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"But if we get much closer, I could lose control"
Maison des Johnson, 7h26
Le réveil me tire du sommeil. En grognant, je l'arrête et laisse retomber ma tête sur l'oreiller. J'ouvre péniblement les yeux et mon cœur manque un battement quand j'aperçois Montgomery, endormi à mes côtés. Les souvenirs de la veille me reviennent en mémoire et je souris malgré moi. Je me redresse sur un coude et pose une main sur son épaule avant de le secouer doucement. Les yeux verts du jeune Delacruz se posent sur moi et il s'étire de tout son long. Je me lève et arrange mes cheveux.
- Faut qu'on aille au lycée, lui fais-je remarquer.
Il grogne et je me retourne, tout à coup inquiète.
- Tu as mal ?
- J'ai l'impression d'être passé sous un bus.
Je pince les lèvres puis me dirige de nouveau vers lui. Je me mets sur les genoux et passe délicatement mes doigts sur ses plaies.
- Ça cicatrise, demain on ne verra quasiment plus rien.
Monty se redresse en position assise et soulève son t-shirt. Je déglutis en voyant son torse si parfaitement proportionné. C'est la première fois que je me rends compte que Montgomery Delacruz est sexy à s'en damner. S'il n'avait pas tous ces bleus et ces plaies, il serait magnifique.
Je me lève d'un bond, chassant ces pensées de mon esprit.
- Je vais petit-déjeuner, l'informé-je. Je te monterai quelque chose après. Tu n'as qu'à prendre une douche.
- Ok, encore merci.
- Arrête de me remercier Monty. Si je t'aide c'est parce que ça me fait plaisir.
Il me sourit de ce sourire si sincère qu'il n'en est que plus beau, puis je quitte la pièce pour aller déjeuner. Je discute rapidement avec mes parents comme à notre habitude puis remonte pour m'habiller. J'enfile un jean et un t-shirt puis glisse mes pieds dans des chaussettes. Je m'empresse de me maquiller et de me coiffer, pour ensuite m'asseoir sur mon lit en attendant que Monty sorte de la douche. Soit je suis étonnamment rapide, soit il est extrêmement long.
- Abby ? C'est toi sous la douche ?
Je me redresse d'un bond. Je me rends dans le couloir, prête à agir si ma mère arrive.
- Oui, dis-je en plaquant ma main sur ma bouche pour imiter un son étouffé par une porte.
- Je te monte tes vêtements repassés.
- Merde, juré-je entre mes dents.
Sans réfléchir plus longtemps, j'ouvre la porte de la salle de bains et m'y engouffre alors que ma mère monte les escaliers.
Monty sort la tête de la douche, les sourcils froncés.
- Hé...
Je le coupe en plaquant ma main sur sa bouche. Je lui désigne la porte derrière laquelle ma mère se trouve. J'attends d'entendre ses pas s'estomper dans les escaliers avant de reprendre mon souffle et de laisser Monty respirer.
- Tu peux pas te bouger un peu le cul ? grogné-je. Ça fait une demi-heure que t'es là-dessous. Pire qu'une gonzesse !
Monty lève les yeux au ciel, attrape une serviette et l'enroule autour de sa taille avant de sortir de la cabine. Il prend une seconde serviette et s'essuie les cheveux et le haut du corps. Je n'arrive pas à détacher mes yeux de ses mouvements. Il me passe devant pour se regarder dans la glace et examiner ses plaies. Il me lance alors un sourire narquois.
- La vue te plaît ?
Je m'empourpre et lève les yeux au ciel à mon tour.
- N'importe quoi.
Monty ricane et je regarde un peu plus attentivement ses bleus et ses blessures.
- Tu veux que je refasse tes pansements ?
Son regard se voile une seconde puis il se tourne vers moi. Il termine de se sécher et s'adosse à l'évier. Je récupère le nécessaire et exécute les mêmes gestes que la veille.
- Ton père est en bas ? demande-t-il alors.
- Quoi ?
- Ton père, tu vis toujours avec lui ?
- Il est allé en désintoxication. Ma mère a accepté de lui accorder une seconde chance alors j'ai fait pareil.
- Tu as réussi à lui pardonner ?
Dans sa bouche, ça paraît inconcevable. Je souris nerveusement et finis de coller les pansements et d'appliquer la pommade.
- Ça m'a pris du temps; mais j'ai vu les efforts qu'il a fait pour changer et je me suis dit que l'alcool le rendait différent. Je connais mon père, c'est quelqu'un de bien. Il n'a pas touché à une goutte d'alcool depuis plus de quatre ans.
Monty acquiesce et enfile son t-shirt.
- Tu as de la chance.
Touchée par sa détresse, je pose une main sur son épaule et la presse doucement. Il m'offre un demi-sourire.
- Tu sais que maintenant je suis là pour toi.
Me rendant compte de la profondeur de mes paroles, j'essaie de me reprendre.
- Enfin, tu peux compter sur mon aide.
- Je sais Abby. Je te remercie encore... personne n'a jamais fait ça pour moi.
Je sens de la détresse dans sa voix et je dois dire que ça me fait vraiment mal de le voir comme ça. Malheureusement, je ne peux rien lui offrir de plus que mon soutien.
************
Couloir du lycée Liberty trois jours plus tard, 13h12
Je débloque mon casier et y récupère mes manuels pour l'après-midi. Je fourre le tout dans mon sac quand quelqu'un ferme violemment la porte en fer. Je relève un regard mauvais sur le fautif. Sheri m'attrape le poignet et me tire dans une foule dense d'élèves en criant, mais je ne comprends pas un traitre mot de ce qu'elle me raconte. La pom pom girl arrive à nous faufiler jusqu'au devant. Je perds mon sac face à ce qui se déroule devant mes yeux. Une vulgaire bagarre générale. Pleine de testostérone et de petits cons qui se tapent sur la figure. Je reconnais Tony Padilla et des membres de l'équipe de sport. Zach et Bryce se tapent dessus ainsi que Justin. Quand je reconnais Monsieur Porter, je comprends qu'il faut que quelqu'un réagisse. Sans réfléchir et sûrement poussée par de la folie pure, je me jette dans la mêlée. J'écarte d'abord Zach et Justin de Bryce et ils me lancent un regard surpris. Je relève les yeux alors que je leur hurle de se calmer et aperçois Clay dans les bras d'un certain Scott quelque chose, or celui-ci se contente de l'éloigner des coups. Soudain, mon regard tombe sur Montgomery. Alex le frappe dans le dos avec sa canne et le jeune Delacruz réplique immédiatement en le plaquant contre les casiers.
- Faites pas les cons, dis-je à mes deux amis avant de me diriger vers Monty et Alex.
Evidemment, je les entends reprendre leur bagarre dans mon dos dès que j'ai fait deux pas. Je repousse Montgomery d'Alex et le brun me scrute, surpris. Sa mâchoire se desserre sous mon regard noir. Je jette un coup d'œil à Alex qui respire bruyamment puis je scrute les alentours. Ça commence à se calmer puisque le proviseur arrive à grands pas.
Encore une fois, je ne suis pas ma raison et attrape la main de Montgomery que je tire hors de la bagarre. Discrètement, je nous emmène dans les toilettes pour garçons les plus proches et ferme à clé la porte derrière moi. Je sens sa main trembler dans la mienne. Je le lâche et lui jette un regard dur.
- C'était quoi ce bordel ?
- Pourquoi tu m'as éloigné ? J'avais pas terminé !
Je retrouve là le Monty toujours prêt à faire couler le sang, défoulant sa rage et sa colère sur quelqu'un d'autre de plus faible qui l'aurait contrarié pour une raison quelconque. Bien loin de celui, vulnérable, que j'ai rencontré hier.
- Tu te fous de moi ! gueulé-je. Si le proviseur t'avais chopé t'aurais encore eu des ennuis, je pense que ça suffit.
- T'es pas ma marraine la bonne fée !
- Et si j'ai décidé de l'être ?
Je pose les mains sur mes hanches, prête à lui tenir tête. Montgomery desserre les poings et son visage reprend ses couleurs. Il me scrute de ses orbes vertes, ne s'attendant sûrement pas à ça.
- Je ne t'ai rien demandé, dit-il plus doux.
Je me détends aussi et passe une main dans mes cheveux. Je m'approche du garçon, ne sachant pas bien quoi faire. Je lève la main pour la poser sur son bras, mais ses muscles tremblent encore et ce geste pourrait paraître déplacé alors je laisse retomber mon bras.
- J'ai envie de t'aider Montgomery. J'imagine que pas grand monde n'est là pour toi, mais moi je suis prête à faire cet effort.
Une lueur indéfinissable passe dans son regard et je jurerais voir ses yeux briller avant qu'il ne les détourne. Nous restons silencieux un long moment. Je vais ensuite chercher un mouchoir et l'imbibe d'eau avant de prendre le menton de Monty entre mes doigts. Ce simple contact me fait frissonner, mais je fais abstraction des battements de mon cœur pour poser le linge sur le sang qui s'écoule de sa lèvre. Quelque chose a changé entre nous depuis hier soir, quelque chose que je n'arrive pas à contrôler.
- Tu t'en es pas mal sorti pour une fois.
Il joue le jeu de sourire à ma plaisanterie. Je nettoie rapidement sa lèvre qui n'a qu'une petite coupure et jette le mouchoir. Je m'écarte ensuite et à nouveau, un silence pesant s'installe entre nous.
- Montre moi tes autres bleus, lui demandé-je.
Il s'écarte de l'évier et, dans des mouvements infiniment lents, se rapproche de moi pour me montrer son visage sous toutes ses coutures. Je n'ose plus le toucher et laisse mes bras croisés sur ma poitrine. Monty relève ensuite son t-shirt et j'admire une nouvelle fois son torse parfait. Les bleus ont pratiquement disparus et les blessures cicatrisent.
- Ce n'est plus douloureux, admet-il.
- Tant mieux. J'espère que ça ne se reproduira pas.
- Bien sûr que ça se reproduira...
- Heureusement que tu connais une bonne adresse.
Il sourit et je ne peux m'empêcher de le trouver vraiment beau quand il me sourit de la sorte. Je ne crois pas l'avoir vu sourire comme ça à quelqu'un d'autre. Pas même à Bryce qui est pourtant son meilleur ami.
Le sentant un peu trop proche de moi, je tente de changer de sujet.
- Est-ce que Clay était blessé ?
Le visage de Monty se ferme alors d'un coup, comme si je lui avais jeté un seau d'eau à la figure.
- Ton petit ami va très bien.
- Clay n'est pas mon petit ami.
Monty arque un sourcil et ricane en soupirant. C'est fou comme il peut être lunatique. Il se passe une main derrière la nuque et se tourne. Son changement d'humeur me met mal à l'aise. Qu'est-ce que j'ai fait ?
- Monty ?
Le brun se tourne vivement, me faisant sursauter. Il fait trois pas et je recule aussi vite jusqu'à me retrouver contre le mur, or son corps est très proche du mien. Trop proche. Il baisse les yeux sur moi. Mon nez arrive à la hauteur de son menton et mes yeux restent ancrés sur ses lèvres. Je n'ose pas croiser son regard. Qu'est-ce qui lui prend ?
- Pourquoi tu es si gentille avec moi ? demande-t-il dans un souffle.
Un long frisson remonte ma colonne vertébrale. Je déglutis pour réussir à articuler :
- Je ne sais pas.
- C'est Jensen qui veut que tu m'espionnes ? Ou alors je te fais juste de la peine, je suis tellement pathétique que...
Je pose mes doigts sur ses lèvres pour qu'il arrête de parler.
- Tu dis n'importe quoi. On ne m'a rien demandé. Je te l'ai dis, je sais un peu ce que tu vis. Ça me révulse d'imaginer que tu subis des choses si horribles.
- Mais je ne suis pas important...
Ses lèvres se meuvent sous mes doigts et mon cœur tambourine toujours plus vite dans ma poitrine. Je laisse glisser mes doigts sur son menton et les pose sur son torse.
- C'est pas vrai...
Ma voix n'est plus qu'un murmure. J'ai envie de dire qu'il est important pour moi, mais je ne pourrai pas justifier ça après.
- Dis-le, me demande-t-il alors comme s'il avait lu dans mes pensées. Dis-moi pourquoi ce n'est pas vrai.
- Tu... tu es important pour moi.
Il me laisse à peine finir ma phrase qu'il plaque ses lèvres sur les miennes. Un raz-de-marée emporte le peu de bon sens qu'il me restait et mon cœur menace d'exploser alors que je sens le goût et le souffle de Montgomery contre ma bouche. J'entrouvre les lèvres pour répondre au baiser et sentir sa langue caresser la mienne. Je me raccroche à son t-shirt et passe une main derrière sa nuque pour ne pas m'effondrer. Mes jambes menacent de se dérober et ne plus supporter mon poids. Monty glisse une main sur ma taille et dépose l'autre sur le mur près de mon oreille. Je reste envahie par le moment de longues minutes, déconnectée de toute réalité, concentrée sur les lèvres de Montgomery et son odeur enivrante.
Soudain, je place mes deux mains sur son torse et le repousse doucement, décollant mes lèvres des siennes. Le souffle erratique, je prends quelques secondes pour reprendre contact avec le réel. J'entends Monty respirer bruyamment, sa main toujours posée sur ma taille.
- Je ne peux pas faire ça, dis-je entre deux respirations.
- Pourquoi ? demande Monty, surpris et sûrement déçu de ma réaction.
Je relève les yeux et croise son regard brillant. Il s'humecte les lèvres et je déglutis. Je n'ai pas le droit de faire ça. Je risque de souffrir.
- Je ne veux pas être un nouveau nom sur ton tableau de chasse.
Je me contente de ces simples mots. Je ne pensais pas que cela m'importait autant avant, mais j'ai développé une affection pour Montgomery Delacruz et on sait tous dans ce lycée, qu'elle ne sera jamais réciproque. Pas comme je l'entends. Je quitte la pièce à toute vitesse et me rends à mon prochain cours en espérant que ça suffira à me changer les idées. Quand Sheri me parle, je ne l'écoute pas, je ne la remercie pas d'avoir gardé mon sac, rien. Je reste muette, me maudissant intérieurement d'avoir été si faible.
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TADAAAAAMMM !
Qu'en pensez-vous ! Hâte d'avoir vos avissssss !
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