- Je vais me prendre un verre d'eau. Tu veux quelque chose, Deacy ?

- Non, merci. Je vais t'attendre ici en regardant tes vinyles. Qui était miens autrefois. Je tiens à le préciser.

Je ris à sa remarque et pars à la cuisine pour m'hydrater. Roger est encore au téléphone. Il est dos à moi, sa tête touchant le mur. Je le laisse continuer sa conversation et me cherche un verre.

- Je t'ai promis que j'allais le faire bientôt ! Laisse-moi un peu de temps pour...

Il s'arrête de parler quand j'ouvre le robinet. Qu'est-ce qu'il doit faire ? Ça à l'air important et pressant, vu le ton de sa voix. Il ne dit pas au revoir à son interlocuteur et raccroche. Ses yeux sont plantés dans les miens. La culpabilité. C'est ce que je vois en lui présentement.

- Qu'est-ce que tu as fait, Rog ?

- Rien. Pourquoi ?

- Tu te sens coupable. Tu as fait quelque chose de mal et je le sais. Alors, dis-moi le.

- Je n'ai rien fait du tout, Sally. C'était Freddie. Il m'a chargé de réserver le studio et je ne l'ai pas encore fait.

- Je ne te crois pas. Freddie ne t'aurais jamais confié cette tâche.

- Tu veux dire quoi par là ? Que je ne suis pas responsable ?

Je n'aurais pas dû dire ça. Il a posé ses mains sur le comptoir et il m'observe sévèrement, attendant une réponse. Toute culpabilité a disparue. Il est en colère, car je l'ai insulté.

- Ce n'est pas ça, Roger. Je pense seulement que Fred préfère s'occuper de cela soi-même. Tu sais, pour être sur que ce soit fait. Ce n'était pas contre toi précisément. Je suis désolée d'avoir douté de toi.

Ma voix s'est adoucie et la sienne aussi quand il me répond que je suis pardonné. Il me prend dans ses bras et nous retournons voir John. Ce dernier analyse la pochette de l'album Abbey Road. Nous parlons de cet album et poursuivons notre journée en oubliant l'incident du téléphone. Plus tard, Roger part chez Brian et je suis seule avec mon meilleur ami. John et moi partons donc nous promener dans les rues de mon quartier. Beaucoup de personne marchent ou discutent sur des terrasses.

- Tu sais que tu es ma meilleure amie, Smity ?

- J'espère bien que je le sais ! Et tu es le mien également, mon cher John.

Il s'arrête soudainement de marcher. Je fais de même et vérifie que nous ne barrons la route à personne. Effectivement, le trottoir semble désert alors que trois rues plus loin il était bondé. Je regarde John me demandant ce qu'il mijote. Il s'approche de moi et me fait un câlin. Un câlin amical, mais très fort.

- Je serai là pour toi quoiqu'il arrive, Sally. Saches-le.

Ce n'est pas le genre de John de me démontrer autant d'affection. Surtout en publique.

- Je serai toujours là pour toi aussi, Deacy.

Nous ne bougeons pas avant quelques secondes. Quand nous recommençons à marcher, John passe un bras autour de mes épaules et nous nous arrêtons pour grignoter dans un café.

Roger

- Je ne suis pas venu ici pour me faire engueuler ! Bordel !

Depuis que je suis arrivé, Brian et Fred ne font que me crier dessus. Ils croient que je ne sais pas que ce que je fais est mal ? Ils pensent que je ne m'en veux pas ? Ce sont mes meilleurs amis et aucun d'entre eux n'est capable de comprendre. Ce. N'était. Pas. Voulu.

- Écoute, Darling. Je comprends que c'est arrivé comme ça, mais il va falloir lui dire. Et prendre une décision. Lui mentir comme tu le fais présentement c'est très mal. Nous on va rester peu importe ce que tu vas choisir, mais on va t'en vouloir si tu ne lui dis rien.

- Ma décision est déjà prise, Freddie. Elle est prise depuis que tout ça est arrivé.

Les deux garçons se taisent. Ce n'est pas la réponse qu'ils espéraient, mais ils n'ont aucun mot à dire. Brian soupire et se laisse tomber sur le canapé. Freddie, lui, prend son manteau et part. Il voulait que je choisisse ? C'est fait alors qu'il ne vienne pas chialer. Brian et moi restons sans bouger et sans parler pendant plusieurs minutes. C'est lui qui brise la glace en me proposant une bière. J'accepte et il part me la chercher, me laissant seul devant un tourne disque et une guitare acoustique. Je vais prendre cette dernière et m'installe correctement pour en jouer. Je commence à gratter les cordes en faisant des accords totalement au hasard. C'est fou comme Brian prend du temps à simplement aller à la cuisine.

- Mama's got a problem She don't know what to say Her little baby boy Has just left home today She's got to be the loser in the end She's got to be the loser in the end Misuse her and you'll lose her as a friend She's Ma on whom you can always depend...

- C'est très joli, Rog. Seulement, nous n'avons pas parlé de ta mère je crois.

Je lui dis gentillement de se taire et vais déposer la guitare à sa place.

- Sérieusement. Je crois que tu devrais la montrer aux autres.

- Je viens de l'inventer, Bri. Et je ne crois pas que Freddie veuille encore me voir.

- Si j'avais pu, je serais parti comme Fred vient de le faire. Malheureusement, je suis déjà chez moi. Comme lui, j'aurais préféré que tu prennes l'autre option, mais je ne contrôle pas tes sentiments et tu fais bien ce que tu veux.

J'ignore comment le prendre. Je ne réplique pas et nous buvons en discutant des prochaines chansons. Il en a d'ailleurs écrit une il y a peu nommé Procession. Il me l'a fait écouter je confirme qu'il doit la montrer à John et Freddie. Nous passons une partie de la soirée à parler et quand John arrive je sens que je dois partir retrouver Sally. Le bassiste me salut au moment où je passe la porte. J'embarque dans la voiture et je suis chez moi à 7 heures. La brunette est confortablement assise sur le divan. Ses cheveux sont remontés et ses lunettes pendent sur le bout de son nez tandis qu'elle lit. Je ne sais pas si elle s'est rendu compte de ma présence. Elle a l'air très concentrée. Je m'approche un peu plus d'elle et me baisse à sa hauteur. Sally ne porte toujours pas attention à moi. Je vois une larme coulé de son œil gauche. Qu'est-ce qu'elle a ?

- Honey ?

- Je sais que tu ne parlais pas à Freddie ce matin. Une fille a appelé. Elisabeth. Elle m'a dit de te dire de tout m'avouer rapidement. De quoi elle parlait ?