Que j'avais été soulagée, quand j'ai appris que Namjoon et Naolyn n'avaient pas encore passé le pas du couple.

Qu'il avait été heureux, en pensant que j'aimais enfin quelqu'un au point de sortir avec.

Et oui, c'était officiel. Jimin et moi étions passés au statut de couple et Namjoon avait été mis au courant. Il était tellement content pour moi....

Oh Namjoon, si tu savais...notre couple n'est qu'un ensemble de substitution mutuelle. Si tu le savais, tu m'engueulerai en me reprochant de forcer la main à mes sentiments. Et si tu savais que c'était toi que j'aimais, tu t'éloignerai de moi.

Je ne le veux pas. Sans toi, je ne suis rien. Pas même un corps, pas même une âme, juste poussière. J'ai besoin de ta présence près de moi, même si je ne l'atteins pas.

Pour te le dire plus simplement, je t'aime. Mais tu ne sauras rien de tout ça, absolument rien. Seulement j'avais pris ma décision depuis quelques années déjà. Si je ne peux pas mériter tes sentiments, je veux rester à tes côtés.

- Pourquoi rêvasses-tu ainsi ? Je t'ennuie ?

Tu rigoles j'espère...tu occupes mon esprit sans relâche, Namjoon.

- Ce n'est pas ça. Tu n'as pas cours ?

- Je t'ai promis de me faire pardonner pour samedi, alors je reste avec toi pendant ton heure de pause. Il y a un endroit qui te fait envie ? Sourit-il.

Tu ne te rends pas compte que tu me propose un rendez-vous, là ? Idiot.

- La bibliothèque me plaît bien.

- Hein ? Non, ça c'est ce qui me fait plaisir, moi. Ne te force pas à vouloir me contenter Iseul !

- C'est juste que...non, rien. J'aime bien aussi cet endroit, et après tout tu y vas souvent, tu sauras donc quels livres me conseiller.

- Je suppose que c'est vrai, rit-il un peu gêné. Alors allons-y petite bouille !

Il pose sa main sur ma tête et m'ébouriffe les cheveux dans le but de m'énerver, mais évidemment ça prend l'effet inverse. Mes joues prennent des couleurs et mes mains se mettent à trembler légèrement. Je les cache derrière mon dos et le suit en silence, tête baissée.

C'est ridicule, l'amour. Il n'y a rien de plus pathétique qu'aimer sans retour.

.
.
.

- Iseul, on m'a dit que tu sortais avec Park Jimin, de la classe 2 ! Il est trooop canon ! S'exclame l'une.

- Quoiii ? Je croyais que tu étais à fond sur Namjoon ! S'indigne l'autre.

Deux filles de ma classe me questionnaient sans cesse, et je ne pouvais m'empêcher de me sentir extrêmement gênée. Ça ne les regardait pas...mais elles allaient forcément répandre de fausses rumeurs à présent.

- C'est vrai, je sors avec Jimin, finissais-je par craquer. Alors évite de dire de mon copain qu'il est canon, merci.

Je me lève de mon siège un peu soulée, les laissant muettes derrière moi. Je n'aimais évidemment pas Jimin alors ce n'était pas de la jalousie, simplement de la possessivité.

Et puis il fallait bien faire semblant.

Je sors de la salle en replaçant mon sac correctement, quand des pas s'arrêtent derrière moi. Je me retourne, et aperçois Jungkook adossé contre le mur.

- Je pensais pouvoir être la première personne au courant...je suis si peu fiable que ça ?

J'entrouvre la bouche pour lui répondre, mais la referme aussitôt en ne trouvant pas les mots justes. En comprenant que j'essayais de m'expliquer, il s'avança dans le couloir en me dépassant de quelques pas.

- Ne te fatigue pas, je me suis juste fais de fausses idées. J'imagine que tu vas donc rentrer avec lui ce soir.

- Jungkook...pardon, j'aurais dû te prévenir avant..

Il s'arrête et n'effectue pas le moindre mouvement pendant un instant, dos à moi, puis il se retourne pour me sourire tristement.

- Ce n'est pas grave, bonne soirée Iseul.

Et il s'en va sans un seul regard en arrière. J'avais toujours dit à Jungkook que je ne sortirai avec personne de mon vivant. Je suppose qu'il devait me détester de ne pas avoir daigné le lui dire.

Mais comme je n'aimais pas Jimin, je ne considérais pas ce statut comme important ou marquant. Après tout, je ne suis qu'un substitut.

J'aimais vraiment beaucoup Jungkook. Il avait toujours su être là pour m'éviter de rester seule et aigrie. Et pourtant, le brun ne s'était jamais douté de mon amour pour Namjoon.

Je l'avais rencontré dans le club de littérature dont je fais partie, évidemment uniquement parce que Namjoon en est le président. Mais Jungkook n'avait jamais remarqué les regards insistants et les mimiques détestables que je vouais au président. Ou alors il faisait semblant.

Je m'en veux un peu, de lui mentir sans cesse. Et encore aujourd'hui, je m'en veux de lui faire croire que j'aime Jimin. Mais je ne pouvais rien lui dire, il n'y comprendrait rien.

Décidément, Jimin était bien le seul à pouvoir me comprendre, moi et mes sentiments entremêlés comme des ronces incontrôlables.

.
.
.

Je le regarde, aussi magnifique qu'il l'était. Bien sûr que Namjoon était populaire, mais ce n'était pas que son physique qui m'attirait. Tout chez lui me correspondait. Je l'aimais, tout simplement.

C'est un phénomène qui ne s'explique pas. Pourquoi quand je croisais son regard, je me concentrais sur autre chose ? Pourquoi quand il prononçait mon nom, je me sentais toute chose ? Pourquoi quand son sourire m'était adressé, je sentais cette chaleur me réchauffer ?

Si seulement j'avais pu choisir qui aimer...d'autant plus qu'il fallait que ce soit lui, mon premier amour. Mon aîné de deux ans, le président du club de littérature, l'intelligent et adorable Kim Namjoon. Seulement voilà, il s'était eprit d'un femme qui n'était pas moi.

Elle était mon opposé complet. Petite, longs cheveux clairs, bonnet D et rire facile. Bien sûr, tous les garçons étaient attirés par ce genre de princesses. Elle souriait toujours et se faisait toujours passer pour une fille innocente et bête, comportement qui m'énervait au plus haut point.

Namjoon, comment as-tu pu lui céder...? Bien sûr, puisque Naolyn est le type de tout le monde.

- Iseul, tu vas bien ? À quoi penses-tu ?

Je redirige mon regard sur sa personne, assise sur le siège à côté.

- Rien d'important. Qu'est-ce que tu lis ?

- Des contes de fées, rigole t-il. Pathétique, pas vrai ?

Ah, son rire...
Namjoon, la plus pathétique de nous deux c'est bien moi, je te l'assure.

- Je ne pense pas Nam..., souriais-je. Je trouve le Petit Poucet admirable, tu sais.

Nous enchaînons dans la discution, et je lui prends le livre des mains. Nos deux mains se frôlent un instant, et ces quelques secondes suffisent à me faire monter le rouge aux joues.

Et voilà, ça recommence. Au moindre contact, mon coeur s'emballe.

Je connais Namjoon depuis bien dix ans. Et même si personne ne le sait dans cet établissement, nous sommes deux amis d'enfance. J'avais plein de souvenirs avec lui.

Même si je ne m'en suis rendue compte que plus ou moins récemment...je l'aime depuis tant d'années. Au début il était mon modèle, puis j'ai commencé à le vouloir à mes côtés.

Quand il était au lycée, j'étais toujours au collège. Une de mes camarades de classe avait organisé une fête d'anniversaire et elle m'y avait invité. Mais ça ne m'intéressait pas, et j'ai répondu que je devais aller voir Namjoon.

À ce moment là, elle m'a dit : "Encore ? C'est le grand brun dont tu parles, pas vrai ? C'est évident que tu l'aimes, tu devrais aller te déclarer Iseul."

Elle n'avait probablement pas vraiment réfléchit. Mais pourtant ces mots étaient restés gravés dans ma mémoire. Elle avait raison. Je passais beaucoup trop de temps avec lui.

Je l'aimais.

- Nam...., l'interpelle Naolyn en le prenant tendrement dans ses bras.

Sa voix s'était élevée, aussi agaçante et perçante qu'elle était. Ce surnom...c'était le mien. Il n'y avait que moi qui appelait Namjoon comme ça...comment avait-elle pu ?!

Le concerné l'avait compris, et il jeta un regard embarrassé vers moi avant de se retourner vers elle.

- Naolyn...tu ne devrais pas m'appeler comme ça.

Je voudrais écouter la suite, mais je préférai poser mes mains sur mes oreilles pour ne pas écouter plus d'horreurs. J'avais eu mon lot.

Je les vois se lever du coin de l'oeil, et ils partent de la bibliothèque. Namjoon m'adresse un signe de main un peu gêné, et il disparait de la pièce.

Paralysée, je laisse mes mains ainsi et je ferme les yeux. Ce n'est pas bon...j'ai envie de pleurer.  C'est horrible comme sensation. J'ai une boule dans la gorge qui m'empêche de prononcer le moindre mot. Je suis faible...si faible.

À cet instant où je n'entends rien, n'écoute rien, je revois encore ces images dans ma tête. Tous ces souvenirs qui ont fait de lui mon premier amour. Il est spécial pour moi, mais je ne le suis pas pour lui.

Des doigts se posent sur mes poignets, et décollent mes mains de mes oreilles pour me rouvrir au monde l'extérieur. Ah...pardon, je t'ai encore oublié. Toi...

Il m'adresse un joli sourire que n'importe qui trouverait charmant, et glisse sans hésiter sa main froide sur ma cuisse. Son contact me frise, et je fronce les sourcils. Le blondinet rit doucement face à ma reaction, avant de prononcer quelques mots.

- Ne t'emporte pas pour si peu...murmure t-il.

- Jimin...tu as tout vu ?

- J'étais déjà là quand vous êtes entrés dans la bibliothèque. Je suis resté pour pouvoir me moquer de ta naïveté en sa présence, mais je ne m'attendais pas à ça. Iseul, ce regard que tu as eu quand elle l'a appelé ainsi...il était horrible.

- Je sais...je déteste devoir les regarder comme ça. Mais c'est plus fort que moi, je suis...

-...brisée, je sais. Mais nous sommes deux, repose toi sur moi, sert toi de moi. Je suis ta substitution et il va falloir t'en contenter.

Sa main remonte vers le haut de ma cuisse et je serre les jambes par réflexe. Je pose ma tête entre mes coudes, les yeux fermés par peur.

- Jimin...arrête.

- Pourquoi ? Tu n'aimes pas ?

C'est dangereux. Ce jeu entre nous, il est dangereux.

- Tu sais très bien pourquoi.

- Bien sûr que je le sais. Mais nous nous sommes mis d'accord, nous avons besoin de notre chaleur...

Je retire sa main de ma cuisse, et me lève de la table en prenant les livres conseillés par Namjoon sous le bras.

- Sauf que tes mains sont froides, Jimin. Tout de toi est gelé...

- Ne...ne t'approche pas de Jimin ! S'écrie la jeune fille.

Elle était vraiment toute petite. Avec ses lunettes rondes sur le bout du nez, ses joues rosies et ses deux longues tresses énormes, elle ressemblait à un petit cochon.

Et elle me barraît la route. Elle avait crié, attirant l'attention de toute la bibliothèque, et principalement celle de la documentaliste.

- Et, là bas ! Un peu de silence !

Jimin se lève et s'incline vers la femme pour s'excuser à la place de la jeune fille, gêné.

- Excusez la, elle ne s'en rend pas compte...

- Jiminie, pou-pourquoi tu sors avec elle ?!

Je soupire longuement, et me retourne vers la porte de sortie. Epargnez moi, j'ai eu ma dose de malheurs pour aujourd'hui. Il ne manquait plus qu'un porcelet jaloux m'agresse, non mais franchement. Je m'en fiche de Jimin...

- Attends un peu toi ! Ne-ne fuis pas !

Elle n'était vraiment pas crédible, avec ses bégaiements et ses joues rouges de honte.

- Eri calme toi...allons parler dehors, d'accord ?

La jeune fille croise ses bras sur sa poitrine, et Jimin la pousse dehors sous le regard sévère de la documentaliste aigrie. Je sors avant eux dans le simple but de rentrer chez moi, mais le blond me retient en arrière pour s'expliquer.

- Je te présente Eri, dit-il une fois la porte refermée. C'est la fille de mes voisins, elle est encore au lycée...

- Je peux me présenter toute seule ! Je-je...suis Erika. Je connais Jimin depuis longtemps, et je sais qu'il ne t'aime pas ! Alors...pourquoi....

- Ah, pardon de sortir avec ton crush, déclarais-je avec condescendance. Mais tu vois, c'est moi sa copine alors si tu pouvais éviter de lui traîner autour ça m'arrangerait.

- Iseul..., soupire Jimin.

Une petite perle apparaît sur le coin des yeux de la jeune fille, et elle se retourne dans le couloir pour s'en aller.

- Espèce de mechante vipère ! Pui-puisque c'est comme ça, je m'en vais !

C'est tout ce que je voulais.

- T'y es allé un peu fort. Depuis quand es-tu si possessive...? Soupire t-il. Tu ne serais pas jalouse par hasard ?

- Dans tes rêves. Et le pire ici, c'est bien toi. Tu compte la faire espérer encore longtemps ?

- Tu as raison...Elle est mignonne, mais j'aimerais éviter qu'elle se rapproche plus de moi. À la fin, c'est elle qui en souffrira.

Il baisse les yeux, pensif, et je prends doucement sa main dans la mienne. Il me regarde un peu étonné, et je lui souris chaleureusement comme je le faisais très rarement.

- On est les mieux calés sur le sujet, pas vrai ?