21.
Je n'ai pas pu m'arrêter de penser à ce rêve depuis que je suis réveillée. Qu'est-ce que cela voulait bien dire ? Je n'aime plus Roger. Et j'ai encore moins envie qu'il ne m'embrasse. Je crois avoir une hypothèse. Hier, avant de partir, Roger m'a donné un petit baiser sur la joue. Alors probablement que mon cerveau, idiot comme il est, a réinterprété ça dans un rêve de façon totalement erronée. Vous savez comme quand, par exemple, vous voyez une publicité de savon et le soir même vous rêvez d'une course poursuite avec une barre de savon géante. Cela ne veut pas nécessairement dire que vous voulez vivre ça dans la vrai vie !
- Sally ?
Je sors de mes pensées grâce à mon collègue. Il me sourit et m'informe que je peux partir chez moi. Il est déjà 18 heure ? Je le remercie, vais enfiler mon manteau et sors du magasin. Debout, à quelques mètres de moi, se tient Mathew. Si ça continue, j'aurai un nouveau visiteur tous les jours. Quoique cette visite ne me déplait pas. Quand il entend mes pas s'approcher, il relève la tête et me sourit.
- Bonjour.
- Bonjour, Mathew. Puis-je vous demandez comment vous m'avez trouvé ?
- Vous pouvez me tutoyer maintenant que nous avons eu notre premier rendez-vous. Et c'est justement grâce à celui-ci que j'ai su que vous travailliez ici. Vous me l'aviez dit.
- Si je peux te tutoyer, alors tu le peux aussi. Tu as une bonne mémoire à ce que je vois.
- Eh oui. Je voulais savoir si vous... tu. Pardon. Si tu voulais que l'on sorte ce soir. Si tu es libre bien sûr.
- Je le suis et j'adorerais. Que proposes-tu ?
- J'ai pensé au cinéma. Et si tu le veux bien, après nous pourrions nous promener un peu. Il ne fait pas si froid aujourd'hui de toute façon.
- Je suis d'accord. Qu'allons nous voir ?
- Il y a deux films pour le moment. J'ai pensé que tu aimerais peut-être The Great Gatsby.
- Je ne suis pas sûre que ce soit ton genre de film. Quel est le deuxième choix ?
- The conversation. Il a l'air bien aussi.
- Allons le voir. Ça faisait un moment que je voulais y aller.
Ses lèvres s'étirent en un sourire et il m'invite à embarquer dans sa voiture. Malgré qu'il reste encore la possibilité qu'il soit un psychopathe, je m'exécute et nous partons. Le trajet en voiture se fait dans la légèreté. Au cinéma, Mathew propose de payer et je n'ai d'autre choix que d'accepter puisque je n'avais pas prévu sortir après mon travail. Pendant le film, l'épaule de mon compagnon frôle la mienne. Cela me donne un petit frisson, mais je me re concentre rapidement sur le film. Une fois le générique de fin entamé, nous quittons la salle. Je remercie Mathew et nous délaissons l'automobile pour marcher dans les rues de Londres. Il neige un peu et il ne fait pas froid du tout. Mathew prend ma main et comme la dernière fois, je sens un courant électrique traverser tous les recoins de mon corps. Sa main est chaude, douce et beaucoup plus grande que la mienne. Je me sens étrangement en sécurité comme ça. Aucun de nous deux ne parlent, mais cela ne me dérange point car ce silence est agréable. Quelques autres personnes se promènent sur les trottoirs. Cependant, je n'ai pas l'impression de les voir. Toute mon attention est centrée sur l'homme qui m'accompagne ce soir. Tranquillement, une conversation s'installe. Nous parlons de la vie et de choses insignifiantes, mais intéressantes. Je passe un merveilleux moment en sa compagnie. Cet homme est tout ce qu'un femme peut espérer. Je me doute bien qu'il doit avoir des défauts, mais ses qualités ressortent énormément et celles-ci sont magnifiques. Nous nous baladons pendant encore peut-être une heure avant d'arriver devant mon immeuble. Je n'ai pas envie de le quitter tout de suite. Je passe un trop bon moment. Cependant, j'ai l'impression que si je l'invite à entrer il va penser que j'espère plus. Je dois oser. Allez j'y vais. J'en suis capable.
- Mathew... Je me demandais si tu voulais entrer. Pour parler encore un peu. J'ai une bouteille de vin et des vinyles qui ne demandent qu'à être joués.
- J'adorerais.
Il me sourit et je remarque à ce moment qu'il a une fossette. Une seule sur la joue gauche. C'est mignon. Nous entrons dans mon appartement et je m'excuse le temps d'aller chercher deux coupes et la bouteille. Quand je reviens, il pose un disque sur la table tournante. Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band démarre et cela m'arrache un petit rire. Bon choix. Nous nous installons sur le canapé, verres à la main.
- Tu joues du piano ?
Quoi ? Comment peut-il le savoir ? Je stresse. Personne n'est au courant.
- Qu'est-ce qui te fais dire ça ?
- Désolé si cela semble indiscret, mais j'ai vu le clavier dans ta chambre. Enfin, je veux dire que la porte est ouverte et que je l'ai aperçu.
C'est la première fois que j'oublie de le ranger. La première fois que quelqu'un le voit. Je ne sais pas quoi faire. Je pense que cela ne servira à rien de mentir. Je vis seule et c'est ma chambre.
- Oui. Je fais du piano. Mais très peu et pas très bien.
- Je suis sûre que c'est faux. Pourrais-je t'entendre en jouer ?
Personne ne m'a entendu. Ni même John qui est mon meilleur ami ou bien Roger avec qui je suis resté en couple 2 ans. C'est quelque chose que j'ai toujours gardé pour moi. J'ai très envie de lui montrer, mais je ne suis pas une bonne pianiste et chanteuse. Je n'arrive même pas à l'orteil de Freddie ou Brian. Par contre, si je lui fais écouter, cela pourrait créer un lien spécial entre nous. Quelque chose de secret et d'unique. Je me lève, vais chercher mon clavier dans ma chambre et l'emmène au salon après avoir éteint la musique. Mathew me regarde attentivement. Je dois avoir confiance en moi. Je place mes doigts sur les touches sans pour autant appuyer. Je prend une grande respiration et ferme les yeux. Je commence à jouer hésitant à chanter. Mes doigts glissent sur le clavier. J'ouvre la bouche et laisse les paroles de ma chanson sortir. Je sens son regard sur moi. Je termine et n'ose pas regarder Mathew. C'était affreux.
- C'était magnifique, Sally.
Non. Non. C'était un désastre. Je secoue ma tête et me tourne vers lui. Je vais m'asseoir à ses côtés sans lever mes yeux.
- Merci. Mais je ne pense pas que c'était magnifique. C'est une chanson de merde.
- Ne dis pas ça. J'ai adoré. Et ta voix me laisse sans mot.
Mathew réussi à planter son regard dans le mien. Ses yeux sont tellement beaux. Je n'y vois que de la sincérité et une chose qui se rapproche de l'amour. De l'affection peut-être ? Il pose sa main sur ma cuisse et se penche vers mon visage. Je vais l'embrasser. Ce ne sera pas comme à notre première rencontre. Ce sera différent. Ses lèvres touchent doucement les miennes. Je ne me rappelais pas qu'il embrassait aussi bien. Il goute sucré malgré le vin qu'il vient de boire. L'électricité se répand dans tout mon corps tandis que sa langue frôle tranquillement la mienne. J'ai chaud.
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