XI
Il échoua dans le café de Frank et commanda une boisson chaude. Son ami arriva en face de lui et lui fit la morale. Il avait vu Marjorie le cœur brisé et Lukas lui raconta tout ce qu'il s'était passé.
— Ta sœur a raison.
— Ouais je sais.
— Et pour la sœur de ton meilleur ami ?
Lukas soupira et prit sa tête entre les mains.
— Je ne veux même pas en parler. J'ai tout gâché, alors que... elle est super cette fille. Vraiment super. Et elle est belle aussi. Il faut que j'aille la voir, mais avant, je vais écrire ma lettre de démission. Je peux pas continuer à bosser dans cet environnement. Les filles vont me voir comme un prédateur sexuel.
— Arrête tes conneries Lukas, claqua la voix de Winnie derrière lui. Je peux avoir un café Frank ? Personne ne te voit comme ça. Tu sais comment sont les filles. Elles te prennent un peu comme leur petit frère. Alors, elles sont cash, mais tout le monde t'aime à la rédaction. Ne pars pas. S'il-te-plaît.
— Je l'ai blessée.
— Je sais, elle en a conscience et elle était catastrophée que tu partes et quittes le job pour elle. Je lui ai donné la fin de sa semaine pour qu'elle décide ce qu'elle veut faire et pour qu'elle s'en remette. Avoir un congé pour sa rupture ou se remettre d'un chagrin d'amour... j'aurais adoré en avoir un un nombre incalculable de fois.
— Je peux aussi avoir la fin de ma semaine ?
— Non, toi tu bosses sur ton papier de la saint Valentin. Et arrête, tu n'as pas eu le cœur brisé. Dans le meilleur des cas, ça te saoule, mais c'est tout, sourit Winnie.
Elle se leva pour aller chercher son café et Lukas vit les changements en elle. Il ne savait pas ce qu'il s'était passé, mais elle était détendue. Quand il lui en demanda ce qu'il s'était passé, elle sourit.
— J'ai compris que j'avais de l'importance et finalement partir loin de tout, c'est top. Tu devrais essayer. J'y retourne. Tu écris d'ici ou tu reviens au boulot ?
— Je reste ici.
Elle secoua la tête et elle sortit du café. Lukas checka son téléphone et remarqua qu'Adeline avait vu son message mais n'y avait pas répondu. Elle lui faisait la gueule. C'était certain. Il ne voulait pas avoir un coup de cœur pour elle et pourtant, c'était ce qui était en train de se passer. Il désirait la femme qu'il imaginait derrière ces lignes. Il relut toute la conversation. Il y avait peut-être un indice sur les lieux qu'elle aimait et peut-être qu'il pourrait la voir. Il suffisait qu'il prenne sa sœur avec lui. Oui c'était ça. Il allait lui en parler dès qu'il aurait une minute de libre. Il resta un long moment dans le café et il vit le gang des streets girls par la vitre. Elles rentrèrent et se laissèrent tomber sur les chaises près de lui.
— On aurait pas dû s'en mêler Lukas.
— Je ne vous en veux pas. C'était juste de l'inquiétude et ... comment vous dites déjà ? Solidarité féminine ? Je vous offre un verre ?
— Tu as tellement bu que ça sent encore Lukas. Mais demain soir, pourquoi pas, répondit Caro. Je dois emmener ma fille demain, je serai libre.
Lukas se taisait. Il ne savait pas qu'elle n'avait qu'une garde alternée de sa fille, alors qu'il travaillait depuis longtemps avec elle. Il finit par leur en faire part et elle raconta que son ex l'avait laissée quand elle était enceinte mais qu'il avait gagné la procédure pour avoir une garde alternée de leur fille. Maria et Glad aussi racontèrent leurs histoires et Lukas se sentit encore plus honteux d'être assimilé à ce genre de type. Si une femme lui avait dit qu'elle était enceinte, il ne l'aurait pas abandonné, il le savait. Il aurait probablement essayé d'être un vrai couple avec la mère de son enfant, mais cette situation ne s'était jamais présentée.
— Et toi Lukas, tu aimerais avoir des enfants ?
— Oui au moins trois.
C'était sorti tout seul mais les filles lui jetèrent un regard attendri.
— Quand j'étais petit, je voulais que des filles même, juste parce que je voyais ma sœur comme la personne le plus cool du monde. Beaucoup plus que mon frère. Après en grandissant, j'ai compris que les filles étaient pas... protégées dans ce monde. Après je suis devenu un trouduc alors j'en ai plus rien eu à faire. C'est pour ça que... je ne pourrais pas écrire pour la Saint Valentin. Je suis pas romantique pour deux sous.
— Tu vas trouver. T'inquiète, on va te laisser faire. Il faut qu'on y aille.
La voiture de Lukas était chez sa sœur et alors qu'il était dans un taxi pour rejoindre sa maison, ton téléphone sonna. C'était Marjorie.
— Je voulais juste te dire que c'était pas mon intention de salir ta réputation aujourd'hui. C'est juste que... j'ai vraiment eu les boules Lukas. Je pensais vraiment que je pouvais plaire à un mec comme toi. Je le pensais vraiment et... putain je sais pas pourquoi je t'appelle.
— C'est parce que je t'ai blessée et je t'ai trainée comme une moins que rien. C'est pour ça. Mais tu as de la valeur, vraiment. Les déceptions amoureuses... ça nous forge Marjorie. Tu trouveras un mec bien. Mais ne choisis pas un mec comme moi.
— Y'a pas de risque. Je vais te laisser, je voulais juste te dire ça.
Elle raccrocha et Lukas arriva devant la porte de sa sœur, il laissa un gros pourboire et sonna pour récupérer ses affaires. Son ami Ben était torse nu.
— Tu tombes mal. Tu as pris Zelda ? Ta crédibilité a dû en prendre un coup.
— Je voulais juste reprendre mon costume, mais je reviendrai plus tard. Je prends ma voiture et... merci. Merci beaucoup pour cette nuit.
— T'es mon bro. C'est normal.
Ils se donnèrent une accolade et Lukas rentra dans sa voiture. Il retourna chez lui et s'affala sur son lit pour dormir. Il en avait bien besoin.
Lukas se réveilla en sursaut, il avait entendu du bruit chez lui. Il alluma la lumière et vit Cecilia. Elle était magnifique, dans une chemise de nuit satinée. Il allait parler mais elle l'en empêcha en posant sa main sur lui. Cecilia sentait merveilleusement bon et sa peau était douce. Tellement douce. La sœur de son ami posa ses lèvres délicatement ourlées sur celles du jeune homme. Elle était tellement belle.
— Luk'...
Elle murmurait son surnom alors qu'elle grimpait sur le lit, les bretelles de son vêtements glissèrent sur ses bras et son décolleté se dévoila. Elle le repoussa dans ses oreillers et se déshabilla entièrement. Était-ce un rêve ou la réalité ? Il n'en avait rien à faire. Il voulait de nouveau goûter son Graal, fut-il une chimère.. Parce qu'il n'avait jamais couché avec une femme qu'elle et que jamais il n'avait ressenti ça autrement... Plus de sensations, moins de performances. Il l'embrassa, la fit jouir violemment, et quand il se réveilla le lendemain, il avait une érection.La pensée même de son corps le faisait réagir au quart de tour. Il devait la revoir, c'était une évidence. Mais comment et quand ? C'était ça le problème.
En arrivant à la rédaction, il se sentait encore un peu péteux mais l'ambiance était redevenue normale. Cece avait posé un café sur son bureau et il reprit son article. Il n'arrivait à rien, aussi, il passa son temps à la salle des machines pour faire des photocopies pour ses collègues. Ça l'arrangeait en réalité. Il n'avait pas besoin de réfléchir pour ça. Il ne s'attendait pas à ce que Winnie soit derrière lui en se retournant à la mi-journée.
— Luk' ? tout va bien ? C'est à cause de Marjorie ?
— Qui ? non non, tout va bien. Dis-moi.. tu es toujours okay pour aller prendre ce verre ? Les filles sont d'accord pour venir.
Winifred accepta et Lukas lui sourit. Peut-être qu'ils pourraient leur demander après tout. Elles étaient de bons conseils pour les lectrices, pourquoi pas pour lui ?
Ils avaient décidé de se rendre dans une boîte prisée de la ville. Lukas était comme un coq en pâte. Il paya l'entrée pour ses collègues et ils s'installèrent à une table. Il était assis à côté de sa rédactrice et finit par se pencher vers elle. La musique était super forte, aussi, Winnie fit un effort pour l'écouter.
— J'ai échoué, avoua-t-il avec tristesse et colère.
— Ton article sur l'expo est...
— Je parle pas de ça. Je serai pas à temps pour celui sur la Saint-Valentin, pour le magazine papier.
C'était la première fois qu'il ne pouvait pas rendre un article mais là... il ne savait pas pourquoi son inspiration s'était envolée. Winnie lui sourit gentiment et tapota sa main.
— Tu as jusqu'au 14 et tu le posteras sur le site directement.
— T'es sûre ? s'étonna-t-il.
— Exactement, je veux un papier parfait. Tu as donc... quatre jours exactement.
Lukas se pencha pour l'embrasser sur la joue. Elle lui sauvait la vie, là. Il devait absolument s'y mettre, quitte à demander à sa sœur de l'aider à l'écrire. Il laissa Winnie s'enfoncer dans la boîte de nuit pour danser et avala son scotch. Il fit signe à une serveuse de lui en apporter un autre et il suivit du regard une fille. Elle lui faisait penser à son ex Emy, mais ce n'était pas elle. Il savait qu'elle était en Australie. Il invita Cece à danser avec lui et il la fit tourner. Il s'amusait bien. Il n'avait jamais fait un truc pareil avec ses collègues mais c'était une bonne chose. Lukas avait envie de se vider la tête et danser au son d'une musique trop forte et boire, c'était parfait pour ça.
Quand il retourna à leur table, il se laissa choir auprès de Maria et lui raconta son dilemme avec Cecilia. Elle allait lui répondre sur la démarche à suivre quand Lukas vit Winnie revenir en tenant la main d'un barbu blond. Elle était sérieuse ? Elle ne devait pas avoir l'habitude de sortir, ce devait être ça, pensa Lukas. Quelle idée de se taper le premier mec venu dans une boîte de nuit, et aussi tôt ! Il se sentait obligé de la protéger. Après tout, il était son seul ami mec de la boîte.
— Je vais vous laisser, leur annonça-t-elle les yeux brillants. C'était vraiment une bonne idée de venir ici, on devrait faire ça plus souvent. Je vous souhaite un bon week-end.
Lukas bondit de sa chaise et tendit sa main.
— Lukas, je suis un ami de Winifred et vous êtes ?
Il voulait avoir son nom pour pouvoir l'envoyer à son oncle paternel en cas de problème. Il travaillait dans la police et Lukas savait qu'il pourrait mettre toutes ses équipes sur le coup si c'était un sale type. Il n'aurait pas le temps de jouir qu'il serait déjà embarqué dans une fourgonnette blindée.
— Eliott Washington, lâche le barbu d'un air sympathique.
Avait-il bien entendu ?
— Comme... le Docteur Eliott Washington ? De la méthode Washington ?
— Oui, c'est moi. Je ne crois pas vous avoir déjà vu ?
— Non du tout, mais vous avez travaillé avec mon Grand-Père. Herbert Littman. Et vous étiez son étudiant préféré, il m'en parle encore.
Lukas ne mentait pas. Son Grand-Père suivait la carrière du jeune Washington avec attention et si le jeune homme avait bonne mémoire son épouse était décédé quelques années plus tôt. Il connaissait Winnie ? Elle serait en sécurité avec lui, il ne se faisait pas de souci, aussi il les laissa partir sans encombre.
Il se rassit dans son siège et attendit les conseils de Maria.
— Va la voir. Parle-lui, ouvre lui ton cœur de pierre. J'ai l'impression qu'elle est particulière pour toi cette fille. C'est peut-être pour ça que ça n'aurait pas pu marcher avec Marjorie. Tu n'as pas de cœur, il est déjà entre les mains d'une fille.
Et cette fille ce n'était pas Cecilia, mais Adeline. Il était vraiment dans la mouise. Il décida de se prendre une cuite et dès qu'il serait remis, il trouverait la solution.
Il se réveilla avec Caro dans lit. Et merde. Il souleva son drap et vit qu'ils étaient tous les deux parfaitement habillés. Ouf. Il posa ses pieds au sol et essaya de se rappeler la veille. Ils avaient tous bus et il avait... il plissa des yeux. Ah oui, il les avait toutes ramenés chez lui et avait prêté les chambres d'amis. Il n'y en avait plus assez, alors il avait passé sa chambre à Caro et s'était assoupi lui aussi. Bon, il n'avait pas fait de conneries majeures, c'était déjà ça. Il glissa sur son parquet pour éviter de faire du bruit et il prépara du café. Beaucoup de café.
Il avait un message de son frère sur son répondeur qui finalement, était okay pour que Lukas lui rachète son appartement à un tarif préférentiel. Il ne comptait pas revenir de si tôt et s'il revenait, ce serait juste pour des vacances, un appartement n'était qu'une charge pour lui. C'était ce qu'il lui avait dit assez cash, d'ailleurs. Le message qui suivait lui venait de sa sœur. Elle lui parlait de la prochaine expo et elle l'invitait à revenir voir les œuvres une dernière fois la semaine prochaine s'il le souhaitait avant qu'elle ne change complètement.
Il devait y réfléchir, il ne savait pas s'il avait envie de replonger dedans une dernière fois alors qu'Adeline ne lui adressait plus la parole. Il attrapa son téléphone fixe et appela son concierge pour qu'il lui apporte des viennoiseries. Il était en train de préparer des jus lorsque les filles se levèrent.
— Tu as fait tout ça ?
— Je suis multi-tâche.
Il apporta du café, du thé, et des jus fraichement pressés. Caro regarda autour d'elle.
— T'as un bel appartement.
— Mon frère est le propriétaire mais je vais bientôt le racheter, je vais lui faire une proposition et je vais voir s'il accepte.
— Tu ne te sens pas un peu seul dans un aussi grand espace ?
— Je ne suis pas souvent chez moi, je sors pas mal, et j'atterris souvent dans ma famille.
On frappa à sa porte et quand il ouvrit sa sœur entra comme une furie.
— Je suis certaine que tu as encore pris une cuite hier, je t'ai envoyé un message y'a deux heures et... oh ! Salut les filles !
Luzia s'arrêta net et jeta un coup d'œil à Lukas avant de s'asseoir.
— J'ai eu ton message sur le répondeur.
— Je ne parlais de ce message là, tu as regardé ton portable ?
Il l'attrapa sur le rebord de sa cuisine et vit le message textuel : On va courir ?
— Non. On ne va pas courir. Il fait trop froid. Tu veux du thé ?
Elle acquiesça et lorsque ses collègues partirent après ce petit déjeuner improvisé, Luzia croisa les bras et le fusilla du regard.
— J'ai besoin de ton aide, lâcha-t-il. Il faut que tu m'apprennes ce qu'est l'amour véritable pour ma chronique sur le site du magazine. Je ne sais pas faire.
— T'es pas sérieux là ?
— Si. Je veux passer le week-end avec Benjamin et toi, je vous observerai.
— Je ne suis pas une souris de laboratoire.
— Je veux juste... sentir ce que c'est l'amour. Ne me laisse pas aller chez les parents pitié.
— Tu ne veux pas non plus que je te l'écrive ton satané papier ?
— J'ai pas osé demander.
Elle lui cria dessus en italien et quand elle fut calmée, elle accepta qu'il la suive comme son ombre mais à une seule condition, le soir, il rentrait dormir chez lui. Il l'embrassa et elle lui intima l'ordre d'aller prendre une douche. À vrai dire, il passa une excellente journée avec le couple, même s'il trouvait ça peu ragoûtant que son meilleur ami embrasse sa sœur, mais il semblait que c'était naturel. Ils ne cessaient de se frôler, de se faire des petits bisous. Au bout d'un moment Lukas leva le sourcil.
— Vous savez, on est des adultes, si vous avez envie que je vous laisse vous envoyer en l'air sur le plan de travail, vous me le dîtes et je reviens plus tard.
Ils le fixèrent avec surprise.
— Vous n'arrêtez pas de vous tripoter.
— Pas tant que ça, répliqua sa sœur. Et puis c'est ça être en couple Lukas. On se frôle, on s'embrasse. Y'a pas que le sexe dans la vie, y'a aussi tous ces petits moments juste de joie ou de plaisir comme une main posée sur la joue, ou un fou rire.
— Benjamin, tu préfères rire avec ma sœur ou coucher avec ?
Son meilleur ami les regarda tous les deux.
— Je ne rentrerai pas dans le débat. Règle numéro 1, ne jamais s'interposer dans une fratrie. J'en ai une, je vous signale.
Luzia se recula et le toisa l'air de dire : réponds, ou je crie.
— Mais le meilleur moment, c'est quand même le fou rire pendant qu'on fait l'amour. Pourquoi choisir quand on peut faire les deux ?
Lukas croisa son regard et ils explosèrent de rire. Ils pleuraient toujours lorsque Luzia ouvrit la porte d'entrée. Un courant d'air frôla Lukas et une effluve de parfum en particulier, fit battre son cœur un peu plus rapidement. Il se retourna assez rapidement et vit Cecilia.
— Salut ! Je voulais juste savoir si je pouvais t'emprunter ton châle doré ?
— Je vais le chercher tout de suite. Rentre ! Lukas est là.
Elle tourna les yeux et eut un sourire forcé. Il le savait. Elle avança dans la maison et le salua. Il lui semblait qu'elle avait changé, mais quoi ?
— On s'appelle demain, d'accord ?
Elles se prirent dans les bras et Lukas eut de la peine de la voir partir sans un sourire ou un regard vers lui. C'était très déstabilisant. Il passa une bonne soirée avec sa sœur et resta même dormir. Il avait deux jours pour terminer son article, et le lendemain, il l'avait décidé, il irait se faire pardonner auprès de Cecilia. Il ne savait pas comment mais il le ferait. Après tout il était un Littman, il trouverait forcément une bonne idée.
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