17
- Ça va aller ? Me demande Jungkook, inquiet.
Finalement, je n'ai pas réussi à parler à Jimin pour lui annoncer mon départ. J'avais juste passé la semaine à l'ignorer. Je me sentais honteuse d'être aussi faible, d'avoir aussi peu de courage.
- Ça va aller...j'espère.
J'étais à présent sur le quai, avec Jungkook qui me donne ma valise. Le train allait arriver dans les dix prochaines minutes, et j'avais cette boule au ventre à l'idée de partir de Séoul.
En fait, j'avais envie de retourner en arrière. Personne n'était prévenu de mon départ hormis Jungkook et Yoongi. Je comptais envoyer un message aux autres une fois dans le train, simplement parce que je savais qu'ils étaient capable de me convaincre de ne pas monter.
- Tu ne me laisse pas tomber, hein ? On va rester en contact pas vrai ?
- Mais oui Jungkook, on se reverra...
Il me prend dans ses bras et me sert comme si sa vie en dépendait. Il savait pertinemment que si nous devions nous revoir, ce serait dans des mois voire des années.
Le train arrive en gare, et je me détache de brun pour déposer un léger baiser sur sa joue. Il rougit un peu et cette réaction me fait sourire. Il va incroyablement me manquer...
Tout comme les autres.
Le train s'arrête dans un bruit de frein désagréable, puis plus un bruit. Les portes s'ouvrent alors, nous invitant à nous installer.
Jungkook m'adresse quelques dernières paroles, destinées à m'encourager.
- Ta présence va me manquer, mais tu fais ce qui est le mieux pour toi...
- Tu vas me manquer aussi, merci pour tout.
Il hoche la tête en essayant de garder le sourire, mais je vois bien qu'il contient ses larmes.
Je me contente de lui sourire aussi, puis monte dans le train pour grimper à l'étage. Je cherche mon siège patiemment, mais m'aperçois qu'un jeune homme était assis dessus.
- Ah...excusez moi, c'est mon siège...
Il lève la tête vers moi, puis vérifie le numéro sur son billet. Il me sourit ensuite, l'air désolé.
- Effectivement, je suis désolé ! En fait je suis sur la place d'à côté, j'ai confondu les numéros.
Il se déplace sur le siège près de la vitre, et je m'assois sur celui près du couloir.
- Merci, le remerciais-je discrètement.
Je me sens inexorablement triste, presque déprimée. Cette ville, ces gens, cette université, ces amis...toute cette chanson.
Je ferme les yeux, fatiguée de réfléchir et de regretter, quand l'annonce du TGV retentit.
"Bonsoir messieurs dames, vous voilà à bord du TGV 2357 en provenance de : Séoul et en direction de : Busan. Il partira dans quelques minutes et desservira les gares de Mungyeong, Gumi, Daegu et Busan, son terminus. À bord de ce train vous trouverez un vagon restaurant, et si vous passez un appel, veuillez le faire dans un espace destiné à cet effet. Sur ce, nous vous souhaitons un agréable voyage à bord de notre train."
Je soupire un bon coup, et l'homme à mes côtés me regarde, curieux. Il s'apprête à me demander si j'allais bien, mais il fut interrompu prématurément par un fou qui s'est mit à dévaler le couloir à toute vitesse en notre direction.
Je reconnais Jimin et mon coeur semble battre à nouveau. Mais son visage était larmoyant, son nez rougit et ses lèvres tremblantes. Il peinait à respirer, signe qu'il avait couru pour me rejoindre.
- Iseul, comment peux-tu partir comme ça ?!
Il avait crié, imposant le silence dans l'habitacle. Ses larmes coulaient abondement pour moi...pour la mauvaise personne.
- Jimin..., balbutiais-je. Tu ne peux pas pleurer pour moi...parce que...c'est elle que tu aimes...
J'étais en état de choc, si on pouvait appeler ça comme ça. Comment dire...les émotions me nouaient la gorge, et mes larmes avaient fini par couler aussi.
- Toi aussi...tu pleures Iseul.
- Qu'est-ce que tu racontes....ce n'est pas possible Jimin...
- Bien sûr que si ! Tu...tu dois l'accepter Iseul. Ta vie ne se résume pas qu'à ton amour pour Namjoon, merde...
Je reste silencieuse, les pensées trop confuses pour en tirer quelque chose. L'homme à côté de moi se décide à intervenir, hésitant.
- Vous le connaissez...? S'il vous embête, on peut appeler le personnel...
- T'es qui toi ? S'exprime Jimin, irrité. Iseul, il faut qu'on sorte de ce train...s'il te plaît !
- Mais...je ne comprends pas...
- Tu y réfléchiras une fois sur le quai !
"Le TGV 2357 voie B va commencer son voyage. Faites attention à la fermeture des portes."
- Si je descends, je n'arriverai jamais à passer à autre chose !
Il perd patience et prend ma valise d'une main, puis mon poignet de l'autre. Il me tire vivement dans l'allée du vagon sans m'écouter protester. D'un autre côté, je ne résistais pas vraiment..
Il arrive dans les escaliers et me tire jusqu'en bas, à la hauteur des quais. Je m'accroche à une barre en métal, et Jimin jette ma valise de l'autre côté.
Non...avec ou sans ma valise, je dois y aller...
Le blond abandonne la force et recueille mes joues dans le creux de ses mains, plongeant son regard suppliant dans le mien.
- Iseul, je t'aiderai à passer à autre chose, je te le promets.
Je continue de pleurer, sans réussir à comprendre mes émotions. J'aimais Namjoon, alors pourquoi je pleurais par tristesse de laisser Jimin sur ce quai ?
- Comment le pourrais-tu...notre couple est bidon, nous ne sommes que des substituts.
- Parce qu'on l'a décidé...Iseul, et si on devenait sérieux ? Et si...et si on sortait ensemble pour de bon, avec de vrais sentiments ? Parce que moi...j'en ai. Tu ne peux partir, pas maintenant.
- Qu-quoi...?
Nous entendons le bruit de pressurisation des portes, et je vois son regard s'affoler.
- On en reparlera plus tard mais Iseul s'il te plaît !
Je ferme les yeux, écoutant le bruit de mon environnement. Il faut que j'arrête de réfléchir...même si c'est dangereux, et j'en suis la preuve, je veux écouter mon coeur...
.
.
.
Le train démarre, s'éloignant de la capitale qu'est Séoul. Jimin était resté sur le quai, Jungkook aussi...tout comme les nombreux proches qui souriaient au loin. Sauf qu'ils pleuraient.
Moi, j'avais pris ma décision, définitive. J'en avais marre de la vie misérable que j'avais mené. Mais ça m'avait fait grandir, ça m'avait appris à ne plus jamais fuir.
- Mer...ci..., murmure le garçon, manquant d'énergie.
Il s'effondre, vidé par toutes ses émotions. Le brun à ses côtés me sourit tout aussi larmoyant, comme baigné de joie.
Et j'étais là, debout sur ce quai, dans le même état que les deux garçons. Dorénavant, je ne chercherai plus à me cacher en attendant désespérément qu'on vienne me trouver. Je me confronterai à mes sentiments, et à ceux à qui je les voue.
- J'étais...j'étais sur le point de faire la plus grosse bêtise de ma vie ! Pleurais-je en criant.
Mon cri fait sourire mes deux amis, qui hochent la tête pour confirmer mes dires.
Je ne savais pas comment les choses allaient se dérouler à present...Mais il fallait que j'arrête de subir les évènements. J'avais besoin de vivre.
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- C'est toi qui m'a balancé !? Je le savais ! M'exclamais-je en blâmant le grisé.
- Je ne voulais pas permettre à Jimin de te laisser filer...et puis regarde toi, t'es restée finalement !
Je lui tire la langue et Jungkook et Hoseok se tordent de rire. Jimin me lance un regard attendrit, souriant. Yoongi nous regarde tous les deux, sirotant son cocktail en plissant des yeux.
Une autre conversation démarre et je me penche vers Jimin, pour lui murmurer quelque chose.
- Je suis fatiguée, on rentre ?
- Vraiment ? Mh...ok, si tu veux.
Je sors donc un peu d'argent de mon porte monnaie, mais Jimin pose sa main sur la mienne pour m'empêcher de payer
- Je vais payer pour nous deux, déclare t-il.
- Jimin, t'es au courant qu'on n'est plus en couple ? Lui rapellais-je.
- Je sais, grimace t-il. Est-ce que ça m'empêche d'être galant ?
Je lève les yeux au ciel puis finis par le remercier, tout de même reconnaissante pour son geste.
Nous nous excusons auprès de nos amis, qui nous souhaitent une bonne nuit, puis nous quittons le restaurant pour regagner la voiture de Jimin.
Il s'assoit derrière le volant et je m'appuie contre la vitre, regardant le paysage avec attention. J'avais un peu mal à la tête, et le bruit me fatiguait.
- Tu vas bien, tu en es sûre ?
- Mmh. J'ai sommeil.
- Ne t'endors pas dans la voiture, rigole t-il.
Je hoche lentement la tête, mais ferme tout de même les yeux. Je finis par m'endormir sans le vouloir, et mes pensées se noircissent jusqu'à s'éteindre.
.
.
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"Non, ça ira. Pour te dire la vérité Jess, tu me manques un peu."
J'entends quelqu'un parler et ouvre les yeux, confuse. Ah, c'est vrai...je me suis endormie.
Je réalise ce que j'avais entendu, et en déduis que Jimin était sorti sur le balcon à côté de ma chambre pour discuter avec...Jess ?!
Et puis...elle lui manque ? Bien sûr, ce ne sont pas mes affaires...mais...si c'est le cas, pourquoi Jimin a t-il autant voulu que je reste...?
Qui suis-je pour lui ? Une compagnie quand il se sent seul ? Son amie ? Sa colocataire ? Son ex ?
Je me lève, essayant tant bien que mal de tenir sur mes jambes pour traverser la pièce.
Je ne sais pas...tout est tellement flou. Il m'avait porté jusqu'à mon lit et...
Je me fige en regardant mon reflet dans le miroir, habillé d'un t-shirt, mon pyjama habituel. Oui, mon pyjama. Oh Jimin, je vais te tuer.
Je dévale le couloir hors de ma chambre, soudainement bien réveillée. Je traverse ensuite le salon en faisant résonner lourdement mes pas, pensant à tout sauf au voisin du dessous.
- Jimin ! M'exclamais-je en arrivant sur le balcon.
Il se retourne et me dévisage, surpris, avant de soupirer quelques mots à son interlocutrice.
- Merci d'avoir répondu, mais je vais devoir te laisser. Euh...oui, c'est elle. Hein ? Ah, ok. Au revoir Jess, sourit-il.
Il raccroche ensuite et range son téléphone dans sa poche, avant de relever le regard vers moi pour me fixer espièglement.
- Tu es bien agitée pour un réveil. Quelque chose ne va pas ?
- Pervers..., murmurais-je.
- Mh ? J'ai pas bien entendu ? De quoi m'accuses-tu donc ? Je n'ai vraiment rien fait !
- Mais oui bien sûr, et mon soutien-gorge, il s'est envolé seul pour rejoindre le panier à linge ?
- Tu as vraiment besoin d'en porter un, toi ?
J'ouvre grand les yeux, et mon menton descend un peu, choquée par ses paroles. Bon, d'accord, je faisais du 85 B mais je remplissais très bien mon soutien-gorge !
- C'est sur que comparé au 90 D de ta poufiasse...
- Hé oh, c'est mal de se venger sur les autres !
- Tu préfères que je te dise que je connais des enfants de douze ans plus grands que toi ?
- Alors toi !
Il me court après et je m'enfuis, en faisant plusieurs fois le tour du salon jusqu'à ce qu'il me rattrape pour m'emprisonner dans ses bras. Je me débat mais il refuse de me lâcher, alors j'abandonne et m'appuie sur ses avant bras.
- Jimin...tu la vois toujours, cette Jess ?
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