- Dina attends !
- Attendre quoi ? Que tu me remplisse la tête d'étoiles pour que je découvre que tu te joue de moi encore ?

Toute la tentation que je ressentais quelques instants plus tôt s'évanouissent pour laisser place à mon chagrin et à ma colère.

- Au début ce n'était qu'un jeu je te jure, mais après c'est devenu tellement plus ! C'est devenu nous Dina !
- S'il y avait vraiment eu un "nous" tu n'aurais jamais fait ça !
- Je suis désolé ok ? Je.. Je.. t'aime..

Ça fait littéralement l'effet d'une bombe. Ce genre d'annonce, j'aurai préféré m'en passer.

- Bien sûr tu m'aime tellement que t'étais obligé de donner une photo de moi à tes potes ! Pour leur montrer que je suis la plus belle, la plus sexy, et qu'ils aient le droit de se toucher dessus c'est ça ?
- Non t'y est pas du tout. J'avais besoin de fric mais crois moi j'ai regretté dès que je l'ai fait.
- Ah c'était pour du fric en plus ? De quel droit tu te permet de te faire du fric sur mon corps ? T'es proxénète maintenant ?
-Arrête c'est pas du tout ce que je voulais dire.
- Mais tu l'a dit. T'a vendu une photo de mon corps pour du fric. Et je vaud combien ?
- De quoi tu parle ?
- Ta photo, tu l'as vendu combien ?
- 300, ça change quoi ?
- Oh rien tu considères juste que je vaut 300€. Je devrai en être honoré j'imagine.
- Arrête !
- Arrêter quoi ? Et les autres filles, tu les estimes à 300€ aussi ou plus ? Ton ex Leila par exemple ?
- Je ne lui ai jamais fait ! Comment tu peux penser que j'ai pu faire ça plusieurs fois ?
- Oh oui c'est vrai. Elle vaut tellement plus que moi que t'a pas su vendre son corp.
- C'est une crise de jalousie ?
-Absolument.

Dans ma crise je préfère m'éloigner et rester seule pour me calmer.

Au bout de 10 minutes je réalise que je suis devant mon ancien casier. Je regarde le cadenas. Je n'ai pas changer de mot de passe depuis ce qu'il c'est passé. C'est toujours cette fichu date stupide. Je m'avance, attrape le cadenas et le déverrouille. 0403. Le 04 mars 2016. Je change le cadenas et met ma date de naissance. Fini. Je ne mettrais plus ma date de couple avec un garçon dessus. De toute façon je n'aurais plus jamais de petits amis donc c'est une bonne chose de faite.

Je regarde les couloirs vides, le silence qui m'entoure.. je commence à avoir peur. Je me rapproche de l'infirmerie pour me rassurer. Mais je ne rentre pas dedans, je ne veux pas une autre conversation avec Mathis. Tout ce que je veux c'est sentir sa présence.

Je perçois alors une conversation. Mathis est au téléphone (j'ignore la personne au bout du fil) et j'entends quelques bribes de la conversation.
"Elle m'en veut toujours... Non.... mais oui.. mais je l'aime... Je sais bien que t'as raison... oui je veux lui donner... non bien sûr... j'ai juste envie de mourir en paix... savoir qu'elle m'a pardonné.... ouais aussi... savoir qu'elle m'aime t'es content ?... elle veut mourir sans regret... le mien ?... mourir sans savoir que mes sentiments sont réciproques... ouais... ouais... non du tout... je sais plus quoi faire... elle m'écoute pas je te dis... putain mais je sais... j'aurais jamais due faire ça... euh j'ai entendu du bruit.. ouais je te rappelle.. Bye"

Je tente de me cacher derrière le mur mais Mathis est sorti avant que j'en ai le temps. Pris la main dans le sac je me rassoit par terre.
- J'ai sommeil.

Mes mensonges sont de pires en pires. Je remarque soudain les yeux rouges et humides de Mathis. Quelques instants plus tard je remarque que les miens aussi sont humides. J'ai pleuré sans m'en être rendu compte.

- Je t'en pris, choisis ton lit.
- Celui de droite. Bonne nuit.

La gêne semble être revenu. Je suis froide et il évite mon regard.

- Très bien, bonne nuit.

La gêne est revenu. Mathis éteint la lumière et s'allonge sur son matelas. Malgré la pénombre nous savons tous les deux que l'autre ne dort pas. Je sens son regard posé sur moi et je suis sur qu'il doit être en train de me regarder. Enfin de regarder dans ma direction.

Une voiture passe et éclaire par la fenêtre la salle pendant une seconde.
Cette seconde a confirmé mes doutes. Mathis regardait bel et bien dans ma direction.