Violette

    Rangeant les derniers livres, je détachais par la suite mes cheveux violets, contente de finir mon travail. J'attrapais ensuite mon sac, partant d'un pas pressé chercher un bon truc à grignoter.

— À tout à l'heure Violette ! s'exclama mon adorable patron, avant que je ne lui rende sa parole par un sourire.

Je refermais la porte de la boutique, puis partis vers le centre commercial qui ne se trouvait qu'à quelques pas d'ici. Je traînais un peu dans les rues, observant avec intérêt les nombreux magasins. Je continuais toujours ma marche, avant de soudainement voir un nom de boutique m'interpeller.

Enfin. Pas un nom de boutique, non. Mais plutôt un nom de boucherie.

La Côte d'Or.

Immédiatement un petit tilt se fit dans ma tête, tandis que je m'avançais davantage vers cette boucherie. Je ne me trompe pas. C'est ici où l'autre fou travaille. Dire qu'il est peut-être en ce moment même en train de découper un pauvre lapin... Brrr.

Néanmoins curieuse, je commençais à regarder à travers la vitre, essayant de voir si une chevelure bleue ne se baladerait pas par là-bas. Imaginez-vous si je le croisais avec un cadavre de lapin sur l'épaule... L'horreur. Dire que je l'imaginais faire un autre métier. Il a un peu cassé mon idée, je l'avoue.

La curiosité m'emportant un peu trop, je franchissais donc le pas de cette boucherie, étant directement prise en charge par un charcutier aux cheveux roux et aux yeux verts.

— Bonjour mademoiselle, puis-je vous aider ? me demanda l'homme sur un ton très poli, tandis que je cherchais encore du regard cette fameuse tignasse bleue.

— Bonjour. Excusez-moi de vous déranger, mais est-ce que votre collègue aux cheveux bleus est ici ? demandai-je.

— Un collègue aux cheveux bleus ? Nous n'avons pas de personne comme cela, madame.

Je ne me suis pourtant pas trompée d'adresse. J'en suis sûre. C'est bien ici.

Je réfléchissais un court instant, mais mon cerveau me disait bien que je me trouvais dans l'endroit exact. J'avais bien écouté le nom de cette boucherie, et je n'avais pas rêvé. Cet homme au nom bizarre devait se trouver ici, c'est obligé.

— Je ne me suis pas trompée, j'en suis certaine. Normalement vous devriez avoir un jeune homme aux cheveux bleus qui travaille ici et qui répond au prénom de... hum, Ciel.

Hélas le charcutier me fixa avec de gros yeux, comme si je venais d'une autre planète et que mes paroles n'avaient strictement aucun sens. En même temps, un mec qui a des cheveux bleus et qui s'appelle Ciel, c'est peut-être un peu trop bizarre pour les gens.

— Vous me faites une blague, non ? Un jeune homme aux cheveux bleus et qui répondrait au prénom de Ciel ? On ne me l'avait jamais fait celle-là ! Et votre prénom ne serait-il pas Violette puisque vous avez les cheveux violets ? s'exclama-t-il, alors qu'un juron s'échappait de mes lèvres.

Mais quel crétin celui-là.

— Ah non mais je vous rassure, il se nomme bien ainsi. Bon certes c'est un prénom rare, un peu démodé et qui ne lui correspond pas du tout, mais je vous rassure que cet homme existe bien et que normalement il devrait se retrouver ici. Il n'y a pas d'autres boucheries avec ce nom dans le coin.

— Oui, oui, c'est ça... Et puis moi je suis le roi d'Espagne tiens !

— Il n'est vraiment pas ici alors ? ajoutai-je sèchement, en ayant marre de la tournure de cette discussion.

— Non. Il n'y a pas d'homme aux cheveux bleus se nommant Ciel, madame, renchérît-il sur un ton froid, visiblement dérangé de ma présence.

Ok. Je me suis donc fait avoir en beauté par cet abruti d'homme.

Je vais le tuer.

Enfin, si j'arrive à le retrouver.

— D'accord, je vois. J'ai dû me tromper d'adresse, excusez-moi, repris-je d'une voix plus calme, avant de me retourner pour partir.

Non mais la blague. Je viens tout juste de me faire avoir. Je viens tout juste de me ridiculiser comme pas possible. Et je viens surtout, de perdre de mon précieux temps. Cet homme aux cheveux bleus est donc intelligent. Il m'a encore déclaré la guerre.

Je râlais encore tout bas, puis m'empressais de partir vers le centre commercial pour acheter mon sandwich du jour. Arrivée là-bas, je marchais en direction du deuxième étage, prenais l'escalator, puis regardais les nouvelles boutiques qui venaient d'ouvrir il y a peu. Mais subitement, mon regard fut attirer par quelque chose.

Non. Par quelqu'un, plus précisément. Je rêve là ? C'est une blague ?

Une grande affiche publicitaire se trouvait en face de moi. D'ailleurs, celle-ci faisait réellement baver les trois femmes qui se trouvaient devant. Une affiche immense, qu'on ne pouvait pas louper. Et pour cause, elle représentait un mannequin. Mais... pas n'importe lequel, non. Ce sourire narquois. Ces yeux bleus. Ce visage presque angélique, alors qu'il se trouve être un véritable démon. Mais surtout, le plus frappant : ces maudits cheveux bleus.

Merde ! Il est mannequin ! Et il pose pour cette marque luxueuse ! Je rêve encore !

Je pressais le pas pour rejoindre cette affiche, afin de la regarder plus en détail. Devant celle-ci, j'analysais cette immense photo qui prenait un peu trop de place ici. Ah mais aucun doute. Je vois très bien. J'ai une très bonne vue. C'est bien cet homme qui pose, là. Ciel choubidou alias le gros menteur.

Je détaillais encore cette maudite affiche, n'ayant qu'une envie désormais : de la réduire en miette et de lui faire manger petit bout par petit bout. Ce mec m'avait bien bernée. Énervée, je regardais encore ce truc, avant de lire ce qui était inscrit en dessous. Et enfin, une phrase retenait aussitôt mon intention.

Ciel Harson, un nouveau mannequin très prometteur. Cet homme au sourire angélique et aux cheveux si atypiques, a encore une fois bel et bien réussi son défi.

Directement je prenais en photo cette affiche, puis m'empressais de l'envoyer à Liberty. Celle-ci ne tarda pas à me répondre, à mon plus grand bonheur.

| Oui et alors ? Il ne te l'avait pas dit ? |

Comment se faire avoir en beauté, édition numéro deux. Je retapais rapidement une seconde réponse, assez contrariée de m'être fait avoir de la sorte.

| Non. Tu peux essayer de m'attraper son numéro par le biais de son ami, s'il te plaît. |

Encore une fois, la réponse ne tarda pas. Et c'était donc comme ça que j'obtenais le fameux numéro de la tignasse bleue. Je ne me gênais pas le moins du monde pour lui envoyer un message dans les secondes qui suivaient, évidement accompagné de la fameuse photo.

À la tignasse bleue :

| Ouais, boucher à temps perdu je suppose. J'espère que tu emportes bien tes cadavres de lapins et de cochons au travail. Ça doit faire de superbes photos avec. |

Je rangeais ensuite mon téléphone, puis repartais chercher mon habituel sandwich. Quelques bonnes minutes passées, je me posais finalement sur un banc, entendant mon téléphone vibrer. Aussitôt je l'attrapais, analysant déjà la fameuse réponse de ce destinataire qui n'était pas si inconnu que cela maintenant.

| Je suis vraiment pas mal sur cette photo, c'est fou ça. Tu es au centre commercial de Jans ? |

Ok, tignasse bleue alias j'ai un peu trop la grosse tête avec cette affiche trop moche.

| Ça ne te regarde pas, espèce de menteur. |

J'entendais encore mon téléphone vibrer, mais n'ayant pas envie de répondre, je ne prenais même pas la peine de jeter un coup d'œil. Je rangeais mon téléphone dans mon sac et me levais. Je marchais ensuite jusqu'au petit parc qui ne se trouvait pas très loin d'ici, admirant au loin les enfants jouer. Je m'appuyais contre une barrière, puis attendais calmement que le temps passe.

Mais bizarrement, quelques minutes plus tard, je sentais une main inconnue se poser sur mon épaule. D'un sursaut je me retournais, avant de frapper cette fameuse main baladeuse et de dévisager...Oh tiens. Le fameux mannequin, boucher, menteur, aux cheveux bleus.

Directement je me reculais, tandis que je le voyais aborder un grand sourire qui faisait éclater ses dents blanches. Ciel me dévisageait sans aucune gêne de haut en bas, fourrant en même temps ses mains dans ses poches de son jean noir.

— Salut, dit-il de sa voix grave, tandis que j'essayais de calmer les battements de mon cœur.

— Tu comptes arrêter quand de me surprendre comme ça ? questionnai-je.

— Je ne sais pas. Alors, on aime me prendre en photo maintenant ? répliqua-t-il en m'envoyant un clin d'œil.

— Tu trouvais ça drôle de me mentir sur ton métier ? Imagines-tu un peu la honte que je me suis tapée en me rendant dans cette boucherie, demandant si un soi-disant boucher répondant au prénom de Ciel ne se trouvait pas ici ?

— Tu l'as vraiment fait ? Non ? Sérieusement ? me demanda-t-il, peinant à me croire.

— Évidemment ! J'étais trop curieuse, crétin ! m'exclamai-je, tandis que Ciel attrapait soudainement ma main.

— Oh c'est bon, c'était une petite vengeance quant à la serviette hygiénique. Toujours se méfier des hommes. Mais allez, pour te faire sourire, je t'offre une gaufre. Il me semble bien que les enfants adorent ça, continua-t-il, en se dépêchant de m'emporter plus loin.

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(Certaines avaient bien compris ; Ciel est bel et bien mannequin et non un tueur de lapins haha ! Merci pour tous vos messages une nouvelle fois !) ♥️🤗