IV
— Cecilia ! T'es enfin là !
— Désolée, il y a eu un accident sur une des artères principales et j'étais coincée. Tiens. Lukas. Tu es là...
Il se leva et se retourna pour faire face à Cecilia. Du moins, à une image améliorée de Cecilia. Ses cheveux bruns étaient ramenés sur son côté droit, elle avait retiré ses lunettes dégueulasses, portait un rouge à lèvres rose foncé et une robe noire un peu moulante. Comment ces seins-là ont pu lui pousser en trois jours ? Lukas faillit se claquer tant sa réflexion était stupide. Elle devait sûrement avoir un rembourrage et il avait vu passer sur les réseaux sociaux une vidéo d'un type qui se faisait du contouring sur le torse pour faire croire qu'il avait des gros seins. C'était sûrement la même chose là. Il remonta au Nord et eut un petit sourire.
— Je suis là, comme tu peux le constater.
Il se rassit aussi sec et la détailla sans vergogne alors qu'elle s'installait en face de lui.
— Il est grognon, je crois qu'il a faim, lança sa sœur. Il voulait te revoir en vrai.
— Vraiment ? ironisa Cecilia.
— Je... ce devait-être un gros accident pour couper toute la circulation. Tu as des nouvelles ?
— Lukas le journaliste, toujours à l'affut, rit son meilleur ami.
Lukas esquissa un sourire et finit son verre d'une traite.
— On ne change jamais vraiment. En fait je me suis dit que ce serait plus amusant d'être à deux pour me moquer du petit couple qui s'est planqué pendant des mois.
— Il a raison sur ce coup là. Vous avez réussi à ne rien dire à personne. Vous deux, les plus grandes pipelettes de la Terre.
Lukas eut un petit rire.
— Clairement, ce sont deux commères. D'ailleurs Benjamin, il va de soi que si tu fais souffrir ma sœur, ami ou pas, je te défoncerai la gueule et les genoux.
— Le retour du macho, siffla Cecilia.
— Je te demande pardon ?
— Pourquoi vous les hommes vous vous sentez toujours obligés de nous défendre, nous et notre honneur ? Tu ne crois pas que Luzia est assez forte pour s'en sortir, seule ?
— Je crois que c'est mon devoir non pas en tant qu'homme mais en tant que frère, que membre d'une même fratrie d'être là pour ma sœur. J'espère bien que si une petite pute me faisait souffrir, elle irait lui arracher ses extensions et ses faux cils. Ça s'appelle la famille, ni plus ni moins.
— Ça ne risque pas d'arriver si tu commences à appeler ta future partenaire « une petite pute ». Ce n'est pas par l'humiliation que tu arriveras à trouver quelqu'un.
— Tu fais erreur Cecilia, encore une fois. Je trouverais quelqu'un quand j'en aurais envie parce que je suis doué.
— Doué en quoi ? en arrogance ?
— Non, en cunnilingus.
Elle s'étouffa dans son verre et un serveur arriva pour prendre leur commande. Luzia le fusillait du regard, Benjamin était hilare et lui, il était exaspéré. Il voulait bien faire des efforts mais il savait que c'était peine perdue si elle continuait à l'énerver de la sorte.
— Alors finalement Lukas, tu as trouvé comment l'expo de vendredi ? fit Ben.
— Tu as été à l'expo de Lu ? demanda la sœur de ce dernier.
— Oui, c'était vraiment sympa. Comme toujours Luzia arrive à dénicher des perles. C'était juste, c'était percutant. Je ne sais pas si tu l'as vue Cecilia, enfin si tu as le temps d'aller la voir avec tes cours, mais tu devrais. En parlant de sortie, tu viens avec moi au match de tennis de dimanche, Ben ?
— Attends, tu as réussi à avoir des places ? hoqueta son meilleur ami.
— Winnie était de super bonne humeur cette semaine et elle me les a laissés sur mon bureau. On est super bien placés.
Ils se mirent à parler du tennis, laissant les filles parler entre elles. Lukas ne voulait pas poser ses yeux sur Cecilia, il savait qu'il finirait par paraitre impoli, à force de la scruter ainsi. À la fin du repas, il la trouvait un peu saoule. Elle n'arrive pas à tenir trois verres, c'est vraiment une petite nature. Il repensa à sa discussion avec son frère sur le fait qu'il devait mettre Cecilia Hart dans son lit pour la jeter après.
— Tu comptes reprendre le volant ? lui demanda-t-il au moment de payer.
— Non du tout, je vais attraper un bus. L'arrêt n'est pas très loin d'ici !
Lukas avait dégainé sa carte bleue et avait payé l'intégralité du repas avant que les autres aient eu le temps. Sa sœur fronça les sourcils mais il l'embrassa sur la joue.
— À charge de revanche. Toi, je te ramène chez toi, lança-t-il à Cecilia.
— Non, vraiment ça va aller, sourit-elle.
— Benjamin, je t'appelle une fois ta sœur en sécurité, continua-t-il sans l'écouter une seule seconde. Bonne soirée à tous les deux, c'était une très bonne chose que de dîner ensemble comme ça, on devrait le faire plus souvent.
Il attrapa Cecilia assez fermement par le bras et ouvrit la portière de sa voiture qu'il avait garé à peu de distance du restaurant.
— Ça t'arrive souvent de contraindre des femmes à te suivre ? répliqua-t-elle sèchement.
— Arrête de toujours vouloir avoir le dernier mot. J'avais besoin d'avoir ton avis sur eux. Tu les trouves comment ? J'adore Benjamin et je veux être sûr et certain que ma sœur sera bien avec lui et inversement.
Elle soupira et monta dans la voiture.
— Je crois qu'ils vont bien ensemble, répondit-elle alors qu'il démarrait. Je n'ai jamais vu mon frère aussi épris de quelqu'un et ta sœur non plus. Je crois qu'ils s'aiment vraiment. Ce n'est pas que sexuel.
— Ça va durer ?
— J'espère pour toi, ironisa-t-elle. Tu ne pourras pas choisir entre ton meilleur ami et ta sœur.
— Ma sœur passera toujours en priorité. Mais visiblement, toi tu ne fais pas passer la famille en premier.
— La famille est relative. Mon frère ne m'a jamais vraiment défendue comme toi tu défends ta sœur. Tu crois que je ne savais pas que j'étais Cecilia la laideron pour la moitié du lycée, et que c'est toi qui a lancé ce surnom de merde ? Je le savais parfaitement et mon frère.. ça le faisait rire. Il m'appelait même comme ça à la maison. Et mes parents, ils n'ont rien dit et ne s'intéresseront probablement jamais à moi alors... Les Hart ne sont pas les Littman. Ce n'est pas vraiment étonnant que Benjamin ait toujours voulu faire parti de ta famille, quitte à renier la sienne.
— Tu es dure avec ton frère, murmura Lukas.
— Je suis réaliste. Il est comme ça. Tu as toujours su qu'il était plus faible que toi. Il a toujours guetté ton approbation de toute façon. Tu es son roc et son guide, Lukas. Tu lui aurais dit que tu n'approuvais pas sa relation avec ta sœur, il l'aurait laissée. Tu comptes plus à ses yeux que toutes les femmes du monde.
— Il est pas amoureux de moi.
Elle eut un rire amer et le regarda avec un peu plus de sarcasme si c'était possible.
— Tu ramènes tout au sexe. Comme tout à l'heure à parler de cunni alors qu'on est en plein restaurant. Tu sais que je n'habite pas du tout dans ce quartier, hein ?
— Moi j'y habite, je t'invite à prendre un verre.
— Je préfèrerai que tu me ramènes chez moi.
Lukas dévia selon ses indications et il la ramena dans une rue populaire qu'il n'aurait jamais fréquenté si ça n'avait pas été avec elle.
— Tu veux prendre une tisane ou quelque chose ?
— Je...
Tu la dragues, tu couches avec et tu la largues le lendemain.
— Je dois t'avouer que je suis un peu crevé. Le coup du verre c'était surtout par politesse. Mais.. tu fais quoi vendredi soir ?
— Vendredi ? Heu.. rien de particulier.
— Viens dîner chez moi. Attends.
Il attrapa sa main, qu'il ne pouvait qualifier autrement que de douce, et il attrapa un stylo bille pour lui noter avec exactitude son adresse et son numéro de téléphone.
— Voilà. 20h, vendredi. Viens en Uber ou en taxi si possible, c'est assez dur de se garer dans le quartier et tu seras plus à l'aise pour boire si tu veux.
— Tu es en train de me filer un rencard ou c'est moi qui ai trop bu ?
— Je crois qu'on ferait bien d'apprendre à s'apprécier un minimum. Je ne suis plus le lycéen que tu as connu et toi tu...
— N'es plus le laideron.
— Cecilia... marmonna-t-il gêné.
— Va pour vendredi, 20h. Prépare du poisson, je ne mange pas de viande le vendredi. Oh et je ramène le dessert.
Elle claqua la portière de la voiture et Lukas attendit qu'elle referme la porte de chez elle avant de démarrer. Il remarqua une fois chez lui qu'elle avait laissé son foulard dans sa voiture. Il l'attrapa et une odeur de cerise le prit. Il inspira cette odeur et elle lui rappela ces vacances que sa famille et lui avait passé en France. Ils avaient ramassé des cerises dans le jardin et leur mère avait confectionné des confitures délicieuses. Il l'attrapa et le posa sur le comptoir de sa cuisine. Il n'avait pas vraiment regardé son smartphone et remarqua qu'il avait eu des messages d'Adeline. « Je ne sais pas si je vous l'ai dit, mais je trouve que vous avez fait de très belles photos... c'est votre passe-temps ? » Il sourit et lui répondit immédiatement. Sa soirée n'avait pas été aussi nulle que ça après tout.
Au boulot, le lendemain, Winnie se planta devant lui.
— Tu as une ébauche de l'article pour la galerie et pour la Saint Valentin ?
— Galerie, oui, Saint Valentin, il faut que j'y travaille. Tu veux le lire ? J'ai pas encore peaufiné mais... je suis encore en discussion avec l'artiste. Je veux dresser un juste portrait d'elle.
— Okay. Tu m'envoies ça par mail ? Ou tu préfères me l'imprimer ?
— Heeeuuu. Attends. Tiens. J'ai mon jet 2 là.
Il lui tendit des feuilles, vérifia qu'elles étaient dans le bon ordre et les agrafa. Quand elle lui rendit dans l'après-midi, elle avait fait des annotations pour le booster. Winnie était une super journaliste et même si elle était guère plus âgée que lui, elle avait des capacités hors du commun. C'était en partie pour elle qu'il lui était resté chez Cora's. Elle était un maître pour lui, même s'il ne lui avouerait jamais. Il le laissa pour le lendemain sur son bureau et il s'étira. Marjorie arriva vers lui, et minauda.
— Ça te dit d'aller au cinéma ce soir ?
— Volontiers. Tu choisis le film, tu m'envoies un message avec la salle et l'horaire. J'ai besoin de me détendre. Pas une comédie romantique par contre... quoi que.. tu sais, prends ce que tu veux.
Il se redressa, lui fit un clin d'œil et rentra chez lui. Un bon ciné, un sachet de popcorn, oui ce serait super comme soirée et au moins, il ne guetterait pas un message d'Adeline. Il ne savait pas pourquoi il était comme un puceau devant son écran de smartphone. Rien qu'à la pensée de ses discussions avec elle, il était joyeux et un sourire imbécile lui barrait le visage.
Il reçut un message de Marjorie avec l'heure de la séance et la localisation. Quand il arriva, il paya les deux places et vit que Marjorie n'était pas encore arrivée. Il l'attendit à l'intérieur et joua sur son téléphone. Il releva les yeux et il la vit arriver. Ce fut à ce moment précis qu'il comprit ce que cette petite cruche avait fait. Il voyait 5 paires d'yeux le regarder. Elle ne semblait pas du tout gênée et elle le présenta. Elle avait des copines mignonnes. Elles le dévoraient du regard. Il serra des mains, salua des demoiselles et se pencha vers Marjorie.
— Tu ne m'avais pas dit que j'étais un animal de cirque qu'on devait montrer à ses copains. Si j'avais su, j'aurais mis du maquillage histoire d'avoir un peu plus de spectateurs.
— Désolée. Ils ont insisté pour venir. Tu me pardonnes ?
Lukas n'eut pas besoin de répondre puisque le film débutait. C'était une comédie qui le dérida complètement et à la fin de la séance, alors que le générique commençait tout juste, il se pencha sur Marjorie.
— Viens, on se casse.
— Mais mes amis...
— Tu préfères papoter avec des post-ados ou tu préfères que je te fasse grimper aux rideaux ? Parce que j'ai des idées très précises de ce que je veux te faire, là, tout de suite.
Ils étaient dans le fond et il l'embrassa dans le cou avant de se lever et de lui tendre la main. Elle n'hésita que quelques secondes avant de lui prendre la main. C'était sympa d'avoir un plan cul régulier, il devait bien l'avouer. Il était un peu triste de devoir se séparer de la fille avec qui il couchait depuis une semaine, mais il devait se rendre à l'évidence. Si elle commençait à le présenter à ses amies, il ne pourrait pas rester avec elle. En plus de ça, il commençait à se lasser de son corps mince. Il couchait toujours avec le même genre. Petite et fluette. Il attrapa son oreille entre ses dents pour la mordiller et pendant un quart de seconde, une odeur de cerise lui chatouilla les narines. Non, Cecilia ne serait pas comme ça. Elle ne se laisserait pas faire, c'était certain. Et Adeline encore moins. Il secoua la tête et accéléra le rythme. Le gémissement de la gamine se fit plus rauque. Elle allait jouir d'une minute à l'autre. Il le ressentit et donna trois coups de reins supplémentaires avant de s'affaler, fourbu.
Il se dégagea, retira sa capote et rata sa poubelle en la lançant. Il grommela mais il avait royalement la flemme de se lever pour aller la chercher. Il se laissa tomber dans ses draps, un léger sourire sur les lèvres.
— Je vais rentrer, murmura la jeune femme en se redressant.
— Je ne t'ai pas dit de partir que je sache.
— Tu es contrarié pour le cinéma.
— Je n'aime pas être pris au dépourvu. Mais le film était bon. Il est tard, tu n'as qu'à dormir ici. Je ne te ramènerai pas et on m'en voudrait dans ma famille de laisser une femme partir en pleine nuit comme ça. Sauf si tu y tiens vraiment ? ajouta-t-il en levant un sourcil.
Elle secoua la tête et il l'attrapa par les hanches. Il l'embrassa et elle posa sa tête sur lui. En réalité, il aimait bien dormir avec quelqu'un, même s'il n'avait aucun sentiment pour elle. Déjà enfant, il lui arrivait de se glisser dans les draps de ses frère et sœur pour sentir la chaleur d'un autre humain. Il attendit qu'elle s'endorme pour se lever et mettre le préservatif usagé dans la poubelle. Il regarda son smartphone et fut un peu désappointé de ne pas avoir eu de messages. Il descendit dans sa cuisine et appela Benjamin.
— Va te coucher crétinos ! fit la voix de sa sœur.
— Passe moi Benjamin, soupira Lukas.
— Il est occupé.
— Occupé à quoi ? À te sauter ? Je crois pas et c'est sûrement la seule raison pour laquelle j'accepterai de ne pas lui parler. Ou alors il a vraiment une toute petite bite et tu te fais vraiment chier.
— Lukas ! Il est deux heures du matin. Benjamin dort.
Lukas plissa des yeux.
— Réveille-le. Il est à côté de toi non ?
— Il est dans le salon. Je me suis disputée avec lui et il n'a pas le droit de cité dans la chambre.
— Justement réveille-le, je vais l'engueuler.
Elle lui avoua qu'elle ne pouvait pas le faire parce qu'elle ne voulait pas lui adresser la parole.
— Raccroche alors, je vais laisser un message sur son répondeur, il l'aura demain matin. Luzia ?
— Oui ?
— Ce n'est pas grave tu sais. De te fâcher avec lui. C'est Ben. Il va s'en remettre et sinon, ma porte t'est toujours ouverte. Ça lui ferait trop plaisir de venir à l'appart.
— Je t'aime crétinos.
— Je t'aime aussi.
— Dis à Benjamin que je l'aime quand même.
Il soupira et promit à sa sœur de faire de son mieux. Il laissa rappela quelques secondes plus tard et tomba directement sur le répondeur.
« Bon, Ben, j'ai un gros problème de conscience et j'ai besoin d'en parler à quelqu'un. Y'a cette fille que j'ai rencontré et qui a l'air d'être totalement fabuleuse mais putain je sais pas comment faire pour l'approcher. J'ai besoin d'un putain de bon conseil et vu que tu es officiellement en couple avec ma sœur, qui est on doit se l'avouer une putain de tarée, tu es sûrement le mieux placé pour m'aider. Alors réponds moi. Oh et je suis au courant pour votre dispute. Offre lui un bijou de chez Tiff' comme elle dit et dis-lui que tu l'aimes autant qu'elle, elle t'aimes. Elle t'aime énormément, et j'ai l'impression d'être une gonzesse en te parlant comme ça alors je vais me taire et te rappeler que dimanche on a tennis. Voilà. Salut gros. »
Il espérait que son ami allait lui répondre et ne pas faire écouter ce message à sa sœur, sinon, elle avait pas fini de le saouler avec ce qu'il pouvait ressentir.
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