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Chapitre 7 - Feeling at the door

                          (Chapitre 7 - Sentiments à la porte)

Le contact de sa main me donne chaud, je sens ma transpiration perler sur mon front. Ses yeux communiquent avec moi, tout se passe avec ce regard long et appuyé. D'ailleurs, la joie d'Alessia contraste avec notre retenu. Le malaise est palpable, si on continue comme ça, elle va finir par se douter de quelque chose.
De toute façon, je n'ai qu'une envie, c'est de prendre la fuite et m'échapper d'eux. Je n'ai plus rien à faire là, je n'ai plus envie de les voir !

— Je suis contente de t'avoir vue, Alessia. Sam, ravie de t'avoir rencontré. Je vous laisse, je dois vraiment y aller maintenant.

— Déjà ?! Bon d'accord, repose-toi bien et on se verra bientôt okay ?

— Oui sans problème.

— À bientôt, me dit Sam avec un air contrarié.

Oh mon dieu cette voix. Elle me fait trop d'effet. Stop ! Là c'est sûr, je m'en vais !

Je lui tourne le dos et sors immédiatement de cet endroit devenu trop bruyant pour moi. Je retiens mes larmes. Allez concentre-toi Lara, tu as juste quelques escaliers à monter, et tu seras bien au chaud dans ton lit, à pleurer autant que tu le souhaites.

À l'extérieur, je prends une bouffée d'air frais. Une grande bouffée d'air, censée me calmer, mais qui ne fait qu'accentuer mon envie de tout relâcher. Pourtant, je dois trouver la force d'arriver jusqu'à chez moi, la porte est juste à côté.
J'ai du mal à trouver la clef dans mon sac, je peine à la mettre dans la serrure, et une fois que c'est fait, j'ai du mal à trouver l'interrupteur pour allumer cet endroit sombre. J'ai beau appuyer, il ne fonctionne pas. Génial...

Je monte alors les marches dans le noir, à tâtons, jusqu'à sentir ma porte d'entrée. Le froid du métal de la serrure me surprend. Là encore, je dois reprendre mon numéro de cirque, et être agile. La clef dans le trou, et on tourne, ce n'est pas bien compliqué tout de même ! Eh bien, seulement éclairée de son téléphone portable, je peux garantir que ce n'est pas si simple.

Enfin à la maison ! J'envoie valser mes chaussures, je me déshabille à la vitesse de la lumière, et en sous-vêtements, je m'effondre sur le lit comme une baleine échouée. Mes pleurs et mes cris de détresse me font tellement du bien.
Oui, j'avais peut-être fondé trop d'espoir sur cette relation naissante, ou même sur cette relation inexistante... Mais cet homme m'a complètement piégée, emportée dans un gouffre de sentiments et d'obsessions. Jamais, je n'avais ressenti cela auparavant. Jamais quelqu'un n'avait pris possession de mes pensées aussi longtemps, aussi intensément.

À présent, il n'est plus accessible. En aucun cas je ne trahirai ma meilleure amie. En plus, elle a l'air d'être heureuse avec lui... Je dois l'oublier.
Quand je pense que je risque de le revoir à ses côtés, avec elle... Contre mon gré, je serais le témoin de leur amour, de leurs baisers, et de toutes ces choses qui m'écœureront en silence.

Après avoir évacué une grosse partie de mon chagrin, je me sens maintenant vidée et épuisée.

Recroquevillée dans mon lit, je replie mes genoux contre ma poitrine.

— Merde, dis-je à voix haute.

Parce que je me suis enfuie comme une lâche, j'ai complètement oublié de dire au revoir à Adam ! Je vais passer pour la dernière des garces, surtout que je n'ai même pas fini le verre qu'il m'a offert...
Mais c'est trop tard, et je n'ai pas son numéro de téléphone. Je n'ai pas non plus la force de redescendre pour m'excuser. Quelle idiote je suis...

Alors qu'une vague de pleurs me menace encore, j'entends un bruit. Apeurée, je ne bouge pas, jusqu'à ce que le bruit recommence.

On frappe à la porte.

Non, ce n'est pas possible. Qui peut bien me rendre visite à cette heure-ci ?

Je renifle bruyamment, essuie le reste de mes pleurnicheries sur le visage, et me rapproche de la porte avec une discrète démarche. Je n'ose pas ouvrir, je n'ose rien dire non plus. J'attends, et j'écoute le moindre petit craquement, en silence.
L'oreille collée à la porte, ça recommence. Quelqu'un toque encore à ma porte. Je laisse échapper un hoquet de surprise. Ma présence découverte, la personne se met à parler.

— Lara ?

J'ai un mouvement de recul.

— Je sais que tu es là... C'est moi, Sam... Je voudrais te parler, s'il te plaît.

Sam ? LE Sam ? Suis-je en train de rêver, ou peut-être bien que mon imagination me fait complètement délirer ?

— Tu ne veux pas m'ouvrir ?

— Euh si, deux secondes, j'arrive !

Non, pas dans cet état. Je file vers ma chambre et mets le premier pyjama qui me passe sous la main. Et oui, il se trouve qu'il s'agit de ma nuisette noire en satin. Je n'y suis pour rien, c'est du pur hasard !

Je glisse ma main dans mes cheveux pour les démêler un peu, et passe mon visage sous l'eau froide. Ça fera l'affaire. De toute façon, je ne veux pas qu'il entre. Il me suffit d'ouvrir la porte, jusqu'à ce que la chaîne de l'entrebâilleur la bloque.

— C'est bien toi ? je demande par précaution.

— Oui... Je suis désolé de débarquer comme ça, mais Alessia m'a dit que tu habitais juste en haut. Et puis j'ai vu ton numéro de porte sur la boîte aux lettres et... je n'ai pas pu résister...

— Ma question serait plutôt, qu'est-ce que tu viens faire ici ?

— Je voulais te parler.

— Ça j'ai bien compris mais... Alessia sait que tu es ici ?

— Non, j'entends d'un son fébrile.

Je le vois à peine, seule une moitié de son visage est visible, l'autre partie étant cachée dans la pénombre. Une porte entrouverte nous sépare, et pourtant, je sens que mon corps ne résiste pas l'appel du sien. Je n'en reviens pas qu'il ait pris la peine de venir jusqu'à chez moi !
Ok, ce n'est pas comme s'il avait traversé des kilomètres, mais il a envie de me parler, je suis si touchée... Sauf que je ne devrais pas l'être.
J'ai même l'impression de braver l'interdit juste parce qu'il est là, à 3h du matin, devant ma porte... À peine croyable.

— Je ne peux pas t'ouvrir, je ne suis pas habillée. Et je dois dormir, demain je travaille.

— Je comprends. Alors donne-moi l'adresse de ton boulot, je viendrais te voir. Et ça tombe bien, je dois acheter une chemise.

Mais pourquoi faut-il qu'il fasse ça ? Pourquoi seulement maintenant, alors que je ne veux plus avoir son visage parfait dans ma ligne de mire ?

Fini, je ne veux plus fantasmer sur lui, et croire qu'un jour on pourrait s'envoyer en l'air. Terminé de croire que le moindre contact serait aussi bon que la première fois.
Et pourtant, malgré moi, je lui donne le nom de la boutique dans laquelle je travaille. Je dois avouer que je suis curieuse, j'ai envie de savoir ce qu'il a à me dire.
Par exemple, je voudrais bien savoir s'il a reconnu Alessia lorsqu'il a décidé de se mettre en couple avec elle. Cela ne changerait rien, mais au moins, je saurais à quoi m'attendre. S'il a pris cette décision, il accepte les conséquences qui vont avec. Ainsi, il ne serait plus que le petit-copain de ma meilleure amie.

Après avoir enregistré l'adresse de ma boutique dans son téléphone, il me dit tout bas :

— À demain.

Avec un ton ferme, je réponds :

— Viens à 13h, pour ma pause-déjeuner.

*

J'ai troqué ma nuisette en satin contre un grand t-shirt informe, plus confortable pour dormir. Sauf que cela ne m'a pas empêché de passer une nuit blanche. Je n'ai pas pu trouver le sommeil dans mon lit. D'ailleurs, je n'ai pas pris la peine de fermer les volets, alors je me lève lorsque l'aube commence à inonder ma chambre de lumière.
Il est encore tôt, je prends le temps de me faire un café bien serré et de beurrer doucement mes tartines. Je m'applique, pour que rien ne dépasse de ma biscotte.
L'heure passe plus vite que prévue, il est temps de me préparer pour aller travailler. Encore une fois, je ne peux m'empêcher de me faire sexy. Juste pour lui. Je ne sais pas ce qui me pousse à vouloir lui plaire, même s'il est canon, je ne veux pas le provoquer... mais c'est plus fort que moi.
J'applique un rouge à lèvres rose framboise assorti à un chemisier bleu marine. En espérant que cela fasse son petit effet sur lui.

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