Chapitre 3 : Lycée Marie Curie
- Chers élèves, bienvenue ! Je me nomme Jeanne Dubois, je suis la principale de ce lycée. Ici, rigueur et discipline vous attendent ! Je vais rappeler quelques règles, pour nos nouveaux élèves, puis nous feront les classes.
Après être entrée dans le bâtiment, j'avais été conduite de ce qui ressemblait beaucoup à un auditorium. Les élèves avaient ensuite commencé à arriver tout doucement, puis, à huit heures pile, la directrice était arrivée pour la cérémonie de rentrée.
- Pas de portable allumé dans l'enceinte de l'établissement ! clama-t-elle. Pas de couvre-chef. Pas de modification de votre uniforme.
Je décrochai. Règles basiques.
- Les classes, à présent ! Nous commençons comme chaque année par les Premières ! En Première A : Marie Abuis ; Luna Aguilera...
Je me levai pour rejoindre la première fille. Les élèves arrivèrent peu à peu, puis nous fûmes emmenés par un homme d'allure sévère - notre professeur principal sûrement. Nous arrivâmes dans une salle banale avec des tables individuelles. Je me plaçai tout au fond.
- Chers élèves, bonjour. Je suis Monsieur Durand, votre professeur principal pour cette année, ainsi que votre professeur de français. Comme le savez peut-être, ici, l'année de Terminale est un peu différente des autres lycées. Cet après-midi, nous allons former des duos, qui travailleront ensemble toute l'année. Les duos seront choisis par moi, donc n'espérez pas être avec vos copains et copines...
J'étais assez ravie à vrai dire. Ces duos me permettraient de me faire des amis plus rapidement que ce je pensais, même si je suis plutôt sociable.
- Pour l'instant, je vais vous expliquer le programme de cette année, et nous ferons les groupes cet après-midi. Alors, en...
La porte claqua, l'interrompant. Un élève entra, le regard sombre
- Désolé pour le retard...
- M. Ferrat ! s'énerva le professeur. Arriver en retard le premier jour, c'est inadnamissible !
- J'ai dit que j'étais désolé... soupira l'élève, qui n'était autre que Ash.
J'étouffais un petit rire. Ma voisine, une grande blonde au visage enfantin, me regarda avec un sourire en coin, à deux doigts d'exploser elle aussi. Nous paraissions être les seules que cette situation amusait. Les autres regardaient Ash d'un aire horrifié et pincé.
- Allez vous asseoir au fond, articula le professeur, le visage écarlate.
Ainsi se déroula la matinée, dans le calme et le silence. Puis vint la pause du midi.
Mon plateau sur les bras, je cherchais une table libre où m'installer quand j'aperçus la fille qui était à côté de moi en cours, assise toute seule. Je posais mon plateau en face du sien.
- Salut ! Ça ne te dérange pas que je me mette là ? demandai-je.
- Non non, pas du tout ! Je t'en prie ! Tu es la nouvelle, n'est-ce-pas ? Luna Aguilera c'est ça ?
- Oui. Toi c'est Marie, c'est ça.
- Mon prénom est tellement banal comparé au tien, bouda-t-elle.
Je restais figée puis éclatais de rire.
- Tu sais Marie, me repris-je, parfois, il est plus facile de porter un prénom qui se fond dans la foule. Et puis, Luna n'est pas si hors du commun que ça tu sais.
- Peut-être... Sinon, j'ai vu que l'épisode de ce matin t'avais amusée, toi aussi !
- Oui, rigolai-je. Surtout qu'il était devant le lycée une heure avant !
- Tu... Tu le connais déjà ? cilla-t-elle.
- Euh, oui... Ma tante m'a forcée à arriver super tôt, et il était déjà là, alors on a un peu discuté... Pourquoi ?
- Simple conseil mais... Évite de l'approcher. Il est dangereux. Il a déjà envoyé plusieurs personnes à l'hôpital, et des gens ont carrément quitté le village à cause de lui !
- Il ne m'a pourtant pas paru spécialement dangereux... murmurai-je.
- C'est sa technique, m'expliqua-t-elle. En tout cas, je plains la personne qui va se retrouver en duo avec lui !
Son attention fut soudainement décalée vers un léger brouhaha qui se formait à l'autre bout de la cantine. Elle se rembrumit.
- Dès la rentrée... marmonna-t-elle.
- Que se passe-t-il ? m'informai-je.
- Des gars qui sont entrain d'embêter une pauvre âme, soupira-t-elle. La bande de brutes de l'établissement. Ils aiment humilier en privé. Là, ils sont entrain d'emmener leur victime je ne sais où.
- Mais il faut faire quelque chose !
- Ils vont te frapper, m'avertit-elle. Et ensuite ce sera ton tour de souffrir dans un sous-sol obscur. Sans compter qu'il faut éviter de faire des vagues.
Oui. Elle avait raison. Mais... En Espagne, quand je voyais quelqu'un se faire harceler, je ne pouvais rester sans rien faire. Alors, sous prétexte que je n'y étais plus, j'allais rester là, les bras croisés ?
Qu'il est triste de devoir changer d'identité pour plaire aux autres !
Je me levai, repoussai ma chaise et suivit les cris qui s'éloignaient dans les couloirs.
- Luna ! Ne fais pas ça !
Trop tard. Je me rapprochai. Je les vis ouvrir une porte et la claquer derrière eux. Il y avait une petite fenêtre. J'approchai discrètement mon visage pour voir ce qui s'y passait.
La victime était une jeune fille aux cheveux bruns, petite, le nez parsemé de tâches de rousseur, le regard effrayé.
- On t'a manqué, Millie ? susurra celui qui semblait être le leader de la bande. Tu t'es bien reposée pendant ces vacances ? Il est doué John, pas vrai ? Seulement... Ça lui plaît pas trop que tu l'aies quitté... Donc il nous a demandé de nous occuper de toi.
Je vis sa main se diriger lentement vers le bas de la jupe de la dénommée Millie.
- Bastardo... marmonnai-je.
Sans plus réfléchir, j'enlevai ma broche et commençai à crocheter la serrure.
- Tu vas voir, nous aussi on est doués...
- Allez, allez ! murmurai-je en m'acharnant contre la serrure.
Qui finit par céder. Les gars se retournèrent d'un coup.
- Qui es-tu ? gronda le leader. Et surtout, qu'est-ce que tu viens faire ici.
Tant qu'à me faire tabasser, je décidais de le faire avec style.
- Mon nom n'est guère important, répondis-je, et je ne voudrais pas le souiller en le faisant écouter par vos oreilles. Quant à la raison pour laquelle je me trouve ici, elle me paraît simple.
Mister Leader s'esclaffa.
- Tu ne manques pas d'arrogance ma jolie !
- Lâchez-là. Tout de suite.
Il arrêta de rire et esquissa un rictus malveillant.
- Je t'en prie, viens la chercher, ricana-t-il.
Je m'avançai prudemment, guère intimidée. Ah oui, j'avais oublié de préciser, je fais de l'aïkido depuis mes six ans.
- Ne t'avance pas... souffla Millie, terrorisée.
Je lui adressai un sourire rassurant.
- Ne t'inquiète pas. Je gère.
Je surveillai du coin de l'œil une des brutes, entrain de se déplacer derrière. Comme je m'y attendais, il m'attrapa brusquement dans une prise d'étranglement, que je contrais en lui envoyant mon crâne dans la figure. Un autre se jeta sur moi et, à partir de là, ils se précipitèrent tous pour m'envoyer au tapis.
- Venez venez, mes agneaux... murmurai-je.
Quelques coups plus tard, l'affaire fût pliée. Ils gisaient tous à terre, les yeux exorbités. Je saisis Millie par le main et nous courûmes vers le réfectoire. Lorsque Marie nous vit, elle se leva, soulagée.
- Luna ! J'étais pétrifiée ! Qu'est-ce qui t'es passé par la tête ? Tu es folle ou quoi ? T'attaquer à ces brutes, c'est un suicide !
Elle continua son laïus pendant encore quelques minutes, puis soupira.
- Je te présente Millie, enchaînai-je. Elle peut s'asseoir avec nous.
- Oui oui, aucun problème.
- Merci.
Nous nous assîmes et terminâmes notre repas en silence.
- On fait les duos cet aprem non ? demanda Marie en sortant.
- Oui, répondis-je. Avec un peu de chance on sera ensemble.
- Quel dommage que les autres ne soient pas là, soupira-t-elle.
- Les autres ?
- Mes potes ! s'exclama-t-elle. Tous absents aujourd'hui. Mais ils seront là la semaine prochaine. Tu vas voir, ils sont géniaux !
- Trop cool !
- Vous êtes en Première A, c'est ça ? demanda Millie. Il paraît que vous avez Ash Ferrat...
- Eh oui... soupira la grande blonde. Apparemment...
Nous ne sûmes jamais ce qu'elle allait dire, la cloche l'ayant coupée.
- Faut qu'on y aille... À plus tard Millie !
Nous nous dirigeâmes donc vers la salle de classe, où nous attendait le sévère M. Durand. Lorsque tous les élèves furent dans la classe, il ordonna d'aller se mettre au fond pour faire les duos. Les tables individuelles avaient été rassemblées pour faire des tables de deux.
- Marie Abuis et Louis Vol.
Elle m'adressa un regard déçu et alla s'installer à la place que lui montrait le professeur.
- Luna Aguilera et Ash Ferrat.
Marie se tourna vers moi, le regard empli de peur. J'étais d'une part contente, car j'étais en duo avec quelqu'un que je connaissais déjà mais...
Je n'arrivais pas à oublier ce que m'avait raconté Marie. Pour ma sécurité, j'allais garder mes distances avec ce garçon.
Je m'assis à côté de lui. Les tables étaient vraiment petites...
- Bien ! clama le professeur. Maintenant, démarrons le cours.
Mon voisin tourna la tête et fixa son regard sur moi. Je fis mine de ne rien remarquer.
Pourquoi est-ce que ça tombe toujours sur moi ? maugréai-je intérieurement.
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