Chapitre 9
Ses joues étaient rosies ; ses dernières larmes glissaient le long de celles-ci. Elle va continuer de pleurer ou ça s'arrête comment ce truc ?
— Ça va ? demandai-je sans trop quoi dire, avant qu'elle ne bouge dans mes bras.
Je décidais de la remettre sur pieds, l'observant toujours avec curiosité. Elle commençait à se frotter les yeux, dans un étrange silence, alors que je fronçais les sourcils.
— Mais tu n'as pas eu mal, il n'y a rien eu ; aucune blessure, même. Pourquoi tu chiales alors ?
La fleuriste ne disait rien pendant quelques secondes. Un nouvel air étrange s'installait entre nous deux, pendant que je regardais toujours la petite dans son moment de spiritualité. Enfin. Visiblement le moment de yoga ou de repos n'était pas si apaisant que cela. En moins de deux, la tignasse violette se retourna vers moi, m'assenant comme il se le fallait une bonne gifle sur ma joue.
Waouh. Elle a oublié que j'étais mannequin, non ?
— Mais t'es folle ! Je n'ai absolument rien fait ! m'exclamai-je aussitôt, en posant en même temps une main sur ma pauvre joue chaude.
— J'ai failli me briser quelque chose ! Tu ne te rends pas compte du danger, espèce d'imbécile ! cria-t-elle, en me poussant ensuite.
Entre les bibliothèques, je continuais de suivre la petite furie, assez énervé de m'être fait frapper de la sorte. Mais les gars ! D'où les femmes me frappent ! Ce n'est jamais arrivé depuis que je suis né, oh ! Même ma mère n'a jamais voulu frapper ce visage d'ange !
— Reviens ! m'exclamai-je derrière elle, avant de la voir se rendre dans la pièce dédiée aux personnels.
Bien entendu, je continuais de la suivre, la retrouvant donc entre deux casiers. Violette fouillait dans son sac pour en sortir une bouteille d'eau, m'assassinant encore du regard pendant qu'elle buvait.
— Bon tu veux une autre gaufre pour cesser ton caprice ou pas ? Quel goût ? Nutella ou sucre ?
Violette finit sa bouteille d'eau, avant de me la lancer en pleine figure et sans me louper, bien sûr. Bon. Peut-être un peu trop colérique la petite.
— Sors d'ici, dit-t-elle, en sortant de la pièce.
— Mais reviens ! repris-je à travers la porte, en me massant le front.
— Gamine immature et putain de pénible... me murmurai-je à moi-même, en décidant de rejoindre mon vieux.
Je ne jetais pas un regard dans la bibliothèque, puis partais donc à l'étage supérieur. J'ouvris la porte puis pris place sur son bureau. Mon grand-père me regardait avec un petit sourire en coin, tandis que je soufflais.
— Première dispute de couple ? Je vous ai entendu crier tout à l'heure, déclara-t-il, tandis que je sortais mon téléphone pour taper un message.
— Elle est une méga chieuse. Tu devrais la virer, elle pleure vraiment pour un rien.
— Qu'as-tu fait encore, Ciel ? me demanda mon grand-père, alors que j'haussais les épaules et rangeais mon téléphone.
— Bah rien de spécial. Juste un tour de manège gratuit, quoi.
— C'est-à-dire ?
— J'ai juste secoué l'échelle de droite à gauche. Sans plus.
— Elle est donc tombée, je présume ? reprit-il, avec un petit sourire malicieux.
— Non pas du tout. Je l'ai rattrapé pour éviter qu'elle se casse un truc. Pourtant elle a quand même chialé comme un bébé, expliquas-je, avant de m'étaler sur son bureau.
Je fermais les yeux un court instant, en posant une main sur mon ventre.
— Elle a eu peur, Ciel. On te l'a déjà dit et ton frère également ; tu ne sais pas parler aux femmes et faire attention à tes actions. Tu le sais, n'est-ce pas ?
— Elles sont chiantes. Je préfère les mecs.
— Tu as changé de bord et tu ne préviens même pas ton grand-père ? rigola-t-il, pendant que je lui donnais une petite tape sur le bras.
— Arrête. J'aime les femmes, mais seulement quand elles ne parlent pas trop.
— Ah bon ? Pourtant tu sembles bien d'entendre avec ma petite salariée, non ?
— Évidemment. On sortait ensemble jusqu'à quelle ne pleure à cause de ce foutu manège. C'est assez con, mais on va déjà divorcer je pense. J'espère au moins toucher quelques indemnités pour ce mariage qui n'aura duré que deux heures.
— Elle te plaît ? me questionna sans tarder le vieux, alors que je me redressais.
— Elle est casse bonbon, répondis-je.
— Tu l'as trouve mignonne ?
— J'ai déjà vu mieux mais aussi pire.
— Tu ressembles vraiment à ton défunt père, ricana mon grand-père. Un caractère de cochon et qui n'avoue jamais les choses telles qu'elles sont réellement. Tu es bien son fils, aucun doute là-dessus...
— Mon caractère est bien. La preuve, presque toutes les femmes m'adorent. C'est juste que la petite tignasse violette ne reconnaît pas encore ma vraie valeur.
Mon grand-père échappa un léger soupir, en croisant désormais ses bras contre son torse.
— Arrête avec tes surnoms et sois plus gentil avec elle, s'il te plaît. Violette est une fille formidable et adorable. Ne l'embête pas trop sinon vous ne serez jamais en couple, continua-t-il avec un clin d'œil, alors que je faisais mine de m'étouffer.
— Moi ? En couple avec elle ? Mon Dieu...
— Tu l'as pourtant énoncé tout à l'heure, reprit le vieux, alors que je me dirigeais vers la porte.
— Ouais c'était pour rire. En vrai je m'en fiche d'elle. Tu iras la réconforter et lui offrir des pétunias ; peut-être qu'elle sera heureuse comme ça. Moi je retourne me balader, bye.
Je fermais la porte et m'apprêtais donc à quitter la bibliothèque, mais juste avant je repérais Violette. Elle avait arrêté de pleurer et elle discutait avec un client. Curieux, je m'approchais discrètement, observant donc les deux jeunes gens.
— Tu veux aller boire un verre avec moi, ce soir ? demanda le mec plutôt cucu la praline, alors que je fronçais les sourcils.
— Merci de la proposition Jean-Hervé, mais je préfère rentrer chez moi, répondît Violette, un rire incontrôlé m'échappant déjà.
Jean-Hervé ? Mais en plus d'avoir un visage de moine, il a aussi un prénom pourri ? Ah. Vraiment pas gâté par la vie, celui-là. Et d'ailleurs, d'où il propose à Violette de boire un verre ? Il me semble qu'elle a d'autres chats à fouetter dont j'en fais partie.
— D'accord... Alors peut-être qu'on peut aller au cinéma jeudi prochain ? Il y a un merveilleux documentaire sur les types d'arbres qui poussent en Russie, reprit monsieur tout ennuyeux, alors que je décidais de les rejoindre.
Je passais aussitôt un bras derrière les épaules de Violette, en jetant un regard au petit blondinet tout sage.
— Désolé mon mignon, mais cette fille a déjà un rencard avec moi. On doit se dire pleins de choses et elle doit même venir chez moi ce soir. Si tu vois ce que je veux dire, bien sûr, déclarai-je, avant d'entendre Violette soupirer de son côté.
— Vous sortez ensemble ? nous demanda-t-il de sa petite voix de nonne, alors que je levais les yeux.
— Nous sommes fiancés et bientôt mariés. Donc oui, évidemment. Pour célébrer notre amour, je me suis même teint sa couleur préférée sur mes cheveux. Elle kiffe le bleu.
— Ah je ne savais pas... dit-il tout bas, tandis que je lui offrais un sourire.
— Pas de soucis mon gars. Mais ne t'en fait pas, il y a bien d'autres filles à draguer ici. Regarde, la petite rousse là-bas te matte et elle te dévore même des yeux.
— Allez vas-y et tente ta chance. Tu nous enverras juste un message pour le mariage, histoire qu'on ne se retrouve pas dans la même église, continuai-je, en le voyant enfin se retourner et partir.
Content, je jetais un regard à Violette, qui s'empressait déjà de me quitter. Elle partait au loin, alors que je poussais un juron.En ayant marre de ses caprices, je décidais de sortir de la bibliothèque. Je regagnais le centre commercial, maugréant un peu dans mon coin. Je pensais encore à la tignasse violette, je l'avoue. Je lui ai juste fait un tour de manège. Pas de quoi se mettre dans ses états et pleurer. Sincèrement, il faut faire quoi pour qu'une femme arrête de faire la gueule ? Ça ne m'est jamais arrivé avant. Je ne sais pas quoi faire et ça m'énerve.
Dans un énième soupir, je rentrais dans une arcade de jeu, pour me diriger vers le truc des pinces. Je regardais un peu partout, avant d'être interloqué par une grosse peluche violette. Des cheveux assez moches et une gueule marrante, je me trouvais directement intéressé par cela.
Bah ouais... Ça lui ressemblait tellement !
Tout amusé comme un gosse, je pris mon porte-monnaie, commençant donc à jouer avec ces pinces. Évidemment je râlais à chaque fois que la peluche tombait à côté, mais néanmoins je ne me démontais pas. Je continuais à sortir des pièces, déterminé à choper ce truc.
Bon allez, encore quelques minutes...
Une heure et demie plus tard, j'avais enfin réussi. Alléluia. Mon porte-monnaie était à sec, mais j'avais enfin réussi à avoir cette putain de peluche. Je lâchais un petit cri de victoire, puis pris le fameux jouet entre les bras. Je me retournais et partais d'un pas décidé vers la bibliothèque. Si avec ce truc elle ne me pardonne pas et bien c'est qu'elle est vraiment nulle comme fille.
Quelques minutes plus tard, j'ouvris la porte de son lieu de travail, cherchant donc du regard la petite fleuriste aux cheveux violets. Après de longues minutes, je la trouvais en train de ranger des livres. Je m'approchais d'elle, puis lui tendais d'un mouvement la peluche. Désormais devant son visage, Violette se reculait un peu, alors que je lui fourrais le truc dans ses bras. Je la regardais ensuite observer mon superbe cadeau, mais étrangement elle riait.
Hein ? Pourquoi elle rigole ? Elle partit dans un fou rire, toujours la peluche dans ses bras. Je fronçais les sourcils, ne comprenant pas trop la situation.
— Cette peluche est trop moche ! C'est quoi ce vieux truc ! rigola-t-elle, alors que j'haussais un sourcil.
— T'es sérieuse, là ? Je croyais que ça plaisait aux filles ce genre de truc. Et puis ma peluche est trop belle, râlai-je immédiatement.
Violette continuait de rire pendant un moment, tandis que je repris la peluche dans mes mains.
— Bon si tu n'aimes pas, je reprends. Ça fera au moins un enfant heureux.
Violette reprit soudainement mon ancien cadeau pour le serrer tout contre elle.
— Un cadeau est un cadeau. Tu n'as pas le droit de la reprendre. Il est à moi.
— Tu as rigolé, alors je le reprends, répliquai-je ronchon, avant de voir un sourire se dessiner sur ses lèvres.
Ah. C'est quand même mieux que quand elle chiale pour un rien. Elle peut sourire, hourra.
— Merci, dit-elle subitement.
Je fis un léger haussement d'épaule pour répondre à son remerciement, puis fourrais mes mains dans mes poches de jean.
— C'est bon ? Tu vas arrêter de chialer maintenant ? demandai-je, tandis qu'elle s'approchait de moi.
Violette leva sa main vers ma tête pour me tapoter un court instant mes cheveux. Son sourire se renforçait une nouvelle fois sur ses lèvres, visiblement contente de faire ce geste. Elle m'a pris pour un chien ou quoi ?
— Tu es un bon garçon dans le fond, tu vois. Bon garçon, c'est bien... reprit-elle avec moquerie, en arrêtant ensuite de me tapoter la tête.
— C'était juste pour que tu arrêtes de pleurer, rien de plus. Ne va pas t'imaginer quelque chose.
— Oui c'est ça, oui. Tu es juste tombé sous mon charme, mais je ne t'en veux pas, murmura-t-elle, en se retournant ensuite pour partir avec ma peluche.
— Mais n'importe quoi, oh ! Je ne t'aime pas ! Rends-moi la peluche et dépêche-toi !
Violette partit s'enfermer dans sa pièce favorite, continuant bien entendu de rigoler comme une parfaite gamine. D'où je tombe sous le charme des femmes, moi ? C'est plutôt l'inverse, ouais !
**
(Leur amour grandit de jour en jour, si ce n'est pas beau ça... Merci beaucoup pour les 80 000 vus sur Cœur Enflammé et les 16 000 sur ce livre !) ♥️
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