22.
2eme Partie 1975-1979
LONDRES 1975
-... Il est sorti après peut-être 20 ou 25 minutes. Et il a fallu que Freddie lui jure que sa chanson serait sur l'album !
- C'est bon, John. Je crois qu'on a compris.
Les filles, Mathew et moi rions tous à cette anecdote. Pourquoi le fait que Roger s'enferme dans un placard ne m'étonne pas ? Et tout ça pour une chanson d'amour. Destinée à sa voiture, il faut préciser. Malgré tout, leur nouveau disque est un véritable chef d'oeuvre. Les 6 mois interminables passés loin de mes meilleurs amis, John plus particulièrement, auront valu la peine. Toutes les chansons de l'album sont superbes, différentes et merveilleusement bien jouées. Pour l'instant, Bohemian Rhapsody connait un succès phénoménal dans les stations de radio. A Night At The Opera se vend mieux que n'importe quel album que nous avons pu détenir au magasin et ce n'est que la première semaine. Je suis ramenée à la réalité quand Mathew pose doucement sa main sur mon genoux en-dessous de la table.
- Tu en penses quoi de ma chanson, Sally ?
- Honnêtement ? Je l'ai écouté une ou deux fois et je peux te dire que l'instrumental est très bon. J'adore. Le problème est au niveau des paroles, je dirais. Je veux dire... Qu'est-ce que tu fais exactement avec cette voiture, Roger ?
- John a dit la même chose. De la même manière. Vous me faites peur parfois, vous deux.
Je me tourne vers Bri qui vient de prononcer cette dernière phrase. John et moi avons tendance à penser pareil. Ça me fait peur aussi quelques fois. Probablement que le trop de temps que nous avons passé ensemble dans notre vie a fait fusionner nos cerveaux. D'un coup, je sens mon petit-ami se crisper légèrement à côté de moi. Il ne va pas recommencer ? John n'est qu'un ami et il le sait. D'ailleurs, il est marié et a un enfant. Je ne comprend vraiment pas cette jalousie envers mon meilleur ami. Être jaloux de Roger, mon ex, à la limite j'aurais compris, mais de John... J'essaie de le détendre un peu en lui souriant. Cela semble fonctionner puisque la conversation reprend et que Mathew y participe. Une heure plus tard, mon copain et moi nous excusons avant de partir. Je remercie Brian et Chrissie pour l'accueil et j'embrasse les autres. Dans l'auto, l'ambiance est légère. Jusqu'à ce que le brun commence à parler.
- Mon amour... Tu dois avouer que c'est louche que John et toi êtes aussi proches.
- Pas du tout. C'est mon meilleur ami, Mathew.
J'essaie de ne pas m'énerver, mais ce sujet reviens trop souvent. Que pense-t-il qu'il va se passer avec le bassiste ? Qu'il va quitter sa femme et son fils dans peu de temps car nous avons prévu de nous enfuir aux États-Unis ensemble ? Je crois bien que la jalousie est le plus gros défaut de Mathew. Un de ses seuls. Seulement, cet caractéristique apparait trop à mon goût.
- Je sais bien. Mais je ne sais pas... J'ai l'impression que vous avez un lien très spécial. Plus que de simples amis.
- Tu as raison. Il est comme un frère pour moi. Nous nous connaissons depuis toujours. Il ne s'est jamais rien passé entre nous et il ne se passera jamais rien ! Alors, si tu le veux bien, ferme-la.
Il me faut quelques secondes pour mesurer l'ampleur de mes dernières paroles. Je n'ai jamais été aussi méchante avec lui. Oh ! Je m'en veux. Je n'aurais pas dû lui dire de se la fermer.
- Mathew... Je suis désolée. Je...je ne voulais pas dire ça.
- Ça va, Sally. De toute façon, on est arrivé.
Je baisse les yeux. Il est froid. Je ne veux pas que l'on se quitte sur cette note...
- Tu ne veux pas rester coucher ?
- Je travaille demain. Je t'appellerai. Bonne nuit, mon amour.
- Bonne nuit...
Je sors de la voiture sous le regard neutre de Mathew. Je déteste devoir partir alors qu'il m'en veut pour quelque chose. Le véhicule s'éloigne et j'entre dans mon appartement. Je me débarrasse de ma veste ainsi que de mes bottes avant d'aller à la cuisine. Le frigo est vide et j'ai faim. J'ai trois options : aller au café en bas de chez moi qui est sûrement fermé et rentrer par effraction, me rendre à l'épicerie à 10 minutes de mon lieu de résidence ou encore ne rien faire. Le choix me semble évident. J'ai besoin de manger. Je retourne enfiler mes habits d'extérieurs et sors après avoir fermé à clé. La rue est déserte et j'arrive rapidement au petit marché. Qu'est-ce que j'ai envie de manger ? Un mélange de sucré et de salé. Une boisson fruité. Je pourrai déguster ça en regardant un film ou en écoutant de la musique. Je tourne dans l'allée des chips et ma tête se heurte contre une autre. Ouch. Je m'excuse sans lever les yeux et poursuit mon chemin.
- Sally ?
Qui ? Quoi ? Quand ? Où ? Comment ? Pourquoi ? Je me tourne et Roger me fait face. Ses longs cheveux blonds sont en batailles et ses yeux gonflés. Bon, il est sans doute arrivé quelque chose, mais je ne demanderai rien pour ne pas paraitre indiscrète. Nous ne sommes pas redevenus assez poche pour ça.
- Salut, Roger. Que fais-tu ici ?
- J'habite à 5 minutes d'ici, je te rappelle. Et je venais me prendre un paquet de cigarette. Puis, j'ai eu faim. Alors je suis venu dans cette rangé espérant trouver quelque chose à me mettre sous la dent.
- C'est un rapport détaillé.
Il rit à ma remarque tandis que je prend un sac de croustille dans mes mains.
- Tu compte manger ça à toi toute seule ? Ou bien Mathew t'attend ?
- Je suis seule ce soir. Mat est chez lui, probablement entrain de se faire un scénario sur John et moi.
- John et toi ?
- Oui... Il pense que John m'aime. Ou que j'aime John, je l'ignore. C'est ridicule, hein ? Cependant, c'est l'un de ses seuls défauts.
- Ça pourrait être son unique, ça reste l'un des pires.
Malheureusement, il a bien raison. Roger passe sa main dans ses cheveux et essaie de les replacer.
- Mais dis-moi, Rog... Pourquoi n'es-tu pas avec Elisabeth ?
- Elles est sortie avec des amies. Elles ont décidé ça à la dernière minute.
- Donc, toi aussi tu es seul.
Il me sourit.
- Veux-tu de la compagnie ? Pour t'aider à manger ce sac au complet.
- Je ne refuse pas. Je comptais peut-être écouter de la musique en dévorant ma collation. Tu es le bienvenu.
Est-ce que c'est risqué ? Est-ce que Mathew va m'en vouloir ? Probablement. Mais ce n'est qu'une soirée normal avec un ami. Il n'y a pas de quoi s'inquiéter. Nous prenons deux barres de chocolat ainsi qu'un pack de quatre bières. Nous payons le tout à deux et partons vers mon appartement. Je vois Roger plonger sa main dans la poche de son manteau et y sortir une paire de lunettes de soleil qu'il pose sur son nez.
- Tu sais que c'est la nuit, Rog ? Il n'y a pas de soleil...
- Oui. Mais tu ne trouves pas que ça me rend plus sexy ?
- Oui oui.
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