cache plus rien nous avait rapproché, j'étais entrée dans son cercle de confiance et lui dans le mien.
« Ça fait quoi... ? La dixième fois qu'il me demandait, ce matin. Il me rend dingue je te jure et pas au bon sens du terme. Là c'était pour le bal, mais sinon c'est pour prendre un café, boire un verre et toutes ces conneries. Mais je te promets il est flippant, il a ce truc dans le regard d'un peu fou et désespéré qui me fait peur vraiment Luke. En plus d'une lueur un peu vicelarde... Brrr ! »
Un frisson m'échappa, non pas que j'avais froid au contraire je trouvais qu'il faisait bon, mais l'idée même de faire face à ce que mon cerveau m'imposait en image de Red me dégoutait. Soudain Luke se raidit sans raison apparente, il sentit l'air et ses poils se hérissèrent. Nous nous sommes tous les deux stoppés et mon cerveau a concentré toutes ses forces dans mon ouïe comme si un vieil instinct de survie venait de se réveiller. Quelque chose arrivait derrière nous même moi je pouvais l'entendre à présent. Malheureusement la personne, parce que ses pas réguliers laissaient clairement penser que cette chose marchait sur deux pattes. Elle était trop près de nous pour qu'on s'échappe sans être remarqué alors je fis un clin d'œil en direction de mon loup qui ne sembla pas du tout d'accord pour quoi que ce soit. Je sais j'avais promis, mais maintenant qu'il était en loup je vois mal comment il pourrait m'obliger à tenir ma promesse pas vraie ? Il s'est parfaitement rendu compte de ça et a roulé ses yeux aux cieux comme résolus à ne pas me faire entendre raison. Nous étions toujours au même endroit et nous avons attendu que ce crétin arrête de vociférer comme un veau et nous voie enfin. Quand cette personne arriva enfin prête de moi se fût à mon tour d'être exaspérer et de lever les yeux aux ciels. Je suis maudite.
« Lucy qu'est-ce que tu fais là ? » me demanda Red aussi choqué que moi.
« Je pourrais te poser la même question, dis donc. » L'attaqué-je.
Il parut soudain gêné de ma réponse, surtout aussi rapide, avant de remarquer mon petit loup, enfin petit tout est relatif, et de faire un bond.
« C'est quoi ça ? » dit-il soudain en pointant son arme sur Luke.
Mais il est malade ce type ! Se promener à 23 h dans les bois avec un flingue... À moins que...? Mon cerveau tourna à plein régime, mais il n'y avait pas 36 possibilités. OK, je ne suis peut-être pas si maudite que ça après tout.
« Non, mais ça ne va pas ! Tu ne vas pas tuer le chien de ma cousine ! »
C'était un mensonge éhonté bien sûr, mais je dois dire que mes qualités de menteuse depuis ma précédente... Relation, non je ne le dirais pas. Je vais m'arrêter là parce que je ne peux pas qualifier la relation avec mon ex-fiancé d'amoureuse parce que ça n'avait rien à voir avec de l'amour. C'était de la manipulation, du narcissisme, de la perversion, de la violence, mais en aucun cas de l'amour. Avant peut-être, mais je suis une cynique optimiste. Je ne crois pas qu'il changera un jour, mais je l'espère. Je pense qu'il a toujours été comme ça, le déclencheur n'était juste pas encore là toujours est-il que pour revenir à la situation je fichus un coup sur son fusil à pompe pour le pousser de sur le crâne de Luke. Avec ce genre de flingues, c'est des coups à vous faire une baie vitrée là-haut !
« Le quoi... ? » s'étonna-t-il.
« Ouais ! Ma cousine est fan de séries tu vois ? Et donc, elle voulait le chien qu'il y avait dans sa série phare, je ne peux pas te dire lequel je l'ai pas vu, enfin je crois que c'est des sortes de croisement entre des loups et des huskys. BREF. Je crois qu'ils l'ont un peu entubé sur la marchandise vu la taille de l'animal... Et devine qui doit faire la nounou quand madame a besoin... ? Je te le donne en mille ! »
Je fis exprès de faire comme si je me rapprochais de Red de manière à le mettre en confiance parce que la clairement ce bobard c'était le plus gros et le plus improbable que je n'avais jamais raconté. Alors ouais j'ai une cousine effectivement, qui vit dans le Montana, elle a un énorme chalet à la montagne avec son mari et ils n'ont pas d'enfants, mais 12 chiens. DOUZE. Le peu de fois où j'y suis allé je me souviens j'étais toute petite et je me demandais pourquoi ils n'allaient jamais baladés leurs chiens. Autant dire que maintenant que je suis adulte je comprends leur problématique. Les pauvres n'ont que 4 bras à eux deux. Bref ce n'était qu'un demi-mensonge. Bon d'accord un mensonge reste un mensonge, mais c'est pour la bonne cause, je suis sûr que ce pauvre Dickens s'est fait embarquer dans ces histoires de chasseurs sans en comprendre vraiment toutes les enjeux et les facettes... Ou alors il était un plus gros coprolithe que j'avais imaginé.
« Ah ouais désolé. Dit par contre, j'ai bien compris que mes avances... Enfin tu vois que ça ne servait à rien surtout que Luke est revenu et au vu de l'accueil qu'il a eu je vois bien que j'n'ai pas ma chance, mais est-ce que tu pourrais arrêter de me faire ces yeux-là... Et je dois vérifier les papiers de... L'animal, s'il est identifié... »
Il tourna légèrement sa tête pour jauger Luke qui s'était assis probablement pour paraître plus petit, se demandant quel genre de bestiaux ça pouvait bien être. Bon par contre ce que j'avais retenu de sa phrase dans son intégralité c'est que j'étais dans de beaux draps. De 1 il commençait à se rendre compte de mon petit manège de pseudo séduction, de 2 il avait jeté un malaise qui serait difficilement rattrapable à remettre sur le tapis ses « sentiments » à mon égard et de 3 il voulait des preuves. Pourtant je n'avais strictement rien pour lui alors je dépêchais mon cerveau de monter un bateau en moins de 10 secondes, en espérant ne pas être aussi insubmersible que le Titanic.
« Il ne l'est pas. Ma cousine est ce genre de hippie végétarienne qui refuse qu'on tatoue son animal parce que "c'est un être sensible, je ne lui infligerai pas ça" et la puce encore moins elle ne voudrait pas que la CIA ou Interpol sache qu'elle a un chien. Je ne déconne pas en plus, c'est le plus triste. »
C'est nul, franchement ça mérite un bruit de pet avec ma bouche. J'ai demandé à mes méninges un bateau et je me retrouve face à un radeau troué, génial. Des sueurs froides commençaient à lécher mon échine comme un serpent qui rampe.
« Une sacrée originale ta cousine... Il s'appelle comment ? » me répondit Red en se frottant le derrière de la tête visiblement très mal à l'aise.
Mes mensonges étaient jusque-là hyper fluides, mes radeaux pour traverser le lac que représentait Red étaient suffisants, bancals, mais acceptables apparemment, mais sa question fit l'effet d'une bombe dans ma tête. Mais pas une bombe lacrymale ou un cocktail Molotov, que nenni ! Une bonne grosse bombe nucléaire, du genre silencieux suivi d'un souffle intense et plus puissant que n'importe quoi sur cette Terre. Le blanc complet dans ma tête, tel un lac je semblais tarie. Comment ce chien s'appelle... ?
« Mi... Nou. Il s'appelle Minou. Ouais elle aime l'humour aussi. »
Il me fixa, le regard en biais se demandant si je me payais sa tronche avant de secouer la tête d'exaspération et tendre le plat de sa paume en direction de Luke AKA Minou.
« Oh non je ne te conseille pas de le toucher. Ce chien est plus dérangé que sa maîtresse, il faut que tu te désinfectes les mains avant de le toucher. Ne me regarde pas comme ça, observe. »
Là je sentais que c'était la connerie de trop, mais quand il a approché son bras j'ai paniqué. Enfin bon maintenant que le fil de mon mensonge était tissé je ne pouvais que le renforcer. Alors j'approchais mes doigts de Luke sans me désinfecter la main et oh miracle il grogna. Red qui observait attentivement la scène se ravisa automatiquement et reprit sa main avant de la fourrer profondément dans sa poche de pantalon. J'allais chercher dans ma poche de pantalon mon flacon que j'avais pris sur moi au cas où j'ai des trucs impropres à toucher et je dois dire que je me félicitais pour cette initiative. Oui je ne faisais quand même pas mes mensonges au hasard, voyons. Je mis une noisette au creux de mes mains avant de frotter énergiquement, ma paume, le dos de ma main, les creux entre doigts et enfin mes pouces. Luke me regardait avec attention, je pouvais voir à son regard que Red ne l'inquiétait pas plus que ça, mais qu'il n'était tout de même pas serein. Cependant une fois que le produit fut imprégné, je retentais une approche et il se montra cette fois parfaitement docile. Pourtant à la seconde où ma main entra en contact avec sa peau je pus sentir tous les sentiments qui bouillaient en lui et la seule chose qu'il désirait. Partir d'ici.
« Elle a vraiment un grain ta sœur... ou ta cousine, Bref. Je vous laisse j'ai d'autres trucs à faire... » me répondit-il avec un air de profond dérangement.
Quand il dût assez loin Luke et moi avons repris notre souffle comme si Red nous l'avait enlevé par sa seule présence. Ensuite Luke me contourna pour se retrouver dans mon dos et il me poussa avec son museau pour que j'avance et je savais parfaitement ce qu'il voulait faire. Il ne souhaitait qu'une seule chose me mettre à l'abri chez moi.
« On n'aura pas autant de chance la prochaine fois. Minou. » Lui assurais-je en faisant exprès de le ralentir un peu au début. Mais le deuxième coup de truffe fût nettement moins maîtrisé et je fis un bon en me rattrapant habilement à pierre juste à côté de moi. Quand il me rejoint, il me fit un signe de tête comme si je n'avais pas compris ses intentions qui me firent sourire.
« Je te suis OK, Minou pas la peine d'essayer de me faire battre des records d'Athlétisme ! »
J'accompagnais ma phrase d'un tapotement complice sur le haut de sa tête et partis dans un fou rire à m'en tenir les côtes tandis que Luke levait constamment les yeux au ciel.
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