Chapitre 4 - Someone is missing
(Chapitre 4 - Quelqu'un manque à l'appel)
7h00 du matin... mon alarme hurle des tonalités aiguës à mon oreille. Le réveil est aussi dur qu'un lendemain de soirée. Si côté cœur c'est le désert absolu, niveau professionnel, j'ai plus d'espoir.
Quand j'arrive à la boutique dans laquelle je bosse, je reçois un accueil glacial de la part de mes collègues. Quelques-unes sont jalouses de l'opportunité que j'ai eue. Les autres, sont simplement des connasses, des femmes aigries, ou le tout à la fois.
Par chance, Estelle est présente et me serre fort dans ses bras quand elle me voit. Après avoir échangé quelques banalités avec elle, je clipse mon badge sur mon chemisier, et vois qu'elle me regarde, peinée.
Pourquoi fait-elle cette tête ?
Estelle, qui est la personne la plus joyeuse que je connaisse, semble très contrariée. Presque enfantine, elle fait toujours des blagues tout droit sorties des Carambars et a toujours des coiffures rigolotes ou originales. Aujourd'hui, par exemple, elle a relevé ses cheveux auburn en grosse couette sur le côté. Elle a un si beau visage que tout lui va étonnamment bien. Je suppose que ses grands yeux verts très expressifs y sont pour quelque chose.
Sauf que là, elle me regarde avec un air de chien battu. Très vite, je comprends pourquoi...
— Je suis désolé Lara, Madame Fashelle n'est pas là cette semaine.
— Quoi ?! C'est une blague ?
Le pas lourd, je m'en vais voir la responsable. Si la directrice n'est pas là, ça veut également dire que je n'aurai pas de changement de poste. Ce n'est pas ce qui était prévu.
— Gladys, on est d'accord que Madame Fashelle devait me recevoir pour ma promotion ? lui dis-je en débarquant de nulle part.
— Votre promotion ?
Son attitude, l'air de rien, me rend folle de rage.
Oui ma promotion ! Celle pour laquelle j'ai suivi une formation !
J'inspire profondément et essaye de lui répondre le plus calmement possible.
— Oui, ma promotion. Celle pour laquelle j'ai suivi une formation.
C'est dingue comme une même phrase peut presque changer de sens lorsqu'on la dit avec un autre ton.
— Je n'étais pas au courant d'une promotion suite à cette formation, mais enfin bon... Ne vous faites pas de soucis, Madame Fashelle reviendra dans quelques jours et on pourra en discuter avec elle.
Je n'en reviens pas. Comment ne peut-elle pas être au courant ? J'ose espérer qu'on ne me fait pas miroiter ce poste. Je fantasme déjà bien assez sur ma relation avec un inconnu...
— Très bien.
Je repars d'une démarche déterminée. Estelle comprend vite que je suis remontée et essaye de m'apaiser comme elle peut.
— Ne t'inquiète pas, je suis sûre que la directrice ne t'a pas oubliée.
— Elle a plutôt intérêt !
Ma collègue préférée pouffe de rire et entre deux clients elle me demande comment se sont passés mes derniers mois. Je lui raconte brièvement, mais elle suspecte rapidement que quelqu'un s'est niché dans mes pensées.
— Tu as rencontré quelqu'un à Lausanne ?
— Non pas vraiment, ou du moins... pas là-bas. Mais comment tu as pu deviner ?
— Ah bon ? Où ça alors ? Ne cherche pas à comprendre, j'ai du nez pour ce genre de chose !
— Dans le club, juste en bas de chez moi. Un peu avant mon départ.
— T'es sérieuse ? Et alors, vous vous êtes revus ?
Je toussote discrètement vers Estelle qui parle maintenant un peu trop fort. Un client se trouve près de nous et je dois aller m'occuper de lui. L'homme d'une quarantaine d'années veut un ourlet au millimètre près. Je ne passe pas moins d'une heure à régler tous les détails avec lui. Lorsque le client est parti, je m'attelle à la confection de l'ourlet.
Sans attendre, Estelle me rejoint pour avoir la suite de mon récit.
Elle chuchote :
— Alors ?
— Alors, il m'a embrassée le soir même. On venait juste de se rencontrer et pourtant... c'était magique !
Elle fait les yeux ronds et reste pendue à mes lèvres. Je continue...
— Mais j'ai dû partir, Alessia ne se sentait pas bien.
— Rooo, il faut toujours qu'elle fasse tout foirer celle-là.
Estelle n'aime pas vraiment Alessia. Elle me dit toujours que «je me laisse bouffer par cette fille», ce qui, d'après elle, est «étonnant vu mon caractère». Mais elle ne sait pas. Elle ne sait pas qu'Alessia a un bon fond, qu'elle m'a soutenue comme jamais dans les pires moments de ma vie.
— En partant, il m'a donné son numéro.
— Ah ?
— Mais je l'ai paumé...
— Quoi ?! Lara, tu exagères !
Elle me tape d'un coup sec sur la tête.
— Hey ! J'ai failli me rentrer l'aiguille dans le doigt !
— Dommage que tu te sois manquée... Ne me dis pas que tu n'as plus jamais eu de nouvelle de ce mec ?
Merci Estelle pour ce triste rappel. Je reste néanmoins concentrée sur mon ourlet, sans rien dire.
— Hors de question que tu restes là sans rien faire. Retourne au 'Pierre de lune' !
— Déjà fait, je n'ai pas pu résister hier...
— Eh bien, retournes-y encore ! Dès ce soir, et ce, jusqu'à ce que tu le croises à nouveau !
— Tu es folle.
— Peut-être bien... Mais pense que c'est ton seul moyen de le retrouver... Il y a peu de chance que tu le revois en faisant tes courses.
— Bon très bien, j'y retournerai ce soir ! Mais tu m'accompagnes...
— Non. Vas-y seule, si tu es avec quelqu'un d'autre, il ne viendra peut-être pas vers toi.
— Je ne vais pas encore me pointer toute seule là-bas ?!
— Si ! Autant de fois qu'il le faudra.
Ce n'est pas trop mon truc de faire le pilier de bar, encore moins en solo. Mais Estelle a raison, c'est ma seule et unique chance de le recroiser un jour. Je cède à la proposition de ma collègue qui ne pense qu'à mon bonheur.
— D'accord, j'irai faire un petit tour...
Elle tape très vite des mains et sourit à pleines dents. Si jamais je réussis à le revoir au 'Pierre de lune', je lui devrais une fière chandelle.
*
Cette fois, j'étudie mieux mon look. Je lisse mes cheveux pour leur donner un peu de brillance, et j'ondule les pointes. Je fais partir les mèches de devant sur le côté pour dégager mon visage. J'espère que la robe kaki met en valeur ma crinière couleur chocolat. C'est une teinte que je porte souvent. Encore une référence à Lara Croft dont mon entourage s'amuse.
Je n'y suis pour rien si ce personnage me copie sans cesse !
Mes chaussures beiges à lacets sont un peu trop hautes, mais elles sont parfaites avec cette robe, alors je tâcherai de faire attention et je marcherai doucement... Il vaut mieux être prudente, je n'ai clairement pas envie de me ridiculiser si la vie m'offre cette seconde chance. Je sais que je serai tremblante, que je perdrai tous mes moyens, mais... j'ai aussi cette envie de me replonger dans ses yeux... ou plus si affinité.
Je veux être à la hauteur, rien ne doit se mettre sur mon chemin
Depuis que nous avons fini le travail, Estelle m'inonde de messages. Elle se prend pour mon coach, ce qui m'amuse au fond, puisque ça m'aide à me détendre et booste mon moral.
Mais le temps n'est plus au divertissement, les choses sérieuses sont sur le point de commencer. L'heure approche, si je pars maintenant, la foule devrait être assez dense pour que je passe inaperçue sans me retrouver dans une salle pleine à craquer, où je ne verrais rien ni personne.
Doucement, en prenant mon temps, je me dirige vers l'entrée. Les quelques secondes que je passe à l'extérieur me gèlent le corps, et pourtant, j'ai besoin de ce moment de concentration. Le cœur battant, les tempes bourdonnantes, le souffle court, enfin, je m'infiltre à l'intérieur.
De la musique latino résonne entre les murs sombres de la boîte. La décoration est simple et sophistiquée à la fois. Le bois se confond avec la brillance d'autres meubles, les lumières holographiques et scintillantes rappellent forcément le nom du club.
J'aime beaucoup cet endroit, je trouve qu'on s'y sent vite très bien. J'aime aussi beaucoup sa petite particularité d'être à moitié ouvert sur l'extérieur. L'été, c'est très agréable, même si le fond sonore parvient parfois un peu trop jusqu'à chez moi.
'Alors, tu es au club ?'
Estelle ne perd pas une miette de ma soirée. Je réponds à son message avant de passer la porte d'entrée.
'Oui, j'y rentre juste. Patience'.
Derrière son comptoir, je remarque immédiatement Adam. Il me gratifie d'un sourire luminescent car ses dents m'éblouissent de reflet bleu fluorescent. Il passe une main dans ses cheveux puis me demande de venir près de lui en agitant ses bras en l'air.
Une fois que je me troouve assez proche de lui, il me souffle chaudement :
— Déjà de retour ma belle ?
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