Chapitre 5
Quelques minutes plus tard, nous arrivions devant le bar. Bien entendu, mon abruti de frère ne pouvait s'empêcher de m'offrir un grand sourire, qui en disait déjà très long sur ses pensées. Directement il lâcha un client pour s'approcher de nous, posant ainsi son bras sur le comptoir.
— C'est bon ? La guéguerre des petits est terminée ?
— Tais-toi et sers-nous à boire, répliquai-je, avant de voir Violette prendre place sur un tabouret.
— Jus d'abricot pour moi, s'il te plaît.
— Pas de soucis ma belle. Et toi, tu veux quoi ?
— Bière, répondis-je.
En attendant qu'il nous serve, je tournais mon visage vers ma chère accompagnatrice.
— Désolée pour la serviette hygiénique. La prochaine fois je ferai mieux, déclara-t-elle, un rictus se dessinant sur mes lèvres.
— M'ouais. J'accepte.
— Et moi je suis désolé d'avoir dit que ta couleur de cheveux était ratée, continuai-je, taquin. J'ai menti à moitié, je l'avoue ; c'est vrai qu'elle n'est loupée qu'à cinquante pour-cent.
— Tais-toi. Tu as un prénom pourri plus une couleur de cheveux trop moche. Le combo est parfait, renchérit-elle, tandis que j'haussais les épaules, amusé.
— Vos boissons sont là ! intervenait subitement mon frère, en nous donnant nos verres.
Je le remerciais et Violette en faisait tout autant, puis il repartit s'occuper d'autres clients. Nous buvions dans le silence, mais étrangement, nous continuons de nous fixer. Depuis qu'on se parlait, j'avais la forte impression que nous ne faisions que cela. Et personne ne voulez lâcher l'affaire.
Je l'avoue. Cela m'amusait.
— Arrête de me regarder. Ça fait trop louche, s'exclama-t-elle.
— C'est toi qui me regardes.
— Mais quel menteur je vous jure...
— Qui sait, complétai-je, en observant la piste de danse.
— Tu fais quoi ? Tu cherches ta petite danseuse ? questionna Violette, en me faisant de nouveau pivoter vers elle.
— Non. Et puis je ne la connaissais pas.
— J'ai bien compris. Tu as juste attrapé la première fille qui dansait et tu as voulu rivaliser avec moi, c'est ça ?
Merde. Elle était visiblement assez maligne et intelligente. Ça change de mon entourage.
— Pas du tout. Je voulais juste danser, répondis-je.
— Menteur, menteur... Et attends... Hum, menteur ? Vu les regards que tu me faisais, je n'en doute pas du tout, mais alors pas du tout.
— Mais je suis resté plus longtemps avec ce jeune homme, que toi avec ta brune, précisa-t-elle. Donc j'ai théoriquement gagné et cela t'a énervé, n'est-ce pas ?
Je marmonnais quelque chose, puis ébouriffais ses cheveux pour espérer détourner le sujet.
— Tu parles beaucoup trop pour une gamine, dis-je, avant de la voir remettre de l'ordre dans sa tignasse.
— Je ne suis pas une gamine. Je n'ai pas douze ans.
— Ouais, excuse-moi. Tu en as onze, c'est vrai.
— J'en ai vingt-quatre, crétin.
Comment savoir l'âge d'une femme ? Eh bien simplement comme ça.
— Je suis très heureux de l'apprendre. Tu m'inviteras la prochaine fois pour ton anniversaire surprise. J'amènerai deux/trois copines et des confettis pour te faire plaisir. Le thème est Blanche Neige, c'est ça ?
— Oui c'est ça. Je t'enverrai une invitation ; rose et pleine de paillettes arc-en-ciel, avec un cœur. Tu ne pourras pas la rater. J'espère que tu enfileras ta robe de princesse bleue et que tu mettras aussi ton diadème.
Je sentais mon sourire s'agrandir, quand même bien amusé par ses répliques. Cette gamine est marrante, même si ses cheveux ne sont pas très beaux.
— Et sinon toi alors ? Je peux savoir ton âge à présent, non ? me questionna plus tard la mademoiselle, visiblement curieuse de me connaître.
— Si ça te fait plaisir de savoir mon âge... J'en ai vingt-sept.
— Ah... oui. Vieil homme.
Je commençais à m'étouffer avec ma gorgée de bière, tandis qu'elle commençait à rire.
— Tu te fiches de ma gueule ! Je suis super jeune et grave opérationnel ! me défendis-je, agacé.
— Oh ça va, je blague. Ne te mets pas dans ces états d'âmes, Cielou choubidou.
Cielou ? Elle croit me donner un prénom digne des bisounours ou quoi ?
— Arrête de sortir des conneries comme ça, merde, murmurai-je, en apercevant encore ce sourire triomphant aux lèvres.
— Ok, ok. Bon, j'ai une nouvelle question. Tu ne travailles pas ici avec ton frère ?
— Non. Parfois je l'aide, mais c'est assez rare, répondis-je, en la regardant balancer ses pieds sous ton tabouret.
Ouais. Agissement de gamine. Aucun doute là-dessus.
— Alors que fais-tu de ta vie à part emmerder les personnes et les critiquer sur leur chevelure ? Parce que tu ne dois pas gagner beaucoup en faisant cela.
— J'essaye aussi de les faire craquer du mieux que je peux. Ou bien les faire chialer. Ça paye pas mal, tu sais.
— Ah... Ton travail est donc d'être un gros emmerdeur de service, quoi.
— Pas que ça. Je travaille en réalité dans une boucherie. La côte d'or, si tu connais, repris-je, avant de la voir perdre totalement son sourire.
— Tu es sérieux ? dit-elle d'une voix presque choquée, en me fixant limite avec des yeux ronds.
— Bah ouais pourquoi ? Je n'ai pas le droit de tailler quelques poulets et de découper des cuisses de lapins ?
— Eh bien je ne te voyais pas faire ça, c'est tout...
Ouais enfin je n'allais pas faire danseuse étoile ou couturière.
— Et tu me voyais faire quoi, alors ? continuai-je, curieux.
— Je ne sais pas... Peut-être mannequin ou un truc dans le genre.
Tiens donc...
— Ah bon ? Tu me trouves si beau que cela alors ?
— Tu n'es pas moche. Tu n'es pas non plus un canon. Mais tu as un bon style, une bonne bouille, c'est tout. Calme-toi un peu, me contra-t-elle, tandis que je me penchais vers elle.
— Je vois que je suis donc à ton goût. Que c'est adorable, soufflai-je, avant de voir sa main se poser sur ma joue.
Violette commença, comme si tout était naturel entre nous deux, à me la tapoter avec des petits claquements. Je me reculais dans ma chaise, puis haussais un sourcil.
— Arrête. Tu ne m'intéresses pas ; je préfère les garçons qui ont un meilleur caractère, dit-elle, en faisant ensuite un léger saut pour descendre de son tabouret.
Je baissais à présent ma tête pour la regarder, amusé de voir qu'elle était plus petite que moi.
— Pareil, précisai-je. Je préfère les filles plus douces et moins casse bonbon comme toi.
— Bon et bien je te laisse alors. Je vais essayer de me trouver un autre homme avec un caractère plus courtois. Salut le boucher au cheveux bleus et au prénom choupinou ! s'exclama Violette d'une voix plus forte, avant de disparaître comme ça dans la foule.
Immédiatement je la recherchais du regard, assez agacé qu'elle m'ait laissé en plan. Elle est sérieuse ? On commençait à bien s'entendre. Je voulais encore la vanner, merde.
Mais les minutes suivantes étaient passées à une grande vitesse, la boîte de nuit s'était davantage remplie entre-temps. Je soupirais, puis partais donc prendre l'air. Arrivé dehors, je commençais à sortir mon paquet de cigarette, mais bizarrement je retrouvais entre celui-ci un bout de papier coincé entre. Directement je l'attrapais, le dépliais, admirant déjà une série de lettres inscrite dessus.
- On repart sur de bons termes ; je t'invite bien à mon anniversaire. N'oublie pas ta robe et ton diadème, princesse. Bisous Cielou. -
Pfff. Quelle gamine.
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