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31.


J'ai peur.

Je n'arrive plus à dormir depuis trois jours.

Louis m'appelle chaque soir, il me raconte ses journées au Canada, là où il est en vacances avec son copain. Je fais comme si tout allait bien mais je meurs de peur, je meurs de tout lui raconter mais pour une raison que j'ignore je n'y arrive pas.

La peur est en moi et elle reste figée, elle s'étale, elle prend toute la place.

Sayo m'a dit qu'elle allait lui dire, que c'était cette semaine.

Qu'un soir elle prendrait son courage à deux mains, promis, qu'elle se planterait devant lui avec son sac et des affaires, et qu'elle lui dirait : je pars, tu m'as fait trop de mal, je ne t'aime plus, je te déteste. Et qu'après avoir dit ça elle viendrait chez moi et qu'ensuite, nous pourrions trouver un appartement ailleurs en ville, loin de Mathéo et plus près de mon école. Que la vie serait merveilleuse, qu'elle apprendrait à parler de ses traumatismes et de ses peurs, qu'elle deviendrait bien plus forte.

J'ai peur.

Je ne cesse de regarder vers sa fenêtre, je ne cesse de vouloir apercevoir son corps en mouvement.

Elle m'a envoyé quelques messages mais a refusé que nous nous voyons. Je crois qu'elle veut rester seule pour trouver du courage, mais elle me manque terriblement.

Et puis j'ai peur.

*

Je suis assise sur le canapé. J'ai mon manteau.

Ma valise est fermée à mes pieds.

J'attends.

Je n'angoisse pas. Je ne ressens rien à part un vide immense. Le vide de toutes les colères passées, de tous les coups, les maux, les poings enfoncés.

Le vide d'un amour terrassé.

Je fixe les secondes qui passent sur l'horloge.

A 19h06, les pas de Mathéo se font entendre sur le palier.

Puis la clé dans la porte.

Il ouvre.

Je ferme les yeux, quelque secondes.

Sous mes paupières closes, je vois nettement le mouvement de son poignet qui tourne pour jeter son manteau sur la commode, et puis son dos qui se tend et s'enroule légèrement quand il retire ses chaussures. Il se relève, il m'appelle.

Je ne dis rien.

Mon visage est figé dans l'émotion qui est la mienne lorsqu'il abuse de moi.

Je ne lui ferais pas cadeau d'une larme ou d'un sourire.

Je lui cracherais les mots au visage.

Il entre dans le salon et allume la petite lumière de la bibliothèque. Et puis ses pas s'arrêtent. Je le regarde sans bouger. Ses yeux passent de moi à ma valise.

Je pensais que sa première réaction serait de se mettre à crier, de vouloir comme d'habitude m'attraper et me secouer et puis me jeter au sol.

Mais il ne fait rien de tout ça.

Il sourit.

C'est là que je commence à avoir peur.

*

Je suis assise en tailleur sur une chaise de mon balcon, accoudée à la rambarde. J'ai jeté tous les paquets de cigarettes qu'il me restait dans la poubelle, alors je n'ai rien pour me détendre. Je me bouffe les lèvres et les ongles.

La lumière est allumé depuis quelques secondes dans l'appartement de Sayo.

Je vois ses jambes, elle est assise sur un fauteuil. Je vois aussi sa petite valise rose à ses pieds.

Alors, c'est ce soir.

Je ne vois pas Mathéo, du moins pas distinctement. Juste son corps en ombre derrière le rideau.

J'attends. Je ne sais pas quoi mais j'attends.

Et plus les secondes passent, plus je me rends compte que c'était sans doute une très mauvaise idée, de laisser Sayo seule avec ce mec.

*

Il me demande où je compte aller comme ça.

Je me racle la gorge. Ma voix tremble plus que ce qui n'était prévu.

Je dis, je ne sais pas, quelque part, loin de toi, parce que je n'en peux plus Mathéo.

Il me répond qu'il sait.

Et il sourit encore.

J'hésite. J'ai envie de me lever, d'aller ouvrir la fenêtre pour vérifier que Charly est bien à son balcon mais j'ai la vague impression que faire ça ne serait pas une bonne idée. Alors je ne bouge pas.

Lui me tourne le dos et va jusqu'à la cuisine. Je l'entends ouvrir un tiroir, je suppose qu'il cherche le décapsuleur pour sa bière. Sa décontraction me donne des sueurs dans le dos.

Je crie son prénom. Je dis, Mathéo, je pars. Et ce n'est pas la peine de me suivre parce que c'est définitif et je n'ai pas peur de toi. Tu m'as fait du mal et je pense t'avoir donné assez de chances comme ça.

Il revient dans le salon.

Il n'a pas sa bière à la main.

Je le fixe sans un mot.

Dans son regard froid, je me vois mourir.

*

Je tape fébrilement les numéros sur l'écran de mon portable.

Les bips sont trop longs, je fais les cent pas sur mon balcon, tout en surveillant les ombres dans l'appartement de Sayo. Mathéo a quitté le salon et elle n'a pas bougé, je ne comprends pas ce qu'il fout mais-

-Bonsoir, police nationale, que voulez-vous ?

Je m'arrête net de marcher.

-Euh, je, euh... Bonsoir, je suis Charly.

J'entends presque un soupir derrière l'appareil. La voix masculine reprend.

-Charly. Vous avez un problème ?

-Oui. Enfin, non. Pas moi mais oui, c'est un problème.

-Vous pouvez m'expliquer plus clairement ?

-C'est une... C'est une amie. Son copain est violent. Il l'a bat et, et elle doit lui annoncer qu'elle le quitte. J'ai peur pour elle, il faut que vous veniez, il va lui faire du mal je suis sûre qu'il va lui faire du mal et-

-Mademoiselle, nous ne pouvons pas intervenir si ce n'est qu'une hypothèse. Vous êtes avec cette jeune femme ?

-N-Non, je suis chez moi et elle est chez elle avec son copain mais...

-Alors nous ne pouvons rien faire, l'appel doit...

Je le laisse continuer son monologue et je m'approche lentement de la rambarde du balcon, plissant légèrement les yeux. Ma bouche se met à trembler. Je m'accroche au combiné, et coupe le policier qui s'apprêtait à raccrocher, d'une voix blanche.

-Monsieur. C'est très urgent. Il pointe une arme sur elle, je le vois depuis ma fenêtre.

*

Je ne vois que l'arme entre ses mains.

C'est la première fois que j'en vois une ailleurs qu'à la télévision.

Arme de mort par destination.

Je n'en ai pas peur.

C'est lui qui me donne envie de vomir et de pleurer.

La veine dans son cou grossit et je sais qu'il va se mettre en colère, je le sais.

Et alors ses mouvements seront incontrôlables et il tirera.

Je demande lentement pourquoi.

Il souffle.

Il me fixe avec une haine animale, une haine qui me coupe la respiration, l'écrase.

Il dit : je t'ai vu avec cette fille. Je vous ai vu baiser dans son appartement. Si tu crois que je suis con. Si tu crois que je vais te laisser t'en sortir, te laisser te barrer comme ça sans rien dire. Tu n'es qu'une pute. Tu ne mérites rien d'autre que mon poing dans ta gueule et une balle dans ta bouche de chienne.

Je me mets à pleurer.

Lamentablement.

Il ne baisse pas son arme, il ne s'avance pas vers moi. Son bras ne tremble pas et moi je convulse. Comment ais-je pu me penser en sécurité chez Charly ? Comment ais-je pu ne pas penser une seule minute que si je pouvais voir chez elle, lui ne le pouvait pas ? Comment ais-je pu le croire aveugle à ce point ?

Je mérite ce qui arrive.

La suite est violente et brève.

Il avance. Il me crie dessus.

Je me laisse tomber par terre, les épaules secouées de larmes. Je ne me défends même pas lorsqu'il me tire par le bras, prends mon visage entre sa main et m'appuie le canon de l'arme sur le front.

Ses yeux sont injectés de sang.

Pour la première fois de ma vie, je le trouve vraiment laid et repoussant. Bouffé par toute la haine et la colère qui l'anime. Une veine traverse son front, sa mâchoire est serrée. Il ne dit plus un mot, mais le bruit de sa respiration me semble démultipliée dans le silence de la pièce.

J'ai tout vécu avec lui. Il m'a humilié, rabaissé, frappé, détesté, violé, cassé, brisé, écrasé, mais dans le rouge de ses paupières, je m'aperçois brusquement qu'il ne m'a jamais aimé.

L'amour, je ne l'ai vécu qu'entre les bras de Charly.

Alors peut-être que je mérite de crever de cette manière, entre les bras d'un homme que je n'ai jamais repoussé alors que je le savais néfaste et dangereux, mais je m'en fiche.

Ce soir je meurs et je ne pense qu'à Charly.

Ce soir je meurs dans l'amour de sa peau sur la mienne.

Ce soir je meurs les yeux fermés, et j'ai cessé d'avoir peur.

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