Chapitre 2 : Premier jour
- Luna ! C'est l'heure ! Réveille-toi !
- Déjame dormir mamá...
- Je te prierai de parler français, ici ! Je ne veux pas entendre un mot d'espagnol !
- Tante Paula ?
- Qui voudrais-tu que ce soit ? s'énerva cette dernière. Allez, dépêche-toi !
Je grognai en me frottant les yeux et jetai un coup d'œil vers la fenêtre, seulement obstruée par des espèces de persiennes. Le jour était à peine levé...
- Quelle heure est-il ? geignais-je.
- Six heures !
Je soupirai. Les cours ne commençaient qu'à huit heures...
- Allez, hop, à la douche ! me pressa ma tante.
- Oui, oui... marmonnai-je.
Je sortis péniblement de mon lit, et attrapai l'uniforme beaucoup trop serré mais-je-t-assure-qu-il-est-à-la-bonne-taille.
- Quelle galère... soupirai-je en me dirigeant vers la salle de bains.
Comme j'avais largement le temps, j'en profitai pour me laver les cheveux. Puis, j'enfilai mon uniforme en grimaçant. Quelle idée de faire des trucs pareils !
- Tu n'oublieras pas de te coiffer ! me lança Paula de l'autre côté de la porte.
- Oui...
Me coiffer... Bah, après tout, pourquoi pas. Autant faire bonne impression. Je me fis donc deux petites tresses, que j'accrochais avec la broche que m'avait offerte Lucia pour mes treize ans, laissant le reste de mes cheveux libre. Lorsque je sortis de la chambre, ma tante m'interpella :
- Luna ! Tu ne te maquilles pas ?
- Euh... Pas pour aller au lycée, non...
- Allons, juste un peu de mascara pour mettre en valeur tes beaux yeux verts !
Je rendis les armes. J'avais l'impression de me préparer pour une soirée. Bientôt, elle allait m'obliger à mettre de l'eye-liner...
- Tu es magnifique ! s'exclama ma tante lorsque j'apparus dans le salon. D'ailleurs, d'où vient cette broche ? Simple curiosité...
- C'est ma meilleure amie qui me l'a offerte il y a bien longtemps...
- Ah, se contenta-t-elle de répondre. Bien ! Déjeunons rapidement, ensuite, zou !
- Mais, tante Paula, il n'est même pas sept heures...
- Mieux vaut arriver en avance qu'en retard !
Certes... Mais quand même... Nous déjeunâmes donc rapidement. Au moment de sortir, elle me retint.
- Attends ! Ton ruban !
Elle s'approcha avec ce qui, en fait d'un ruban, était plutôt un ficelle rouge.
- Dans ce lycée, m'expliqua-t-elle, chaque niveau est caractérisé par une couleur. Et pour les premières, c'est le rouge.
Elle me fit un joli nœud autour du col et me regarda avec fierté.
- Bien ! Allez, passe une bonne journée !
- Vous aussi...
J'attrapai l'espèce de sacoche qui me servait de sac - un élément faisant partie intégrante de l'uniforme - et sortis de la maison. Une très jolie maison d'ailleurs. Et puis, même si je n'avais pas encore pu visiter le village, il m'avait l'air très beau et très sympathique ! Même si la personne chez qui je vivais l'était un peu moins...
Après quelques minutes, j'arrivai devant le collège. C'était une grande bâtisse d'allure pas très chaleureuse...
- Je pensais être le seul à venir si tôt... s'éleva une voix.
Je me tournai brusquement. Une silhouette se tenait dans l'ombre d'un grand arbre.
- Ma tante m'a forcée à me lever deux heures à l'avance pour y être tôt, marmonnai-je.
- Ma pauvre, ricana la silhouette. Tu ne me dis rien... Tu es nouvelle ?
- Oui. Je suis arrivée à Aubillon hier.
- Hier ? s'étonna la personne. Et tu viens au lycée le lendemain ? Ma foi, tu es bien courageuse !
- Encore une fois, on ne m'a pas vraiment laissé le choix...
- Je vois... Comment t'appelles-tu ?
- Luna. Et toi ?
- Ash.
Et il s'éclipsa. Je restai là, seule. Je sortis donc mon téléphone pour envoyer un message à Lucia.
VOSOTRAS : Mi tía me obligo a levantarme a las 6 de la mañana... Resultado Estoy frente a la escuela una hora antes 😩
(Ma tante m'a obligée à me lever à 6h du matin... Résultat je suis devant le lycée une heure à l'avance)
Sa réponse me parvint peu après :
LUCIA : Púber XD Es tu castigo por no despedirte de mí :(
(Ma pauvre XD C'est ta punition pour pas m'avoir dis au revoir :()
VOSOTRAS : Peroooooooooo... No fue mi elección...
(Maiiiiiiiiiiiiiiiis... C'était pas mon choix...)
- C'est donc toi, l'Espagnole qui a emménagée chez Mme Nalay ?
Je sursautai. Ash se tenait juste derrière moi, et lisait mes messages.
- C'est privé, grondai-je en éteignant l'écran.
- Ne t'inquiète pas, s'esclaffa-t-il. Je ne parle pas espagnol.
Je me tournai pour mieux le voir. Il était plutôt beau... Une mèche de ses cheveux noirs tombait sur son visage hâlé. Ses yeux verts me regardaient d'un air impassible sous de longs cils noirs. Je m'aperçus qu'il avait des écouteurs dans les oreilles.
- Qu'est-ce que tu écoutes ? m'informai-je.
- Un groupe anglais. Queen. Tu connais ?
- Bien sûr ! m'enthousiasmai-je. Ils sont géniaux ! Un de mes groupes préférés, sans aucun doute.
- Tu as d'autres groupes ou chanteurs que tu aimes ?
- Eh bien, réfléchis-je, j'apprécie beaucoup les Beatles, France Gall, Michel Berger, Grand Corps Malade ou encore Suzanne.
Il sourit.
- Tu as de très bons goûts, approuva-t-il. Ici, tout le monde écoute du Mozart, Bach, Beethoven ou des trucs dans le genre.
Il fit mine de vomir, et je ris.
- En tout cas, si je puis te donner un conseil, reprit-il, évite de divulguer tes origines si tu veux survire ici.
- Ce village m'a l'air bien xénophobe pour qu'on me conseille de ne pas dire que je viens d'Espagne, marmonnai-je.
- Il l'est, confirma Ash. Il a beaucoup de défauts. Ici tu n'as que deux choix de vie : ou tu rentres dans les cases, ou tu es un marginal détesté de tous. Aubillon est très petit, tous les scandales se savent en quelques minutes. Et ses habitants n'apprécient guère le changement...
Je soupirai.
- Génial...
- Ah, et, dans le lycée, évite de trop te faire remarquer. Le passe-temps préféré des professeurs est de détruire ceux qui se font remarquer. Sauf si tu as un mental et un physique à toute épreuve...
- Un physique ? cillai-je.
- Tu verras bien... éluda-t-il.
- Pourquoi tant de cachotteries ?
Il haussa les épaules.
- Ça marche comme ça ici. Ah et aussi...
Un grincement l'interrompit. La grille du lycée s'ouvrait. Je la regardais avec une pointe de panique.
- N'aie pas peur, me souffla Ash. Respecte les règles et tout ira bien. Éteins ton téléphone, tiens-toi droite, sois polie, fais tes devoirs, aie de bonne note, et tout ira bien.
Je respirai profondément et m'engouffrai à sa suite dans le bâtiment.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro