V
C'est en trombe que je me suis levée ce matin.
Sotte comme je suis, j'avais complètement oublié de mettre mon réveil la veille, rêvassant totalement après la chouette après-midi que j'avais passé.
J'arrivais au lycée aux environs de neuf heures et quart en totale transpiration tant j'avais couru parce qu'il n'y avait plus de bus à cette heure de la matinée.
Évidemment je m'étais faite remarquer par toute la classe dès lors que j'eus passé le socle d'entrée.
Super.
Ma journée commençait divinement bien et dieu sait que les jeudis étaient durs pour moi.
Pour faire simple, c'était une journée qui me paraissait très longue parce que, je l'avoue, ne comportait que les matières que j'aimais le moins, enfin qui me paraissaient plus compliquées pour être exacte.
Entre autre, je pouvais compter sur deux heures de mathématiques, de même pour la philosophie tandis que le reste de ma journée était composé d'une heure d'histoire spécialisée sur l'Amérique et de trois heure de sport.
Oui oui, le pays étant plus sportif, nous nous devions d'avoir une heure de plus que je n'en avais en métropole.
C'était bien intimidant pour moi...
Ne me demandez en outre pas pourquoi je travaillais ce module ci en histoire, je n'avais le choix que de trouver une option pour obtenir la bonne dérogation et entrer dans ce lycée.
C'était celle d'entre toutes qui m'inspirait le plus parce que je vouais un bel amour pour la grande puissance, mais je dois dire que l'ennuie que prône Mme Brooks lors de son cours m'en dégoûtait presque.
Cette professeur était tout simplement ingérante... ça m'affolait parfois qu'elle ne réagisse que très peu aux insultes qu'elle se prenait sans cesse durant son cours, qui fort heureusement ne se déroulait qu'une heure par semaine.
De plus, nous étions très peu à assister à cet enseignement, à peine une dizaine, ce qui ne pouvait que l'aider à maintenir le respect.
Hors elle ne le faisait jamais.
Encore aujourd'hui elle s'était fait prendre pour victime par un petit groupe d'élèves, dont un était dans ma très chère classe.
Je n'avais plus besoin de faire un dessin de qui cela pouvait être, c'était sans surprise Dimitri qui se faisait remarquer.
Pour faire simple, ce garçon était un insolent, il faisait tout pour énerver ses supérieurs, étant sans cesse dans la provocation.
Je l'avais observé depuis la rentré, car il avait une fâcheuse tendance à se mettre au second rang sur l'extrémité gauche de chaque salle, lorsque moi je préférais la même place à droite.
Nous étions de ce fait dans la même lignée, et étonnamment tous deux seuls à notre table.
Il n'avait jamais enlevé ses lunettes solaires, ce qui, encore une fois me mettait hors de moi et m'agaçait au plus haut point.
Je ne comprenais pas d'ailleurs, la tolérance que pouvait avoir l'équipe d'enseignants envers lui.
Ils ne disaient jamais rien, ne lui demandaient jamais de les ôter de son visage.
De plus, c'était sans compter qu'il ne prenait jamais ses leçons, il n'écrivait pas.
Et lorsque même un adulte se permettait de lui faire ce reproche, il se jouait de répondre, perturbant d'avantage notre travail en cours.
C'était sa routine quand il daignait faire acte de présence.
Il était souvent dispensé de classe, régulièrement convoqué dans le bureau du proviseur des suites de cela.
A propos de ce personnage, il n'était plus avec sa précédente conquête, ce qui avait affolé une tonne de groupies à ses pieds.
J'avais du mal à comprendre la raison du pourquoi.
Enfin je m'étais faite à l'idée que c'était une raison purement physique voir même sociale.
Je n'aimais pas son comportement, je n'aimais pas ce qu'était ce jeune homme.
Je n'enviais pas sa vie, pas son éducation non plus, mais je pouvais nier qu'il était très joli.
Non pas que je sois attiré par sa beauté, le reste me dégoûte trop pour que je m'y intéresse, mais il demeure tout de même diablement beau.
Si on ne le prend que physiquement il a tout pour plaire.
Que ce soit dans le visage que dans la manière dont son corps est taillé, je ne peux me permettre de juger.
Il a de parfaits cheveux lisses d'un brun éclatant qui semblent transparaître une douceur et une souplesse.
Sa mâchoire est carrée, ce qui lui donne un air virile, qui n'est qu'accentué par une légère barbe en devenir, en plus de lui donner une tendance sexy.
Ses lèvres sont pulpeuses, ce qui fait ravir toutes les filles qu'il croise. Bien qu'elles soient un peu moins admirables lorsqu'il détartre ses copines en longueur de recréation tel une limace enragée.
Et ses yeux sont aussi mystérieux que son travail, puisque ils possèdent sans cesse son bouclier indignant.
Je n'ai jamais vu autre que son visage, mais il me semble bien formé, en plus d'être de grande taille.
Il ne pratique jamais l'EPS cependant.
Je ne l'ai pas vu, et ai entendu dire qu'il était dispensé depuis trois ans, mais que la cause restait inconnue lors d'un commérage dans les vestiaires.
Pourtant il assistait toujours aux séances restant dans les gradins.
Bien qu'un nombre incalculable de qualités physiques ayant le pouvoir de faire fondre toutes filles de mon lieu d'étude, je préférais de loin la simplicité de Lisandro.
Il n'était certes pas aussi beau, mais j'avais toujours préféré les vertus morales chez toute personne que je rencontrais, ce qui m'avait toujours été très utile et bénéfique.
Une sûreté fleurissante.
D'ailleurs mon dernier cours de la journée m'avait confirmé ce que je pensais de la personne qu'était Sloan.
Nous faisions depuis début septembre une session de volley, que je détestais, pour changer.
Je n'avais aucune habilité de mes avant-bras et pour le coup, toute la classe était au courant, ce qui fit que personne ne me voulait dans son équipe.
J'avais été la dernière choisie dans le groupe bleu, ce qui ne laissait pas d'autre choix aux rouges que de prendre Meghan.
La pauvre, elle était très menue, et paraissait encore plus à la ramasse que je ne l'étais.
Il allait de soit, que pendant la session de rencontre entre les deux partis je me retrouvais scotchée sur le banc des remplaçants et cela me convenait très bien.
Je m'étais faite à l'idée que ma note de sport ne serait guerre bonne et m'étais donné l'objectif de la rattraper grâce à d'autres matières, ce qui était une réussite, j'arrivais plutôt facilement à contrebalancer mes résultats péjoratifs qui touchaient ce domaine.
Mais c'est avec le peu de chance que j'avais, et le changement de coéquipiers imposé par le professeur toutes les minutes que je me retrouvais sur le terrain.
À cet instant tout s'est passé très vite.
J'ai entendu les autres me huer, et crier toutes les injures possibles sur moi.
Des gens hurlaient qu'elle baguette cette française, en référence à la culture de mon pays.
D'autres elle va crever la balle, pour continuer blague.
Certain même suppliaient l'arbitre de me sortir.
Mais je fus à ce moment là perturbée par celui qui donnait le plus de la voix.
Et je me pris de plein fouet, de manière totalement physique, toute la violence de ses mots, une claque de non respect.
Celui avec lequel il abusait des gens qui l'entouraient depuis le début de l'année.
Celui qui menait la barque et qui résonnait plus fort que tout.
Celui dont personne n'osait contredire.
L'irrespect de Dimitri.
Il avait de ses puissantes et fortes cordes vocales décompté les secondes qu'il restait avant que je sorte du terrain :
«- Plus que trente! Plus que vingt-neuf! Plus que... »
J'avais été subjugué par cette violence dont il me faisait encore part.
De son acharnement sur ma personne en ce moment même.
Et je n'ai même pas vu le ballon s'écraser fortement contre le côté droit de mon visage, alors que j'étais tourné vers les assises du complexe cherchant son regard nerveusement.
Je fus fouettée d'une puissance telle, que je m'écrasais au sol.
C'est après quelques secondes et des douleurs plus prenantes que je réalisais ce qui venait de se passer.
Indéniablement pas faite pour ce genre d'activité.
Les larmes me montaient aux yeux tant je venais d'être humiliée, mais je ne pouvais pas les laisser gagner comme ça.
Je ne pouvais pas baisser les bras devant lui.
À cet instant je pensais à mon père, je voulais le rendre fière, je me suis demandé ce qu'il aurait fait à ma place, il ne serait pas resté assis en victime sans rien faire, c'était certain.
Alors je me suis levée, je n'ai pas quitté l'ombre de son corps et de son sourire moqueur des yeux, et j'ai avancé jusqu'à lui, de manière presque revancharde, malgré que ma vision était désormais floue.
Il m'a vu arrivé, et il a rigolé plus fort encore, tentant une fois de plus de marquer son territoire, un vrai animal :
« - La petite française me semble énervée? Je me refusais de répondre, il n'avait encore une fois pas le droit à ma parole. Vexée peut-être, je me trompe? »
C'est toujours sans aucun mots, mais avec une rage sortie de nulle part, que je ne connaissais heureusement pas que je lui crachais dessus.
Pleinement satisfaite d'avoir visé parfaitement ses lunettes, je m'en allais d'un pas sûr et très rapide vers les vestiaires féminins, ne voulant être ridiculisée d'autant plus.
Mais malgré que je l'eus voulu, je me suis sentie tellement mal et tant en contradiction avec les valeurs et l'éducation que j'avais reçues, que c'est complètement sous le choque je me suis effondrée en larmes dans une cabine de toilette.
C'était trop pour moi... je ne voulais pas être comme ça.
Et je l'avais été, lâchement.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro