Roger

Freddie m'emmène presque de force à l'extérieur du bar. J'ai légèrement la tête qui tourne, mais pas au point d'être ivre mort. Il croise les bras et me regarde sévèrement. Qu'est-ce que j'ai encore fait ? Je sors une cigarette de ma poche et l'allume.

- C'était elle ?

- De quoi tu parles, Fred ?

- La fille qui est venu vous voir. Je l'ai vu de là où j'étais. Je sais que c'était elle.

- Ce n'est pas moi qui lui est demandé de venir jusqu'ici. Il y a une limite à jouer avec le feu !

Fred soupire et baisse les yeux.

- Tu dois le dire à Sally. Le plus vite possible. Ce que j'ai fait ce matin, je ne le referai plus.

- D'accord. Je lui en parlerai.

Il part rejoindre les autres à l'intérieur me laissant seul sous la faible lumière de l'enseigne du bar. Je ne suis qu'un con. Je ne voulais pas. C'est arrivé comme ça, mais je ne voulais pas que cela se produise. Je n'ai rien contrôlé.

- Salut, Rog.

Je me tourne pour voir Elisabeth. Elle doit partir. Si Sally sort tout est foutu.

- Salut. Écoute, c'est vraiment pas le bon moment. Je vais tout régler cette semaine. Je te le promets Elisabeth.

- D'accord. De toute façon je partais. Je compte sur toi, Rog.

Après ses mots, deux gars et deux filles sortent du bar et Eli part avec eux.

- Quelle merde !

Je donne un coup de pied dans le mur en face de moi. Bordel ça fait mal de la brique. Une fois mon mégot jeté sur le sol, je retourne à l'intérieur. Sally danse avec Freddie. Elle est magnifique. Comment j'ai pu lui faire ça ?

- Roger ? Tu étais où ?

- J'avais besoin de respirer de l'air frais, Brian.

- C'est sûr que la fumée de cigarette, c'est de l'air frais.

Je ne prends pas compte de son dernier commentaire et vais me chercher une bière. Cela me fera le plus grand bien. Le barman me l'apporte et je la bois accoté sur bar. Mes yeux sont rivés vers la fille parfaite qui ne se doute pas de ce qui l'attend à l'appartement. Je ne sais même pas si je vais être capable de le lui dire. J'ai honte. C'est la vie, cependant. Je ne contrôle rien et elle devra faire avec. Elle devra vivre avec mes erreurs.

Sally

- Laisse-moi !

Roger me tient par les deux bras et essaie de me conduire jusqu'à notre chambre. Comme si je ne savais pas marcher ! Il est 2 heures du matin je crois. Je ne suis pas sûre d'avoir bien vu l'horloge.

- Tu veux que je te lâche ? Très bien !

Je sens ses mains quittées mon corps et avant d'avoir pu faire mon deuxième pas, je m'écroule sur le sol. Je m'étends encore plus en étirant mes bras et mes jambes. C'est confortable. Je pourrais dormir ici.

- Tu veux que je t'aide là, Sally ?

- Non. Ce plancher est très bien.

Il soupire, lève les yeux au ciel et se penche pour me ramasser. Je ne me débats pas. Je ne marche même plus par moi-même. Il m'a soulevé en passant une main en-dessous de mes genoux et l'autre dans mon dos. Je ne savais pas qu'il était assez fort pour me soulever. Je suis à peine plus petite que lui et il n'est pas le garçon le plus musclé que je connais. Sexy oui, mais musclé... Est-ce que jouer de la batterie entraîne les bras ? Peut-être que ça le rend plus fort. Cela voudrait dire que John est musclé des doigts ? Et Brian aussi ? Et Freddie des cordes vocales et de la mâchoire !

- Rog ? Tu trouves que Freddie est musclé des cordes vocales toi ?

Au même moment, il me dépose dans le lit. Il me répond qu'il ne sait pas. Il n'est pas drôle ce soir. Il me déshabille avec un peu de difficulté et m'enfile mon pyjama. Ensuite, il fait pareil, mais avec son corps. Roger vient s'étendre à mes cotés tout en s'assurant que les couvertures me couvrent bien. Il est mignon.

- Rog ? Deacy est mon meilleur ami. Et il joue bien de la basse.

- D'accord. Dors maintenant.

J'obéis à ses ordres et m'installe correctement sur le matelas. Je ferme les yeux, mais une autre question me vient à l'esprit. Je me place sur le dos pour qu'il puisse mieux m'entendre.

- Rog ? La fille qui est venu nous voir ce soir, je penses qu'elle voulait que tu la regardes. Ses seins je veux dire. Sérieusement, j'ai jamais vu un décolleté aussi... décolleté !

- Ferme-la et dors, Sally.

Je l'ai vexé. La preuve, il ne me donne même pas mon petit bisous du soir. Il fait chier !

- Rog ?

- Quoi encore ?

- Je t'aime.

Il marmonne quelque chose d'incompréhensible. Je m'endors rapidement.

- Smity. Réveille-toi.

Smity ? Une seule personne me surnomme ainsi. J'ouvre les yeux et le visage de John m'apparaît. J'oublie vite sa mignonnerie quand je reçois un coup de marteau sur le crane. Façon de parler.

- Je t'ai apporté un verre d'eau et des médocs pour ta tête. Vu comment tu étais saoule hier, tu vas en avoir besoin.

Je prends ce qu'il me tend en le remerciant. J'avale les pilules et demande à mon meilleur ami où est Roger.

- Dans la cuisine. J'ai fait des gaufres. Tu ferais mieux de venir rapidement, sinon il n'en restera plus. Et avant que tu ne poses la questions, je suis ici car je voulais passer la journée avec ma meilleure amie.

Je le prend fort dans mes bras et nous allons rejoindre mon copain. L'odeur sucrée parvient à mes narines et je me sers une assiette du délicieux petit-déjeuner que Deacy nous a préparé. Comment fait-il pour être aussi parfait ? C'est le meilleur ami dont tout le monde rêve ! Nous sommes tous les trois assis à la table et nous parlons tout le matin. Vers 13 heures, alors que nous étions tous au salon, le téléphone sonne. Je me lève pour aller répondre, mais Roger me retiens.

- Reste avec John. Je vais aller décroché.

Il me sourit et je continue à discuter avec le bassiste.