12.
C'est John qui vient me réveiller. Il m'annonce qu'il est bientôt midi et qu'il a fait des œufs et du bacon. Je reste un peu dans son lit et garde les yeux fermés. Il sait que je suis réveillée et il reste en silence, installé sur le bord du matelas, à me flatter doucement les cheveux. La vérité me frappe en plein visage quand je me rappelle de la veille. Le baiser, le 'Je t'aime', le regard, la culpabilité et Elisabeth. Je pleure un peu en silence. Deacy attend là en me caressant la tête et en me chuchotant que tout va bien aller. Nous faisons cela pendant au moins 10 minutes, puis après m'être calmée nous partons manger. Brian joue de guitare dans le salon. Pendant que je mange je l'entends chanter doucement. Il n'a peut-être pas la voix de Freddie, mais la sienne est magnifique également. C'est la première fois que je l'écoute.
- Tu veux qu'on y aille ensemble ? Je resterai dehors.
Je me tourne vers mon meilleur ami. Je lui réponds positivement et je continue de déjeuner en silence. Après avoir avaler le tiers de mon assiette, je pars m'habiller avec mon linge d'hier. J'ai une mine affreuse. Mes yeux sont rouges et gonflés et on dirait que je n'ai pas bu d'eau depuis 3 jours. Je me lave le visage pour essayer d'améliorer cela, mais rien ne change. J'abandonne et John et moi partons en disant au revoir à Brian. Nous marchons en silence et il garde son bras sur mes épaules jusqu'à ce qu'on arrive chez moi. Chez Roger, en fait. Il m'attend dans le stationnement et je monte les marches jusqu'à l'appartement lentement. Je suis finalement devant la porte et j'hésite entre sonner ou entrer. Je prends la deuxième option. Je tourne doucement la poignée. J'entre et je ne vois personne. J'enlève mes chaussures. Et s'il était là ? Avec elle ? Je reste debout à fixer l'entrée de la chambre. Tu peux le faire. Tu dois le faire. Et s'ils sont là, ignore-les. C'est ta chambre après tout. Tu dois prendre tes choses. Après encore un moment de réflexion, je pousse la porte et la pièce est vide. Le lit est défait, mais vide. D'accord. J'ai un peu de temps devant moi pour ramasser mes affaires. Je commence par remplir la valise que John m'a prêtée. Je réussi à y insérer une bonne partie de ma garde-robe, mais je prends un sac de sport pour y mettre le reste de mes vêtements. Une fois cette partie terminée, je vais dans la salle de bain pour ranger mon maquillage et tout ce dont une fille a besoin dans une trousse de transport. Vient ensuite le tour du salon. Je n'ai pas grand chose dans cette pièce. La boîte de vinyles attire mon attention. La plupart sont à moi. Je prends ceux des Beatles qui m'appartiennent, ceux d'Elvis, de Johnny Cash et vient le tour de Led Zeppelin. Je n'en ai qu'un qui est officiellement à moi. Celui que nous avons écouté ensemble il n'y a pas si longtemps. Nous avons dansé sur ces chansons un après-midi et le soir même je rencontrais pour la première fois Elisabeth. Je commence à pleurer tout en observant l'album que je tiens dans mes mains. Je m'arrête rapidement quand la porte de l'appartement s'ouvre. Je me lève rapidement et Roger me regarde sans bouger. Il a des sacs d'épicerie dans les mains et il les laisse tomber sur le sol quand il voit les bagages derrière moi.
- Tu t'en vas ?
La voix de Roger est rauque. Il a presque chuchoté ces mots. Je n'ai pas la force de répondre à sa question en parlant. Il s'attendait à quoi ? Que je fasse comme si je n'avais rien vu ? Que je le laisse sortir avec une autre fille en même temps que moi ?
- Je crois qu'on doit parler avant, Sally.
- Non.
Je prends mes sacs ainsi que les disques avec difficulté et marche vers la sortie. Il me bloque l'accès à la porte.
- Pousse-toi, Roger.
- Non. Je te dois des excuses et des explications. Et je veux que tu m'écoutes. S'il te plaît.
Je plante mon regard dans le sien et dépose mes choses sur le sol. Il veut parler ? On va parler !
- Je t'écoute, Roger. Vas-y. Dis-moi ce que je dois savoir.
Il mets sa main sur mon bras, mais je le repousse rapidement. Il me demande de m'installer sur le canapé avec lui. Je n'ai pas du tout envie de le faire. Cependant, je veux que cela se termine au plus vite. Surtout que Deacy m'attend en bas. Roger prend sa tête entre ses mains et lâche un profond soupire.
- Je vais tout te raconter, mais je ne veux pas que tu me coupes. Tu dois me laisser finir.
J'acquiesce en silence patientant pour qu'il commence son récit.
- Je ne t'ai pas menti sur un point. J'ai connu Elisabeth à l'université.
- Super la franchise !
- Je t'ai dit de ne pas parler. Bref, on s'étaient perdus de vue et quand je l'ai rencontré au bar, il y a un peu moins d'un mois, on a beaucoup parlé. Elle m'avait énormément manqué et j'ignore comment c'est arrivé. On s'est embrassé et tout s'est enchaîné si rapidement.
C'est à ce moment précis, que je me force à rester assise. Tout ce que je veux c'est fuir loin. Fuir la suite de son histoire. Fuir cet homme qui me détruit avec ses mots. Avec ses actes.
- Tu étais avec John ce soir-là. On l'a fait. Chez elle. Et avant que je ne rentre on a décidé de se revoir. Je ne sais pas pourquoi j'ai accepté. Peut-être que si je ne l'avais pas fait, il nous resterait encore une chance tous les deux.
Tais-toi, Roger. Ferme-la. Sa dernière phrase achève mon cœur. Il est maintenant détruit en millions de morceaux éparpillés un peu partout dans cet appartement. Je ne veux pas entendre ce qu'il va dire. Je ne veux pas l'entendre.
- J'en suis tombé amoureux, Sally. Si tu savais comme je m'en veux.
Une seule larme coule le long de ma joue. Une seule. Pourtant, je crois que je pourrais en pleurer plusieurs litres. Roger est lui aussi sur le point d'éclater en sanglots. Il n'a pas le droit. Ce n'est pas lui qui vient de découvrir que lui mentait depuis 1 mois ! Je me mets debout dans un mouvement brusque.
- Tu n'as pas le droit. Tu n'as pas le droit, Roger. Tout ça, c'est de ta faute ! Tu n'as pas le droit de pleurer. Tu as fait tes choix et tu n'as pas le droit de les pleurer !
Il se lève à son tour et il s'approche de moi. Avant qu'il n'est pu faire quoique ce soit, mes larmes jaillissent sans s'arrêter et je fonce vers lui en frappant son torse. Le blond se laisse faire tandis que je continue à mettre toute ma force dans mes coups. Il attrape mes poignets et m'immobilise contre un mur. J'essaie d'échapper à son emprise, mais j'en suis incapable. Je laisse tomber ma tête dans son cou tout en continuant de pleurer. Il me laisse finalement la chance de sortir. Je m'éloigne de lui et avant que j'ai pu enfiler mes chaussures, il murmure un 'désolé'. C'est trop. Je n'en peux plus. Une rage extrême envahit mon corps. Je prend le premier objet que je vois, qui se trouve être un livre, et le lance vers lui. Il l'esquive de justesse.
- VAS TE FAIRE FOUTRE, ROGER MEDDOWS TAYLOR.
J'attrape ma valise, mon sac de sport, mes vinyles et ma trousse et pars rejoindre John, laissant Roger seul et en pleurs. Je descends les marches difficilement, mais une fois arrivé en bas Deacy m'aide à apporter mes bagages jusqu'à chez lui. Avant de reprendre la route, mon meilleur ami me prend longuement dans ses bras. Nous ne parlons pas sur le chemin de retour. Je n'en ai pas envie et il le sait.
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