Chapitre 42
— Arrête de me faire la gueule. Ça fait déjà deux jours, merde... soupira-t-il, tandis que je plaçais mon coussin contre le hublot.
— Je ne boude pas. Je suis juste en train de réfléchir à ma vie, seule dans mon coin. Pourquoi te ferai-je la gueule ? Tu es tellement un amour de mec que ce n'est pas possible, voyons...
— Menteuse. Tu es ultra vénère pour ta coloration qui pourtant, est super classe. Même des gens dans la rue t'ont arrêté pour te dire que c'était très beau ! Arrête de m'en vouloir, c'est bon maintenant ! continua-t-il à déblatérer, pendant que je posais mon masque de nuit sur les yeux.
— Ciel, Ciel, Ciel... soupirais-je. Je ne t'en veux pas, arrête s'il te plaît. Je trouve moi aussi ma coloration très jolie et je te remercie pour cette brillante idée que tu as eue. Désormais nous faisons la paire.
— Euh ouais. Ça se voit que tu es ravie. Vu comment tu déchires les pages de ton livre, je vois bien que tu es très heureuse. Tu détruis ton bouquin sans aucun scrupule, marmonna Ciel à mes côtés, avant que je n'arrête mes gestes.
C'est vrai tiens... Inconsciemment j'étais en train de déchirer mon livre. Oups, que suis-je maladroite dis donc.
Je retirais mon bandeau des yeux, observant ainsi les dégâts que j'avais causés. Je tournais ensuite ma tête vers ce monstre aux cheveux bleus pour remarquer son petit sourire de vainqueur.
— Tu es énervée, dit-il de son air supérieur.
— Non. Je n'aimais pas ce livre, donc j'ai eu la brillante idée de le détruire. Rien de plus ; arrête de voir le mal de partout, renchéris-je, en rangeant mon reste de bouquin.
— Ouais c'est ça. Tu vas donc en faire quoi de tous ces détritus, madame je ne suis pas en colère ?
Je ramassais mon carnage, puis lui déposais avec une très grande gentillesse sur ses cuisses. Je lui offrais ensuite un vrai sourire rempli de bonheur, remettant après mon masque contre les yeux.
— Désolé chouchou, repris-je en plaçant le plaid sur mes genoux. J'avais oublié ce cadeau pour ton anniversaire. C'est un peu en retard, mais sois quand même content.
— Tu veux que je fasse quoi de ce merdier ? ronchonna monsieur grincheux, n'appréciant visiblement pas mon superbe cadeau.
— C'est simple ; il faut juste que tu assembles tous ces bouts de papiers pour en reconstituer une carte. En gros c'est une chasse au trésor. Tu as donc de quoi t'occuper pendant quelques heures.
— Chasse au trésor de mon cul, oui. Tu fais juste exprès de m'énerver par rapport à ta coloration, je te connais.
— Pas du tout. J'adore cette colo, enchaînais-je.
Pour dire la vérité, je ne détestais pas cette couleur comme je ne l'aimais pas à la folie. C'était normal pour moi, mais je préférais tout de même mon merveilleux violet. Le seul problème était surtout le fait qu'il ait osé me faire ça dans le dos. J'avoue l'avoir également fait, mais pour ma défense, sa couleur n'avait duré que quelques jours.
Pour moi, c'était une autre chose. Je ne pouvais pas aller me teindre une nouvelle fois les cheveux dans les jours à venir, sinon je risquais de finir chauve. Mes cheveux commençaient à être abimés et je n'avais pas envie de les faire souffrir plus. Je vais donc me renommer Bleuette et garder pendant un certain moment cette couleur bleue, mélangée à mon léger violet.
— Franchement moi je n'étais pas si énervé pour ma coloration. J'aurai pu faire bien pire et tu le sais. Essaye donc de relativiser et être plus sympa avec moi. Je m'ennuie là, ronchonna encore la bestiole à mes côtés, agacée.
Je levais une main, puis posais avec délicatesse un simple bout de mon doigt sur sa cuisse. Rien de plus, rien de moins. Il pouvait déjà être super content de ce grand privilège.
— Waouh que c'est gentil... railla Ciel, avant d'attraper ma main.
Il la prenait contre la sienne, m'obligeant à faire glisser mes doigts entre les siens. Il plaquait ensuite nos deux mains contre sa cuisse droite, veillant bien à ce que je ne puisse la retirer.
— Tu fais chier, murmurais-je.
— Toi aussi.
Je laissais échapper un faible soupir, puis penchais de nouveau ma tête contre le hublot. Je me laissais bercer, plus aucun d'entre nous n'osant reprendre la parole.
**
Après avoir pris l'avion et le taxi, nous arrivions enfin dans le quartier de Ciel. Il m'avait invitée à manger avec lui ce soir, et j'avais accepté, d'autant plus que je reverrai Liberty et Max, qui étaient censés s'occuper d'Icy. Nous finissions donc de monter nos valises et déjà, Ciel ouvrait avec entrain sa porte d'appartement. Directement nous rentrions à l'intérieur pour constater avec effroi le désordre qui régnait de partout.
— Euh... Il y a eu un tsunami ou quoi ? demandais-je tout bas, tandis que Ciel lâchait son sac, la bouche ouverte.
Je cherchais du regard le chaton, m'apercevant aussitôt que deux corps se trouvaient étalés sur le tapis. Avec prudence, je m'avançais jusqu'à eux, et me rendais finalement compte que c'était Liberty et Max qui dormaient.
— Ils sont vivants ? questionnais-je encore, pendant que Ciel me rejoignait.
— Ouais mais plus pour longtemps, grogna-t-il, avant d'écraser son pied sur le ventre de son frère.
En moins de deux celui-ci se relevait, les traits du visage marquaient par la panique. Liberty elle aussi ne tardait pas à se relever, ne comprenant pas trop ce qu'il se passait. Enfin, Ciel décidait rapidement de les rappeler à l'ordre :
— Putain les gars ! C'est quoi ce bordel ! Vous avez fait une fête en invitant tout le quartier, ou quoi !
— Moi je n'y suis pour rien. C'était l'idée de ton frère, se défendit immédiatement Liberty, ce qui me faisait sourire.
— C'est ça ouais ! Vous avez deconné ! Tout mon appart est sale maintenant ! Vous avez intérêt de tout ranger, je vous le dis, répliqua Ciel d'une voix sèche, pendant que son frère se massait le front.
La soirée a dû être prometteuse, je pense.
— Waouh mais je n'avais pas vu tes cheveux ! intervenait Liberty d'une voix plus joyeuse, en venant toucher ma chevelure. C'est tellement joli !
Je levais les yeux, ayant remarqué le petit sourire narquois de Ciel. Il en était fier ce con.
— Vous êtes assortis maintenant ! Ça signifie quelque chose en particulier ? Un mariage imminent ?? Une demande en fiançailles ?? s'emballa Liberty, déjà dans la démesure.
— Non. J'ai plutôt mis en route les papiers du divorce, avouais-je dans mon coin.
— Pourquoi ? Ce pré voyage de noces s'est mal passé ? Il a encore fait des siennes en draguant toutes les Mexicaines ? me demanda Liberty, presque prête à bondir sur l'autre idiot.
— Non, sinon je ne serai pas ici. Il a été très sage et absolument adorable. Regarde, pour la dernière surprise du voyage, il m'a offert le merveilleux cadeau de m'emmener chez le coiffeur. Quelle superbe surprise que de se retrouver assortie à lui ! Nous sommes si mignons avec nos cheveux bleus !
Liberty et Max se lançaient un regard, puis détournaient ensuite leur tête vers Ciel.
— Tu lui as fait teindre ses cheveux en secret ? Tu n'es pas un peu fou, toi ? » demanda Liberty, tandis qu'il soupirait.
— Elle m'a fait la même mais en jaune orange, se défendit-t-il.
— C'est vrai ? me questionna ma meilleure amie.
— Non. Il ment.
— Sérieux tu es vraiment nul ! Ses cheveux sont toute sa vie, et toi tu as osé lui faire ça ! s'emballa petit à petit Liberty, tandis que je retenais mon sourire.
— J'avoue ce n'est pas cool, suivit Max, pour bien le faire chier.
Enfin, je savais pertinemment qu'ils faisaient exprès de faire toute cette scène pour détourner le principal sujet de l'appartement en désordre.
— Ma pauvre chérie... Je comprends ce que ça fait que de se faire trahir... Viens, allons discuter dans la chambre... reprit Liberty, avant de passer un bras derrière mes épaules.
Elle nous amenait donc dans la tanière de Ciel, se dépêchant ensuite de fermer la porte à clef.
— On a eu chaud ! J'ai cru qu'il allait me frapper, soupira-t-elle, en prenant place sur son lit.
D'ailleurs sa chambre semblait être avoir été le seul endroit épargné. Tant mieux, sinon il aurait fait plus qu'un ravage.
— Ce n'était pas si loin, renchéris-je, avant d'entendre un miaulement.
Directement je me retournais, très heureuse de retrouver... ce chat que je ne connaissais pas.
— Il est à qui ce chat ? demandais-je rapidement, tandis que Liberty lui jetait un regard.
— Tu es partie quelques jours et tu ne reconnais même pas ta boule de poile ? C'est Icy, enfin... me répondit-elle, alors que je secouais avec conviction ma tête.
— Ce chat doit au moins avoir deux ans ! C'est un adulte et nous avions un chaton ! Bordel Liberty... tu as fait quoi de la petite ! m'exclamais-je aussitôt, en panique.
— Ah... tu es genre vraiment sûre que ce n'est pas...
— Mais pas du tout ! Où est passés Icy ! m'enflammais-je, en commençant à m'imaginer le pire.
— Ah la petite chatte... bah elle est... elle est... reprit-elle en bafouillant, avant que je n'entende un nouveau miaulement.
Soudainement une deuxième boule de poile blanche apparaissait sous le lit, trottinant jusqu'à moi pour se frotter contres mes jambes. C'était Icy Milky. Alléluia.
— Tu vois qu'elle était là ! Il fallait juste l'appeler par son prénom, ricana faussement Liberty, pendant que je prenais le chaton dans mes bras.
Je l'observais sous toutes les coutures pour voir si elle n'avait rien, tout en remarquant que l'autre chat venait se frotter contre mes jambes. Ouais. En fait c'était Icy avec cinq kilos de plus et en format adulte.
— Et ce chat vous l'avez recueilli ou alors ? questionnais-je, inquiète.
— Max croyait qu'on avait perdu Icy puisque la porte de l'appartement était restée ouverte pendant un certain moment, m'expliqua-t-elle. Il était donc allé voir dans les rues, mais bourré, il nous avait ramené ce chat. Tu sais on ne voyait pas très bien plus avec l'alcool ; blanc, yeux bleus, il n'en fallait pas plus pour la confondre...
J'ai toujours su que j'avais un entourage inquiétant.
— Ok vous êtes bien mignons mais qu'allons-nous faire de ce chat ? repris-je, avant de m'abaisser.
Je laissais Icy s'amuser avec elle et remarquais aussitôt que les deux s'entendaient à merveille. De plus c'était une femelle, ce qui était un autre avantage. Les deux s'amusaient comme de vraies sœurs, et je fondais aussitôt devant ce spectacle.
— Bah vous la gardez. C'était un chat errant on est sûr, mais maintenant regarde, c'est un chat d'appartement. Elle ne va plus pouvoir revenir dehors, c'est certain, dit-elle, en donnant une caresse à Icy version 2.
— Putain vous n'avez pas touché à ma chambre j'espère ! gueula soudainement Ciel, avant de débarquer dans un boucan pas possible.
Il laissait directement échapper un long soupir, rassuré de voir que sa tanière n'avait pas été touchée. Enfin, son visage changea encore d'expression quand il remarquait la nouvelle arrivante de la maison.
— Bande de connard ! Vous avez fait quoi à ma chatte ! Elle est super obèse, non mais je rêve ! s'exclama-t-il aussitôt, en se dépêchant de la prendre dans ses bras.
— Elle pèse dix kilos, la vache ! Vous l'avez nourri que de raclettes pendant une semaine, ou quoi ! continua-t-il, alors que la nouvelle version d'Icy 2 ronronnait contre lui.
Il l'observait comme moi je l'avais fait, ne se rendant pas trop compte que ce n'était pas Icy mais bel et bien un autre chat.
— T'inquiète, je t'aime quand même avec tes dix kilos de plus. Ce sera la dernière fois que je te laisserai avec ces malades... chuchota-t-il contre le chat, avant de voir une autre boule de poile revenir entre nos jambes.
Icy la véritable et l'unique, venait se frotter contre Ciel. Bien entendu celui-ci ne tardait pas à se décomposer une nouvelle fois.
— Putain vous êtes sérieux ! Depuis quand Icy a fait un bébé ! Vous l'avez laissé aller voir d'autres mâles, bande de connards ! Elle était si pure et innocente !
Oui. Mon entourage est ravagé.
— Oublie le mariage avec lui, me murmura mon amie. Il n'a pas la lumière à tous les étages. C'est Max qui a dû tout récupérer...
— Ma mamie m'a réservé un autre homme au cas où. Je lui demanderai peut-être plus d'infos... avouais-je, en observant Ciel avec ses deux chats.
— Icy c'est bien le chaton devant toi, décidais-je cependant d'avouer. L'autre chat adulte qui est un peu plus gros, est un chat errant que ton frère a ramené ici. Te voilà donc le merveilleux propriétaire de deux chattes.
Ciel regardait de bas en haut les deux boules de poiles, avec de grands yeux. Il poussait ensuite un juron, n'étant pas préparé à toutes ces surprises pour son arrivée.
— Non mais les mecs je ne suis pas la SPA ! Vous comptez me ramener tous les chats errants du quartier, ou quoi ! Bordel ! s'exclama-t-il, en reposant Icy 2.
Les deux chattes recommençaient à s'amuser ensemble, sous le regard sérieux de Ciel. Il me lançait ensuite un coup d'œil et je lui offrais un sourire qui voulait tout dire.
— On la garde, dis-je, cela ne l'étonnant pas vraiment.
En même temps on n'allait pas la rejeter dehors, pauvre petite. Elle était déjà habituée à son nouvel environnement et s'entendait à merveille avec Icy. Ça me briserait le cœur de la savoir de nouveau seule dans le quartier.
— Non mais y a que des nanas dans cette baraque, il faut changer ça... Je vais finir par devenir fou avec toutes ces meufs... J'espère que mon futur enfant sera un garçon, grommela Ciel.
— N'oublie pas de me nommer marraine quand votre garçon arrivera, intervenait ma meilleure amie, tandis que je levais les yeux.
— En espérant qu'il n'obtienne pas le caractère de merde de mon frère, renchérit aussitôt Max.
— Non mais on aura une fille, donc ça ne sert à rien. Ciel sera encore le seul mec de l'appart, dis-je directement, ce qui causait déjà un immense silence dans la pièce.
Mes deux amis me fixaient avec de gros yeux, puis regardaient automatiquement mon ventre. Ah ouais mais non. Ce n'est pas dans mes projets directs d'avoir un enfant, d'autant plus avec Ciel.
— Je ne suis pas enceinte, avouais-je sans tarder, leur déception ne se faisant pas attendre.
— Dommage... Ça aurait peut-être rendu Ciel un plus mature...
Si un jour nous venions à avoir un enfant, c'est que Ciel aurait les cheveux violets et serait devenu boulanger. Sérieusement, c'est trop surréaliste.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro