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1. Poupée

Un jour d'hiver

L'eau tiède s'écoulait sur mon crâne, propageant dans la baignoire une couleur caramel. Une odeur âcre emplissait mes narines qui me piquaient depuis qu'on avait enduit mes cheveux d'une pâte étrange. Mon corps était nu et raide dans une totale appréhension. Ensuite, la dénommée Sophie me massa le cuir chevelu. Pas trop fort, pour ne pas me faire mal.

Où était-il ?

Les mots qu'elle murmurait formaient une douce mélodie que mon esprit d'enfant ne comprenait pas, tourmenté par mes questions intérieures.

J'avais froid.

Elle me demanda de me redresser, me rinça, me frictionna à l'aide d'une serviette, puis m'emmitoufla dans un peignoir à la senteur agréable.

Sur ses ordres, je la suivis dans le beau et large couloir. La première chose qui m'interpella fut la sombre musique s'envolant depuis l'étage inférieur. Ensuite, comme tout à l'heure, mon attention fut happée par tous les tableaux qui parsemaient les murs déjà chargés de lampes étincelantes et de roses factices.

La main de la dame chercha la mienne que je lui refusai d'instinct. Quand elle baissa la tête et posa sur moi ses iris marron voilés d'une indescriptible expression, j'obéis.

Où était Hansel ?

Une fois dans la pièce attenante, j'observai discrètement les lieux. Je n'avais jamais vu une chambre pareille. Elle était si belle. Elle était propre et chaleureuse, les murs crème étaient parés de grandes fenêtres qui donnaient sur d'immenses arbres verts. Le tapis moelleux était une bénédiction pour mes pieds meurtris et le lit était si large qu'il pouvait contenir plusieurs personnes.

Sophie m'habilla d'une robe toute simple à la couleur du ciel qui m'arrivait jusqu'en dessous des genoux. Elle me rendit mon pendentif en forme de croix que je pressai dans ma paume.

— Voilà, tu es toute propre, sourit-elle en se plantant devant moi.

Ses doigts passèrent entre mes mèches humides. Elle admira son travail capillaire, puis son regard confus s'ancra au mien.

— Tu lui ressembles tellement...

J'ignorais de quoi elle parlait. Ne remarquai que sa lèvre supérieure plus prononcée que celle d'en dessous, très fine, son nez un peu écrasé et ses yeux très tirés, comme ceux d'un chat.

Elle sentait les fleurs.

— Je vais te sécher les cheveux, il ne faudrait pas que tu tombes malade. Tiens, installe-toi sur la chaise, là-bas.

J'obtempérai.

Lorsqu'elle déclencha le sèche-cheveux, je tentai de me rappeler comment j'avais atterri ici.

Nous n'étions plus que toutes les deux dans ces lieux où je m'étais réveillée quelques minutes plus tôt. Avant qu'elle ne me donne le bain, une autre dame et Hansel étaient présents. Ils discutaient de choses que je ne saisissais pas. M'épiaient, l'air étrange, tandis que je les dévisageais franchement.

La dame se nommait Frieda. Tante Frieda. Elle était plus âgée que Sophie, que je pouvais appeler « juste Sophie ».

J'avais peur qu'Hansel disparaisse.

Une fois mes cheveux secs, Sophie me montra mon reflet dans le miroir. Objet que j'avais découvert récemment grâce à Hansel.

Ma longue crinière très sombre était à présent brun clair. Avec mes grands yeux bleus, mon visage paraissait plus doux. C'était comme si une autre petite fille m'observait à travers la glace.

— Cette couleur te va très bien, émit la voix vacillante de Sophie.

Elle abandonna le miroir sur une console au moment où Frieda et Hansel nous rejoignirent. Je fixai ce dernier intensément, attendant la suite des instructions.

Lui maintint le regard, au moment où la femme à côté poussa un petit cri de stupeur. Elle s'avança à grandes enjambées, empiétant désagréablement sur mon espace vital.

Je me crispai d'un coup, quand elle captura mon menton pour le hisser vers elle.

Qu'allait-elle m'infliger ?

— La ressemblance est affolante, laissa-t-elle échapper, les yeux ronds.

Je n'aimais pas sa voix tranchante. J'étais habituée à ce genre de timbre, mais je ne l'aimais pas. Je détestais aussi tous ces plis profonds autour de sa bouche pincée et de ses yeux.

— Croyez-vous que ça soit une bonne idée ? lui demanda Sophie, l'air inquiet.

Sans se détourner de moi, Frieda articula :

— Regarde-moi ces yeux, elles ont le même regard. C'est incroyable.

— Tante Frieda..., insista Sophie.

Frieda s'énerva.

— Ne cherche pas à interférer, Sophie. Nous avons tout essayé, et cette enfant tombe à pic. Si je suis troublée, comment lui réagira-t-il, selon toi ?

— Il... il pourrait mal le prendre, bégaya la brune. Imaginer qu'il s'agit d'un affront. Vous le connaissez, il est imprévisible et souffre encore énormément. C'est alors la petite qui en pâtira.

— Nous aussi nous avons souffert ! Toi plus encore ! Sainte-Marie, il est temps qu'il se reprenne en main ! Cela fait des mois qu'il se morfond en se repliant sur lui-même, lorsqu'il ne se perd pas dans la débauche, nous compliquant la vie avec ses frasques et ses états d'âme. Cela a assez duré ! Dieu me punira si je ne lui viens pas en aide.

Le corps de Sophie se voûta. Elle ne répondit rien, me jeta un coup d'œil soucieux.

À ses côtés, Frieda était très grande et très mince. Son regard bleu était hostile et son visage fripé semblait perpétuellement fâché, encadré par un carré blond aux racines grises. Elle était vêtue d'une longue robe rouge cintrée sur le buste qui ne dévoilait rien de son cou jusqu'aux chevilles, et ne portait comme bijoux qu'un pendentif en argent en forme de croix.

Je ne l'aimais pas beaucoup. Cherchai à me raccrocher à Hansel.

L'homme bedonnant à la barbe blanche s'approcha et s'accroupit devant moi, s'interposant devant la dame plus âgée.

Son regard bleu à lui me sécurisait. Avec ses mains sur mes épaules, je respirais mieux.

— Ma petite, tu comprends ce qui se passe, n'est-ce pas ?

Je cillai. Secouai la tête.

Il paraissait calme, son ton était confiant. Il dégageait son habituelle odeur de tabac. Je me décontractai un tantinet.

— À partir de maintenant, tu obéiras à tante Frieda.

Obéir.

Ce mot provoqua un déclic en moi. Mon corps se redressa, aussi dur que la pierre, et je hochai la tête.

Il fallait que j'obéisse. À tout prix.

À tante Frieda.

Pourquoi tante Frieda ?

Hansel me caressa les cheveux.

— Cette couleur est très jolie. Ces gens s'occuperont bien de toi. Tu n'as plus à avoir peur, à partir d'aujourd'hui, cette maison sera la tienne.

Cette maison serait la mienne.

D'habitude apaisant, son ton commençait à m'alarmer.

Sophie s'approcha, mais je ne la regardais pas. Je ne me détournai pas d'Hansel.

Quelles étaient ses instructions ? J'étais perdue.

L'espace d'un instant, il sembla ennuyé. L'incommodais-je ?

Ma respiration s'accéléra.

— Je ne pourrai malheureusement pas rester, m'expliqua-t-il, mais tante Frieda... ma sœur, s'occupera de toi comme si tu étais son enfant. Tu vivras comme une petite fille normale, tant que tu feras ce qu'elle te dit.

« Faire ce qu'elle me dit », étaient les seuls mots qui résonnaient en moi.

J'avais compris. Hochai la tête.

Mais je ne voulais pas qu'il parte.

Lorsqu'il se releva, j'attrapai son bras. J'avais peur.

Il me caressa la tête, puis tendit son cou en direction de Frieda. Sa sœur. La dame antipathique.

— Elle est encore effrayée. Ça s'arrangera avec le temps.

Frieda me recouvrit d'un regard embêté.

Je lâchai brusquement la manche d'Hansel.

Ce fut au tour de Sophie de s'agenouiller.

— Pauvre enfant, elle s'était attachée à vous. Ne t'en fais pas, jolie jeune fille, la maison est spacieuse, tu pourras y jouer autant que tu voudras.

Je ne la regardais pas.

Hansel allait partir.

Je restais immobile, la bouche fermée, les yeux grands ouverts, évitant de décevoir quiconque. Il devina quand même ma terreur.

— Il ne t'arrivera rien, ici, me certifia-t-il, plus autoritaire.

La scène qui se déroula ensuite, les mots, les images s'entremêlèrent. Tout était flou. Mon cœur battait si fort que je ne comprenais plus rien à ce qui m'arrivait. Ma poitrine se serra.

La voix rauque de tante Frieda s'éleva, tandis que Sophie m'enjoignait à gagner la porte.

— Il est temps que tu rencontres Wolfgang. Il est un peu spécial, mais ne t'en fais pas, il aboie plus qu'il ne mord !

Les mots ricochèrent dans ma tête.

Wolfgang mordait.

Je cherchai le visage d'Hansel, dus me retourner pour le trouver.

Il m'adressa un sourire.

— Wolfgang ne mord pas, répéta-t-il d'un air censé me mettre en confiance.

Sophie me prit la main. Sa large paume était chaude, aussi douce que ce qu'elle dégageait. Pourtant, j'avais peur.

— Ne crains rien, murmura sa voix basse, comme si elle était entrée dans ma tête.

Nous sortîmes dans le couloir, atteignîmes un grand escalier en bois qui couinait sous nos pas, se mêlant aux notes sombres de la musique tout autour.

— Nous sommes dans le vieux manoir du domaine von Gail, il est resté dans la famille pendant des siècles, même s'il est rénové, c'est normal que les marches grincent, tenta de me rassurer Sophie.

Je ne saisis pas tout son charabia, mais ces bruits ne me faisaient pas peur. Wolfgang, ses aboiements et ses morsures, me terrorisaient.

La pièce dans laquelle nous nous retrouvâmes me coupa le souffle.

La première chose qui s'imposa à moi était tous ces yeux. Des yeux partout. Immobiles, vides, luisants. Je me sentis écrasée par l'attention d'une dizaine de poupées habillées de chapeaux et de robes à froufrous, dispersées çà et là sur le mobilier.

Ce salon était plus grand que tout ce que j'avais pu voir avant. Le plafond était si haut, de belles lampes en or et en cristal pendaient en son centre. Les murs étaient recouverts de motifs sur toute leur surface, jusqu'au sol en bois clair. Les tapis paraissaient aussi doux que de la fourrure. Ils étaient du même rose que les lourds rideaux en velours, amassés sur le côté pour dévoiler le jardin extérieur.

L'extérieur. Ce mot fit remonter des frissons dans mon dos.

Je fuis en portant immédiatement mon attention sur les fauteuils. Ils avaient l'air tellement confortables, recouverts d'un velours mauve, garnis de coussins à plumes, à poils et à franges. Une cheminée trônait sur le côté, sur laquelle étaient déposés les plus beaux vases que j'avais vus de toute ma vie. Il y avait beaucoup d'or et de dessins dessus. Le tableau accroché au mur était également magnifique. J'étais incapable de comprendre ce qu'il représentait, mais les couleurs pastel étaient en harmonie avec cette jolie pièce. Lui aussi était entouré d'or.

La décoration était chargée. Je n'eus cependant pas le temps de tout observer, un fracas retentit au loin.

Ma main serra celle de Sophie, affichant une mine soucieuse.

— Assieds-toi, petite, me somma durement Frieda.

J'obéis à son ordre. Toujours sans lâcher Sophie qui m'accompagna.

J'avais vu juste, les canapés étaient plus moelleux encore que le lit dans lequel je m'étais réveillée, plus tôt dans la journée.

Ça sentait le sucre.

— Je vais chercher Wolfgang, souffla la plus âgée.

Mon cœur battait fort, tandis qu'Hansel restait debout à côté de nous, mains derrière le dos.

Je n'aimais pas quand il prenait cette posture. Rien de bien n'était jamais survenu après qu'il avait placé ses mains derrière le dos. La dernière fois, je m'étais endormie alors que je n'étais même pas fatiguée, pour me réveiller dans ces lieux inconnus.

Tout à coup, la dame désagréable réapparut aux côtés d'un homme.

Je me raidis dès que mes yeux croisèrent son visage menaçant.

Lui aussi s'immobilisa, comme choqué.

L'attention des trois adultes dans la pièce se vissa sur lui, guettant sa réaction.

Il devint tout blanc. Ses yeux s'agrandirent et sa mâchoire lâcha. Ensuite, il accourut vers moi.

Je m'agrippai à l'épaule de Sophie, déstabilisée par l'énergie dévastatrice qui émanait de lui.

La plus jeune dame aussi était tendue.

Debout face à moi, l'homme respirait fort, me fusilla de ses yeux profonds. Je connaissais cette expression de colère. Celle qui suivit, en revanche, m'était étrangère.

— Ka... Katharina... ? lança-t-il d'une voix étranglée.

Je le dévisageai, méfiante, ne sachant ce que voulait ce garçon.

Il était plus jeune que les trois autres. Mais plus grand que moi. Ses cheveux en bataille étaient plus sombres que les miens – les nouveaux –, et ses habits étaient simples : un tee-shirt sur ses larges épaules et un pantalon bleu. Il avait l'air fort. Cette idée me fit trembler. Je n'avais jamais rencontré quelqu'un d'aussi fort. Même Hansel, robuste, ne dégageait pas tant de vigueur.

Les iris bleus de Wolfgang étaient effrayants. Hansel avait eu beau me rassurer, j'avais peur à l'intérieur de ma poitrine.

— Dites-moi que c'est une blague ? cria-t-il soudain. Vous vous foutez de moi ?! Qui c'est ? Ça ne peut pas être elle !

— Calme-toi, tenta Sophie, en détresse.

— Me calmer ? Qu'est-ce que vous cherchez à faire ?

La voix du jeune homme chancelait maintenant. Ses yeux étaient mouillés. De tristesse ou de rage, je n'en savais rien.

Je n'avais conscience que de ma peur.

— Ça suffit ! tonna tante Frieda. La ressemblance est perturbante, nous l'avons tous remarqué. Mais cette enfant vivra avec nous, à présent, car elle n'a nulle part où aller.

Il la regarda, ahuri. Ses poings s'étaient fermés. Il était fâché.

— Allez tous vous faire foutre ! hurla-t-il en désertant les lieux au pas de course, claquant l'immense porte derrière lui, faisant cliqueter les lampes au-dessus de nos têtes.

Je compris que ma présence le mettait hors de lui.

Mais lui aussi obéissait aux ordres de tante Frieda.

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