30.
Si cette histoire était un film, ces phrases seraient des plans ralentis. Des plans fixes. Des plans sur des peaux. C'est ce qu'on verrait.
(Murmurez ces mots lentement, donnez leur des images, fermez les yeux, imaginez).
La couleur des peaux, leur texture. Des grains de beauté sur un dos nu. La rondeur d'une fesse. Une bouche entrouverte sur des dents blanches. Une main au milieu d'une chevelure, une main sur un genou. Un sein, les piercings au milieu du téton.
Toutes ces images lentes et brèves à la fois.
Toutes ces images dans le silence le plus complet, pas de mots, mais une respiration languissante qui monte, qui grimpe, qui s'accroche aux poumons et qui s'emballe, inexorablement.
Ensuite, un plan plus large.
Deux femmes nues au milieu d'un tapis blanc. Première image. Sayo et Charly. Sayo entre les jambes de Charly, la tête au milieu de ses cuisses écartées. Charly, le visage renversé, le ventre affamé, les seins glissants d'une sueur sèche. Ses doigts se tordant au milieu des poils doux du tapis. Sayo. Sa langue. On ne voit pas mais on devine. La caméra serait au-dessus de son corps, ne montrant que son dos creusé et la rondeur de ses fesses.
Là encore, une scène silencieuse.
Juste cette respiration de plus en plus haletante.
Un flash.
Deuxième image.
Charly et Sayo, toujours.
Sayo en sous-vêtements. Charly nue derrière elle. A lui embrasser le cou. La main tombante entre ses seins, son ventre, son sexe.
On ne le voit pas.
La caméra est fixe, ne montre plus que le ventre de Sayo, qui se tend, halète avec elle, en elle. Le bras de Charly est au milieu du ventre. Il bouge. On devine les mouvements de sa main, de son doigt sur le sexe de Sayo. On devine qu'elle tremble, qu'elle gémit. Sur son ventre, le reflet d'un bleu ancien. Sur son ventre, l'amour qui bat, meurt et renait.
Le bras de Charly bouge plus vite.
La lumière sur le ventre est blanche, lumineuse.
Il n'y a plus que cette respiration, des gémissements à peine retenus.
Un flash.
Dernière image.
Une baignoire.
C'est une image en noir et blanc. Les peaux sont très blanches. Les contours très noirs.
L'eau trouble entre et sur les jambes.
La caméra glisse contre les parois, entre le jet chaud de la douche. La caméra est sur le ventre de Charly, à se frapper contre celui de Sayo. La caméra est partout et nulle part à la fois.
C'est un amour lent et doux.
La main de Sayo autour du cou trempé de Charly, sa main qui s'enfonce dans la chair de sa peau, sa main qui ne veut plus la lâcher.
L'autre main entre ses cuisses.
Elles sont à genoux l'une en face de l'autre. L'eau coule sur leurs visages. Elles se regardent entre les gouttes. Leurs yeux sont un rideau de pluie brûlante.
Leurs yeux. C'est un gros plan. Leurs paupières tremblent. Leurs paupières sont liquides, elles se ferment et s'entrouvent.
La respiration s'emballe, prend toute la place, s'étale.
Leurs seins glissent, se touchent, se collent, se séparent, durcissent au contact de la peau de l'autre. Autour de la rondeur des seins, l'eau s'écoule lentement.
Elle descend jusqu'au milieu du nombril.
L'eau autour de leurs genoux. Genoux qui tremblent sur le sol de la baignoire. Genoux dans l'eau.
La respiration est rauque, affolée.
Leurs cuisses s'écartent un peu plus.
Sayo a la tête dans le cou de Charly. Elle regarde ses seins qui frissonnent. Ses tétons pointés vers ceux de Charly. Elle regarde sa main bouger contre le sexe de Charly. Elle regarde la main de Charly bouger contre son sexe.
Elle ne voit plus les éraflures les hématomes les blessures sur sa peau. Juste ça. Des images en noir et blanc. Les images de deux corps en train de s'aimer. Elle n'entend plus les mots crachés, les insultes. Juste ça. Une respiration. La sienne.
Une respiration qui s'emmêle dans celle de Charly.
La caméra s'éteint.
Noir.
Deux respirations.
De plus en plus fortes.
De plus en plus fortes.
De plus en plus fortes.
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