23.
- On met quoi ?
- Je ne sais pas. Tu as encore l'album de Led Zeppelin ?
- Oui, je l'ai toujours. Tu es sûr de vouloir écouter ça à 22 heure ?
- Pourquoi je ne le serais pas ?
Je ris et pose le vinyle sur la table tournante. Black Dog commence à jouer tandis que je vais retrouver Roger sur le canapé. Il ouvre le sac de chips, décapsule deux bières et m'en tend une. C'est bizarre de repasser une soirée comme ça avec le blond. Nous n'avons pas passé un moment seuls tous les deux depuis bien longtemps. Me retrouver ici avec lui à écouter cette musique me rappelle de bons souvenirs de l'époque où Roger et moi étions en couple. Je ne devrais pas m'étendre trop sur le sujet. Sinon je vais recommencer à mettre toute mon existence en question.
- Tu te souviens de cette soirée, c'était il y a deux ou trois ans je crois, où nous avons danser sur cet album jusqu'à trois heure du matin ? C'était la seule fois où les voisins s'étaient plains.
Il s'engage sur une pente glissante. Cependant, me rappeler cette soirée me décroche un sourire de nostalgie. C'est l'un de mes meilleurs moments avec lui et je m'en souviendrai toute ma vie.
- Je me souviens. On étaient crevés après ça.
- Oui. Mais ça ne nous avait pas empêcher de...
- Roger. Ta gueule, s'il te plait.
- Oui oui. Désolé. Bref, merci d'avoir accepté de passer un moment avec moi.
- Il n'y a pas de quoi. Nous sommes amis après tout.
Un sourire apparait sur son visage et Roger semble sincèrement heureux, malgré ses yeux encore légèrement gonflés. Je devrais peut-être lui demander pourquoi ? Il veut que l'on développe une relation amical. Il faut bien que ça commence quelque part.
- Roger... Il s'est passé quelque chose ?
- Quoi ? De quoi parle-tu ?
- Tes yeux...
Il se renferme sur lui-même en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. J'ignore si j'ai bien fait d'aborder le sujet.
- Ce n'est rien. Ça doit être une réaction allergique.
- On est en novembre, Rog. Et la seul allergie que tu as, c'est au pollen. Tu peux me dire la vérité. On est amis, non ?
Je le sens hésiter. L'ambiance devient de suite plus lourde. Je déteste le voir ainsi.
- Juste un petit truc avec Elisabeth...Rien de bien grave.
- Raconte-moi.
- Eh bien... Je ne sais pas si je dois t'en parler. Je ne veux pas te mettre mal à l'aise.
- Ne t'inquiète pas pour moi.
C'est sûre que je ne serai pas très à l'aise ! C'est mon ex qui me parle des problèmes qu'il a avec sa nouvelle copine. Personne ne veut se retrouver dans cette situation, mais je ne veux pas laisser Roger dans cet état.
- Eh bien... On rentrait de chez Brian quand j'ai vu un papier dépasser de son sac à main. Alors par curiosité je lui ai demandé ce que c'était. Elisabeth ne voulait pas répondre et quand nous sommes arrivés à l'appartement elle n'a pas voulu que je regarde. Alors ça a éveillé mes soupçons, tu comprends... J'ai réussi à le lui dérober juste avant qu'elle ne parte. C'était un message écrit à la main qui disait "Retrouve-moi chez moi samedi à 21h30 pour qu'on reprennent là où on en étaient". Tu vois à quelque point c'est louche. Je lui ai demandé de s'expliquer et elle n'a même pas essayé de nier. Elle couche avec son patron. Je ne sais pas depuis combien de temps ça dure, mais elle couche avec son putain de boss !
Je ne trouve rien à dire. Il a clairement pleuré à cause de ça. Aussi méchant que cela puisse être, je suis un peu contente que cela lui soit arrivé. Comme si le Karma a fait ce qu'il avait à faire. Faire à Roger ce qu'il m'a fait à moi. Lui faire ressentir ce sentiment horrible. Lui montrer ce que c'est de se faire trahir par la personne qu'on aime. De voir son monde s'effondrer en une phrase. De se retrouver complètement seul même si la salle dans lequel vous vous trouvez est pleine. Je me remémore d'affreux souvenir et oublie de répondre à Roger. J'ai envie de compatir avec lui et de le prendre dans mes bras, mais je n'y arrive pas. Je pense à contre-cœur qu'il mérite ce qui lui arrive. Je dois trouver quelque chose à dire pour ne pas qu'il pense que je suis en colère ou je ne sais quoi.
- Je suis désolée, Rog...
- Je suppose que ça va aller. Nous allons en parler quand elle va revenir et nous verrons bien...
Donc il sait qu'elle est probablement entrain de coucher avec un autre homme en ce moment même, et lui il pense à lui pardonner... Je ne le comprendrai jamais.
- Oui... Changeons de sujet, tu veux bien ?
- Avec plaisir. Qu'est-ce que ça te fait d'être marraine ?
- C'est merveilleux. Si tu savais comme cela me fait plaisir que John m'ait choisi. Et je crois que Robert est l'enfant le plus mignon que je n'ai jamais vu. Et toi ? Ça te fais quoi être parrain ?
- C'est bizarre. Je n'aurais jamais imaginé que je puisse être le parrain du fils de John. Ou parrain tout court. Je compte apprendre un tas de trucs à cet enfant.
- Je n'ose même pas imaginer ce que tu souhaites lui enseigner.
Je ris et il retrouve peu à peu le sourire qu'Il avait perdu. C'est déjà ça. Il a beau mériter amplement ce qu'il lui arrive, je n'aime pas le voir triste pour autant. Qui aime voir ses amis anéantis comme ça ? Une personne sans coeur sûrement. Je continue de parler avec Roger jusqu'à ce que les deux faces du disques aient été lu.
- Qu'est-ce qu'on fait ?
- Je ne sais pas. On est chez toi, Sally.
- On pourrait écouter un film ?
Il accepte et nous allons fouiller dans ma bibliothèque. Nous prenons dix minutes à choisir quoi regarder. Après plusieurs débat, nous optons pour Orange Mécanique qui est l'un de nos films préférés à tous les deux. Il me transmet un étrange malaise, mais je crois que c'est ce que je préfère de sa réalisation. Roger revient finalement de sa pause toilette et il s'installe à bonne distance de moi sur le divan. Je mange ma barre de chocolat et lui il termine les chips tout en buvant une deuxième bière. Il est fixé sur l'écran, mais moi je ne peux m'empêcher de lui jeter quelques coups d'oeil de temps en temps. À la moitié du film, la fatigue m'envahit et je pose ma tête sur l'accoudoir du canapé. J'essaie de garder les yeux ouverts, mais c'est de plus en plus difficile. Je fini par m'endormir complètement.
Je suis soulevée par des bras que je n'avais pas sentis contre moi depuis longtemps. L'odeur naturelle et virile de Roger se rend jusqu'à mon nez et je la respire. Il sent bon. Je garde mes paupières closes tandis que le blond me transporte à travers ce qui doit être mon salon. J'avais oublié cet énorme sentiment de sécurité que je ressens quand je suis si près de lui. Il me dépose sur mon lit, mais j'aurais voulu qu'il me tienne encore pendant quelques minutes. Aussi mal que cela puisse être. Il place doucement la couverture sur moi et reste une ou deux minutes dans la pièce avant de partir en fermant la porte de ma chambre. J'enlève mon jeans et mon soutient-gorge sans me lever, n'en ayant pas l'énergie. Je me rendors presque immédiatement après.
- Je peux savoir ce que tu fais sur le canapé de ma petite-amie ?!
Je me réveille en sursaut. 8 heure. C'est la voix de Mathew. Qu'est-ce qui se passe ? Je sors de mon lit, enfile un jogging et vais au salon. Mathew portant son manteau et Roger habillé de ses vêtements de la veille sont debout devant moi. Roger ?
- Je peux savoir ce que tu fais encore ici, Rog ?
J'ai l'impression que le 'encore' ne m'aidera pas auprès de mon copain.
- Comment ça encore ? s'exclame Mathew.
- Hier soir, j'étais trop crevé pour rentrer alors je me suis dit que cela ne te dérangerais pas que je prenne ton divan...
Ça ne me dérange pas. Mais mon petit-ami lui...
- Hier soir ? Mais merde, Sally, explique-moi !
- Un instant, Mathew. Roger ? Pars s'il te plait.
Il obéit à mon ordre et je me retrouve seule avec un Mathew en colère et dans la plus grande incompréhension. Je lui explique en détail ce qui est arrivé hier, sans mentionner le moment où Roger m'a transporté jusque dans ma chambre, et il semble se radoucir un peu. Ce que je ne comprend pas, c'est comment un homme peut être aussi jaloux tout en ayant une infini confiance. Il ne doute jamais de mes paroles malgré sa jalousie presque maladive. Mathew reste pour le petit-déjeuner et part ensuite pour aller travailler. Je l'embrasse à la porte et referme cette dernière quand je le perds de vue.
- Sally ! Attends.
Je stoppe mon mouvement quand j'entends la voix de Roger. Il est toujours là ?
- Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je suis allée chez Brian et Chrissie en attendant. Tu sais, tes voisins d'en face.
- Oui oui, je connais mes voisins, merci.
- Je peux entrer ?
- Tu vas le faire même si je te dis non alors, vas-y.
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