4.
Ça fait environ un mois qu'ils travaillent cette chanson et la ré-enregistre pour que tout soit parfait. Je suis assise de l'autre côté de la vitre dans le studio. Les garçons enregistrent la version finale de Keep Yourself Alive. C'est magnifique. Cette chanson est parfaite, comme ils le souhaitent. Je suis assise sur le pauvre canapé et j'écoute leur musique. Je les regarde jouer. Ils sont tous très concentrés et je pense qu'ils n'ont même pas remarqué ma présence, malgré que je sois là depuis une bonne dizaine de minutes. Je bois mon verre d'eau en silence le sourire aux lèvres. Je suis venu les voir presque tout les soirs ce mois-ci, à quelques exceptions près pour séance d'étude intensive ou fatigue extrême. D'ailleurs, je ne comprend pas comment ils font pour jouer tout les jours depuis un mois, dans ce petit studio où on meurt de chaleur. À l'appartement, quand John arrive il mange et part directement se coucher. Le matin, il s'en va chez Brian et Roger tout de suite après sa douche, sans prendre la peine de déjeuner. Même si le résultat de tout ces efforts est sensationnel, je m'inquiète légèrement et j'ai hâte qu'il reprenne un cours de vie un peu plus normal.
- C'était parfait les gars. On la garde.
Les garçons sautent de joie et je vais les rejoindre de l'autre côté de la baie vitrée. John me serre fort dans ses bras, Brian fait de même, Freddie me fait la bise et Roger, lui, me prend dans ses bras et m'embrasse. Rapidement. Un baiser sec. Personne ne l'a remarqué et Roger se frotte les mains, mal à l'aise avant de parler avec le groupe comme si rien ne c'était produit. D'accord...
Je préférerais oublier ce moment, mais je ne peux cesser de penser à cette fraction de seconde où ses lèvres ont touché les miennes. C'était surprenant et étonnamment doux. Le baiser et sa bouche. Je prends une gorgée d'eau et parle avec les garçons pendant que John passe son bras autour de mes épaules, comme il le fait souvent quand il est heureux. Je passe à autre chose et nous rentrons tous à nos appart respectif. En arrivant, il est 19 heures et moi ainsi que John concoctons des hamburger pour notre repas.
- C'est délicieux John.
- Merci. Est-ce qu'on va en parler ?
- De quoi ?
- Roger.
- Quoi Roger ?
Je fais l'innocente. Je suis sûre qu'il n'a rien vu et qu'il veut juste me manipuler pour voir s'il s'est passé quelque chose. J'ai vu clair dans ton jeu, Deacy.
- Je vous ai vu. Il a mit sa bouche sur la tienne.
Alerte rouge ! Il est au courant. Quittez le navire !
- Je ne sais même pas pourquoi il a fait ça. Et puis, ça n'a même pas duré une seconde. Vous avez enregistrer vote première chanson, ça devait être l'excitation.
J'essaie trop de justifier. Il va trouver ça louche. Et pourtant il n'y a vraiment rien ! Il acquiesce, un léger sourire en coin et continu de manger. Je lève les yeux au ciel et fais comme lui. Après avoir fait la vaisselle, nous décidons d'écouter nos vinyles tout en lisant, un livre différent chacun. Je décide d'arrêter la musique. Je me tourne vers John qui lève un sourcil en signe d'incompréhension.
- Je crois que je vais lâcher mes études, Deacy.
- Je te demande pardon ? Pourquoi ferais-tu une telle chose ?
- Je ne sais pas. J'en ai assez. Les cours sont emmerdants et je pourrai toujours reprendre plus tard si je ne trouve rien qui me plait.
- C'est de la folie ! Tu vas faire quoi de ta vie ? Travailler dans un petit café près de chez toi ? Mère célibataire de 3 enfants qui peine à payer les factures ?
- Premièrement, je n'ai pas 3 enfants. Je n'en ai aucun et ce n'est pas pour bientôt. Ensuite, il ne me faut pas de diplôme pour écrire avec talent. Et en attendant, pour payer ma part du loyer, je vais chercher du travail. Je vais aller voir dans quelques bars, des pharmacies et d'autres choses si je trouve.
- Tu sais très bien que je vais t'appuyer dans toute tes décisions, Smity. Mais j'espère que tu y as bien réfléchis.
Je redémarre la musique et me blottie dans les bras réconfortants de mon meilleur ami. Il continu de lire et moi je m'endors. Un peu plus tard, il me réveille et il part se coucher dans sa chambre. Je fais de même et mes yeux se ferment aussitôt la couverture remontée sur mon corps. Le lendemain, je me réveille à l'heure raisonnable de 10h30. John n'est pas encore debout. Je mange un morceaux puis laisse un mot à Deacy, l'informant que je suis allé porter quelques CV. Je fais d'abord les pharmacies et les bars près de chez moi, pour finir avec plusieurs librairies et magasins de musique. Je rentre dans mon dernier arrêt et aperçoit Roger analyser un album.
- Led Zeppelin. Intéressant.
- Oh ! Salut Sally. Qu'est-ce que tu fais ici ?
Je lui montre le bout de papier et il me dit qu'il connait le gérant et pourrait peut-être m'obtenir un entretien rapidement. Je ne suis pas sûre, mais vaut mieux mettre toutes les chances de mon côté. Je donne mon curriculum vitae à un employé et repart quand Roger demande à voir le patron. J'étais légèrement mal à l'aise de lui parlé après la dernière fois, mais lui avait l'air d'avoir oublié. Comme je n'ai pas du tout envie de marcher jusqu'à chez moi, je décide de trouver un arrêt de bus. Il y en a un tout près que je peux voir depuis la sortie du magasin. Je m'y dirige, mais une main sur mon épaule m'arrête.
- Besoin d'un lift ? me demande le blond.
- Non. Il y a un bus juste là qui devrait bientôt arriver.
- Désolé de te décevoir, mais il est passé il y a à peine 5 minutes. Il ne reviendra pas avant une demi-heure / une heure. Alors monte dans le van je te raccompagne chez toi. Je vais aller voir John en même temps.
Je le déteste. Je change de direction et entre dans le stupide van de Roger. Avant de s'installer au volant, je le vois lever son point en l'air comme s'il venait de gagner je ne sais quoi. Il démarre finalement la voiture et nous partons. Avant de tourner sur la prochaine rue, je perçois le bus s'arrêter. Espèce de menteur. Je fais comme si je n'avais rien remarqué, mais un petit sourire se forme quand même sur ma bouche. Il a menti pour que je vienne avec lui.
- Tu as acheté l'album finalement ?
Roger se tourne vers moi avant de reposer ses yeux sur la route.
- Non. Trop cher. Et avec un peu de chance, Brian ira lui-même se le procurer et je pourrai en profiter. Gratuitement.
Je ris et cela semble le faire sourire. Ok... Bizarre. Nous continuons la conversation et tout se passe très bien. Arrive le moment où la conversation s'estompe en petits rires, pour laisser place à un silence gênant.
- Tu sais, Sally, pour la dernière fois en studio...
- Ça va Roger. Tu as seulement fais ça sur le coup. Je veux dire, vous étiez tous super heureux.
- Ouais, c'est ça...
Je lui souris et nous arrivons à mon appartement. John nous accueille et me dit en riant :
- Donc, tu n'étais pas partie porter des CV, tu étais avec Roger.
- Pas du tout Deacy. Je l'ai croisé et il a proposé de me ramener. Voilà tout.
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