Sally

- Il n'est rien arrivé, Sally. Pas dans ce sens là en tout cas.

- Alors qu'est-ce qu'elle voulait que tu me dises ?

- C'est juste que... on a déjà été ensemble. Elle et moi. Mais c'était avant toi !

- Si ce n'est que ça, alors pourquoi voulait-elle autant que je sois au courant ? Et pourquoi tu hésitais autant à me le dire ? Au point de me mentir.

- Je ne t'ai pas menti !

Je lui rappelle ce qu'il s'est produit aujourd'hui au téléphone. Il ne ni pas. Mais pourquoi mentir sur un sujet qui a aussi peu d'importance ? Je me doutais bien qu'il était sorti avec d'autres filles avant moi. Christine me l'avait même déjà confirmé !

- Sally, je te jures que ce n'est que cela. Et je n'ai pas voulu te le dire parce que tu la déteste. J'avais peur de ta réaction. C'est tout.

Il a l'air sincère, mais j'hésite. Pourquoi tout ce cirque ? Je me lève et je suis face à Roger. J'essaie de savoir s'il dit la vérité ou non. Je n'y arrive pas. Il pose ses mains sur mes joues et approche doucement son visage du mien. Peut-être que ça, ça pourra me dire ce que je dois savoir. Il pose lentement ses lèvres sur les miennes. À travers ce baiser, je peux ressentir tout l'amour qu'il éprouve pour moi. J'oublie mes doutes et prolonge ce moment. Je passe mes bras autour de son cou et il m'emmène dans la chambre. Je me réveille au son de la batterie. J'ouvre les yeux et remarque qu'il est midi. Je sors du lit avec paresse et vais saluer Roger. Il est torse nu et porte un jogging bleu marin. Il est en sueur

- Bonjour, Rog.

- Bon matin, Honey. Ou devrai-je dire bon midi ?

Je ris à sa remarque tandis qu'il me rappelle que Queen joue ce soir. Nous allons manger ensemble dans la cuisine. Roger et moi passons une bonne partie de l'après-midi à parler, à nous amuser et à nous coller. Il essaie même, à un moment, de m'apprendre à jouer du drum. J'en suis totalement incapable d'en faire et je l'admire encore plus. Ce n'est pas la première fois qu'il me donne des cours. Chaque fois, il espère me faire réussir quelque chose. Je lui répète sans cesse que c'est peine perdue, mais il ne m'écoute pas. Je passe une très bonne journée en sa compagnie et arrive finalement le moment de se préparer pour le show de ce soir. Je m'habille d'une robe noir, d'une veste en jeans et de mes Dr. Martens rouges cerise. Mes cheveux sont attachés en une queue de cheval et mon maquillage est assez léger. Roger et moi montons dans le van et partons chercher les autres à leur appartement respectif. Sur la route, le groupe règle quelques questions de dernières minutes et nous arrivons enfin au pub.

- Je vous rejoint au van après le concert ?

- Exactement, Smity !

Je souhaite bonne chance aux garçons et Roger me donne un léger baiser. Ils vont en coulisses et je vais me prendre un verre. Comme à mon habitude, je m'approche de la scène le plus possible. Je suis vite rejointe par Mary. Nous parlons ensemble plusieurs minutes avant que Queen n'arrive. Freddie salut tout le monde et ils commencent à jouer les chansons de leur album. Les premières notes de Liar atteignent nos oreilles et la foule commence à applaudir. Par foule je veux dire les personnes présentent dans le bar. Freddie bougent sur scène avec son éternelle énergie. John a les yeux rivés sur sa basse et il bouge sa tête au rythme de la musique. Je peux voir à quel point Brian est passionné par la guitare. Roger, lui, marmonne les paroles et joue de sa batterie intensément. C'est captivant d'observer Rog faire autant de choses en même temps. Je me demanderai toujours comment il fait. J'aime m'attarder sur ses mains. Tous les mouvements qu'elles font en si peu de temps. Il est tellement concentré. Je le trouve magnifique. Le concert se poursuit tandis que les gens dansent et que certains chantent. Les chansons défilent les unes après les autres et le spectacle est malheureusement terminé. J'allais partir attendre les garçons dehors, mais Mary me dit qu'elle va directement en coulisse. Elle me demande de l'accompagner et je le fais. Je pourrai féliciter le groupe plus rapidement.

- Attends, Mary ! Je vais chercher une bière pour Rog avant.

Elle part directement voir Freddie tandis que je prends à boire pour mon petit-ami. Après 3 minutes d'attente, je reçois la bouteille. Je la prends et vais rejoindre les autres. Bri range sa guitare et John sa basse tout en parlant avec Freddie et sa femme. Roger n'est pas là.

- Salut, les gars ! Vous étiez super ce soir !

- Merci beaucoup, Smity. Si tu cherches Roger, il est dans cette salle. Une sorte de loge aka salle de bain.

Je le remercie de l'information et entre dans la pièce pointée par John. À peine la porte ouverte, j'échappe la bière le sol. Je suis figée sur place. C'est une vision d'horreur. Mes jambes voudraient flanchées, mais elles en sont incapables. J'arrête de respirer pendant un moment. Cela me semble être une éternité même si je me doute que ça n'a duré que quelques secondes. Les yeux de Roger sont plantés dans les miens. J'y vois la même expressions qu'hier. La même culpabilité. Il ne faut pas être un génie pour comprendre ce qui se passe. Pour comprendre qu'il m'a prit pour une pauvre conne. Je m'ordonne de partir d'ici au plus vite et de ne pas pleurer, mais mon corps et mon esprit ne m'écoutent pas. Roger continu de me fixer tout en repoussant la jeune femme qui était collée à ses lèvres il y a moins d'une minute. Il s'avance vers moi et avant que ses mains aient pu se poser sur mes épaules, je me recule enfin. J'explose en sanglots quand Roger murmure un simple 'désolé'. J'entends les pas de mon meilleur ami arriver vers moi. John me prend la main et sans dire au revoir au batteur, m'emmène à l'extérieur. En quittant le bar, j'ai pu entendre Freddie et Brian crier. Je perds mon souffle et cherches désespérément à le retrouver. Deacy dépose ses mains sur mes joues. Il essaie de capter mon attention, mais n'y arrive pas. Je continue à vouloir respirer normalement.

- Sally. Écoutes-moi, Sally. Respire d'accord ? Oublie ce qu'il vient d'arriver pour l'instant. Nous allons tous les deux rentrés chez moi et tu vas aller dormir. Ou prendre un bain. Comme tu veux. Tu vas passer la nuit chez moi. Je vais te prêter mon lit et tout va bien aller.

Je lui fait signe que c'est d'accord, toujours en cherchant mon souffle. Je le retrouve tranquillement et nous marchons jusqu'à l'appartement de John et Brian. Soudain, ma veste de jeans me semble étonnement chaude. Je la retire et Deacy propose de me la porter. J'accepte ne voulant aucun poids pour me ralentir. Quand nous arrivons, mon meilleur ami part me faire couler un bain et me prépare un thé. Il est tellement gentil. Il me sort une serviette et des vêtements pour me changer. Un de ses jogging et un t-shirt. Il sort de la salle de bain et je me déshabille tranquillement après avoir fermé la porte à clé. Je pose un pieds dans l'eau presque brûlante et y entre finalement mon corps au complet. Je bois mon thé que je dépose sur la petite table que John m'a installée. Ma tête touchant la céramique du mur, je ferme mes paupières. J'essaie de ne penser à rien, mais c'est tellement compliqué. C'était Elisabeth. C'était elle la fille qu'il embrassait quand je suis arrivée. Celle à qui il a dit 'Je t'aime' avant que je n'échappe la bouteille sur le sol. Celle qui n'était qu'une soi-disant ex. Celle qui vient de détruire mon bonheur. Mais qu'est-ce que je raconte ? C'est de sa faute à LUI. C'est de la faute de Roger si tout ça est terminé. Les deux dernières années ne représentaient donc rien pour lui ? Je n'aurai pas le courage de l'affronter demain. Et si en allant chercher mes affaires, je découvre qu'elle est là ? Qu'elle a dormi et fait je ne sais quoi d'autre dans NOTRE lit ? Je recommence à pleurer et John cogne à la porte pour me demander si tout va bien. Je lui réponds que je m'habille et que j'arrive, ce que je fais. Une fois le linge du bassiste enfilé, je sors le rejoindre. Il est au salon et écoute les Beatles avec Brian. Ce dernier se lève et vient me prendre dans ses bras dès qu'il me voit. J'aimerais lui rendre son étreinte, mais je n'en ai pas la force. Il me caresse doucement le dos comme Roger avait l'habitude de le faire. J'annonce aux garçons que je vais me coucher et ils me souhaitent bonne nuit avant que je ne m'enferme dans la chambre de Deacy. Je m'endors en pleurant silencieusement.